jeudi 28 juin 2018

Doctrine métaphysique et dogme religieux : Pur Intellect et sentimentalité


Quelques précisions s'imposent pour éviter certaines confusions.... 

En présentation, un passage de l'Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues

« Pour revenir à la question même qui nous occupe présentement, nous rappellerons que nous avons déjà indiqué ce qui distingue, de la façon la plus essentielle, une doctrine métaphysique et un dogme religieux : c’est que, tandis que le point de vue métaphysique est purement intellectuel, le point de vue religieux implique, comme caractéristique fondamentale, la présence d’un élément sentimental qui influe sur la doctrine elle-même, et qui ne lui permet pas de conserver l’attitude d’une spéculation purement désintéressée (...)


L’influence de l’élément sentimental porte évidemment atteinte à la pureté intellectuelle de la doctrine, et elle marque en somme, il faut bien le dire, une déchéance par rapport à la pensée métaphysique, déchéance qui, d’ailleurs, là où elle s’est produite principalement et généralement, c’est-à-dire dans le monde occidental, était en quelque sorte inévitable et même nécessaire en un sens, si la doctrine devait être adaptée à la mentalité des hommes à qui elle s’adressait spécialement, et chez qui la sentimentalité prédominait sur l’intelligence, prédominance qui a d’ailleurs atteint son plus haut point dans les temps modernes. Quoi qu’il en soit, il n’en est pas moins vrai que le sentiment n’est que relativité et contingence, et qu’une doctrine qui s’adresse à lui et sur laquelle il réagit ne peut être elle-même que relative et contingente ; et ceci peut s’observer particulièrement à l’égard du besoin de « consolations » auquel répond, pour une large part, le point de vue religieux.
La vérité, en elle-même, n’a point à être consolante ; si quelqu’un la trouve telle, c’est tant mieux pour lui, certes, mais la consolation qu’il éprouve ne vient pas de la doctrine, elle ne vient que de lui-même et des dispositions particulières de sa propre sentimentalité. Au contraire, une doctrine qui s’adapte aux exigences de l’être sentimental, et qui doit donc se revêtir elle-même d’une forme sentimentale, ne peut plus être dès lors identifiée à la vérité absolue et totale ; l’altération profonde que produit en elle l’entrée d’un principe consolateur est corrélative d’une défaillance intellectuelle de la collectivité humaine à laquelle elle s’adresse.

D’un autre côté, c’est de là que naît la diversité foncière des dogmes religieux, entraînant leur incompatibilité, car, au lieu que l’intelligence est une, et que la vérité, dans toute la mesure où elle est comprise, ne peut l’être que d’une façon, la sentimentalité est diverse, et la religion qui tend à la satisfaire devra s’efforcer de s’adapter formellement le mieux possible à ses modes multiples, qui sont différents et variables suivant les races et les époques. »





 Comme nous l’avons fait remarquer en diverses occasions des phénomènes semblables peuvent procéder de causes entièrement différentes ; c’est pourquoi les phénomènes en eux-mêmes, qui ne sont que de simples apparences extérieures, ne peuvent jamais être considérés comme constituant réellement la preuve de la vérité d’une doctrine ou d’une théorie quelconque, contrairement aux illusions que se fait à cet égard l’« expérimentalisme » moderne.
Il en est de même en ce qui concerne les actions humaines, qui d’ailleurs sont aussi des phénomènes d’un certain genre : les mêmes actions, ou, pour parler plus exactement, des actions indiscernables extérieurement les unes des autres, peuvent répondre à des intentions très diverses chez ceux qui les accomplissent ; et même, plus généralement, deux individus peuvent agir d’une façon similaire dans presque toutes les circonstances de leur vie, tout en se plaçant, pour régler leur conduite, à des points de vue qui en réalité n’ont à peu près rien de commun.
Naturellement, un observateur superficiel, qui s’en tient à ce qu’il voit et ne va pas plus loin que les apparences, ne pourra pas manquer de s’y laisser tromper, et il interprétera uniformément les actions de tous les hommes en les rapportant à son propre point de vue ; il est facile de comprendre qu’il peut y avoir là une cause de multiples erreurs, par exemple quand il s’agit d’hommes appartenant à des civilisations différentes, ou encore de faits historiques remontant à des époques éloignées.
Un exemple très frappant, et en quelque sorte extrême, est celui que nous donnent ceux de nos contemporains qui prétendent expliquer toute l’histoire de l’humanité en faisant exclusivement appel à des considérations d’ordre « économique », parce que, en fait, celles-ci jouent chez eux un rôle prépondérant, et sans même songer à se demander si vraiment il en a été de même dans tous les temps et dans tous les pays.
C’est là un effet de la tendance que nous avons aussi signalée par ailleurs chez les psychologues, à croire que les hommes sont toujours et partout les mêmes ; cette tendance est peut-être naturelle en un certain sens, mais elle n’en est pas moins injustifiée, et nous pensons qu’on ne saurait trop s’en méfier.

Il est une autre erreur du même genre qui risque d’échapper plus facilement que celle que nous venons de citer à beaucoup de gens et même à la grande majorité d’entre eux, parce qu’ils sont trop habitués à envisager les choses de cette façon, et aussi parce qu’elle n’apparaît pas, comme l’illusion « économique », comme liée plus ou moins directement à certaines théories particulières : cette erreur est celle qui consiste à attribuer le point de vue spécifiquement moral à tous les hommes indistinctement, c’est-à-dire, parce que c’est de ce point de vue que les Occidentaux modernes tirent leur propre règle d’action, à traduire en termes de « morale », avec les intentions spéciales qui y sont impliquées, toute règle d’action quelle qu’elle soit, alors même qu’elle appartient aux civilisations les plus différentes de la leur à tous les égards.

Ceux qui pensent ainsi semblent incapables de comprendre qu’il y a bien d’autres points de vue que celui-là qui peuvent également fournir de telles règles, et que même, suivant ce que nous disions tout à l’heure, les similitudes extérieures qui peuvent exister dans la conduite des hommes ne prouvent aucunement qu’elle soit toujours régie par le même point de vue : ainsi le précepte de faire ou de ne pas faire telle chose, auquel certains obéissent pour des raisons d’ordre moral, peut être observé pareillement par d’autres pour des raisons toutes différentes.
Il ne faudrait d’ailleurs pas conclure de là que, en eux-mêmes et indépendamment de leurs conséquences pratiques, les points de vue dont il s’agit soient tous équivalents, bien loin de là, car ce qu’on pourrait appeler la « qualité » des intentions correspondantes varie à un tel point qu’il n’y a pour ainsi dire aucune commune mesure entre elles ; et il en est plus particulièrement ainsi quand, au point de vue moral, on compare le point de vue rituel qui est celui des civilisations présentant un caractère intégralement traditionnel.

L’action rituelle, ainsi que nous l’avons expliqué ailleurs, est, suivant le sens originel du mot lui-même, celle qui est accomplie « conformément à l’ordre », et qui par conséquent implique, au moins à quelque degré, la conscience effective de cette conformité ; et, là où la tradition n’a subi aucun amoindrissement, toute action, quelle qu’elle soit, a un caractère proprement rituel. Il importe de remarquer que ceci suppose essentiellement la connaissance de la solidarité et de la correspondance qui existent entre l’ordre cosmique lui-même et l’ordre humain ; cette connaissance, avec les applications multiples qui en dérivent, existe en effet dans toutes les traditions, tandis qu’elle est devenue complètement étrangère à la mentalité moderne, qui ne veut voir tout au plus que des « spéculations » fantaisistes dans tout ce qui ne rentre pas dans la conception grossière et étroitement bornée qu’elle se fait de ce qu’elle appelle la « réalité ».

Pour quiconque n’est pas aveuglé par certains préjugés, il est facile de voir quelle distance sépare la conscience de la conformité à l’ordre universel, et de la participation de l’individu à cet ordre en vertu de cette conformité même, de la simple « conscience morale », qui ne requiert aucune compréhension intellectuelle et n’est plus guidée que par des aspirations et des tendances purement sentimentales, et quelle profonde dégénérescence implique, dans la mentalité humaine en général, le passage de l’une à l’autre.
Il va sans dire, d’ailleurs, que ce passage ne s’opère pas d’un seul coup, et qu’il peut y avoir bien des degrés intermédiaires, où les deux points de vue correspondants se mélangent dans des proportions diverses ; en fait, dans toute forme traditionnelle, le point de vue rituel subsiste toujours nécessairement, mais il en est, comme c’est le cas des formes proprement religieuses, qui, à côté de lui, font une part plus ou moins grande au point de vue moral, et nous en verrons tout à l’heure la raison.

La circonférence et le Centre..... 

Quoi qu’il en soit, dès qu’on se trouve en présence de ce point de vue moral dans une civilisation, on peut, quelles que soient les apparences sous d’autres rapports, dire que celle-ci n’est déjà plus intégralement traditionnelle : en d’autres termes, l’apparition de ce point de vue peut être considérée comme liée en quelque façon à celle du point de vue profane lui-même.
Ce n’est pas ici le lieu d’examiner les étapes de cette déchéance, aboutissant finalement, dans le monde moderne, à la disparition complète de l’esprit traditionnel, donc à l’envahissement du point de vue profane dans tous les domaines sans exception ; nous ferons seulement remarquer que c’est ce dernier stade que représentent, dans l’ordre de choses qui nous occupe présentement, les morales dites « indépendantes », qui, qu’elles se proclament d’ailleurs « philosophiques » ou « scientifiques », ne sont en réalité que le produit d’une dégénérescence de la morale religieuse, c’est-à-dire à peu près, vis-à-vis de celle-ci, ce que sont les sciences profanes par rapport aux sciences traditionnelles.

Il y a naturellement aussi des degrés correspondants dans l’incompréhension des réalités traditionnelles et dans les erreurs d’interprétation auxquelles elles donnent lieu ; à cet égard, le plus bas degré est celui des conceptions modernes qui, ne se contentant même plus de ne voir dans les prescriptions rituelles que de simples règles morales, ce qui était déjà méconnaître entièrement leur raison profonde, vont jusqu’à les attribuer à de vulgaires préoccupations d’hygiène ou de propreté ; il est bien évident en effet que, après cela, l’incompréhension ne saurait guère être poussée plus loin !

Il est une autre question qui, pour nous, est plus importante à envisager actuellement : comment se fait-il que des formes traditionnelles authentiques aient pu, au lieu de s’en tenir au point de vue rituel pur, accorder une place au point de vue moral, comme nous le disions, et même se l’incorporer en quelque sorte comme un de leurs éléments constitutifs ?

Dès lors que, par suite de la marche descendante du cycle historique, la mentalité humaine, dans son ensemble, étant tombée à un niveau inférieur, il était inévitable qu’il en fût ainsi ; en effet, pour diriger efficacement les actions des hommes, il faut forcément recourir à des moyens qui soient appropriés à leur nature, et, quand cette nature est médiocre, les moyens doivent l’être aussi dans une mesure correspondante, car c’est seulement par là que sera sauvé ce qui pourra l’être encore dans de telles conditions.
Lorsque la plupart des hommes ne sont plus capables de comprendre les raisons de l’action rituelle comme telle, il faut, pour qu’ils continuent cependant à agir d’une façon qui demeure encore normale et « régulière », faire appel à des motifs secondaires, moraux ou autres, mais en tout cas d’un ordre beaucoup plus relatif et contingent, et nous pourrions dire plus bas par là même, que ceux qui étaient inhérents au point de vue rituel.

Il n’y a là en réalité aucune déviation, mais seulement une adaptation nécessaire ; les formes traditionnelles particulières doivent être adaptées aux circonstances de temps et de lieu qui déterminent la mentalité de ceux à qui elles s’adressent, puisque c’est là ce qui fait la raison même de leur diversité, et cela surtout dans leur partie la plus extérieure, celle qui doit être commune à tous sans exception, et à laquelle se rapporte naturellement tout ce qui est règle d’action.
Quant à ceux qui sont encore capables d’une compréhension d’un autre ordre, il ne tient évidemment qu’à eux d’en effectuer la transposition en se plaçant à un point de vue supérieur et plus profond, ce qui demeure toujours possible tant que tout lien avec les principes n’est pas rompu, c’est-à-dire tant que subsiste le point de vue traditionnel lui-même ; et ainsi ils pourront ne considérer la morale que comme un simple mode extérieur d’expression n’affectant pas l’essence même des choses qui en sont revêtues.
C’est ainsi que, par exemple, entre celui qui accomplit certaines actions pour des raisons morales, et celui qui les accomplit en vue d’un développement spirituel effectif auquel elles peuvent servir de préparation, la différence est assurément aussi grande que possible ; leur façon d’agir est pourtant la même, mais leurs intentions sont tout autres et ne correspondent aucunement à un même degré de compréhension. Mais c’est seulement quand la morale a perdu tout caractère traditionnel qu’on peut vraiment parler de déviation ; vidée de toute signification réelle, et n’ayant plus en elle rien qui puisse légitimer son existence, cette morale profane n’est à proprement parler qu’un « résidu » sans valeur et une pure et simple superstition.



Source : 

INITIATION ET RÉALISATION SPIRITUELLE - Chapitre IX : POINT DE VUE RITUEL ET POINT DE VUE MORAL

8 commentaires:

  1. L'image qui me vient serait que la lumière divine est blanche et se décompose à travers le prisme humain (mais là encore, ce n'est pas "parfait" comme métaphore, car, certains peuvent s'appuyer sur le fait que les couleurs correspondent à des ondes plus ou moins longues (donc traduites de façon subjective, par "grandes") pour dire que leur couleur à eux, est la plus "proche", la "mieux").
    Chacun étant habitué à sa couleur, il est plus ou moins difficile aux sujets d'imaginer que ceux qui vivent dans d'autres couleurs, voient au final la même chose que eux même, mais d'un autre "point de vue".

    je ne sais pas pour les autres, mais perso, j'ai remarqué qu'il y a quelque chose en moi (je ne sais pas quoi) qui rejette systématiquement les populations trop "homogènes" à plus forte raison, s'ils se considèrent comme une sorte d'élite (en tout cas, les meilleurs).
    Ce fut le cas pour zèbre ou d'autres groupes, cela m'indispose jusqu'à la nausée. Ce quelque chose refuse (rejette) le fameux "on reste entre nous, nous sommes les meilleurs des meilleurs".
    d'autant qu'il y a toujours une condition : vous faites partie des "meilleurs" pour peu que vous vous conformiez en tous points à nos points de vue (qui bien souvent ne s'appuie sur aucune doctrine, mais est totalement subjectif), si vous oscillez d'un iota, vous êtes exclu.
    C'est du chantage pur et simple.

    Ce qui tranche avec une attitude solitaire, mais peut être que tous les solitaires ne le sont pas pour les mêmes raisons (je n'ai absolument aucune envie de faire partie d'un microcosme élitiste. Peut être n'en ai je pas les capacités, mais, cette éventualité aurait plutôt tendance à me soulager justement)?



    Pour les attitudes similaires que l'on peut confondre, justement, si je suis si curieuse d'observer le fonctionnement de la psychopathie (sans pour autant arriver au degré d'expertise d'un Philippe Vergnes, car, fouiller dans le fonctionnement de ces gens demande une certaine endurance), c'est précisément parce qu'il est possible de les confondre, si l'on regarde "vite fait" avec des "sages".

    Les deux observent des attitudes assez "reculées" vis à vis des autres, de eux et de tout. Les deux semblent en "paix".
    Dabrowski dit bien que les niveaux 1 et 5 peuvent être "confondus", et se "détachent" l'un de l'autre à mesure qu'on les observe de plus en plus "près"(en détails).

    Les uns sont réellement en paix intérieure (ceux du niveau 5), les autres ne le sont qu'en apparence et explosent dès que l'on "touche" à leur narcissisme, ou sont toujours en quête d'un "autre" sur lequel "jeter leur dévolu empoisonné".

    Le fait de départager ces attitudes intérieures, attire mon attention, car, c'est précisément elles qui font "passer les vessies pour des lanternes" et surtout, constituent le "noeud" par lequel l'AC pourra être confondu avec un messie et inversement.



    Petite parenthèse :

    Je ne sais pas s'il le passera, mais j'ai signifié à Rorschach sur son blog que je continue à le soutenir (lui n'y étant pour rien), mais vais réduire ma présence à la fois sur Patreon et le blog (de toute façon, j'ai plus à apprendre qu'à délivrer), car, je suis fatiguée de certains commentaires pleins de fiel.

    Même si les commentaires ne visent pas le lecteur (restent vagues ou ciblent quelqu'un de particulier qui n'est pas celui qui lit), il reçoit ce "vomi" (désolée pour l'image de la comparaison) empoisonné quand même.


    Me contenterai d'écouter les vidéos de Rorschach, lire ses articles et les commentaires en biais (en évitant soigneusement certains pseudos). Et ici, il a beaucoup à lire (donc à apprendre).









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    1. Non je trouve que l'image de la lumière et de ses décompositions est fort parlante...! :-)

      J'avais choisi l'image de la moitié d'orange pour illustrer ce symbolisme de « l'écorce et du noyau », la circonférence d'où partent tous les rayons qui se rejoignent au Centre.
      Seul celui qui est parvenu à ce point (le Centre) "est comparable à celui qui, se tenant au sommet d’une montagne, en voit également, et sans avoir à se déplacer, les différents versants, tandis que celui qui gravit cette même montagne n’en voit que la partie la plus proche de lui "
      C’est ce qui explique bien des erreurs d’interprétation et tout le prosélytisme religieux...

      Il semble que ce que tu rejettes soit une forme de « catégorisation » et d’uniformisation.... deux choses qui sont bien propres à notre monde moderne encore !

      C’est tout à fait vrai et dans un autre registre, celui des « phénomènes », il est dit de même qu’ils ne seront jamais une preuve de quoi que ce soit car ils sont communs aux saints et aux sorciers ; les uns et les autres peuvent les produire. Ce n’est donc pas les apparences, postures ou « beaux discours » qui comptent mais la cause (la motivation). Et sur ce point, je ne pense pas que sorciers, psychopathes ou autres puissent feindre très longtemps. Pour le coup, j’exprime mon avis personnel... :-)

      Sur le reste, oui tu as été publiée...
      Sur les attaques personnelles, les meilleures réponses à donner à ce genre de personnes sont le mépris et l’indifférence. Cela ne nuit qu’à elles-mêmes car si elles peuvent leurrer les hommes, Dieu, Lui, voit clair. :-)

      Quant aux inepties publiées sur Guénon...
      Qu’attendre de plus d’une personne qui, il y a qques mois encore, le méprisait ouvertement, pour finalement s’en « enticher » dés que Ror en a parlé ?

      Il y a une phrase qui résume très bien ce genre de cas et explique par là même, le défaut de compréhension qui s’ensuit :

      « Certaines personnes sont tellement persuadées de leur «supériorité» qu’elles ne peuvent admettre l’existence ou la possibilité de quoi que ce soit qui échappe à leurs investigations ; assurément, des aveugles seraient tout aussi bien fondés à nier l’existence de la lumière et à en tirer prétexte pour se vanter d’être supérieurs aux hommes normaux ! On dit que « quand un trésor est cherché par quelqu’un à qui, pour une raison quelconque, il n’est pas destiné, l’or et les pierres précieuses se changent pour lui en charbon et en cailloux vulgaires…. »
      RG, Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps.

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    2. J'ai trouvé la moitié d'orange, très explicite aussi (et ai même pu utiliser ma métaphore sur celle ci : en mettant la lumière blanche au milieu, des prismes, à la périphérie qui ne perçoivent qu'une partie de cette lumière et ça semblait coller).
      Mais la part d'orange, me semble encore plus illustrative puisqu'elle montre directement pourquoi chaque "prisme" ne voit qu'une partie et pas la totalité de la lumière blanche : chacun ne voit que le "point" du centre qui correspond à "sa couleur" (son "coin").




      Pour différencier les gens "sages" et leurs opposés, oui, cependant, si certains se "dévoilent" facilement, d'autres, roulent plus longtemps leurs observateurs (dans la catégorie des "menteurs") et en groupe, c'est encore plus difficile de les "confondre".


      Il n'y a que certains points de vue qui permettent de les confondre (un peu comme l'accommodation que l'on fait avec ses yeux pour voir de loin et de près ou la "mise au point" en photo). La répétition de situations où l'on sent que quelque chose ne tourne pas rond.
      Le livre sur la "ponérologie politique" montre bien qu'un groupe peut pervertir certaines notions qui correspondent à une attitude qui semble anciennement ancrée (on pourrait dire elle semble "naturelle" tant elle est empreinte de bon sens).

      Exemple : en ce moment même, l'allant naturel qui est d'aller secourir un enfant en détresse (on peut lui attribuer une "morale", mais c'est précisément en s'appuyant sur cette moralisation de quelque chose de plus "profond" dans l'humain, que ceux qui organisent tout cela, insistent justement) est totalement perverti et utilisé à dessein, en nous montrant un peu trop souvent des images d'enfants dans le but de faire accepter ce qui ne le serait pas, sans cette manip : accueil des migrants quasiment sans condition (l'article publié par Rorschach sur cette question est tout à fait pertinent).
      Cette problématique de l'accueil ou pas des migrants, en jouant sur l'émotion ou le sentiment (ou encore une morale), entre, directement dans l'illustration de ce que dit R.Guénon, avec la moralisation (cristallisation et dévitalisation) d'un ordre supérieur ancré en nous et que nous ne savons plus identifier.
      En tout cas, je trouve.


      Pour le reste, que les messages soient ou non ciblés n'est pas le problème, le problème est que l'on reçoit l'amertume/acidité du commentaire dès qu'on le lit (l'ai bien senti, cette sorte de "trou d'air" moral, comme dans les avions, ce matin) et que ce type de commentaire est un peu trop récurrent sur certains profils.

      Je vais faire, donc, une chose qui me répugne, ignorer quelqu'un, mais, également arrêter de m'exprimer, après tout, je ne suis pas assez proche de l'actualité pour apprendre quoi que ce soit à qui que ce soit, et préfère les sujets que l'on peut approfondir, ou en tout cas, sur lesquels se poser des questions sans risquer de rencontrer un commentaire rempli de "boules puantes".


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  2. J'ai écrit un pavé pour oublier quelque chose : la sentimentalité est peut être le biais qui permet à des "âmes jeunes" (ou commençant leur cheminement) de s'approcher de la lumière générale ? L'intelligence pure pouvant effrayer.

    Dans le "notre père" (de J.Y Leloup) il parle d'intelligence et d'intellectualité pour différencier ce qu'en occident on met sous le vocable "intelligence émotionnelle" (en confondant, en plus, émotion et sentiment, elle permet de se connecter, s'ouvrir à l'Esprit, mais totalement embarrassée de ressentis subjectifs. Elle doit être "nettoyée", purifiée);

    et le fameux QI (intellectualité) qui n'est qu'un fonctionnement "de logiciel".
    L'IA, reproduit la cognition et même désormais, la métacognition, qui consiste à s'auto évaluer.

    Le gros problème avec la métacognition est que sa référence morale peut être confondue avec une sagesse morale supérieure (doctrine de R.Guénon ?)et emmêlée avec ce qui est appelé improprement "intelligence émotionnelle".

    D'où provient cette "auto évaluation" qui peut s'appliquer à la cognition et se prétend autonome ?

    Peut être que certains puisent, effectivement dans la tradition ou la sagesse morale d'une doctrine. Mais pour beaucoup qui pratiquent cette métacognition (ils ne sont pas si nombreux, car elle implique de s'auto-critiquer) on sent bien qu'il faut beaucoup trier entre diverses influences (qui cherchent à dicter le sens de l'auto évaluation et ne viennent pas forcément de l'intelligence suprême) :
    bien souvent, la métacognition, est plus influencée (pour les gens et par voie de conséquence l'IA) par des biais subjectifs (ici, sentimentalité) et autres interprétations ou modes (préférences sociales subjectives, elles aussi) philosophiques.


    La sentimentalité est une sorte de "tricycle" auquel, il faut se résoudre à enlever, un beau jour, les petites roues.
    Ou un doudou, qu'il faut parvenir à abandonner.

    j'avoue que j'en suis encore loin (encore un peu "bébé" en matière spirituelle, malgré mon âge. Lol).
    Malgré cela, il y a longtemps tout de même que je subodore que les diverses religions sont des "traductions" de la même présence, en fonction des points de vue.

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  3. Encore un point : j'ai utilisé le mot "morale" de façon impropre : conformité à l'ordre universel est, selon R.Guénon, plus proche de vers quoi nous devons tendre.
    Plutôt qu'une morale universelle ou supérieure (oui, en ajoutant "universel" ou "supérieur", j'ai voulu la rendre plus...universelle. Mais si je comprend ce qu'il dit, ce n'est que du maquillage. "Morale" est encore du sentimentalisme, qui "teinte" d'une couleur subjective, l'ordre suprême).

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  4. "Il y a naturellement aussi des degrés correspondants dans l’incompréhension des réalités traditionnelles et dans les erreurs d’interprétation auxquelles elles donnent lieu ; à cet égard, le plus bas degré est celui des conceptions modernes qui, ne se contentant même plus de ne voir dans les prescriptions rituelles que de simples règles morales, ce qui était déjà méconnaître entièrement leur raison profonde, vont jusqu’à les attribuer à de vulgaires préoccupations d’hygiène ou de propreté ; il est bien évident en effet que, après cela, l’incompréhension ne saurait guère être poussée plus loin ! "



    J'ai bien peur que ce soit ce que j'ai fait sur le blog de Rorschach tout à l'heure, quand je répond à une personne parlant de ceux qui s'étalent sur la plage (qui, elle même réagit à la demande de Padre Pio concernant la pudeur) qu'il y a aussi le facteur "santé", c'est dangereux.
    Je réalise que ce n'est pas ce qui motive Padre Pio et que mon intervention sur les méfaits du soleil...correspond à ce que dit R.Guénon, ici.


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    1. Je ne sais pas quel terme tu cherches exactement ? Tu peux employer ceux de Vérité, Principe suprême, Centre universel, métaphysique, domaine spirituel... et comme tu le dis, la « morale » n’y a pas sa place... :-)

      C’est vrai que ce n’est sans doute pas ce à quoi pensait Padre Pio... ^ ^
      Là, tu n'as pas falsifié la signification d'un rite, tu as soulevé une raison concrète, c’est tout.... ;-)

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    2. D'accord, merci, je saisis la nuance.

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