dimanche 1 juillet 2018

Sur des erreurs concernant René Guénon, sa fonction et son enseignement...


Cette « mise au point » est faite sur le plan doctrinal dans le but de rétablir certaines vérités et pour ne pas laisser se propager de mauvaises interprétations. 
Pour ce qui est de la partie qu'on pourrait qualifier de "personnelle", je ne lui opposerai que de l'indifférence.  
Chacun est libre de sa voie.... mais certainement pas de dénaturer l’enseignement de Guénon quand on veut s'y référer. Il faut être particulièrement vigilant et humble quand on "s'inspire" de ce Maître afin de ne pas trahir ou travestir ce qu’il dit. 

Lui-même prévenait : « Si l’on peut excuser ceux qui tombent involontairement dans l’erreur, parce qu’ils y sont prédisposés par un état mental dont ils ne sont pas responsables, ce ne saurait jamais être une raison pour excuser l’erreur elle-même. »


Al Khidr
« L’œuvre de Guénon a pour but de faire prendre conscience à ses lecteurs de la réalité et des exigences de la Tradition » disait CA Gilis et en effet, Guénon avait une mission que je ne vais pas détailler ici, il n’était pas « en chemin » vers le Centre mais bien au contraire, il l’avait déjà atteint et on pourrait dire qu’il « en revenait » pour transmettre son enseignement.
De plus, Guénon ne « voyait » pas, Guénon SAVAIT. Et cette Connaissance n’a jamais rien eu à voir avec un quelconque mysticisme à base de « visions » et de « voix ».
Insinuer cela, c’est faire la démonstration de son incompétence à comprendre ce dont il s’agit réellement et son ignorance totale de la Source véritable dont il a bénéficié.
Aucun mystique ne parviendra jamais à son niveau qui est celui des grands mystères ; en faire un « visionnaire » ce serait le borner uniquement aux « petits mystères » car seule l’initiation permet d’aller au-delà.
J’espère en tous cas qu’il ne s’agit que d’une mauvaise compréhension....

Mais je sais également que certaines personnes relativisent ou déforment « par intérêt » la Source et la portée de l’œuvre de RG.
En le rabaissant ainsi au niveau du mysticisme voire même du  psychisme, c’est une sorte de fausse crédibilité qu’elles apportent par ricochet, à leurs divagations personnelles ; en laissant penser que « Guénon faisait pareil », elles s’octroient une pseudo-légitimé à laquelle pourtant elles n’ont aucun droit de prétendre.

De même, si  les enseignements transmis par l’initiation sont évidemment incommunicables sous la forme « littéraire », ce que Guénon a d’ailleurs bien pris soin de spécifier, c’est pourtant bien pour communiquer « quelque chose » que RG s’est donné la peine d’écrire ses ouvrages, il me semble ! Mais il semble que certains pensent qu’il ne les a écrits que pour dire.... qu’il n’y avait rien à dire !   

Il a pourtant bien précisé que ses ouvrages étaient à destination de « ceux qui sont capables de comprendre les doctrines telles qu’elles sont, sans qu’il y ait lieu de les dénaturer sous prétexte de les mettre à leur portée » mais aussi de ceux « qui, n’ayant encore en eux que des possibilités de connaissance, ne sont proprement que des « appelés » ajoutant que « ces choses ne pourront pas être comprises par la généralité, mais seulement par le petit nombre de ceux qui seront destinés à préparer, dans une mesure ou dans une autre, les germes du cycle futur. Il est à peine besoin de dire que, dans tout ce que nous exposons, c’est à ces derniers que nous avons toujours entendu nous adresser exclusivement, sans nous préoccuper de l’inévitable incompréhension des autres ».
Croire pouvoir être initié par la simple lecture de livres est en effet complètement illusoire mais du même niveau  que ceux qui prétendent l’être « en rêvant »....  

Voir également cet article au sujet de la compréhension des livres et les différents niveaux : https://lapieceestjouee.blogspot.com/2018/06/quelques-mises-au-point-sur-linitiation.html

En conclusion, il faut prendre le temps de méditer profondément sur ces textes ou demander un "soutien", quand il est possible, à ceux qui en ont une meilleure compréhension, afin d'éviter toute déformation de ce qui est dit ; les temps actuels sont assez sombres pour ne pas rajouter de la confusion à la confusion. 
La fin de notre monde arrivant, puissent certains « n’avoir pas à regretter de s’être insuffisamment préparés à recevoir une connaissance qu’ils recherchent trop souvent avec plus d’enthousiasme que de véritable discernement ! » (René Guénon).


Je joins à cette mise au point une partie du chapitre « L’enseignement et la fonction », tiré du livre de Charles-André Gilis, « Introduction à l’enseignement et au mystère René Guénon ».

Le livre est disponible ici :
Le Turban noir



« L’enseignement de René Guénon est l’expression particulière, révélée à l’Occident contemporain, d’une doctrine métaphysique et initiatique qui est celle de la Vérité unique et universelle.
Il est inséparable d’une fonction sacrée, d’origine supra-individuelle, que Michel Vâlsan a définie comme un « rappel suprême» des vérités détenues, de nos jours encore, par l'Orient immuable, et comme une «convocation» ultime comportant, pour le monde occidental, un avertissement et une promesse ainsi que l’annonce de son «jugement ».
Si simple et évidente  qu’elle soit, cette façon de comprendre I‘œuvre guénonienne est généralement méconnue ou négligée dans les présentations qui en sont données. Ces dernières années ni tout, elles se sont distinguées par leur nombre plus que par leur qualité, chacun s’autorisant de son propre chef à en disserter, voire à la juger. Combien pourtant, parmi ceux qui l’abordent, se soucient-ils vraiment d’en saisir l’intention et d’en respecter la portée ?

Le plus souvent, c’est tout le contraire que l’on constate : une volonté délibérée de contourner l’enseignement de Guénon et de désacraliser sa fonction.

Les procédés utilisés pour parvenir ne varient guère : l’accent est mis sur les aspects psychologiques et biographiques, au point que des travaux universitaires ont intégré pêle-mêle analyse graphologique et thème astral !
On tente aussi d’expliquer l’œuvre par des sources historiques ; une méthode dont les limites sont connues de tous pour l’interprétation des textes littéraires est utilisée sans discernement, mais non sans arrière-pensées, pour rendre compte d’écrits dont l’inspiration est essentiellement autre.

L’enseignement traditionnel auquel Guénon se réfère est assimilé dans les faits à une pensée profane et traité de même : une multitude de détails sont critiqués de manière à mettre en cause sa science et à réduire l’autorité de ses jugements. (...)

L’enseignement transmis par René Guénon exige avant tout d’être reconnu et suivi : il s’impose à nous par la force de la Vérité. Ceux qui le refusent se disqualifient par là-même : comment pourraient-ils prétendre encore œuvrer de façon efficace et durable dans la voie qu’il a tracée en vue du redressement traditionnel du monde occidental ?
C’est Guénon qui a posé les principes et déterminé les critères, en sorte que ceux qui vinrent après lui se placèrent forcément dans la perspective des applications contingentes et des conséquences que l’on pouvait tirer de ses écrits ; de fait, ses successeurs durent se situer et se déterminer par rapport à ce qu’il représentait, alors que lui-même, durant tout le temps de sa carrière terrestre, ne se détermina jamais vraiment que par référence à la Tradition.

l'Arbre du Milieu... 

La volonté de minimiser et de réduire l’autorité de Guénon, le droit proclamé hautement - ou réclamé tout bas par ceux qui hésitent à pousser l’inconvenance jusqu’à l’insolence - de « guénoniser un temps, voire de temps en temps, sans être « guénonien », l’assimilation toute superficielle établie entre son œuvre et celle d’autres auteurs ou « penseurs » d’origine occidentale, reposent en définitive sur un malentendu. On ne peut comparer que ce qui est comparable: l’enseignement de Guénon ne saurait être compris et « situé » valablement, d’un point de vue traditionnel, que par analogie avec d’autres qui sont du même ordre, celui de Dante par exemple.
Sa fonction relève en effet d’un domaine que l’ésotérisme islamique désigne au moyen du terme  Tasarruf. Il s’agit, comme l’a indiqué Michel Vâlsan, du gouvernement ésotérique des affaires du monde», ce qui n’a rien de commun avec le fait de guider des disciples sur la voie de la réalisation métaphysique, mais implique en revanche une autorité indiscutable, aussi bien dans l’ordre de la pure doctrine que dans celui de la détermination des normes et des critères destinés à susciter, à inspirer et à légitimer l’action. (...)

La doctrine métaphysique et la norme traditionnelle n’ont certes pas commencé avec Guénon qui a eu la charge de les énoncer et de les représenter face à la déviation et à la subversion du monde moderne. Au sein de ce dernier, son œuvre apparait comme exceptionnelle et irremplaçable, tant par sa portée que par son envergure. Il est aberrant de vouloir en diminuer l’effet et l’influence alors qu’on est incapable, en fait aussi bien qu’en droit, de lui en substituer l’équivalent.
Il importe de le rappeler avec toute la netteté nécessaire : l’Occident ne retrouvera sa vocation et son orientation traditionnelles que dans le respect de la fonction de René Guénon et par une fidélité sans faille à son enseignement.

Son autorité dans le domaine du Tasarruf est indémontrable de par sa source même ; elle demeure intrinsèque à ses jugements dont la vérité s’imposera seulement lorsque le cours des choses l’aura, d’une façon ou d’une autre, vérifiée et rendue explicite. (...)

On remarque tout d’abord que la « convocation » du monde occidental est formulée dans ses livres de manière explicite, et que les voies tracées en vue de son redressement traditionnel y sont détaillées avec une précision et une clarté extrêmes. En cette matière plus qu’en toute autre, rien de ce que Guénon a déclaré n’a été laissé au hasard.
Son œuvre constitue en outre une véritable somme doctrinale qui intègre et rend intelligible pour un public non préparé à les comprendre tout « l’ensemble des formes et des idées traditionnelles ».
C’est bien là, comme l’écrivait Michel Vâlsan, « le miracle intellectuel le plus éblouissant produit devant la conscience moderne ». Miracle d’expression, car en ce domaine la maîtrise de Guénon est vraiment prodigieuse : il a forgé, avec un art suprême et une souveraine aisance, les concepts permettant aux Occidentaux de partir de ce qu’ils connaissaient pour les conduire à saisir ce qu’ils ignoraient tout à fait ou avaient oublié depuis longtemps.
Miracle aussi d’ouverture, car les significations métaphysiques élevées, dont ces concepts devenaient ainsi les porteurs, étaient appliquées en vue d’une interprétation illuminatrice des symboles de tous ordres relevant de la Science sacrée.

Dès lors son travail prenait, sur le plan formel cette fois, une signification universelle dans la mesure où il offrait une méthode pouvant amener à une compréhension en profondeur, aussi totale que possible, des différentes Révélations qui, dès l’origine du cycle humain, furent les véhicules et les supports de la Doctrine immuable ; et cela au moment où l’envahissement du monde occidental moderne les faisait pour la première fois coexister, d’une manière le plus souvent chaotique, dans la conscience de nos contemporains.
(...)  c ’est le caractère universel et totalisateur de son enseignement qui explique que celui-ci puisse fournir les clés permettant aux Occidentaux de pénétrer à l’intérieur de toute doctrine metaphysique quelle qu’elle soit, par la compréhension de ses aspects fondamentaux, et d’interpréter selon leurs significations véritables les symboles présents dans les diverses formes traditionnelles.

Très rares cependant sont ceux qui ont pu mesurer par eux-mêmes ce qu’une telle possibilité renferme, prenant ainsi conscience d’une manière directe de la richesse et de l’envergure réelles de la somme guénonienne : on ne s’étonnera pas qu’à leurs yeux les restrictions plus ou moins intéressées que l’on cherche encore de divers côtés à lui assigner paraissent, par comparaison, bien vaines et de peu de poids. »



9 commentaires:

  1. Oui, je pense aussi que les bribes d'infos que l'on peut recevoir en rêve ou autre, sont perceptibles à des moments particuliers d'une vie (carrefour, questions métaphysiques intenses "qu'est ce que je fais ici ?...), mais ces infos étant incompréhensibles en l'état, le rêveur ou autre, l'interprète avec ce qu'il pense le plus "approchant" et qu'il arrive à concevoir (imaginer ne serait ce).
    Peut être même que des infos générales se mêlent à des faits de la vie personnelle du rêveur, et en plus il interprète ce qu'il ne comprend pas.

    Un peu comme si une pièce métallique tombait du ciel (parce que l'on se trouve au bon endroit et dans un état d'esprit particulièrement curieux), sans savoir à quoi elle sert, ni pouvoir se faire une image de l'appareil (ou la machine) auquel elle appartient, celui qui la trouve, tend à lui donner un sens qui correspond à ce qu'il connaît.



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    1. Exactement.... et tu viens de mettre le doigt sur la différence importante entre "concevoir" et "imaginer". :-)

      "et ces illusions procèdent de l’erreur que nous avons signalée précédemment, et qui consiste à transporter partout des représentations purement terrestres. Si l’on dit que ces représentations sont les seules possibles pour nous, nous en convenons, mais il vaut mieux n’avoir aucune représentation que d’en avoir de fausses ; il est parfaitement vrai que ce dont il s’agit n’est pas imaginable, mais il ne faut pas en conclure que cela n’est pas concevable, car cela l’est au contraire très facilement. Une des grandes erreurs des philosophes modernes consiste à confondre le concevable et l’imaginable "

      (et tu m'as donné une idée d'articles par la même occasion, merci... ^ ^)

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    2. De rien, contente de t'avoir aidée, même sans faire exprès.

      En plus, finalement, je suis entrain d'y repenser, cette différence fait directement appel à la capacité d'abstraction, l'imagination nécessitant une représentation "imagée" alors que la conception, se génère sans représentation fixe (contrairement à une image).
      Le plus grand exemple de cette différence est "l'amour" que beaucoup confondent avec l'amour terrestre (leur conjoint, leurs proches...), qui ne semble pas vraiment opposé ou différent de l'Amour plus général, mais n'en est qu'une partie (c'est pour cela qu'il est plus facile aux gens d'aimer des êtres "matériels" ou même des idées avec leurs rituels (religions dans le sens dogmatique) que d'aimer Dieu, pour beaucoup, difficile à la fois à imaginer, mais aussi à concevoir).

      Tu vois, même dans le tlfi la différence entre imaginer et concevoir tient à la présence d'une image (donc, une matérialisation de la conception) :

      Voici la définition de concevoir :
      http://www.cnrtl.fr/definition/concevoir

      Et celle d'imaginer :
      http://www.cnrtl.fr/definition/imaginer

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    3. Oui et tout ce qu'on peut enfermer dans nos "conceptions" est pollué par nos ressentis, vécus, expériences personnelles, etc... donc aléatoire et propre à chacun. Alors que la Vérité est Une et immuable.

      Je vais publier l'article auquel je pense aujourd'hui.... ;-)

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  2. Bonsoir bellissima. Est ce que tu vas bien?

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    1. Salut Tara ! :-)

      Oui j'ai eu à faire face à un gros orage qui a fait sauter ligne téléphonique, box et même portable (plus de réseau) !
      Une bonne répétition pour les événements futurs.... ;-)

      Merci à toi de prendre des nouvelles en tous cas... :-)

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  3. Tu es mon rdv quotidien avec internet.en dehors sauf ROR, je trouve inutile la pluspart des infos sur la toile
    Et quand tu donnes pas de news je m inquiète
    Bisous

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    1. Je reprends les parutions dés aujourd'hui.... Bisous ;-)

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  4. Merci ma Chère
    Pour tout ce que tu fais
    Gratitude
    Tara

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