jeudi 25 mai 2017

Guénon : La confusion du psychique et du spirituel


Chapitre XXXV du "Règne de la quantité"
Disponible ici : http://ekladata.com/ZvjZowigoi2MzLb65eOL92PGSD0/Rene-Guenon-1945-Le-Regne-de-la-Quantite-et-les-Signes-des-Temps.pdf






Ce que nous avons dit au sujet de certaines explications psychologiques des doctrines traditionnelles représente un cas particulier d’une confusion très répandue dans le monde moderne, celle des deux domaines psychique et spirituel ; et cette confusion, même quand elle ne va pas jusqu’à une subversion comme celle de la psychanalyse, assimilant le spirituel à ce qu’il y a de plus inférieur dans l’ordre psychique, n’en est pas moins extrêmement grave dans tous les cas. Il y a d’ailleurs là, en quelque sorte, une conséquence naturelle du fait que les Occidentaux, depuis longtemps déjà, ne savent plus distinguer l’« âme » et l’« esprit » (et le dualisme cartésien y est assurément pour beaucoup, puisqu’il confond en une seule et même chose tout ce qui n’est pas le corps, et que cette chose vague et mal définie y est désignée indifféremment par l’un et l’autre nom) ; aussi cette confusion se manifeste t’elle à chaque instant jusque dans le langage courant ; le nom d’« esprits » donné vulgairement à des « entités » psychiques qui n’ont certes rien de « spirituel », et la dénomination même du « spiritisme » qui en est dérivée, sans parler de cette autre erreur qui fait aussi appeler « esprit » ce qui n’est en réalité que le « mental », en seront ici des exemples suffisants.

Il n’est que trop facile de voir les conséquences fâcheuses qui peuvent résulter d’un pareil état de choses : propager cette confusion, surtout dans les conditions actuelles, c’est, qu’on le veuille ou non, engager des êtres à se perdre irrémédiablement dans le chaos du « monde intermédiaire », et, par là même, c’est faire, souvent inconsciemment d’ailleurs, le jeu des forces « sataniques » qui régissent ce que nous avons appelé la « contre-initiation ».

Ici, il importe de bien préciser afin d’éviter tout malentendu : on ne peut pas dire qu’un développement quelconque des possibilités d’un être, même dans un ordre peu élevé comme celui que représente le domaine psychique, soit essentiellement « maléfique » en lui-même ; mais il ne faut pas oublier que ce domaine est par excellence celui des illusions, et il faut d’ailleurs toujours savoir situer chaque chose à la place qui lui appartient normalement ; en somme, tout dépend de l’usage qui est fait d’un tel développement, et, avant tout, il est nécessaire de considérer s’il est pris pour une fin en soi, ou au contraire pour un simple moyen en vue d’atteindre un but d’ordre supérieur. 
En effet, n’importe quoi peut, suivant les circonstances de chaque cas particulier, servir d’occasion ou de « support » à celui qui s’engage dans la voie qui doit le mener à une « réalisation » spirituelle ; cela est vrai surtout au début, en raison de la diversité des natures individuelles dont l’influence est alors à son maximum, mais il en est encore ainsi, jusqu’à un certain point, tant que les limites de l’individualité ne sont pas entièrement dépassées. 
Mais, d’un autre côté, n’importe quoi peut tout aussi bien être un obstacle qu’un « support » si l’être s’y arrête et se laisse illusionner et égarer par certaines apparences de « réalisation » qui n’ont aucune valeur propre et ne sont que des résultats tout accidentels et contingents, si même on peut les regarder comme des résultats à un point de vue quelconque ; et ce danger d’égarement existe toujours, précisément, tant qu’on n’est encore que dans l’ordre des possibilités individuelles ; c’est d’ailleurs en ce qui concerne les possibilités psychiques qu’il est incontestablement le plus grand, et cela d’autant plus, naturellement, que ces possibilités sont d’un ordre plus inférieur.



Le danger est certainement beaucoup moins grave quand il ne s’agit que de possibilités d’ordre simplement corporel et physiologique ; nous pouvons citer ici comme exemple l’erreur de certains Occidentaux qui, comme nous le disions plus haut, prennent le Yoga, ou du moins le peu qu’ils connaissent de ses procédés préparatoires, pour une sorte de méthode de « culture physique » ; dans un pareil cas, on ne court guère que le risque d’obtenir, par des « pratiques » accomplies inconsidérément et sans contrôle, un résultat tout opposé à celui qu’on recherche, et de ruiner sa santé en croyant l’améliorer. 
Ceci ne nous intéresse en rien, sinon en ce qu’il y a là une grossière déviation dans l’emploi de ces « pratiques » qui, en réalité, sont faites pour un tout autre usage, aussi éloigné que possible de ce domaine physiologique, et dont les répercussions naturelles dans celui-ci ne constituent qu’un simple « accident » auquel il ne convient pas d’attacher la moindre importance. Cependant, il faut ajouter que ces mêmes « pratiques » peuvent avoir aussi, à l’insu de l’ignorant qui s’y livre comme à une « gymnastique » quelconque, des répercussions dans les modalités subtiles de l’individu, ce qui, en fait, en augmente considérablement le danger : on peut ainsi, sans s’en douter aucunement, ouvrir la porte à des influences de toute sorte (et, bien entendu, ce sont toujours celles de la qualité la plus basse qui en profitent en premier lieu), contre lesquelles on est d’autant moins prémuni que parfois on ne soupçonne même pas leur existence, et qu’à plus forte raison on est incapable de discerner leur véritable nature ; mais il n’y a là, du moins, aucune prétention « spirituelle ».

Il en va tout autrement dans certains cas où entre en jeu la confusion du psychique proprement dit et du spirituel, confusion qui se présente d’ailleurs sous deux formes inverses : dans la première, le spirituel est réduit au psychique, et c’est ce qui arrive notamment dans le genre d’explications psychologiques dont nous avons parlé ; dans la seconde, le psychique est au contraire pris pour le spirituel, et l’exemple le plus vulgaire en est le spiritisme, mais les autres formes plus complexes du « néo-spiritualisme » procèdent toutes également de cette même erreur. 
Dans les deux cas, c’est toujours, en définitive, le spirituel qui est méconnu ; mais le premier concerne ceux qui le nient purement et simplement, tout au moins en fait, sinon toujours d’une façon explicite, tandis que le second concerne ceux qui se donnent l’illusion d’une fausse spiritualité, et c’est ce dernier cas que nous avons plus particulièrement en vue présentement.

La raison pour laquelle tant de gens se laissent égarer par cette illusion est assez simple au fond : certains recherchent avant tout de prétendus « pouvoirs », c’est-à-dire, en somme, sous une forme ou sous une autre, la production de « phénomènes » plus ou moins extraordinaires ; d’autres s’efforcent de « centrer » leur conscience sur des « prolongements » inférieurs de l’individualité humaine, les prenant à tort pour des états supérieurs, simplement parce qu’ils sont en dehors du cadre où s’enferme généralement l’activité de l’homme « moyen », cadre qui, dans l’état qui correspond au point de vue profane de l’époque actuelle, est celui de ce qu’on est convenu d’appeler la « vie ordinaire », dans laquelle n’intervient aucune possibilité d’ordre extra-corporel. 
Pour ces derniers encore, du reste, c’est l’attrait du « phénomène », c’est-à-dire, au fond, la tendance « expérimentale » inhérente à l’esprit moderne, qui est le plus souvent à la racine de l’erreur : ce qu’ils veulent en effet obtenir, ce sont toujours des résultats qui soient en quelque sorte « sensibles », et c’est là ce qu’ils croient être une « réalisation » ; mais cela revient justement à dire que tout ce qui est vraiment d’ordre spirituel leur échappe entièrement, qu’ils ne le conçoivent même pas, si lointainement que ce soit, et que, manquant totalement de « qualification » à cet égard, il vaudrait encore beaucoup mieux pour eux qu’ils se contentent de rester enfermés dans la banale et médiocre sécurité de la « vie ordinaire ». 
Bien entendu, il ne s’agit aucunement ici de nier la réalité des « phénomènes » en question comme tels ; ils ne sont même que trop réels, pourrions-nous dire, et ils n’en sont que plus dangereux ; ce que nous contestons formellement, c’est leur valeur et leur intérêt, surtout au point de vue d’un développement spirituel, et c’est précisément là-dessus que porte l’illusion. Si encore il n’y avait là qu’une simple perte de temps et d’efforts, le mal ne serait pas très grand après tout ; mais, en général, l’être qui s’attache à ces choses devient ensuite incapable de s’en affranchir et d’aller au delà, et il est ainsi irrémédiablement dévié ; on connaît bien, dans toutes les traditions orientales, le cas de ces individus qui, devenus de simples producteurs de « phénomènes », n’atteindront jamais à la moindre spiritualité. 
Mais il y a plus encore : il peut y avoir là une sorte de développement « à rebours », qui non seulement n’apporte aucune acquisition valable, mais éloigne toujours davantage de la « réalisation » spirituelle, jusqu’à ce que l’être soit définitivement égaré dans ces « prolongements » inférieurs de son individualité auxquels nous faisions allusion tout à l’heure, et par lesquels il ne peut entrer en contact qu’avec l’« infra-humain » ; sa situation est alors sans issue, ou du moins il n’y en a qu’une, qui est une « désintégration » totale de l’être conscient ; et c’est là proprement, pour l’individu, l’équivalent de ce qu’est la dissolution finale pour l’ensemble du « cosmos » manifesté. 


On ne saurait trop se méfier, à cet égard plus encore peut-être qu’à tout autre point de vue, de tout appel au « subconscient », à l’« instinct », à l’« intuition » infrarationnelle, voire même à une « force vitale » plus ou moins mal définie, en un mot à toutes ces choses vagues et obscures que tendent à exalter la philosophie et la psychologie nouvelles, et qui conduisent plus ou moins directement à une prise de contact avec les états inférieurs. À plus forte raison doit-on se garder avec une extrême vigilance (car ce dont il s’agit ne sait que trop bien prendre les déguisements les plus insidieux) de tout ce qui induit l’être à « se fondre », nous dirions plus volontiers et plus exactement à « se confondre » ou même à « se dissoudre », dans une sorte de « conscience cosmique » exclusive de toute « transcendance », donc de toute spiritualité effective ; c’est là l’ultime conséquence de toutes les erreurs antimétaphysiques que désignent, sous leur aspect plus spécialement philosophique, des termes comme ceux de « panthéisme », d’« immanentisme » et de « naturalisme », toutes choses d’ailleurs étroitement connexes, conséquence devant laquelle certains reculeraient assurément s’ils pouvaient savoir vraiment de quoi ils parlent. 
C’est là, en effet, prendre littéralement la spiritualité « à rebours », lui substituer ce qui en est véritablement l’inverse, puisqu’il conduit inévitablement à sa perte définitive, et c’est en quoi consiste le « satanisme » proprement dit ; qu’il soit du reste conscient ou inconscient suivant les cas, cela change assez peu les résultats ; et il ne faut pas oublier que le « satanisme inconscient » de certains, plus nombreux que jamais à notre époque de désordre étendu à tous les domaines, n’est véritablement, au fond, qu’un instrument au service du « satanisme conscient » des représentants de la « contre-initiation ».

Nous avons eu ailleurs l’occasion de signaler le symbolisme initiatique d’une « navigation » s’accomplissant à travers l’Océan qui représente le domaine psychique, et qu’il s’agit de franchir, en évitant tous ses dangers, pour parvenir au but (1) ; mais que dire de celui qui se jetterait en plein milieu de cet Océan et n’aurait d’autre aspiration que de s’y noyer ? 
C’est là, très exactement, ce que signifie cette soi-disant « fusion » avec une « conscience cosmique » qui n’est en réalité rien d’autre que l’ensemble confus et indistinct de toutes les influences psychiques, lesquelles, quoi que certains puissent s’imaginer, n’ont certes absolument rien de commun avec les influences spirituelles, même s’il arrive qu’elles les imitent plus ou moins dans quelques-unes de leurs manifestations extérieures (car c’est là le domaine où la « contrefaçon » s’exerce dans toute son ampleur, et c’est pourquoi ces manifestations « phénoméniques » ne prouvent jamais rien par elles-mêmes, pouvant être tout à fait semblables chez un saint et chez un sorcier). 

Ceux qui commettent cette fatale méprise oublient ou ignorent tout simplement la distinction des « Eaux supérieures » et des « Eaux inférieures » ; au lieu de s’élever vers l’Océan d’en haut, ils s’enfoncent dans les abîmes de l’Océan d’en bas ; au lieu de concentrer toutes leurs puissances pour les diriger vers le monde informel, qui seul peut être dit « spirituel », ils les dispersent dans la diversité indéfiniment changeante et fuyante des formes de la manifestation subtile (qui est bien ce qui correspond aussi exactement qu’il est possible à la conception de la « réalité » bergsonienne), sans se douter que ce qu’ils prennent pour une plénitude de « vie » n’est effectivement que le royaume de la mort et de la dissolution sans retour.

1 Voir Le Roi du Monde, pp. 120-121, et Autorité spirituelle et pouvoir temporel, pp. 140-144.


29 commentaires:

  1. @Spoutnik : Je te publierai de nouveau sous plusieurs conditions :

    - Tu t'excuses (en privé) pour m'avoir insulté et tu parles correctement
    - Tu cesses de focaliser sur Ror
    - Tu me laisses faire et publier ce que je veux
    (liste non exhaustive car tu ne manques pas d'imagination !)

    Secundo pour la personne dont tu parles, tu es loin d'avoir tout saisi : quand quelqu'un se permet de mépriser Guénon alors qu'il n'en a rien compris (et qu'il avoue de lui-même ne rien vouloir en comprendre), je doute fort qu'il soit sur la bonne voie ! Mystique, j'avais déjà un doute, mais égaré, oui, complètement.
    Je suis très "joueuse" et j'adore faire tomber les masques dont certains s'affublent...

    Quant à Hagar, je la connais de longue date et tu ne me feras pas douter. Tu as aussi pris son comm à contre-emploi. Relis bien et vois à qui elle s'adresse ; et dans cet optique, le texte était très pertinent.

    Te rappellerai-je qu'en tant que lecteur de Guénon tu es sensé être au-dessus de ces considérations ? :-)

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  2. Je connais les cycles cosmiques... Mais je ne sais pas comment cela s'applique pour ceux qui sont dans la géhenne...?
    Y a t'il une "remise à zéro" lors de chaque Manvantara ?

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  3. Ligea
    si tu poses la question du sort de ceux qui seront à la Gehenne à quelqu'un qui a une interprétation littérale des textes, il te dira qu'ils y seront éternellement suite au jugement dernier.et celui-là est à la fin du cycle.
    pourtant je remarque que Guenon n'en parle pas dans ces termes, il évoque les états supérieurs de l'être, les états inférieurs (l'infra-monde), il parle de dissolution et désintégration de l'être.

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    1. @Halima : Oui c'est bien par rapport à ce que je lis de Guénon que je me pose la question....

      J'ai lu cet article : http://www.maison-islam.com/articles/?p=794

      Si certains assimilent l'âge d'or au paradis, alors le paradis a toujours une fin (d'après les cycles cosmiques) et donc l'enfer aussi, non ?
      Au tout début, pendant Adam et Eve, il ne me semble pas possible d'imaginer que l'enfer existait puisque d'eux provient le péché initial ?

      Ce qui voudrait peut-être dire que chaque Manvantara recommence "sans enfer" ?

      Je vous soumets la question car je ne sais pas trop que penser... :-/

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    2. @Ligeia,


      L'âge d'or viendra après le Dajjal, et après le peuple de gog et magog. Assimiler l'âge d'or avec le paradis c'est très risqué et faux.

      L'enfer était là avant Adam et Eve, le paradis la même chose. Tout a été mélangé avec d'autre croyances.



      A Bientôt

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    3. @Shakur : Je veux bien croire que tout a été embrouillé....! Démêler le vrai du faux tel est mon but pour ne pas m'égarer...

      Je suis d'accord, l'âge d'or vient après le Dajjal et les Gog et Magog... :-)

      Si l'enfer existait avant Adam et Eve, quelles fautes auraient pu commettre ceux qui s'y trouvaient ?

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    4. @Ligeia

      Le jour du jugement n'a pas encore eu lieu. Aucun être humain qui est mort est jugé, seuls les prophètes sont directement admis au paradis et sans jugement.

      En même temps que le paradis fût créé l'enfer a été créé ça va de paire.

      A Bientôt

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  4. sur le paradis et l'enfer, tout dépend de comment on les comprends. les savants ne sont pas d'accord entre eux et ont une vision qui me parait parfois infantile (laisse tomber..).
    l'étymologie du mot "Géhenne" c'est l'éloignement, et l'Emir abdelkader disait que la géhenne est pour chacun à la mesure de son état et de sa station, en interprétant les versets suivants :
    « Ce jour-là, Nous présenterons la géhenne pour les mécréants ceux dont les yeux étaient dans un voile à Mon souvenir et qui étaient incapables de prêter l’oreille » Chap. 18 v. 100-101

    et où il y explique qu'est ce que les mécréants.

    je te mets le lien suivant (l'article parle de l'initiation) :

    http://www.naqshbandi.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=72&Itemid=46

    il y a des passages qui évoquent la rencontre entre Moïse et El-Khidr

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    1. Merci Halima, je vais aller regarder... :-)

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    2. Fort intéressant ce texte ! J'ai appris (approfondi plutôt) beaucoup de notions...! :-)

      Schuon, on peut dire qu'il n'avait donc jamais atteint le niveau vertical puisqu'il a "trahi" Guénon et dévié...?

      Je ne sais pas si on peut dire cela ainsi, mais Moïse a "failli" un peu, non ?
      Pourtant, il était lui dans la verticalité donc comment a t'il été en proie au doute sur le bien-fondé de l'enseignement de Al Khidr ?
      Je croyais que la verticalité était le chemin qui ne pouvait plus donner prise à aucun doute ?

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    3. Tout dépend de leur niveau de dévoilement même entre prophètes (vous imaginez nous pauvres mortels ignorants!).
      Schuon était l'héritier de R. Guénon et a dirigé une tariqa avant de dévier et de perdre les privilèges divins de sa position, finissant même par critiquer publiquement R. Guénon!

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    4. Ca fait peur toutes ses "erreurs" possibles en effet....

      Et dans ce cas de figure, qu'advient-ils de ceux qui ont suivi sa tariqa ? Dans le texte de Halima, il est dit qu'on ne peut jamais sortir :

      « Au contraire, dès lors qu’on a été admis dans une organisation initiatique, quelle qu’elle soit, on ne peut jamais, par aucun moyen, cesser d’y être attaché, puisque l’initiation consiste essentiellement dans la transmission d’une influence spirituelle(barakah), et qu’elle est nécessairement conférée une fois pour toutes et possède un caractère proprement ineffaçable »

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    5. Ligea
      quand quelqu'un est initié, il reçoit une influence spirituelle. dans un premier temps il n'y a qu'une réalisation virtuelle de par cette influence. la réalisation effective arrive par la suite en fonction du cheminement et du travail de la personne même.
      l'influence spirituelle transmise par Schuon à travers le rituel reste valable (de plus si j'ai bien compris sa déviance est postérieure à la tariqa qu'il dirigeait). cette influence n'est pas comme une mentalité ou des idées à transmettre.elle est de l'ordre spirituel.
      Rien n'oblige ceux qui ont été initiés par lui d'être comme lui au niveau de la déviance

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    6. Merci Halima... :-)

      J'avais peur que du coup son enseignement (de Schuon) ait été "tâché" par un esprit de dissidence qu'il aurait transmis...

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  5. Salam les filles !

    Ibn Arabi nous enseigne aussi que l'enfer est une étape de purification et il met cela en perspective avec l'Attribut de Miséricorde de Dieu qui est supérieur à l'Attribut opposé de Rigueur.

    Si mes souvenirs sont bons, l'enfer serait un prolongement de l'état dans lequel se trouverait l'individu au moment de sa mort terrestre. Ainsi, l'enfer pourra même être perçu comme agréable pour le non croyant car il sera dans un environnement qui correspond à ses déviances ici-bas. Il décrit par ailleurs la notion de "feu qui brûle" qui ne peut être perçu que par l'idée que s'en fait le croyant (la notion de douleur ne pouvant être perçue que par le corps terrestre - et c'est notamment sur la base du voyage nocturne du Prophète qui ne sentait pas la chaleur du feu. Par la suite, les souffrances étant abrégées par la prise de conscience de ce fait, ce sont les tourments qui envahiront l'être après qu'il réalise qu'il ne peut être proche de Dieu.

    Tout ça à prendre au conditionnel en attendant de pouvoir citer les extraits pour plus de précisions. Je vais essayer de retrouver la (les) Sagesse(s) qui aborde(nt) cet aspect mais si quelqu'un a les sources, n'hésitez pas (je n'ai pas beaucoup de temps aujourd'hui).

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    1. @Hagar : Salam Hagar ! :-)

      Malheureusement, je n'ai pas encore abordé Ibn Arabi, du coup je ne comprends pas tout ce que tu en dis ! :-/


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    2. http://alsimsimah.blogspot.fr/2013/05/le-paradis-et-l-enfer-selon-ibn-arabi.html
      à lire avec le commentaire qui lui fait suite sur l'émir Abdel Kader

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    3. La bonne journée à vous tous !

      (2ème tentative, je n'arrive pas à poster les commentaires Ligeia, si tu constates que le premier est passé, tu peux en supprimer un :))

      L'article qu'Alfihar te propose pourra t'aider je pense (voir aussi celui qu'il a posté sur son google+ sur le Dévoilement des Effets du Voyage). j'ai aussi retrouvé le texte auquel je faisais référence (de manière approximative, sorry :s !). Il s'agit de la Sagesse de l'Âme dans un Verbe de Jonas :

      http://esprit-universel.over-blog.com/article-fusus-al-hikam-le-chaton-d-une-sagesse-de-l-ame-dans-un-verbe-de-yunus-jonas-2-2-46903387.html

      PS: la partie 1 aborde la loi du talion et apporte une perspective intéressante sur un sujet que tu avais traité avant :)

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    4. @Alfihar : désolée, je n'avais pas vu votre lien ! Peut-être y trouverais-je la réponse à ma question plus bas.... :-)

      @Hagar : Je ne vois pas de comms en attente mais dis moi si ça recommence... ;-)

      Oui la loi du Talion m’intéresse aussi, merci !
      Je vais essayer de lire tout cela aujourd'hui..... :-)

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    5. @Alfihar : J'ai lu le texte...
      C'est aussi pour cela alors, qu'il faut se méfier des témoignages sur les "expériences de mort imminente", non ? Chacun y voit donc ce qu'il a "cultivé" durant sa vie terrestre ?

      Mais c'est très dangereux... Comment dissuader de faire le mal (et de s'y complaire !) si il est dit que dans l'après, vous pourrez y retrouver vos déviances "amplifiée à l’extrême" ??!

      Pour les pédophiles par exemple ? Il me semble impossible qu'ils continuent leurs déviances...

      "dans un cadre qui lui est naturel" je ne comprends pas bien...

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    6. Sauf que là ils sont punis pour leur deviance mais ils savent pourquoi et se retrouvent dans un milieu qui leur est naturel ça ne veut pas dire qu'ils continuent

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    7. https://islamqa.info/fr/11110
      pour "illustrer" cette notion de châtiment et de "milieu naturel", cela évoque le barzakh qui correspond à ce qui est entre la vie terrestre et le jugement.

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    8. @Alfihar : je vais lire cela....

      J'avais lu un livre il y a qques années : "Voir Paris et mourir" du Pr Howard Storm. Je n'y avais pas prêté beaucoup d'attention car j'ai beaucoup de doutes sur ce genre de témoignages...

      Mais à la lueur de ce que j'apprends, il faudrait peut-être le reconsidérer car il décrit "l'enfer" presque comme ce qu'en dit Ibn Arabi...!

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  6. j'ajouterais pour rappel que la traversée des Enfers est une étape initiatique, Guenon en parle dans "aperçu sur l'initiation" et surtout dans "l'ésotérisme de Dante" il me semble.
    il est dit dans le coran que personne n'arrive à Dieu avant de visiter l'Enfer, je te mets un lien de quelqu'un qui parle de ce sujet,même le prophète muhammed sws est passé par là.
    on remarque que cette étape est obligatoire (personne n'y échappe) et transitoire.
    https://www.youtube.com/watch?v=X5ngrimfQTk
    maintenant ne me demande pas comment, où et quand..par contre pour le pourquoi de ces choses, Guenon l'explique dans son livre "aperçu sur l'initiation"

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  7. Commentaire de Marg :

    "Salut à toi ,les gentils homo sapiens qui n'iront ni au paradis ni en enfer iront-ils dans cet endroit "al-Araf "qui est mentionné dans le coran ?


    Sourate 7, verset 46 à 48 :
    46. Et entre les deux, il y aura un mur, et, sur al-Araf seront des gens qui reconnaîtront tout le monde par leurs traits caractéristiques . Et ils crieront aux gens du Paradis : "Paix sur vous! " Ils n'y sont pas entrés bien qu'ils le souhaitent.

    47. Et quand leurs regards seront tournés vers les gens du Feu, ils diront : "Ô notre Seigneur! Ne nous mets pas avec le peuple injuste".

    48. Et les gens d'al-Araf, appelant certains hommes qu'ils reconnaîtront par leurs traits caractéristiques, diront : "Vous n'avez tiré aucun profit de tout ce que vous aviez amassé et de l'orgueil dont vous étiez enflés!" "

    Je ne sais pas non plus à quoi on peut rattacher ce "lieu"... Ni qui sont les personnes qui iront...


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  8. al-Araf est l'équivalent du Purgatoire chrétien pour ceux dont les péchés sont égaux aux bonnes actions, ils sont entre les deux et peuvent voir ceux de l'enfer et ceux du Paradis, et ils finissent par miséricorde de Dieu au Paradis:
    "Ibn Jârir : C'est la muraille au sujet de laquelle Dieu dit : Entre les uns et les autres il fut bâti un mur, avec une porte. C'est les redans au sujet desquels Dieu dit : Sur les redans se dressent des personnages.
    Mujâhid : Les redans sont un voile (une occultation) entre le Jardin et le Feu; une muraille qui a une porte.
    Ibn Jârir : Dans la langue des Arabes, toute élévation sur le sol est appelée ainsi (a'râf).
    Ibn Abbas : C'est une muraille séparant le Jardin et le Feu.

    S'agissant des compagnons des redans, les exégètes donnent des avis divers qui aboutissent en définitive à la même signification : ces personnages sont un peuple de gens ayant leurs actions bonnes équivalentes à leurs actions mauvaises.

    Jâbir b. AbdAllah : On demanda à l'Envoyé de Dieu :saws qui étaient ceux-là qui verraient s'égaliser leurs actions bonnes et leurs actions mauvaises. Il :saws répondit : "Ceux-sont les compagnons des redans. Ils n'y sont pas entrés, mais ils le convoitent."

    Hadhîfa : On lui :saws demanda qui étaient les compagnons des Redans. Il :saws répondit : "Ce sont un peuple de gens qui voient s'égaliser leurs actions bonnes et leurs actions mauvaises. les secondes les retiennent devant le Jardin et les premières leur font manquer le Feu. Ainsi, ils attendront là-bas sur la muraille, jusqu'à ce que Dieu tranche dans leur affaire

    Qui aura les actions bonnes égales aux mauvaises, celui-là sera parmi les compagnons des redans.
    Ces derniers se mettront debout sur le chemin. Puis ils reconnaîtront les gens du Jardin et ceux du Feu. Quand ils dirigeront leurs regards vers les gens du Jardin ils appelleront : Salut sur vous. Et quand ils détourneront leurs regards sur la gauche et qu'ils verront les gens du Feu, ils diront : Notre Maître, ne nous mets pas avec le peuple d'iniquité.
    De leur place, ils demanderont refuge auprès de Dieu.

    Le Prophète :saws rapporte-on, a dit à propos du sort de ces gens-là : Ce sont les derniers des adorateurs dont le jugement sera tranché. Quand le Maître des univers terminera de trancher entre les adorateurs, Il dira : Vous êtes le peuple que vos actions bonnes vous ont sauvés du Feu, mais vous n'êtes pas entrés au Jardin. Vous êtes donc Mes libérés. Allez paître dans le Jardin, où vous voudrez."

    L'enfer est un état tout comme le Paradis.
    Effectivement la lecture de "L'enfer" de Dante est tout à fait édifiante et glaçante, il est dit que Dante n'a plus jamais souri après cette expérience.

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    1. Merci pour votre réponse :-)

      Si l'enfer est un état, il ne peut donc pas exister depuis l'origine, et l'état paradisiaque est donc antérieur. C'est le premier "damné" qui a créé cette notion alors ?

      Et qu'advient-il de ceux qui y sont quand débute le nouveau Manvantara ?

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  9. @Ligeia et Alfhiar VH

    Merci d'avoir publier ma question et merci beaucoup pour ces explications .

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