dimanche 4 décembre 2016

Et si Trump voulait rétablir l'étalon-or ?

Si telle est vraiment l'intention de Trump, non seulement ça risque de secouer mais je vais finir par avoir peur pour lui...



Rédigé par Jean-François Faure, PDG d'AuCOFFRE.com & InvestDiamond.com - Veracarte.com, VeraValor.com, LeContrarien.com

Source :  https://www.linkedin.com/pulse/trump-chercherait-il-%C3%A0-ressusciter-l%C3%A9talon-or-jean-francois-faure?published=t



On sait que le prochain président des États-Unis est attiré par les vieilles politiques qui lui semblent avoir fait leurs preuves dans le passé, même si les temps ont changé depuis et que la plupart des recettes qui ont grâce à ses yeux ne pourraient plus être appliquées aujourd'hui. On sait aussi qu'il a une vision plutôt binaire (simpliste ?) de la politique économique de son pays. Quant à sa connaissance des rouages du reste du monde, il est sur ce point totalement Américain ("Le reste du monde ? Quel reste du monde ?").
Pourtant, en dépit de ses carences manifestes, mais aussi sans doute parce qu'ils en avaient assez d'un système largement corrompu dont Hillary Clinton n'était qu'une énième émanation, les Américains ont élu ce président on ne peut plus conservateur, pour ne pas dire passéiste. Et il n'est donc pas très étonnant de voir de nouveau briller quelques vieilles lunes au nombre desquelles l'étalon-orconstitue la dernière vieillerie sortie des cartons de l'histoire.


Une rencontre qui laisse planer le doute

C'est en tout cas l'analyse que firent récemment certains observateurs outre-Atlantique qui notèrent une rencontre lourde de sens entre le futur résident de la Maison Blanche et un certain John Allison, qui fut responsable de la banque BB&T (1500 agences à travers les États-Unis) mais surtout aujourd'hui président du think tank Libertarian qui prône un retour à une "monnaie honnête" qu'il ne voit incarnée par rien d'autre que l'or. Il disait d'ailleurs récemment : "Nous avons besoin d'un système bancaire privé basé sur l'or. Si les États-Unis avaient continué avec l'étalon-or classique au lieu d'avoir institué un monopole monétaire gouvernemental en 1913, notre système financier aurait progressé au même rythme que tous les autres marchés, il aurait été radicalement meilleur et notre croissance économique serait bien plus élevée aujourd'hui." D'aucuns ont vu dans cette entrevue la possibilité d'une nomination de John Allison au Secrétariat au Trésor.
Pour rappel, l'étalon-or était un système monétaire basé sur la contrepartie physique des devises en or. En clair, pas de création de monnaie possible sans l'existence d'une quantité d'or fixe correspondante dans les coffres de l'État ou de la banque centrale émettrice. Ce système, totalement garanti et considéré comme "sain", a longtemps été en vigueur dans nos économies occidentales, avec des hauts et des bas, jusqu'à son abolition définitive à peu près partout dans le monde dans les années 70.


Un ancien système guère meilleur que le nouveau

Désormais, la monnaie n'existe plus que par la dette, en ce sens qu'elle peut être créée de manière virtuellement infinie par les banques (avec toutefois des restrictions purement légales) par simple écriture de nouvelles lignes de crédit. Certes, ce système est voué à l'échec à moyen terme, et on en voit déjà les conséquences désastreuses au gré des crises financières qui se succèdent de plus en plus rapidement depuis une vingtaine d'années. Toutefois, l'ancien système n'était pas non plus exempt de défauts, loin de là, à commencer par le déséquilibre notoire qu'il induisait entre les différentes nations, suivant que les pays concernés étaient ou non producteurs d'or par exemple (ou qui en possédaient de grosses quantités "récupérées" dans des pays plus ou moins colonisés). Sans compter qu'à plusieurs reprises, y compris en France et aux États-Unis, les autorités ont cherché par tous les moyens à contrôler la détention d'or par les particuliers, au point même parfois de l'interdire purement et simplement comme le fit en 1933-1934 Le président Franklin D. Roosevelt avec son Gold Reserve Act qui punissait la possession d'or d'une amende de 10 000 dollars ou d'une peine de 10 ans de prison.


La nostalgie d'un passé pas aussi glorieux qu'on veut bien se le rappeler

Ce n'est qu'en 1971 que Nixon décida que le dollar ne serait plus indexé sur l'or, faisant peu à peu disparaître le noble métal de la scène économique internationale. Aujourd'hui, certains essaient de raviver la flamme de ce que beaucoup considèrent comme la période la plus faste de l'économie américaine, et plus largement occidentale, qu'on appela les Trente Glorieuses et qui fonctionnait largement sur la base de l'étalon-or. L'ennui c'est qu'un éventuel retour à cette parité or/devise, et plus spécifiquement or/dollar ne pourrait se faire... sans un effondrement massif des monnaies.
Et même si les devises devaient y survivre, dans le meilleur des cas, les autorités devraient alors a minima reconnaître une perte colossale de valeur pour les devises par rapport à ce qu'elles valaient à l'époque de l'étalon-or. Car si l'or et le dollar, notamment, ont bel et bien été contraints de poursuivre leur vie indépendamment l'un de l'autre, ils sont loin d'avoir progressé de la même façon, loin s'en faut. À première vue, on pourrait croire que le dollar a pris l'ascendant sur le métal qui lui servait jusqu'alors de garantie, en devenant LA monnaie internationale, LA référence des marchés financiers. En réalité, le dollar a perdu environ 97.5% de sa valeur par rapport à l'or en 40 ans. En effet, si on pouvait obtenir 100 grammes d'or avec $100 en 1971 ($35 l'once), la même somme ne permet plus aujourd'hui que d'acquérir 2,5 grammes environ.


Une once d'or à plus de 38 000 dollars ?

Et ce serait encore bien pire s'il fallait désormais garantir la totalité des dollars en circulation (on parle parfois de 10 000 milliards, dont 90% seraient virtuels) par l'or détenu dans les coffres de la FED (un peu plus de 8130 tonnes, mais c'est difficile à vérifier), car on arriverait au prix stratosphérique de 38 237 dollars l'once ! Inutile de dire qu'une telle perspective a de quoi refroidir le nouveau chef du monde libre qui ne rêve que d'un dollar fort !
Par conséquent, si on admet que l'élection de Donald Trump est principalement liée à une réaction de rejet des Américains dont les rêves d'avenir se sont écrasés sur le mur de la triste réalité, et même si on peut également comprendre qu'ils en aient eu assez des promesses qui n'engagent que ceux qui y croient, il ne faudrait pas non plus qu'ils échangent leur déception passée contre une désillusion future plus grande encore. Les peuples ont une mémoire sélective, et rien que pour parler des Trente Glorieuses, ils ont tendance à oublier qu'elles furent également la période où l'inflation battait chaque année des records, et où les inégalités sociales étaient sans doute plus marquées que celles d'aujourd'hui. Revenir à un hypothétique étalon-or ne résoudrait donc nullement les difficultés économiques que nous connaissons actuellement, cela ne ferait même que les accentuer pour les plus fragiles au profit de ceux qui auront pu se constituer un petit pécule en métaux précieux.

L'étalon or (voire le bimétallisme) entre 1805 et 1914 fut la garantie d'une stabilité économique. Cependant, la première guerre mondiale et son tas de dette émise pour la financer signèrent l'arrêt de mort de l'usage de l'or comme sous-jacent de la monnaie. La preuve en est la tentative catastrophique de la Banque d'Angleterre de raccrocher la livre sterling à l'or en 1925 pour redonner du pouvoir à sa monnaie. Le résultat en fut la crise de 1929. 

Ma conclusion est qu'un retour à l'étalon or n'est pas envisageable dans un monde économiquement malade. Si un étalon or devait réapparaitre, il ne pourrait en aucune manière émaner des États mais au contraire émerger sous forme de "monnaie opensource" mise en œuvre par les citoyens eux-mêmes. Stocker de manière sécurisée et indépendante les métaux précieux en dehors du système étatique, bancaire ou financier, ce n'est plus un problème. Il faut juste trouver la bonne gouvernance qui permettrait d'attester de la franchise des transactions entre utilisateurs de cette monnaie. La blockchain serait l'outil idéal. Je la teste depuis des semaines avec AuCOFFRE.com et les retours sont déjà très encourageants. Et là je commence à bien imaginer l'or ou les métaux précieux comme support d'une nouvelle "monnaie franche". Le futur pourrait être très drôle.




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