mercredi 9 janvier 2019

GILIS : La Papauté contre l'islâm : l'Eglise manipulée


Reproduction du chapitre IV du livre de Abd Ar-Razzâq Yahyâ (Charles-André Gilis) : La Papauté contre l’islâm. 

Le livre est disponible ici :


Sommaire du livre :
(les chapitres en rouge sont ceux qui ont été reproduits sur Acta)
V. Nostra Aetate, et l’islâm.
 - Le Verbe de Dieu
 - Marie
 - La question de la prophétie
    VII. Les origines du christianisme.
     - L'échec de la mission du Christ
     - Une adaptation providentielle
     - Les faiblesses de la religion chrétienne
      VIII. Une alliance contre nature.
      IX. Naissance d’une contre-doctrine.
      X. La question du terrorisme.
      XI. Une preuve par omission.
      XII. La « prophétie des papes »



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      Dans une précédente étude (1), nous avons montré que le but ultime du sionisme n’est pas la création d’un État : celui-ci n’est qu’un moyen en vue du rétablissement d’un judaïsme hégémonique, illégitime au regard du Droit sacré. Il s’agit de mettre en scène une parodie du messianisme impliquant la construction à Jérusalem d’un « troisième Temple » qui figure aujourd’hui déjà sur les plans de la Ville sainte, à l’emplacement de la Mosquée d’Omar.


      On ne peut rien comprendre à la folie apparente de la politique sioniste si l’on imagine qu’elle a pour ambition d’assurer la sécurité, et le bien-être du peuple juif : ceux-ci ne sont qu’accessoires, et seront sacrifiés sans scrupule si la « résurrection », (c’est le terme antitraditionnel utilisé), d’un Israël contrefait l’exige. Tel est pourtant bien l’argument avancé pour la justification du sionisme politique : la tentative de génocide perpétrée par le nazisme autoriserait les juifs à rétablir leur puissance extérieure sans égard pour la sanction divine qui les a frappés parce qu’ils n’ont pas voulu reconnaître la mission de Jésus. Le lancinant rappel, au nom du « devoir de mémoire », des persécutions nazies a pour principale raison de prévenir toute remise en cause de la légitimité de l’État sioniste, et du dogme intangible qui obligerait toutes les nations du monde à le reconnaître de jure.

      La visée pseudo-messianique de cette entreprise est confirmée par la manière dont la papauté fut conduite à encourager une modification profonde de la mentalité catholique, et de l’attitude séculaire de l’Église à l’égard des juifs. L’instauration d’un pseudo-messianisme sioniste impliquait la nécessité de discréditer le messianisme chrétien : telle est, selon nous, la raison pour laquelle la création de l’État d’« Israël » s’accompagna d’une mise en accusation publique de l’Église catholique, et de la papauté : la première fut accusée d’être partiellement responsable des persécutions nazies pour avoir incité les chrétiens, pendant des siècles, à mépriser les juifs ; la seconde de s’être tue, et de ne pas avoir dénoncé publiquement la tentative de génocide, ce qui visait personnellement Pie XII.

      1 – Cf. La Profanation d’Israël selon le Droit sacré, p. 63-64

      L’accusation portée contre l’Église fut instruite par l’historien français Jules Isaac dont l’épouse, et la fille étaient mortes en déportation. Celui-ci publia deux importants ouvrages : Jésus et Israël qui parut tout d’abord en 1946, et qui fut réédité en 1959 ; et Genèse de l’antisémitisme, publié une première fois en 1948, puis en 1956.

      Ces dates confirment, s’il en était besoin, que ces études sont concomitantes avec la création de l’État sioniste ; elles relèvent d’un esprit similaire, et s’inscrivent dans un même projet. Les dénonciations de l’historien portaient essentiellement sur le contenu des Évangiles, et sur les écrits des Pères de l’Église, en soulignant les invraisemblances contenues dans les premiers, les invectives haineuses, et les propos insultants des seconds ; tout cela en vue d’obtenir une « purification », et une rectification de la doctrine enseignée par l’Église durant près de deux mille ans.
      Pour assurer la diffusion de ses thèses, Jules Isaac amorça, notamment avec le soutien du Grand Rabbin de France, et d’un certain nombre de penseurs catholiques, un « dialogue judéo-chrétien ». En 1948, il fonda l’Amitié judéo-chrétienne de France dont les membres devaient s’engager à ne pas se convertir les uns les autres !

      La charte fondatrice de cette organisation n’était autre que la fameuse déclaration de Seelisberg, village suisse où, après la publication de Jésus, et Israël fut réunie, du 30 juillet au 5 août 1947, une « Conférence internationale extraordinaire pour combattre l’antisémitisme ». Celle-ci approuva une série de mesures destinées à modifier l’enseignement chrétien sur le judaïsme, dans un document appelé : « Les Dix points de Seelisberg » qui furent repris, pour la plupart, dans Nostra Aetate. Si, d’une façon générale, on peut dire du « dialogue inter-religieux » qu’il est une des tartes à la crème de l’idéologie contemporaine, que penser de celui, très spécial, qui réunit depuis lors les chrétiens, et les juifs.

      Dans son ouvrage : L’Étoile et la Croix (2), Henri Tincq l’a qualifié d’« asymétrique » (3), et décrit en des termes aussi justes que pittoresques :

      « Que peut signifier un dialogue entre un commerçant de boutons de Brooklyn, et un jésuite de Rome ? Un « dialogue » ne peut avoir la même signification, ni le même degré de motivation, pour les juifs, et pour les chrétiens… Pour les juifs, il n’y a entre judaïsme, et christianisme aucune lien de dépendance, ni de causalité, ni même, le plus souvent, d’intérêt ; à peine un lien d’origine. Quand on lui demande ce que les juifs pensent de Jésus-Christ, Franz Rosenzweig (4) a cette réponse : « Ils ne pensent pas ». La situation est évidemment différente dans le christianisme questionné, depuis saint Paul, par son origine juive, celle du Christ, et de ses apôtres, par ses sources scripturaires, même par sa liturgie. Autrement dit, le chrétien ne peut pas vivre sans se poser la question : que suis-je par rapport au juif ? Alors que le juif vit habituellement sans se poser la question de son rapport au chrétien autrement qu’en termes économiques ou politiques. »

      Dans ces conditions, la visite que Jules Isaac rendit au pape Jean XXIII le 13 juin 1960 revêtait évidemment un caractère politique. L’historien remit au Souverain Pontife un dossier sur l’antisémitisme théologique dans la catéchèse de l’Église (5).

      2 – Cf. P. 55-56
      3 – C’est le moins que l’on puisse dire !
      4 – Auteur de L’Etoile de la Rédemption, éd. Du Seuil, 1982.
      5 – C’est « l’enseignement du mépris », célèbre formule dont il est l’auteur.

      Trois mois plus tard, Jean XXIII demandait au cardinal Bea de préparer une déclaration sur la question juive en vue d’un examen ultérieur par le concile. Celle-ci, intitulée De Judaeis, fut présentée à la commission centrale préparatoire du concile.

      Le rabbin Abraham Joshua Heschel et le cardinal Augustin Bea

      Elle souleva un tel tollé qu’elle fut rejetée en juin 1962, et ne put donc être soumise, comme prévu, à la première session qui se déroula du 11 octobre au 8 décembre de la même année. L’indignation était partagée par les chrétiens dits « conservateurs » qui n’admettaient pas que l’on remette en cause l’enseignement traditionnel de l’Église, et par les arabes, chrétiens, et musulmans, qui virent dans le décret proposé un acte politique « qui irait dans le sens d’une reconnaissance de l’État d’Israël » : la suite des événements montra qu’ils avaient raison.
      Cette conjonction occasionnelle d’intérêts différents mérite d’être soulignée : les chrétiens conservateurs n’étaient pas forcément hostiles à une reconnaissance de l’État d’Israël, et les chrétiens arabes ne voyaient pas forcément d’un mauvais œil des changements dans l’enseignement de l’Église.

      Signalons, parmi les conservateurs qui se rendirent à Rome pour combattre les arguments de Jules Isaac, (et qui eurent recours, pour ce faire, aux moyens de pression habituels de la politique partisane), la présence du vicomte Léon de Poncins, auteur de plusieurs études sur les méfaits de l’influence juive, dont René Guénon a rendu compte dans les Études Traditionnelles : Les Forces secrètes de la Révolution, (compte rendu d’octobre 1930), ; La Guerre occulte, (en collaboration avec Emmanuel Malynski ; compte rendu de juillet 1936), et La mystérieuse Internationale juive, (compte rendu d’octobre 1936).
      Rappelons que c’est à l’occasion de ces recensions que notre maître précisa sa pensée sur la question qui nous intéresse ici. Léon de Poncins a consacré un ouvrage entier aux changements intervenus dans l’enseignement de l’Église à ce moment critique de l’histoire religieuse contemporaine ; il a pour titre : Le Judaïsme, et le Vatican. Une tentative de subversion spirituelle, et fut publié en 1967, peu après la fin du concile.

      À la suite du rejet du projet de décret De Judaeis, le cardinal Bea, fort de l’appui de Jean XXIII, ne s’avoua pas vaincu. Comme il était président du Secrétariat pour l’unité des chrétiens, il eut l’idée, plutôt saugrenue, d’intégrer la question juive à l’intérieur d’un autre schéma, celui sur l’œcuménisme qui devait être soumis à la deuxième session du concile qui se tint du 29 septembre au 4 décembre 1963.
      Le 18 novembre, la discussion fut ouverte par le cardinal Cicognani qui déclara d’emblée qu’il s’agissait de déterminer l’attitude des catholiques, non seulement à l’égard des autres chrétiens, mais aussi à l’égard des croyants d’une « autre religion ». Deux chapitres avaient été ajoutés au schéma initial : le quatrième qui traitait des relations avec les croyants non chrétiens, et le cinquième qui traitait de la liberté religieuse, en particulier de la situation des croyants dans les pays communistes.
      Le titre du chapitre IV est révélateur de l’évolution qui s’opère à ce moment : « Du rapport des Catholiques aux non-chrétiens, et plus spécialement aux Juifs ». Il s’agit, on le voit, d’une formulation intermédiaire entre le De Judaeis initial, et le titre qui prévaudra dans la déclaration Nostra Aetate : « Sur l’Église, et les religions non chrétiennes » où il n’est apparemment plus du tout question des juifs ; mais, comme nous l’avons dit, cette apparence est trompeuse, car c’est bien la question juive qui demeure la raison d’être de l’ensemble du texte, et qui constitue son contenu principal. Le cardinal Bea tenta, tant bien que mal, de justifier cette astuce en déclarant que les principes œcuméniques devaient aussi pouvoir s’appliquer « aux non-chrétiens qui rendent un culte à Dieu. Cela vaut surtout lorsqu’il s’agit des juifs qui sont liés avec l’Église du Christ sous un rapport spécial » (6).

      6 – Cité par Tincq, op. cit., p. 30.

      Il va de soi qu’une telle extension du sens donné au terme « œcuménisme » est artificielle, car celui-ci ne peut s’appliquer légitimement qu’au mouvement visant à réunir l’ensemble des églises chrétiennes en une seule ; sa portée est purement « ecclésiale ». Par ailleurs, l’œcuménisme sous-entend la primauté de Rome puisque le Souverain Pontife détient seul le droit de régir l’Église universelle ; appliquer ce terme à l’ensemble des croyants, (c’est-à-dire, si l’on se réfère à la définition contestable de Nostra Aetate, de tous ceux dont « la vie est imprégnée d’un profond sens religieux »), est évidemment inadmissible, car cela revient à dire que l’Église romaine a vocation de régir l’ensemble des croyants comme elle a vocation de régir l’ensemble des chrétiens. On en revient, une fois de plus, à l’affirmation : « Hors de l’Église, pas de salut ».

      Il convient d’insister sur le fait que l’œcuménisme est une conception limitative, sans rapport avec l’universalité véritable telle qu’elle est enseignée par l’islâm. L’unité des religions, et des révélations est métaphysique dans son principe, et traditionnelle au degré des formes, et des formulations. Elle n’a d’autre source, et d’autre essence que l’Esprit divin. Ce n’est, ni une unanimité, (résultant d’un accord des âmes), ni une perpétuité dans l’ordre temporel, ni, à plus forte raison, un accord fondé sur la définition dogmatique formulée par l’Église. Il s’agit d’une vision, et d’une reconnaissance, (ashhadu, c’est-à-dire je témoigne qu’il n’y a d’autre divinité qu’Allâh), qui transcende le degré humain, même envisagé dans sa totalité. La métaphysique traditionnelle n’est pas une théologie, encore moins une philosophie ; il s’agit de l’Unité principielle que les musulmans appellent : tawhîd.


      Les envoyés du Très-Haut transmettent cette doctrine sacrée aux hommes en l’adaptant à la diversité des temps, des lieux, et des mentalités, selon les formulations énoncées par la Sagesse divine. Comme il s’agit toujours, et partout d’une seule, et même doctrine, ces envoyés divins, en dépit de la diversité formelle de leurs messages, se confirment, et se déclarent véridiques les uns les autres (7). Telle est la conception de l’universalité traditionnelle en islâm ; elle n’a assurément rien de commun avec l’œcuménisme proposé par le cardinal Bea aux Pères conciliaires pour mieux faire passer sa déclaration sur les juifs !

      7 – Voici, par exemple, comme s’exprime Jésus dans le verset coranique : « Ô Fils d’Israel, je suis l’Envoyé d’Allâh (venu) vers vous pour confirmer ce qu’il y avait avant moi (c’est-à-dire la loi de Moïse) et, pour vous annoncer un envoyé qui viendra après moi, dont le nom est Ahmad ». (Cor., 61, 6).

      La ficelle était tout de même un peu grosse, de sorte que le nouveau texte suscita les mêmes réactions d’hostilité violente que le premier chez les conservateurs, et surtout chez les chrétiens arabes. Il fut retiré en totalité, malgré l’insistance du cardinal qui s’obstinait à déclarer, contre toute évidence, qu’il s’agissait d’une question exclusivement religieuse : « Il n’y a pas de danger que le concile se mêle des questions ardues qui concernent les relations entre les États arabes, et Israël » (8).
      Ce retrait fut facilité par le souhait du nouveau pape. Paul VI, plus avisé que le cardinal, voulait à tout prix éviter une discussion qui risquait de compromettre le pèlerinage qu’il avait l’intention d’accomplir en Terre sainte dès le début de son pontificat. À la différence de ses prédécesseurs, et surtout de ses successeurs, Paul VI avait conçu une véritable politique moyen orientale : pour obtenir l’établissement d’un statut garanti internationalement pour Jérusalem, il entendait renforcer l’autorité de l’Église, et montrer qu’elle était capable de jouer un rôle de médiateur entre les deux parties en conflit : les juifs, et les arabes.
      Il prit le plus grand soin, tout au long de son voyage, de ne poser aucun geste qui aurait pu être interprété d’une manière quelconque comme une reconnaissance de l’État hébreu, allant jusqu’à adresser ses remerciements, une fois revenu à Rome, au « Président Shazar, Tel-Aviv », alors que le Chef de l’État résidait à Jérusalem ! En dépit de leur irritation, les dirigeants sionistes firent preuve de patience, et demeurèrent fidèles à leur tactique constante : engranger à chaque étape les bénéfices qu’elle leur apportait, sans se préoccuper des revers, afin d’obtenir davantage à l’étape suivante. Ils attendirent le décès de Paul VI pour proclamer officiellement que Jérusalem était la capitale éternelle de l’État juif, réduisant ainsi à néant l’ambition diplomatique de ce pape, qui eut tout de même le mérite d’être plus lucide, et clairvoyant que ses malheureux successeurs.

      8 – Op. cit., p. 33.

      Il était nécessaire de rappeler tout ceci afin de mieux faire comprendre la portée exacte de la déclaration Nostra Aetate, et de montrer qu’elle ne reflétait pas vraiment la position de l’Église, ni même celle de la papauté, mais uniquement, et pour un temps, celle qui était propre à Paul VI. Toujours dans un climat houleux, qui n’était pas sans évoquer les pires dérives de la démocratie parlementaire, le cardinal Bea, lors de la troisième session du concile, (du 14 septembre au 21 novembre 1964), présenta un nouveau schéma. 
      Ce document ne s’intéressait plus exclusivement aux juifs comme celui qui avait été préparé pour la première session ; il n’était plus annexé à la question de l’œcuménisme comme celui qui avait été préparé pour la seconde ; il s’intitulait cette fois : Des Juifs, et des non-chrétiens. Ce titre, à l’instar des précédents, demeurait conforme à l’intention initiale qui avait été celle de Jules Isaac, et de Jean XXIII, mais, pour la première fois, celle-ci était envisagée dans une perspective apparemment universaliste puisqu’il s’agissait à présent de traiter des relations de l’Église avec l’ensemble des autres religions.


      Néanmoins la discussion s’envenima une fois de plus, (sur une question qui semblait purement théologique : l’accusation de déicide), les oppositions resurgirent avec la même violence, et le texte, présenté le 25 septembre, fut retiré peu après. Le 18 novembre, une nouvelle version fut présentée qui n’était certes pas définitive, mais qui figurait sous le titre qui fut finalement adopté : Des relations de l’Église avec les religions non-chrétiennes ; officiellement, il n’était plus question des juifs. Paul VI avait réussi à faire envisager le problème d’une manière plus conforme à la perspective qui lui convenait, et qui était celle d’une relative ouverture dans le domaine traditionnel.

      Cet « esprit » fut maintenu, vaille que vaille, au début du pontificat de Jean-Paul II ; il se manifesta notamment dans la rencontre d’Assise, le 27 octobre 1986, où furent conviés les représentants des grandes confessions du monde. Son seul mérite réel, à nos yeux, fut de montrer les limites du « dialogue » tant prôné, et de la « collaboration avec ceux qui suivent d’autres religions », (pour reprendre les termes de Nostra Aetate) : si les hôtes de Jean-Paul II étaient invités à « prier ensemble », il n’était évidemment pas possible d’envisager une prière commune. Loin de refléter l’unité métaphysique, et l’universalité traditionnelle, ce type de manifestation où les croyants sont juxtaposés en est la caricature : il met en lumière les limites d’une conception purement ecclésiale, pour ne pas dire ecclésiastique, de l’universalité, et montre cruellement que l’Église catholique, pour des raisons que nous examinerons plus loin, ne dispose pas des moyens doctrinaux, et rituels adéquats au rôle qu’elle prétend jouer dans les monde.

      La rencontre d’Assise, tout comme les voyages de Jean-Paul II en Inde, et au Maroc, montrent surtout le caractère artificiel du fameux « dialogue », et de la collaboration. Lorsque, en 1993, Jean-Paul II renouvela son invitation, elle ne suscita plus guère d’enthousiasme, et beaucoup la déclinèrent. Il est particulièrement regrettable qu’il se soit trouvé des musulmans, ignorants de la doctrine universelle, et des privilèges statutaires de leur religion, pour participer à ces réunions, (ou à d’autres du même genre, mais d’une portée plus limitée, comme celles organisées jadis par Louis Massignon à Vieux Marché sous prétexte de rendre hommage aux « Sept Dormants »). Il doit être bien compris que, de toute façon, ils ne peuvent engager qu’eux-mêmes : le musulman qui participe à de telles rencontres, tout comme celui qui accepte de reconnaître l’État juif, cesse ipso facto de représenter l’islâm.

      « Dis : ô, (vous), les Gens du Livre ! Élevez-vous jusqu’à une Parole également valable (9) pour nous, et pour vous : nous n’adorons qu’Allâh, et nous ne Lui associons rien, et nous ne prenons pas certains d’entre nous comme seigneurs en dehors d’Allâh… », (Coran, 3, 64).

      « N’argumentez pas avec les Gens du Livre, si ce n’est au moyen de ce qui constitue l’excellence ; sauf à l’égard de ceux d’entre eux qui sont injustes ; et dites : nous croyons en ce qui nous a été révélé, et en ce qui vous a été révélé ; notre divinité, et la vôtre n’en sont qu’une : c’est à elle que nous sommes soumis », (Coran, 29, 46).

      9 – Selon l’admirable traduction de Michel Vâlsan.




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