René Guénon, Le démiurge, Revue la Gnose, nov.1909, pseudonyme : Palingénius
Les écrits de R. Guénon, sous le pseudo « Palingénius » sont disponibles
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Note :
Attention aux interprétations trop superficielles et formalistes et si j’en parle c’est d’expérience.
Il est bien évident qu’il ne faut pas conclure de ce texte que Satan n’existe pas, ce qui est d’ailleurs expressément réfuté dans un autre texte de Guénon :
- « .... mais leur aveuglement est souvent irrémédiable, et leur bonne foi même contribue à attirer d’autres victimes ; cela n’autorise-t-il pas à dire que la suprême habileté du diable, de quelque façon qu’on le conçoive, c’est de faire nier son existence ? »
Non, tout n’est pas « symbolique » et « en nous » ; il en est d’ailleurs de même pour le Christ de la Seconde venue, le Mahdî et le Dajjal (l’Antéchrist) et sur ce dernier, Guénon est explicite :
- « l’Antéchrist doit évidemment être aussi près que possible de cette « désintégration », (...) et cet état, figuré par les difformités mêmes et les disproportions de sa forme corporelle, est véritablement sur la limite inférieure des possibilités de notre état individuel, de sorte que le sommet de la « contre-hiérarchie » est bien la place qui lui convient proprement dans ce « monde renversé » qui sera le sien. »
Chacun a sa réalité propre (et corporelle) dans notre monde, en complément du symbolisme dont ils sont comme « l’extériorisation ».
Supposer que tout cela n’est que symbolique et que tout est « dans l’homme », c’est exactement rejeter tout principe supérieur et toute transcendance.
En niant l’existence corporelle de l’Antéchrist on nie aussi, de facto, celle de Jésus. De même en ramenant tout à l’homme, on l’établit ainsi dans une position centrale (parodique du véritable Centre) illustrant ainsi cette phrase guénonienne : « l'homme moderne, au lieu de chercher à s'élever à la vérité, prétend la faire descendre à son niveau ».
C’est bien ce dangereux cheminement qui mène du luciférianisme (refus de reconnaissance d’une autorité supérieure) au satanisme (renversement des rapports normaux de l’ordre hiérarchique) et à la doctrine de l’AC qui n’établira pas autre chose avec sa « religion de l’homme ».
Tout ceci montre « qu’il faut avoir bien soin de ne jamais confondre les divers plans de l’Univers, car ce qu’on dit de l’un pourrait n’être pas vrai pour l’autre. »
Chaque élément doit être considéré comme strictement défini et applicable dans son domaine propre en prenant bien garde à ne pas mélanger les différents points de vue.
C’est là qu’intervient l’importance de la Connaissance qui permet de se dégager de toutes les illusions individuelles, qu’elles proviennent des états « grossiers » ou plus insidieusement, du monde psychique (par les rêves) ; « il n’y a aucun autre moyen d’obtenir la délivrance complète et finale que la Connaissance ; c’est le seul instrument qui détache les liens des passions ».
- « L’homme qui a reçu une demi-instruction, au contraire, a presque toujours une mentalité déformée, et ce qu’il croit savoir lui donne une telle suffisance qu’il s’imagine pouvoir parler de tout indistinctement ; il le fait à tort et à travers, mais d’autant plus facilement qu’il est plus incompétent : toutes choses paraissent si simples à celui qui ne connaît rien ! »