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Extrait de l’Epître à Henry de Nostradamus :
- « Et précèdera devant une éclypse solaire le plus obscur, et le plus ténébreux, que soit esté depuis la création du monde jusques à la mort et passion de Jésus-Christ, et de là jusques icy, et sera au moys d'Octobre que quelque grande translation sera faicte, et telle que l'on croira la pesanteur de la terre avoir perdu son naturel mouvement, et estre abismée en perpétuelles ténèbres »
Rappel sur la légende d’Atrée :
Pour venger sur les Pélopides le meurtre de son fils Myrtilos, Hermès
fit naître dans les troupeaux d’Atrée un agneau à toison d’or. Se voyant
disputer le trône par son frère Thyeste, Atrée promit de montrer cet agneau,
comme un signe de la faveur des dieux. Mais Thyeste persuada Aérope, femme
d’Atrée, de lui donner l’agneau, et Atrée aurait perdu son royaume, si Zeus,
qui était pour lui, n’avait pas manifesté sa faveur par un autre signe, en
faisant rétrograder le soleil et les pléiades du couchant à l’orient. Telle est
la forme de la légende qu’on trouve dans une scolie de l’Oreste d’Euripide, v.
990 sqq.
D’après une autre tradition, c’est après le festin où Atrée servit à
Thyeste les corps de ses enfants, que le soleil recula d’horreur.
Extrait du livre de Platon "Le Politique":
L’ÉTRANGER
Prête donc à ma fable
toute ton attention, comme les enfants. Aussi bien il n’y a pas beaucoup
d’années que tu as quitté les jeux de l’enfance.
SOCRATE LE JEUNE
Parle, je te
prie.
L’ÉTRANGER
Parmi tant d’autres
traditions antiques qui ont eu et qui auront cours encore, je relève le prodige
qui marqua la fameuse querelle d’Atrée et de Thyeste. Tu as, je pense, entendu
raconter et tu te rappelles ce qu’on dit qui arriva alors ?
SOCRATE LE JEUNE
Tu veux sans
doute parler du prodige de la brebis d’or.
L’ÉTRANGER
Non pas, mais du
changement du coucher et du lever du soleil et des autres astres, qui se
couchaient alors à l’endroit où ils se lèvent aujourd’hui et se levaient du
côté opposé. C’est précisément à cette occasion que le dieu, pour témoigner en
faveur d’Atrée, changea cet ordre en celui qui existe aujourd’hui.
SOCRATE LE JEUNE
Effectivement,
on raconte aussi cela.
L’ÉTRANGER
Il y a aussi le règne
de Cronos que nous avons souvent entendu répéter.
SOCRATE LE JEUNE
Oui, très
souvent.
L’ÉTRANGER
Et aussi cette
tradition que les hommes d’avant nous naissaient de la terre au lieu de
s’engendrer les uns les autres.
SOCRATE LE JEUNE
Oui, c’est aussi
là un de nos vieux récits.
L’ÉTRANGER
Eh bien, tous ces
prodiges et mille autres encore plus merveilleux ont leur source dans le même
événement ; mais la longueur du temps qui s’est écoulé a fait oublier les uns,
tandis que les autres se sont fragmentés et ont donné lieu à des récits
séparés. Quant à l’événement qui a été cause de tous ces prodiges, personne
n’en a parlé, mais c’est le moment de le raconter ;
(...)
SOCRATE LE JEUNE
Quoi ?
L’ÉTRANGER
Le mouvement de
l’univers, qui tantôt le porte dans le sens où il tourne à présent, et tantôt
dans le sens contraire.
SOCRATE LE JEUNE
Comment cela ?
L’ÉTRANGER
On doit croire que ce
changement est de toutes les révolutions célestes (1) la plus grande et la plus
complète.
1 Ces autres révolutions sont celles que
fait le soleil aux solstices.
SOCRATE LE JEUNE
C’est en tout
cas vraisemblable.
L’ÉTRANGER
Il faut donc penser
que c’est alors aussi que se produisent les changements les plus considérables
pour nous qui habitons au sein de ce monde.
SOCRATE LE JEUNE
Cela aussi est
vraisemblable.
L’ÉTRANGER
Mais ne savons-nous
pas que la nature des animaux supporte difficilement le concours de changements
considérables, nombreux et divers ?
SOCRATE LE JEUNE
Comment ne le
saurions-nous pas ?
L’ÉTRANGER
Alors il s’ensuit
forcément une grande mortalité parmi les animaux et, dans la race humaine
elle-même, il ne reste qu’un petit nombre de vivants, et ceux-ci éprouvent un
grand nombre d’accidents étranges et nouveaux, dont le plus grave est celui-ci,
qui résulte du mouvement rétrograde de l’univers, lorsqu’il vient à tourner
dans une direction contraire à la direction actuelle.
SOCRATE LE JEUNE
Quel est cet
accident ?
L’ÉTRANGER
Tout d’abord l’âge de
tous les animaux, quel qu’il fût alors, s’arrêta court, et tout ce qui était
mortel cessa de s’acheminer vers la vieillesse et d’en avoir l’aspect et,
changeant en sens contraire, devint pour ainsi dire plus jeune et plus délicat.
Aux vieillards, les cheveux blancs noircissaient ; les joues de ceux qui
avaient de la barbe, redevenues lisses, les ramenaient à leur jeunesse passée,
et les corps des jeunes gens, devenant de jour en jour et de nuit en nuit plus
lisses et plus menus, revenaient à l’état de l’enfant nouveau-né, et leur âme
aussi bien que leur corps s’y conformait ; puis, se flétrissant de plus en
plus, ils finissaient par disparaître complètement. Quant à ceux qui en ces
temps-là périssaient de mort violente, leur cadavre passait par les mêmes
transformations avec une telle rapidité qu’en peu de jours il se consumait sans
laisser de traces.
SOCRATE LE JEUNE
Et la génération, étranger, comment se faisait
elle en ce temps-là chez les animaux, et de quelle manière se
reproduisaient-ils les uns les autres ?
L’ÉTRANGER
Il est évident,
Socrate, que la reproduction des uns par les autres n’était pas dans la nature
d’alors. Mais la race née de la terre qui, suivant la tradition, a existé
jadis, c’est celle qui ressortit en ce temps-là du sein de la terre et dont le
souvenir nous a été transmis par nos premiers ancêtres, qui, nés au
commencement de notre cycle, touchaient immédiatement au temps où finit le
cycle précédent.
Ce sont eux qui furent pour nous les hérauts de ces traditions
que beaucoup de gens ont aujourd’hui le tort de révoquer en doute. Il faut, en
effet, considérer ce qui devait s’ensuivre. Une conséquence naturelle du retour
des vieillards à l’état d’enfants, c’est que les morts, enfouis dans la terre, devaient
s’y reconstituer et remonter à la vie, suivant l’inversion de mouvement qui
ramenait la génération en sens contraire. C’est ainsi qu’ils naissaient
forcément de la terre, et c’est de là que viennent leur nom et la tradition qui
les concerne, tous ceux du moins qui ne furent pas emportés par un dieu vers
une autre destinée.
SOCRATE LE JEUNE
C’est en effet
une conséquence toute naturelle de ce qui s’était produit avant. Mais le genre
de vie que tu rapportes au règne de Cronos se place-t-il dans l’autre période
de révolution ou dans la nôtre ? Car le changement dans le cours des astres et
du soleil se produit évidemment dans l’une et dans l’autre des deux périodes.
L’ÉTRANGER
Tu as bien suivi mon
raisonnement. Quant au temps dont tu me parles, où tout naissait de soi-même
pour l’usage des hommes, il n’appartient pas du tout au cours actuel du monde,
mais bien, comme le reste, à celui qui a précédé. Car, en ce temps-là, le dieu
commandait et surveillait le mouvement de l’ensemble, et toutes les parties du
monde étaient divisées par régions, que les dieux gouvernaient de même. Les
animaux aussi avaient été répartis en genres et en troupeaux sous la conduite
de démons, sorte de pasteurs divins, dont chacun pourvoyait par lui-même à tous
les besoins de ses propres ouailles (1), si bien qu’il n’y en avait point de
sauvages, qu’elles ne se mangeaient pas entre elles et qu’il n’y avait parmi
elles ni guerre ni querelle d’aucune sorte ; enfin tous les biens qui
naissaient d’un tel état de choses seraient infinis à redire.
Mais, pour en revenir à ce qu’on
raconte de la vie des hommes, pour qui tout naissait de soi-même, elle
s’explique comme je vais dire. C’est Dieu lui-même qui veillait sur eux et les
faisait paître, de même qu’aujourd’hui les hommes, race différente et plus
divine, paissent d’autres races inférieures à eux.
Sous sa gouverne, il n’y
avait ni États ni possession de femmes et d’enfants ; car c’est du sein de la
terre que tous remontaient à la vie, sans garder aucun souvenir de leur passé.
Ils ne connaissaient donc aucune de ces institutions ; en revanche, ils avaient
à profusion des fruits que leur donnaient les arbres et beaucoup d’autres
plantes, fruits qui poussaient sans culture et que la terre produisait
d’elle-même. Ils vivaient la plupart du temps en plein air sans habit et sans
lit ; car les saisons étaient si bien tempérées qu’ils n’en souffraient aucune
incommodité et ils trouvaient des lits moelleux dans l’épais gazon qui sortait
de la terre. Telle était, Socrate, la vie des hommes sous Cronos. Quant à celle
d’aujourd’hui, à laquelle on dit que Zeus préside, tu la connais par
expérience.
1 Cf. Lois, 713 c-d, où les mêmes idées se
retrouvent.
Lorsque le temps assigné à toutes
ces choses fut accompli, que le changement dut se produire et que la race issue
de la terre fut entièrement éteinte, chaque âme ayant payé son compte de
naissances en tombant dans la terre sous forme de semence autant de fois qu’il
lui avait été prescrit, alors le pilote de l’univers, lâchant la barre du
gouvernail, se retira dans son poste d’observation, et le monde rebroussa
chemin de nouveau, suivant sa destinée et son inclination native.
Dès lors tous les dieux qui, dans
chaque région, secondaient la divinité suprême dans son commandement, en
s’apercevant de ce qui se passait, abandonnèrent à leur tour les parties du
monde confiées à leurs soins. Dans ce renversement, le monde se trouva lancé à
la fois dans les deux directions contraires du mouvement qui commence et du
mouvement qui finit, et, par la violente secousse qu’il produisit en lui-même,
il fit périr encore une fois des animaux de toute espèce. Puis, lorsqu’après un
intervalle de temps suffisant il eut mis un terme aux bouleversements, aux
troubles, aux secousses qui l’agitaient et fut entré dans le calme, il reprit,
d’un mouvement réglé, sa course habituelle, surveillant et gouvernant de sa
propre autorité et lui-même et ce qui est en lui et se remémorant de son mieux
les instructions de son auteur et père.
Au commencement, il les exécutait assez exactement, mais à la fin avec
plus de négligence. La cause en était l’élément corporel qui entre dans sa
constitution et le défaut inhérent à sa nature primitive, qui était en proie à une
grande confusion avant de parvenir à l’ordre actuel.
C’est, en effet, de son organisateur que le monde a reçu ce qu’il a de
beau ; mais c’est de sa condition antérieure que viennent tous les maux et
toutes les injustices qui ont lieu dans le ciel ; c’est d’elle qu’il les tient
et les transmet aux animaux.
Tant qu’il fut guidé par son pilote dans l’élevage des animaux qui
vivent dans son sein, il produisait peu de maux et de grands biens ; mais une
fois détaché de lui, pendant chaque période qui suit immédiatement cet abandon,
il administre encore tout pour le mieux ; mais à mesure que le temps s’écoule
et que l’oubli survient, l’ancien désordre domine en lui davantage et, à la
fin, il se développe à tel point que, ne mêlant plus que peu de bien à beaucoup
de mal, il en arrive à se mettre en danger de périr lui-même et tout ce qui est
en lui.
Dès lors le dieu qui l’a organisé, le voyant en détresse, et craignant
qu’assailli et dissous par le désordre, il ne sombre dans l’océan infini de la
dissemblance, reprend sa place au gouvernail, et relevant les parties
chancelantes ou dissoutes pendant la période antérieure où le monde était
laissé à lui-même, il l’ordonne, et, en le redressant, il le rend immortel et
impérissable.
Ici finit la légende.
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