dimanche 13 mai 2018

Michel Vâlsan - Remarques occasionnelles sur Jeanne d'Arc et Charles VII


René Guénon n'a jamais eu à proprement parler de disciples mais certains ont néanmoins suivi son enseignement et ont développé des points qu'il n'avait pas abordé lui-même de façon particulière.
Les deux principaux sont Frithjov Schuon et Michel Vâlsan. Le premier premier a malheureusement dévié et s'est montré indigne de cet héritage, le second est devenu un grand maître spirituel dont l'œuvre est poursuivie aujourd'hui par son disciple C.A Gilis.


Michel Valsan est l’auteur de textes magistraux tels que « Le Triangle de l'androgyne" ou "Le coffre d'Héraclius" mais également du livre qu'il a fait écrire par Pierre Ponsoye "L'Islam et le Graal".

Ici, je vous propose de découvrir un texte qu'il a écrit sur Jeanne d'Arc.

Le texte étant un peu long, il sera découpé en trois parties.

A noter dés à présent que le personnage réel n'a rien à voir avec l'hystérique du film de Luc Besson qui au lieu d'entendre des voix "traditionnelles" est plus proche de converser avec le démon (qu'on voit d'ailleurs apparaître à la fin....).  







Michel Vâlsan - Remarques occasionnelles sur Jeanne d'Arc et Charles VII.

Il y a dans l'histoire de Jeanne d'Arc certaines données assez bien connues, des érudits tout au moins, mais dont personne ne tient finalement grand compte, alors qu'on en pourrait, au contraire, tirer un net avantage pour la compréhension de l'ensemble épique et tragique de cette geste, y compris ses répercussions ultérieures.
Il y aussi dans les paroles et les actes attestés de l'héroïne quelques points critiques et significatifs sur lesquels ses défenseurs ordinaires passent discrètement ou qu'ils interprètent, pour commodité, de façon fort peu rigoureuse (1).
C'est en tout cas, en négligeant des données certaines qu'on en est arrivé d'autre part à inscrire dans l'histoire enseignée un blâme devenu à peu près unanime à l'égard du roi qu'elle avait conduit au sacre et dont n'importe qui, maintenant, croit pouvoir stigmatiser l'ingratitude ou réprouver le comportement après la capture de la Pucelle jusqu'à sa condamnation et à sa mort sur le bûcher ; mais Jeanne tout au moins, qui savait beaucoup de choses, et qui savait mieux que tout autre ce qui en était de «  son Roi », n'a justifié par rien un tel jugement et, bien au contraire, ce qu'on tient d'elle à ce sujet plutôt expliquerait et rendrait compréhensible l'attitude de Charles VII, de même que celle des autres compagnons qu'elle avait eus et qui lui étaient restés fidèles. Puisque l'occasion se présente nous ferons à ce propos quelques remarques qui ont leur intérêt dans l'ordre de nos études.

Tout d'abord, il est manifeste, pour une vue traditionnelle de l'histoire, que la Pucelle fut le support d'une intervention céleste dans l'ordre sacré des pouvoirs temporels de l'Occident, ou plus exactement de la fonction royale. Tout le monde sait, en tout cas, qu'elle s'affirma toujours comme envoyée divine, chargée de chasser les Anglais de France, et de rétablir la royauté française. Rappelons toutefois les premières paroles qu'elle adressa au futur roi rencontré à Chinon : « Gentil (2) Dauphin, j'ai nom Jeanne la Pucelle ; et vous mande le Roi des Cieux par moi que vous serez sacré à Reims et couronné à Reims, et vous serez lieutenant du roi des Cieux qui est roi de France » (3). Nous ne nous arrêterons pas maintenant à certaines questions que pose le titre du Roi des Cieux comme « roi de France », et nous ferons seulement remarquer que c'est en raison de cette appartenance en propre de la France à la Royauté divine que Jeanne parle à différentes reprises du « Saint Royaume de France » (4). Pour ce qui est de la qualité de « lieutenant » divin conférée au roi humain de France (5) on remarquera que celui-ci tient en réalité son mandat de la Royauté céleste ; le sacre opéré avec le Chrême de la Sainte-Ampoule venue autrefois du Ciel – et non pas seulement avec une huile consacrée par l'Eglise – sera l'acte formel de cette investiture (6).

(1) Par contre, et ceci dit sans entrer dans les détails, l'attitude de l'Eglise officielle à l'égard de Jeanne d'Arc fut à notre époque (béatification, puis canonisation) empreinte d'une sagesse qui répare bien des choses du passé.

(2) Au sens du bas latin gentilis, noble.

(3) Cf. Les Procès de Jeanne d'Arc, trad. et présentés par Raymond Oursel (Denoël), p. 291, ouvrage auquel, sauf indication différente, nous emprunterons les citations textuelles des paroles de la Pucelle. – Jeanne précisa par la suite au Roi à quelques moments que sa mission comportait « quatre mandats » : « Chasser les anglais ; faire couronner et sacrer le Roi à Reims ; délivrer le Duc d'Orléans des mains des Anglais ; et lever le siège d'Orléans ». (op. cit., p.289. Déposition du Duc d'Alençon. – L'ordre d'énumération qui n'observe ni l'ordre chronologique ni celui de l'importance des choses, doit être plutôt le fait du témoin.)

(4) L'étendard de la Pucelle, qui fut fait suivant le « Commandement de Dieu », et que l'on confond quelque fois dans la description avec la bannière, était blanc. Il portait un Christ en majesté entre deux anges et tenant à la main le « Globe du Monde », symbole de la Royauté universelle. Par côté, d'après ce que Jeanne croyait se rappeler lors du procès, étaient inscrits les noms de « Jhésus-Marie ». - Diverses relations plutôt fragmentaires attestent la présence sur l'étendard, de la fleur du lis, emblème de la maison de France, ce qui rappelait que le Christ est roi de France et aussi que la royauté française était de droit divin, mais le détail des descriptions est varié : selon la description attribuée au frère Jean Pasquerel, chapelain de la Pucelle, un « Ange » tenait dans ses mains une fleur de lis que l'image (du Christ) bénissait ; selon celle attribuée à Dunois, le Bâtard d'Orléans, c'est le Christ qui tenait une fleur de lis dans la main ; selon le texte du Journal du Siège (d'Orléans) les deux anges tenaient chacun une fleur de lis à la main ; enfin dans la description faite par Jeanne au procès il est dit que le champ de l'étendard était semé de fleur de lis. (CF. R. Pernoud, Jeanne d'Arc par elle-même et par ses témoins, resp. aux pp. 66, 93, 95 et 68).

(5) On remarquera incidemment, malgré la différence de situation traditionnelle, que le terme « lieu-tenant » est l'équivalent exact de l'arabe Khalifah (d'où vient le terme Calife »).

(6) Rappelons que la Sainte-Ampoule conservée à Reims contenant l'huile avec laquelle on sacrait les rois de France exclusivement, avait été apportée miraculeusement par une même colombe blanche lors de la conversion de Clovis qui en fut le premier oint.

Certes, l'investiture formelle se fera toujours par l'office de l'Eglise et avec les rites institués pour le sacre et le couronnement des rois, à Reims. À ce propos une remarque. Tout cela n'empêchait pas jusque-là, ni même après, dans l'histoire du Royaume de France, que la qualité royale d'un successeur au trône apparaisse comme déjà « constituée » et aussi reconnue, avant le sacre (et cela, soit en vertu d'un couronnement fait du vivant du prédécesseur, soit en vertu d'une élection, d'une forme ou d'une autre, faite par le milieu politique responsable). Cette situation de la royauté française était d'ailleurs analogue, dans son domaine, à celle de l'Empire qui, quelles que soient ses formes successives dérivées de sa forme romaine préchrétienne dépend toujours immédiatement du Roi de l'Univers qui est Dieu (7). Or cette fois-ci, avant le sacre de Reims et le couronnement ultérieur, le récipiendaire n'est que « Dauphin », comme le soulignera, à maintes reprises, la Pucelle (8).

(7) Pour avoir recours à une source initiatique sûre citons Dante : « L'autorité temporelle du Monarque descend sur lui de la source universelle de l'autorité sans aucun intermédiaire » (De la Monarchie, Livre III, ch.16, trad. B. Landry).
Les origines divines directes et distincte du sacerdoce et de l'empire (ou de la royauté) n'assurent pas moins, à ces institutions sacrées un complémentarisme fonctionnel, comportant d'ailleurs différents degrés et modes réalisables en principe ou réalisés effectivement au cours de l'histoire.

(8) Il y a là une particularité qui a surpris dès le début, d'autant plus que Charles VII avait été même « couronné » précédemment roi de France et appelé en conséquence, de ce titre par toute la partie du pays soumise à son autorité. Le fait correspond certainement à un moment critique de la fonction royale. Ce qui est indubitable c'est qu'en ne reconnaissant à Charles de Valois que le titre de Dauphin, Jeanne se conformait à une instruction céleste explicite et impérative : ainsi, c'est du point de vue divin même que la royauté de l'héritier ne pouvait être affirmée en acte jusque-là. D'autre part, il est manifeste que, dans l’œuvre de restauration entreprise ainsi, la qualité d'oint divin (c'est là l'effet du sacre) prend le pas sur celle du roi. Si l'on tient compte du fait que le récipiendaire en cause doit être cependant le principal bénéficiaire de toute cette entreprise, on ne peut comprendre les choses dont il s'agit qu'en pensant à l'absence de toute disposition de droit divin qui assure au prétendant français la succession au trône, car comme dans d'autres pays, on ne trouve à cet égard dans l'histoire de la France que des règles variant avec les époques, instituées soit par promulgation royale, soit par pacte entre souverain et vassaux, soit même par des traités conclus avec d'autres souverains, etc., et qui n'engagent pas Dieu lui-même. Par contre la Miséricorde divine voulait la constitution d'une France unifiée et autonome ainsi que la restauration de la royauté proprement française. Le sacre de Charles VII est alors l'effet d'un véritable choix qui secondairement coïncidait avec la coutume abolie par Charles VI qui avait déshérité son fils et avait institué le roi d'Angleterre héritier du trône français.

Cependant - fait nouveau et bien étrange à vrai dire au point que les historiens ne savent pas trop quoi en penser – dès Chinon, celui-ci avait reçu en présence de Jeanne et d'un certain nombre de personnes de l'entourage royal une mystérieuse couronne apportée par un ange : c'était là le couronnement céleste à son stade secret, et même ésotérique peut-on dire, mais qui pour des raisons exceptionnelles fut rendu perceptible à divers autres témoins, quoique dans des mesures variables avec les cas individuels (9). Toutefois, on y trouve déjà la participation du représentant de l'Eglise, le même du reste qui officiera ensuite à Reims le sacre et le couronnement selon les formes historiques connues : l'archevêque de Reims, Regnault de Chartres, qui était aussi Chancelier du Roi (9bis).

Autre chose remarquable quant aux relations sacrées entre la royauté terrestre et la Royauté céleste de la France, l'investiture eut à s'accomplir conformément à une requête fort significative que Jeanne avait faite au Roi dès le début : « qu'il fît présent de son Royaume au Roi du Ciel, et qu'après cette donation le Roi du Ciel en ferait avec lui comme pour ses prédécesseurs, et le restituerait en son état antérieur ». Ce rite avait pour rôle de faire que le Royaume reviendrait au Roi, non par la voie du simple héritage, mais après avoir été retrempé et régénéré en quelque sorte dans la réalité céleste d'origine, par un acte nouveau de donation directe et de caractère personnel.

(9) Cette couronne, dans les explications fournies par Jeanne aux juges de son procès, se trouve liée à la difficile énigmatique question du Signe conféré au Dauphin. A ce sujet, il suffira ici d'en retenir les paroles suivantes, puisées dans différents contextes des interrogatoires : « C'est un ange, de Dieu et de personne d'autre, qui bailla le signe du Roi... Le Signe, ce fut que l'Ange certifiait au Roi, en apportant la couronne, qu'il aurait tout le royaume de France entièrement, avec l'aide de Dieu et moyennant mon labeur... (La couronne) fut baillée à un archevêque, celui de Reims, il me semble, en présence du Roi ; l'archevêque la reçut et la bailla au Roi. J'étais moi-même présente. Elle est mise au Trésor du Roi... (Elle fut apportée) en la chambre du Roi, au château de Chinon... La couronne signifiait que le Roi tiendrait le Royaume de France. L'Ange était bien accompagné d'autres que lui, que tout le monde ne voyait pas. Si ce n'avait été l'amour de moi, et m'ôter du souci des gens qui me harcelaient, je crois bien que plusieurs qui virent l'Ange ne l'auraient pas vu... Je pense que l'archevêque de Reims, les seigneurs d'Alençon et de la Trémoille, et Charles de Bourbon le virent. Quant à la couronne, plusieurs gens de l'Eglise et autres la virent, qui ne virent pas l'Ange... Elle a été apportée de par Dieu : il n'y a orfèvre au monde qui sache la faire si belle et si riche. Où il l'a prise, je m'en rapporte à Dieu, et ne sais autrement où elle fut prise ».

(9bis) Pour la logique des choses, ce « cumul » d'attributions ne pourrait s'expliquer que par l'appartenance de ce haut prélat à une des organisations ésotériques qui furent prises comme point d'appui de l'œuvre de restauration entreprise avec l'aide de la Pucelle. Une telle situation peut surprendre quand on sait que ce personnage, trop lié aux intérêts des Bourguignons, a souvent fait des difficultés aux initiatives de la Pucelle dont il avait cependant reconnu la mission divine, et qu'on cite de lui, après la capture de l'héroïne et à son sujet, des jugements sévères qui se voulaient autorisés et n'étaient qu'inconvenants. N'empêche que notre explication reste parfaitement plausible, car ajouterons-nous on constate et on impute des défauts de caractère ou des fautes de comportement à peu près à tous les personnages du moment historique dont nous parlons, à commencer par le Roi et sans exclure même Jeanne d'Arc comme on le verra plus loin.

Il y a, en outre, un corollaire à une telle investiture. Par le fait même de celle-ci, la Royauté céleste choisit et investit de certains privilèges, pour un cycle historique d'une durée ou d'une autre, une maison qui par les vertus de sa « race » est plus adéquate que d'autres aux nécessités de ce cycle, sinon plus qualifiée en elle-même. A ce propos on peut facilement remarquer le souci de Jeanne d'Arc de « préserver le sang royal », point qui faisait d'ailleurs partie expresse de sa mission.
S'adressant aux Anglais à Orléans elle leur disait, parmi les autres choses à leur faire savoir, qu'elle « était venue ici de par Dieu pour réclamer le sang royal », ce qui concernait le cas du duc Charles d'Orléans, prisonnier en Angleterre depuis Azincourt (10). On relève aussi, qu'un jour à Chinon pendant qu'elle s'entretenait avec le roi et que le duc d'Alençon, prince de sang royal, s'approchait d'eux, Jeanne apprenant qui il était, lui dit : «  Vous soyez le très bien venu ! » Plus y aura ensemble du sang royal de France, mieux sera ». Pour ce qui est du cas de Charles VII lui-même, Jeanne était chargée de le rassurer avant tout chose qu'il était « vrai héritier de France et fils de roi », car il avait eu à ce sujet de forts doutes à cause de ce que l'on disait de la conduite de sa mère, la scandaleuse et funeste Isabeau de Bavière.

Cet intérêt exceptionnel montre dans les « révélations faites à Jeanne et ensuite dans les paroles de Jeanne elle-même pour les personnes de sang royal s'explique plus particulièrement par les pertes substantielles subies du côté français dans les combats destructeurs de ce qu'on devait appeler plus tard la « Guerre de Cent ans » (11).

Ce que nous avons dit du caractère d'élection, aussi bien individuel que familial, impliqué par une investiture royale, semblera peut-être peu vérifiable, pour commencer dans le cas de Charles VII lui-même, à tous ceux qui s'en tiennent à un point de vue extérieur, politique ou moral. Quant à nous, nous dirons tout d'abord que dès qu'il s'agit d'un être choisi d'en haut pour constituer le support d'une œuvre traditionnelle de cette importance, le simple bon sens veut que, quelles que soient les apparences les plus immédiates, cet être ne manque ni des qualités personnelles exigées par le mandat qui lui est confié, ni de la substance raciale qui devait assurer durant le développement cyclique respectif la présence des vertus spécifiques nécessaires pour la continuité historique de la fonction royale voulue. Autrement ce serait mettre en cause la Sagesse divine elle-même.

Mais, il y a au sujet du roi les précisions les plus autorisées, celles qui émanent de Jeanne elle-même. C'est ainsi qu'on sait que avant de « mettre en œuvre » la Pucelle, celui-ci avait eu lui-même de « nombreuses apparitions et de belles révélations », ce qui devrait lui permettre de « reconnaître » de façon assurée l'envoyée divine et de se fier à elle. Or cela, on l'admettra, ne doit être donné qu'à un être de réelle valeur spirituelle. Bien entendu, le terme «  révélation », que Jeanne emploie encore pour désigner les instructions et les présages reçus par elle-même, n'est pas à prendre en pareils cas au sens fort qu'il a en matière de « prophétisme » proprement dit. Et si Jeanne avait de façon habituelle un dévoilement intuitif (12) portant sur les choses de sa mission, le Roi a joui, lui aussi, circonstanciellement tout au moins, de perceptions de ce genre. En tout état de cause, des faits à la fois prodigieux et mystérieux comme ceux que l'on rapporte relativement aux rencontres de Chinon – le mystère du Signe conféré au Roi notamment, point mal élucidé d'ailleurs par les historiens et les théologiens – montrent qu'il y avait dans toute cette épopée un arrière plan d'ordre proprement ésotérique (naturellement du domaine des « Petits Mystères ») dont le Roi fut certainement conscient et auquel du reste, il appartenait, pourrait-on dire de plein droit, de par sa position même. Certains de ses compagnons intimes parmi la foule des gens de Cours ; laïcs, ecclésiastiques ou moines (13) devaient y appartenir également.

(10) Celui-ci est fils de Louis d'Orléans (frère de Charles VI) qui avait été assassiné en 1407 par les hommes du duc de Bourgogne Jean-sans-Peur, allié des Anglais. La cité d'Orléans avait été assiégée à l'encontre des lois de l'honneur qui ne permettaient pas qu'on s'attaque à une ville dont le seigneur était prisonnier : ce fait apparaît même comme particulièrement grave, car un propos de Jeanne, que nous citerons plus loin dans un autre contexte, le mentionne comme étant à l'origine de sa mission divine à Orléans.

(11) Pour ne prendre en exemple que deux combats, le roi Charles VI perdit à lui seul à Azincourt (1415) sept de ses proches parents, et son fils Charles VII, à son tour, à Verneuil (1424) en perdit presqu'autant. – Il convient de préciser à l'occasion que la situation de Charles d'Orléans était particulièrement délicate. Henri V avait engagé, sur son lit de mort, ses frères, le duc de Gloucester et le duc de Bedford, qui devaient être pendant la minorité de Henri VI, les régents, l'un de l'Angleterre, l'autre de la France, de ne jamais relâcher le duc d'Orléans, même contre grande rançon. Si l'on se demandait comment peut s'expliquer toutefois l'intérêt porté par la Pucelle au duc d'Orléans qui n'eut à jouer à vrai dire aucun rôle significatif dans les événements de l'époque, il faudrait remarquer que l'un de ses fils, Louis, né d'un mariage fait après sa libération, eut à prendre, comme XIIe du nom, la succession du trône lorsque la ligne direct des Valois manqua d'héritier. D'ailleurs, il ne faut pas oublier que l'intérêt de Jeanne pour telle ou telle chose, entrant dans sa mission, n'était que l'intérêt divin lui-même, ce qui dans le cas du duc d'Orléans sera plus fortement encore souligné par d'autres attestations que nous citerons plus loin.

(12) Ce qu'on pourrait appeler en termes d'ésotérisme islamique, un kachf.

(13) On a parlé (Bossuet entre autres) du rôle prépondérant des Franciscains dans les affaires de Jeanne d'Arc, comme dans celles royales d'ailleurs, et certains ont pensé aussi que la Pucelle devait être une tertiaire de St. François, mais, quoiqu'il en fût, les choses d'ordre initiatique ne sont pas liées aux limites des organisations d'ordre exotérique.


Fin première partie… 


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