Reproduction du livre de Abd Ar-Razzâq Yahyâ (Charles-André Gilis) : La Papauté contre l’islâm, chapitre VI.
Ce livre n'est pas consultable sur internet ; il est disponible ici :
Sommaire du livre :
(les chapitres en rouge sont ceux qui ont été reproduits sur Acta)
V. Nostra Aetate, et l’islâm.
- Le Verbe de Dieu
- Marie- La question de la prophétie
VII. Les origines du christianisme.
- L'échec de la mission du Christ
- Une adaptation providentielle- Les faiblesses de la religion chrétienne
VIII. Une alliance contre nature.
IX. Naissance d’une contre-doctrine.
X. La question du terrorisme.
XI. Une preuve par omission.
XII. La « prophétie des papes »
Sur le sionisme et ses dérives voir également ces articles :
VI. L’excellence du dernier.
La position privilégiée de l’islâm dans la
confrontation générale des religions, et des formes traditionnelles qui
caractérise le monde contemporain est inséparable de la doctrine akbarienne de
« l’excellence du dernier ».
Au degré des noms divins, une excellence du nom «
le Premier » ou du nom « le Dernier » est inconcevable, car les noms sont
tous une désignation de l’Essence d’Allâh ; ils n’ont aucune réalité propre en
dehors de la Sienne : le Très-Haut est le Premier en tant qu’Il est le Dernier,
et inversement.
L’excellence du dernier n’a de sens que du point de vue
cyclique, et s’explique à la lumière du « renouvellement de la création à tout
instant » : tout « dernier » est également « premier » en ce sens qu’il est
sans précédent ; par-là, il réunit les deux qualités, ce que le premier ne peut
faire. Le dernier comprend tout ce qui précède, et il est nécessairement le
seul, (et par conséquent le premier), à pouvoir occuper cette position
privilégiée : telle est la manière dont le « plus grand des maîtres » de
l’ésotérisme islamique explique l’excellence de l’islâm.
Dans la même
perspective, la doctrine à laquelle l’Église catholique recourt pour expliquer
sa propre excellence repose sur une argumentation d’une faiblesse évidente ; en
effet, elle ne peut justifier cette excellence qu’au moyen d’une conception
historique de la Révélation divine. Non seulement la relation que Dieu établit
avec les hommes est envisagée comme une histoire, mais cette histoire est
elle-même conçue comme un « progrès », autrement dit comme un processus partant
d’un degré inférieur, et aboutissant, par étapes, à un stade supérieur auquel
est censée correspondre la révélation chrétienne. Les progressismes biologique,
scientifique, et politique qui ont triomphé au 20ème siècle n’ont pas d’autre
origine que cette doctrine d’un progrès dans l’ordre des révélations divines,
fort dangereuse quand on la sépare de la métaphysique traditionnelle, et de
l’enseignement ésotérique. Il convient d’examiner cet enseignement théologique
plus en détail.
Tout d’abord, il y a le stade de l’humanité dite «
primitive », et de la religion dite « naturelle » ; ce sont les « nations
païennes » censées être représentées par les Rois mages selon la vision très
spéciale du cardinal Ratzinger. Ensuite vient la révélation du monothéisme
faite à Abraham, et qui, grâce à Moïse, devient une religion fondée sur
l’élection du peuple juif : c’est la phase judaïque, considérée comme un
progrès décisif dans l’histoire de l’humanité. Enfin il y a le Christ, le
Messie en qui s’accomplit la promesse faite à Abraham : il révèle le sens
véritable du judaïsme, et proclame une doctrine universelle.
Avec lui, le monothéisme atteint son degré suprême
; par lui, il réalise sa perfection : le judaïsme apparaît ainsi comme une
sorte d’« Avent » du christianisme, pour reprendre la célèbre expression du
cardinal Danielou. Pour ce qui concerne la première étape, la déclaration
Nostra Aetate contient une nuance qui retient l’attention ; voici le passage où
elle figure :
"Depuis les temps les plus reculés jusqu’à
aujourd’hui, on trouve dans les différents peuples une certaine sensibilité à
cette force cachée qui est présente au coeur des choses, et aux événements de
la vie humaine, parfois même une reconnaissance de la Divinité suprême ou
encore du Père. Cette sensibilité, et cette connaissance pénètrent leur vie
d’un profond sens religieux. Quant aux religions liées aux progrès de la
culture, elles s’efforcent de répondre aux mêmes questions, (celles que les
hommes se posent), par des notions plus affinées, et par un langage plus
élaboré."
Cette dernière indication est inacceptable, car il
faut vraiment tout ignorer de l’hindouisme, (pour prendre un exemple évident),
pour prétendre que ses « notions » métaphysiques, et spirituelles sont « moins
affinées », et son langage « moins élaboré » que ceux de la théologie
chrétienne : c’est exactement l’inverse qui est vrai, et l’on retrouve ici le
préjugé, (à la fois naïf, et intéressé), sur la supériorité occidentale.
Bien
entendu, il se manifeste aussi dans l’expression « progrès de la culture »,
mais il n’est pas sans intérêt de faire remarquer qu’il ne s’agit plus ici d’un
progrès au degré de la révélation elle-même, mais uniquement à celui de son
expression ce qui autorise, tout au moins sous ce rapport, un rapprochement
avec la doctrine islamique de l’universalité du tawhîd, « meilleure parole
dite, non seulement par Muhammad, mais aussi par les prophètes qui l’ont précédé
».
Ce changement apparent dans la compréhension véritable des choses serait-il
dû au fait que l’islâm fait l’objet d’un traitement plus favorable dans Nostra
Aetate que dans toute autre déclaration officielle de l’Église ? La coïncidence
est en tout cas remarquable ; d’autant plus que cette compréhension meilleure
était sans précédent, et qu’ensuite, avec le cardinal Ratzinger, on retrouvera,
au sujet des religions qui ont précédé le judaïsme, les mêmes références
affligeantes au « paganisme », et aux « mystères du cosmos », (auxquels les
doctrines orientales seraient censées se limiter), ; par exemple dans ce texte
qui date de 1993 :
"L’historicité d’une culture signifie sa capacité à
s’ouvrir, et à se laisser transformer par les rencontres. Assurément, on peut
distinguer entre les cultures cosmiques, statiques, et les cultures
historiques. On dit, (sic), que les cultures antiques décrivent toujours de la
même manière le mystère du cosmos, alors que le monde culturel judéo-chrétien,
en particulier, comprend le chemin avec Dieu comme une histoire. De ce fait,
l’histoire est ici fondamentale."
Après la courte embellie de Vatican II, il serait
difficile de s’exprimer en des termes plus rétrogrades !
Cette vision « historiciste » place l’Église dans
une situation difficilement tenable à l’égard de l’islâm. Si le Christ est la
raison d’être, et l’aboutissement de l’histoire, il n’y a évidemment rien que
l’on puisse ajouter après la révélation chrétienne : non seulement il n’y a
aucune place possible pour la révélation islamique, mais il faut décréter en
outre que l’histoire sacrée s’est arrêtée avec le Christ sans que l’on puisse
s’appuyer sur aucune parole de Jésus ; bien au contraire, puisque celui-ci
annonce la venue du Paraclet.
La position de l’Église apparaît incohérente, et
même contradictoire. Le judaïsme n’a nul besoin d’une argumentation historique
pour justifier sa prétention d’être le peuple élu : si un certain nombre
d’auteurs juifs reprennent aujourd’hui les arguments de l’Église, c’est
uniquement en vertu de l’alliance tactique que le sionisme a conclue avec la
papauté dans une stratégie anti-islamique aujourd’hui bien visible.
Quant à
l’islâm, il est vrai qu’il justifie avant tout son excellence au moyen d’une
doctrine métaphysique, celle du tawhîd universel proclamé par Muhammad, et les
prophètes qui l’ont précédé ; néanmoins, la perspective historique, (mais qui
n’est entachée d’aucun historicisme), est également présente : elle s’exprime
dans la doctrine du « Sceau de la prophétie », (khatm an-nubuwwa), selon
laquelle, après l’Envoyé d’Allâh, plus aucune loi divine ne sera proclamée, et
aussi dans l’affirmation que la révélation islamique est totale, et
totalisatrice, en ce sens qu’elle contient toutes les vérités que Dieu a fait
connaître aux hommes depuis l’origine des temps, y compris la révélation
christique.
L’Église, sans renier l’authenticité, et la légitimité de la loi juive, (puisqu’elle voit dans le judaïsme « les prémices de sa foi, et de son élection »), affirme de son côté que le Christ correspond à l’accomplissement de la promesse faite à Abraham, et que son enseignement confère sa signification spirituelle véritable à la révélation moïsiaque ; autrement dit : le judaïsme est bon, à condition de le considérer comme une première étape, mais le christianisme, c’est mieux ; et c’est même parfait, puisqu’il s’agit avec le Christ de l’étape définitive, et du but unique, et ultime de l’histoire sacrée. Les musulmans ne peuvent pas admettre ce dernier point parce qu’ils placent la révélation muhammadienne dans une perspective cyclique en utilisant des arguments similaires à ceux que le catholicisme avance à l’égard du judaïsme : si l’Église, avec saint Paul, affirme l’excellence de son enseignement en invoquant l’idée que l’esprit, l’amour, et la grâce sont supérieurs à la loi, elle serait mal venue de nier que l’islâm puisse recourir à une argumentation semblable en affirmant que, pour lui, le judaïsme, et le christianisme présentent l’un, et l’autre un caractère unilatéral : l’enseignement de l’islâm rejoint la doctrine chrétienne dans sa critique du légalisme juif en insistant sur les idées de foi, et de grâce ; par exemple : « Ils prétendent, (ô prophète), t’avoir fait la grâce d’être entrés en islâm ; c’est plutôt Allâh qui vous a fait la grâce de vous conduire à la foi :, (reconnaissez-le donc), si vous êtes sincères », (Coran, 49, 17), ; mais, en même temps, la révélation islamique reconnaît pleinement la sagesse, et la bénédiction inhérentes à l’institution des lois sacrées : elle réunit donc les deux excellences, celle de la loi, et celle de la foi, et de la grâce ; ce que l’Église ne peut faire car elle est dépourvue d’une loi sacrée qui lui serait propre.
La loi islamique est la loi du « Tout-Miséricordieux, Très-Miséricordieux », (ar-Rahmân ar-Rahîm), la loi de l’Esprit universel. Le judaïsme représente le joug de la loi, et correspond au nom divin l’« Extérieur » ; le christianisme représente l’amour, et la grâce, et correspond par là au nom divin l’« Intérieur ». L’islâm réunit en une synthèse suprême l’extérieur, et l’intérieur, et représente ainsi, par l’union des complémentaires, la perfection du monothéisme. Autrement dit : à partir du moment où l’on conçoit le développement du monothéisme dans la perspective d’un progrès historique, la doctrine islamique considère qu’il y a lieu d’envisager, non pas deux, mais trois étapes : celui du légalisme juif, celui d’une foi, et d’une grâce ne bénéficiant pas de l’appui, et de la préservation inhérentes aux lois sacrées, et enfin celui d’une loi de grâce, et de miséricorde réunissant les deux aspects. L’incohérence de l’argumentation ecclésiastique réside dans le fait qu’elle recourt à l’idée d’un progrès dans l’histoire de la révélation divine jusqu’à un certain point, tout en refusant arbitrairement d’admettre sa légitimité lorsqu’il s’agit de l’islâm. Dieu, dans Sa sagesse, aurait révélé le monothéisme ; puis, dans Son amour, Il aurait donné Son Fils au monde ; et enfin, Il aurait régressé en permettant la révélation du Coran. Comment peut-on défendre une idée aussi grotesque ?
L’Église, sans renier l’authenticité, et la légitimité de la loi juive, (puisqu’elle voit dans le judaïsme « les prémices de sa foi, et de son élection »), affirme de son côté que le Christ correspond à l’accomplissement de la promesse faite à Abraham, et que son enseignement confère sa signification spirituelle véritable à la révélation moïsiaque ; autrement dit : le judaïsme est bon, à condition de le considérer comme une première étape, mais le christianisme, c’est mieux ; et c’est même parfait, puisqu’il s’agit avec le Christ de l’étape définitive, et du but unique, et ultime de l’histoire sacrée. Les musulmans ne peuvent pas admettre ce dernier point parce qu’ils placent la révélation muhammadienne dans une perspective cyclique en utilisant des arguments similaires à ceux que le catholicisme avance à l’égard du judaïsme : si l’Église, avec saint Paul, affirme l’excellence de son enseignement en invoquant l’idée que l’esprit, l’amour, et la grâce sont supérieurs à la loi, elle serait mal venue de nier que l’islâm puisse recourir à une argumentation semblable en affirmant que, pour lui, le judaïsme, et le christianisme présentent l’un, et l’autre un caractère unilatéral : l’enseignement de l’islâm rejoint la doctrine chrétienne dans sa critique du légalisme juif en insistant sur les idées de foi, et de grâce ; par exemple : « Ils prétendent, (ô prophète), t’avoir fait la grâce d’être entrés en islâm ; c’est plutôt Allâh qui vous a fait la grâce de vous conduire à la foi :, (reconnaissez-le donc), si vous êtes sincères », (Coran, 49, 17), ; mais, en même temps, la révélation islamique reconnaît pleinement la sagesse, et la bénédiction inhérentes à l’institution des lois sacrées : elle réunit donc les deux excellences, celle de la loi, et celle de la foi, et de la grâce ; ce que l’Église ne peut faire car elle est dépourvue d’une loi sacrée qui lui serait propre.
La loi islamique est la loi du « Tout-Miséricordieux, Très-Miséricordieux », (ar-Rahmân ar-Rahîm), la loi de l’Esprit universel. Le judaïsme représente le joug de la loi, et correspond au nom divin l’« Extérieur » ; le christianisme représente l’amour, et la grâce, et correspond par là au nom divin l’« Intérieur ». L’islâm réunit en une synthèse suprême l’extérieur, et l’intérieur, et représente ainsi, par l’union des complémentaires, la perfection du monothéisme. Autrement dit : à partir du moment où l’on conçoit le développement du monothéisme dans la perspective d’un progrès historique, la doctrine islamique considère qu’il y a lieu d’envisager, non pas deux, mais trois étapes : celui du légalisme juif, celui d’une foi, et d’une grâce ne bénéficiant pas de l’appui, et de la préservation inhérentes aux lois sacrées, et enfin celui d’une loi de grâce, et de miséricorde réunissant les deux aspects. L’incohérence de l’argumentation ecclésiastique réside dans le fait qu’elle recourt à l’idée d’un progrès dans l’histoire de la révélation divine jusqu’à un certain point, tout en refusant arbitrairement d’admettre sa légitimité lorsqu’il s’agit de l’islâm. Dieu, dans Sa sagesse, aurait révélé le monothéisme ; puis, dans Son amour, Il aurait donné Son Fils au monde ; et enfin, Il aurait régressé en permettant la révélation du Coran. Comment peut-on défendre une idée aussi grotesque ?
Les défenseurs de l’Occident chrétien ont pris
conscience de l’absurdité de cette vision faussée de l’histoire sacrée, et ne
savent plus quoi inventer pour dénigrer l’islâm. Les jugements qu’ils portent
témoignent d’une ignorance, et d’une hostilité qui ne connaissent plus de
limites. Dans un texte récent doté de toutes les cautions officielles puisqu’il
est publié aux Presses Universitaires de France, et qu’il émane d’un « membre
de l’Institut, directeur d’études de l’école des hautes études en sciences
sociales », on peut lire des énormités de ce genre :
« Je puis maintenant énoncer ma thèse théologique :
l’islâm est la religion naturelle du Dieu révélé » et, quelques pages plus loin
: « Pour traiter convenablement de l’islâm, il faudrait forger un concept
difficile à penser qui serait l’idolâtrie du Dieu d’Israël ». Ce n’est pas nous
qui soulignons, mais l’auteur qui cherche à donner ainsi plus de poids aux
infamies qu’il profère.
Cet exemple montre à quelles extrémités les
sectateurs de la « révélation progressive » en sont réduits aujourd’hui. Nous
ne doutons pas qu’il subsiste des théologiens catholiques ayant gardé plus de
bon sens, mais nous serions plus rassurés s’ils pouvaient exprimer plus
clairement la position de l’Église sur la question de la prophétie
post-christique ou, à défaut, de reconnaitre que la doctrine du progrès dans
l’ordre des révélations les a conduits dans une impasse.
La position finale de l’islâm lui confère une
excellence non seulement à l’égard des deux religions qui l’ont précédé, mais
aussi à l’intérieur du cycle humain envisagé dans son intégralité « depuis Adam
jusqu’au Jour de la Résurrection ».
Le hadith sur le tawhîd universel indique que
celui-ci a été proclamé par Moïse, par Jésus, et aussi par l’ensemble des
prophètes, et des envoyés divins. En tant qu’il était le « Cheikh Abd al-Wâhid
Yahyâ », René Guénon a illustré par ses écrits le bien-fondé de ce hadith
prophétique. Il a rappelé aussi que, selon un enseignement traditionnel
unanime, le cycle humain suit un processus « descendant » accompagné d’une
déchéance spirituelle qui s’amplifie sans cesse. La doctrine catholique ne dit
pas autre chose puisqu’elle s’adresse à l’homme déchu en quête d’un Rédempteur.
Le « progrès de la révélation », avec ses trois étapes successives : judaïque,
chrétienne, et islamique, se comprend alors comme une compensation
providentielle à la propagation croissante du désordre.
À ce point de vue aussi, l’islâm apparaît comme la
vérité la plus évidente, (al-Haqq al-moubîne), et comme la religion la plus
parfaite. Sa vocation universelle ne se limite pas aux deux monothéismes qui
l’ont précédé, et dont il réalise la synthèse en réunissant l’extérieur, et
l’intérieur, la loi, et la grâce ; elle concerne tout l’ensemble des
révélations divines, et des formes traditionnelles : telle est le sens de la
référence à Abraham, suffisamment caractéristique de la révélation islamique
pour que Nostra Aetate s’en soit fait l’écho.
L’islâm se présente comme un « retour à Abraham »
en ce sens qu’il transcende la dualité figurée par les deux prophètes aux noms
semblables, Moûssâ, (Moïse), et ‘Issâ, (Jésus), ; par là même, il transcende
aussi l’expression religieuse du monothéisme.
Muhammad messager d'Allâh |
Dans le
Coran, sa fonction propre est liée à la notion de « dîn hanîfî », la Religion
pure, la Religion de la Nature primordiale, le Religion du coeur, au-delà de
l’opposition entre la loi, et la grâce.
En Occident, le patriarche est souvent désigné comme le « père du monothéisme », mais le sens de cette expression est toujours limité à l’expression religieuse du tawhîd. Telle n’est pas la vision de l’islâm qui se présente, non pas comme une religion monothéiste, mais comme la manifestation suprême, et ultime du tawhîd universel : c’est pour cette raison qu’il « se réfère volontiers » à Abraham.
L’erreur des partisans du judéo-christianisme est de considérer qu’il n’y pas eu d’Alliance avant celle que Dieu a conclue avec Abraham ni de révélation avant celle qui fut faite à Moïse. La doctrine particulière de la « révélation progressive » telle qu’elle est présentée par les théologiens catholiques conduit inévitablement à rejeter dans les « ténèbres extérieures » l’ensemble des formes traditionnelles orientales, et des religions dites « primitives ».
Le texte ecclésiastique le plus favorable, et le plus compréhensif demeure Nostra Aetate ; mais, nous l’avons vu, le plus qu’il puisse concéder est qu’il existe « une certaine sensibilité à cette force cachée qui est présente au coeur des choses, et aux événements de la vie humaine, parfois même une reconnaissance de la Divinité suprême ».
Selon la doctrine catholique, c’est là le comble de l’audace !
Avant comme après le concile Vatican I les traditions orientales sont considérées comme de simples « religions naturelles » ; mais il faudra attendre le cardinal Ratzinger, obsédé par le problème que pose à l’Église catholique le « relativisme religieux », pour que l’on parle à nouveau de « paganisme », comme si une Église qui se qualifie de catholique n’était pas autre chose, à ses propres yeux, qu’un avatar de l’Empire romain !
On peut tout de même s’étonner de voir qu’un homme cultivé, et qui a voyagé dans le monde entier revienne à ce vocabulaire obsolète, et méprisant qui atteste la permanence des préjugés sur la supériorité occidentale qui inspirent la politique contemporaine dans ce qu’elle a de pire.
En Occident, le patriarche est souvent désigné comme le « père du monothéisme », mais le sens de cette expression est toujours limité à l’expression religieuse du tawhîd. Telle n’est pas la vision de l’islâm qui se présente, non pas comme une religion monothéiste, mais comme la manifestation suprême, et ultime du tawhîd universel : c’est pour cette raison qu’il « se réfère volontiers » à Abraham.
L’erreur des partisans du judéo-christianisme est de considérer qu’il n’y pas eu d’Alliance avant celle que Dieu a conclue avec Abraham ni de révélation avant celle qui fut faite à Moïse. La doctrine particulière de la « révélation progressive » telle qu’elle est présentée par les théologiens catholiques conduit inévitablement à rejeter dans les « ténèbres extérieures » l’ensemble des formes traditionnelles orientales, et des religions dites « primitives ».
Le texte ecclésiastique le plus favorable, et le plus compréhensif demeure Nostra Aetate ; mais, nous l’avons vu, le plus qu’il puisse concéder est qu’il existe « une certaine sensibilité à cette force cachée qui est présente au coeur des choses, et aux événements de la vie humaine, parfois même une reconnaissance de la Divinité suprême ».
Selon la doctrine catholique, c’est là le comble de l’audace !
Avant comme après le concile Vatican I les traditions orientales sont considérées comme de simples « religions naturelles » ; mais il faudra attendre le cardinal Ratzinger, obsédé par le problème que pose à l’Église catholique le « relativisme religieux », pour que l’on parle à nouveau de « paganisme », comme si une Église qui se qualifie de catholique n’était pas autre chose, à ses propres yeux, qu’un avatar de l’Empire romain !
On peut tout de même s’étonner de voir qu’un homme cultivé, et qui a voyagé dans le monde entier revienne à ce vocabulaire obsolète, et méprisant qui atteste la permanence des préjugés sur la supériorité occidentale qui inspirent la politique contemporaine dans ce qu’elle a de pire.
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