dimanche 27 octobre 2019

Les hordes de Gog et Magog - partie 4 (1/2)


Le fichier est téléchargeable en totalité ici : Les hordes de Gog et Magog

Sommaire

I - Présentation générale
II – Les correspondances Asuras – Djinns – Gog et Magog
A - Une position dominante perdue :
B - C’est par décision divine qu’ils sont libérés
C – Les « oiseaux » pour ennemis
III - Des géants et des nains...
A – Les  "géants séduits" : Arout et Marout
B – Titan, Atlantide.....  et Noé !         
C – Nains, Pygmées et Panotii           
IV - Concernant la fin des Temps
A – La nature des Gog et Magog
B – Gog et Magog : le « peuple noir » ?
C – Apocalypse 9 et la sortie des Gog et Magog 
V – Annexes



Note :
Les paragraphes précédés d’un i sont ceux qui apportent un complément d’informations sur ce dont il est question mais qui ne sont pas directement liés au sujet. 
Ce symbole : ¥ indique des « pistes » de recherches que j’espère pouvoir approfondir ; à chacun de voir s’il veut les suivre aussi de son côté ou pas.


IV - Concernant la fin des temps (partie 1/2)


A – La nature des Gog et Magog


C’est au « Jour de l’Eternel », le jour de la Colère, que les Gog et Magog seront relâchés par décision divine :

El-Iskandar dhûl-qarnein (Alexandre) a averti quand il a construit le mur emprisonnant les Gog et Magog :

« Il dit : « C’est une miséricorde de la part de mon Seigneur. Mais, lorsque la promesse de mon Seigneur viendra, Il le nivellera [le mur]. Et la promesse de mon Seigneur est vérité.Nous les laisserons, ce jour-là, déferler, comme les flots les uns sur les autres, et on soufflera dans la Trompe et nous les rassemblerons tous. Et ce jour-là Nous présenterons de près l'Enfer aux mécréants »  (Coran, S.18/V.98-100)

Apocalypse 9 semble aussi faire allusion à cela :

« 1 Le cinquième ange sonna de la trompette. Et je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre. La clef du puits de l'abîme lui fut donnée,
2 et elle ouvrit le puits de l'abîme. Et il monta du puits une fumée, comme la fumée d'une grande fournaise; et le soleil et l'air furent obscurcis par la fumée du puits. 3 De la fumée sortirent des sauterelles, qui se répandirent sur la terre ».


¥ Cette clé symbolique permettant la libération des GM, Tabari y fait d’ailleurs peut-être allusion dans cet extrait (Chroniques, partie I, chap. CXII) :
« On rapporte qu’Ali-ben-Abou-Tâleb a dit : « Aujourd’hui Yâdjoudj et Màdjoudj s’efforcent de sortir et de briser le mur de Dsoul-Qarnaïn ; mais ils n’y peuvent parvenir. Chaque jour, quand le soleil de lève, un million d’entre eux se placent à un endroit devant le mur et le lèchent avec leur langue ; lorsque le soleil se couche, il est aussi mince que la coquille d’un œuf. Alors ils disent, « demain matin nous le briserons et nous sortirons ; mais ils n’ajoutent pas : s’il plaît à Dieu.
Or le lendemain matin, ils trouvent le mur aussi épais qu’auparavant. Ils font ainsi tous les jours.Mais, quand l’arrêt de leur délivrance sera arrivé, il naîtra parmi eux un enfant qui sera croyant et qui deviendra grand. Lorsqu’il s’approchera de ce mur qu’ils lèchent, et qu’ils diront, le soir, « nous l’avons amoindri, demain nous le briserons », ce croyant ajoutera : s’il plaît à Dieu.Le lendemain ils trouveront le mur mince et ils le briseront et sortiront. » (IV-1)

Des recherches sur "ce mur" et la "nature" de cet enfant sont toujours en cours. Peut-être l’objet d’une future « suite » à ce document...


Dans le « Pseudo-Callisthène » les Gog et Magog sont décrits ainsi :

« Chacun d'eux mesure six à sept coudées,Leurs narines sont camardes [note : nez plat, écrasé] et leur front difforme.
Ils se baignent dans le sang et avec du sang ils se lavent aussi la tête,Ils boivent du sang et mangent la chair des bestiaux et des êtres humains.Ils sont vêtus de peaux de bêtes, ils polissent les armes et ourdissent le courroux.Plus féroces et plus vaillants que tous les rois dans leurs guerres.Là où monte la colère du Seigneur, il les envoie :Ils déracinent les montagnes, retournent la terre et tuent les hommes » (IV-2)

L’auteur ajoute que Alexandre reçut une vision dans laquelle « un ange lui décrit ces peuples lorsque, envoyés par Dieu, ils envahiront la terre à la fin du monde » :

« La voix de chacun d'eux est bien plus puissante que celle du lion,Chacun met en fuite un millier et deux d'entre eux une myriade.Haïssables, terrifiants, cruels, violents, belliqueux,Perfides, pervers, stupides, enragés, gonflés d'orgueil,Impies, arrogants, remplis de malédiction et d'iniquité ;Ils déchirent et mangent la chair des hommes et des bêtes.Tous jubilent en buvant le sang de l'humanité »(IV-2)

Dans le « Pseudo Denys », Alexandre se renseigne auprès des Anciens sur les peuples qui vivent au-delà de la montagne « haute et escarpée » et ceux-ci lui répondent :

« C'est la frontière que Dieu a établie entre nous et les peuples d'au-delà. Elle s'étend ainsi jusqu'à l'Inde intérieure. Et ces peuples d'au-delà sont des magiciens. Quand ils veulent partir en guerre, ils exposent une femme enceinte devant le feu jusqu'à ce que sorte son fœtus. Alors ils prononcent sur lui des incantations et ils plongent en lui leurs armes si bien que chacun d'eux revêt l'apparence de deux cents cavaliers. Et leurs voix sont pareilles à celles des chacals. » (IV-2)


De ce que je comprends, les hordes dirigées par Gog et Magog proviendront directement des états inférieurs (ou du « psychisme cosmique inférieur » selon l’expression de René Guénon) et seront composées de démons et de tous les résidus de notre cycle, bloqués pour l’instant « derrière la muraille ». Ils seraient libérés à la surface de la terre, clôturant notre Manvantara et c’est Iblîs sur injonction divine qui les mènera.
Mais ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que c’est au moment même où le triomphe des forces sataniques semblera le plus complet qu’elles seront détruites par l’action d’influences spirituelles qui interviendront alors pour préparer immédiatement le « redressement » final.

Les concordances établies avec les Asuras, les Atlans, Titans, etc... ne sont pas à prendre « à la lettre » bien évidemment. Il s’agit juste de montrer la correspondance entre le macrocosme et le microcosme, chaque cycle comportant en reflet ce qui se passe au niveau universel. Dans l’introduction de ce document,  il est d’ailleurs précisé que selon Guénon, cette période des héros de l’antiquité appartient à l’âge de fer (époque actuelle) dont elle est « peut-être comme la première phase, et où [elle] représenterait encore une sorte de reflet des âges précédents ».

Afin de mieux « visualiser » les quatre âges dans notre Manvantara et ce à quoi ils se rapportent, il pourrait être utile de s’aider du schéma simplifié mis au début de cet article : La doctrine des cycles cosmiques
Ce document n’est là qu’à titre indicatif et pour servir de « support » ; je le complète au fil de mes découvertes et de ma compréhension.

A titre d’illustration pour mieux faire comprendre ce qu’il faut entendre par « correspondances macro/microcosmiques cycliques », voilà un extrait d’un texte de M. Valsan (IV-3) :

« Au premier temps de sa descente dans l'Inde, Adam ayant une taille qui lui faisait « toucher le ciel de sa tête », entendait les invocations des anges et voyait leurs tournées autour du Trône. Mais ensuite, sur réclamation des anges, sa taille fut réduite à 60 coudées. Il convient donc de distinguer, même après sa sortie du Paradis, entre une première condition adamique qui gardait une certaine connaturalité et intimité céleste, et une condition ultérieure dans laquelle le contact naturel et direct avec le ciel était perdu ; c'est dans la phase correspondant à cette deuxième condition que doit être situé le pèlerinage d'Adam à la Kaabah terrestre, car c'est seulement alors que ce pèlerinage avait sa pleine raison d'être : celle de constituer sur terre un culte qui remplace le culte céleste auquel Adam n'avait plus accès.
On aura pensé aussi à l'occasion de tout cela que les différente « demeures » assignées à Adam, les « changements de sa taille » et ses « attitudes » sont des représentations symbolique d'un processus biologique et spirituel qui concerne non pas une individualité particulière, mais une humanité dans les phases de son développement cyclique. »

De cela, il serait absurde d’en déduire, par rapport à la "diminution" progressive de la "taille" d’Adam, que ceci le fait « vivre » à la même époque que les "géants" du temps de Noé !  

¥ Par contre il serait, selon moi, tout à fait judicieux de rapprocher cette époque du chapitre 4 de la Genèse : 
« Adam connut encore sa femme; elle enfanta un fils, et l'appela du nom de Seth, car, dit-elle, Dieu m'a donné un autre fils à la place d'Abel, que Caïn a tué. 26 Seth eut aussi un fils, et il l'appela du nom d'Enosch. C'est alors que l'on commença à invoquer le nom de l'Eternel. »
A fortiori quand on se souvient de ce que dit Ibn Arabî sur le « Sceau des Engendrés » (IV-4) : « C’est sur les traces de Shîth que naîtra le dernier engendré du genre humain. Il sera porteur de ses secrets. Après lui, il n’y aura plus d’enfants parmi les hommes, car il est le Sceau des engendrés » et de son rapport avec le Christ de la seconde venue, chargé de clôturer le cycle tout comme Seth l’a ouvert.

Mais cela est  un autre sujet qui ne sera pas abordé ici.


De même, sur le nom d’Adam lui-même, on peut l’entendre comme étant celui à l’origine de la race rouge (Atlantide) et donc de cette tradition, ce qui renverra à une époque particulière et limitée de notre Manvantara, ou envisager Adam plus globalement comme le représentant de toute l’humanité, et il renverra alors au début du Manvantara et à la tradition correspondante.
Cela est d’ailleurs confirmé par un hadith qui dit « avant l’Adam que nous connaissons, Dieu créa cent mille Adam » c’est-à-dire un nombre indéterminé.

Concernant les « monstres » et autres créatures fantastiques, il convient d’être prudent aussi car dans les mythes et légendes, il s’agit souvent d’anciens symboles mal interprétés ou plutôt, réduits à leur interprétation littérale, en occultant le symbolisme pour n’en conserver que « la forme ». 

Fin de cette petite digression mais il me semblait nécessaire de rappeler que les « correspondances cycliques » ne sont à prendre qu’à titre symbolique en tant qu’expression des analogies qui existent entre les différents ordres de réalité et comme le rapport de « ce qui est en bas » avec « ce qui est en haut ».
D’où l’importance de toujours garder à l’esprit le moment du cycle dont il est question et le « point de vue » envisagé.


Dans son texte « Les fissures de la Grande Muraille », Guénon affirme que les Gog et Magog sont en lien avec les démons Koka et Vikoka.
La mythologie hindoue nous apprend que ce sont des frères jumeaux qui aideront le démon Kali dans sa bataille contre Kalki, le 10ème et dernier avatar du dieu Vishnu, dont la venue annoncera la fin du monde. Ils menaceront de vaincre Kalki en ressuscitant les morts plus rapidement qu'il ne pouvait les tuer. (IV-5)

Un extrait du « Dernier des Califes » de Charles-André Gilis, établit la correspondance avec notre fin de cycle :

« (...) il est remarquable que l'enseignement eschatologique de l'Hindouisme contienne une indication analogue à celle qui est donnée ici. En effet, selon le Kalki-Purâna, Kalki livre son dernier combat non pas contre un ennemi de la Tradition mais contre un Connaissant véritable, Shashidvaja, roi de Bhallâta, qui a reconnu pourtant sa qualité d'Avâtara de Vishnu. Si la similitude entre la fonction de Kalki et celle du Christ de la Seconde Venue est évidente, l'analogie entre la loi universelle, représentée par le Mahdi, et Shashidvaja est également remarquable: ce dernier se présente expressément comme un Kshatriya et porte un nom qui peut être appliqué à l'Islam puisqu'il signifie « celui qui porte la lune sur son étendard » ; or, il est bien connu que la lune correspond à cette tradition parmi les Cieux planétaires. Dans ces conditions, il est significatif de constater que, en dépit de la supériorité incomparable de son degré et de la vénération que Shashidvaja lui porte, à l'issue du combat c'est finalement Kalki qui est vaincu, de sorte qu'il est obligé de « suivre » le roi de Bhallâta. Il est également intéressant de relever que « lorsque Kalki fût tombé à terre inconscient, Krita-Yuga et Dharma s'empressèrent de venir chercher Hari (Kalki) mais le prince (Shashidvaja) les retint prisonniers tous les deux, (Kalki-Purâna, 3 partie, IX, 15-16) car Krita Yuga représente en réalité ici l'« Age d'Or » du cycle futur. » (IV-6)

Dans cette note, c’est la correspondance entre Kalki-Shashidvaja et Jésus-Mahdî qui est développée. Mais elle vient confirmer que le Christ de la seconde Venue est bien le dixième Avatâra et fait donc le lien avec ce qui est dit des démons Koka et Vikoka.
Guénon précise en outre : « Quant au dernier Avatâra, ce qu’il y a de singulier, c’est qu’en réalité, il n’est dit nulle part qu’il doive « naître » au sens propre de ce mot… » (IV-7)
Ce qui, s’appliquant au retour de Jésus est parfaitement légitime...  

En prenant en compte le lien qu’établit RG entre Gog/Magog et les démons Koka/Vikoka, on peut en déduire que c’est bien contre Jésus et ses compagnons qu’aura lieu cette bataille, quand ils seront assiégés par les hordes de Gog et Magog et que l’intervention divine se produira (voir note I-4).


¥ Il serait d’ailleurs intéressant d’approfondir les rapports entre la marque « Coca-cola » et l’origine satanique du « père Noël » actuel (au lieu de « l’homme vert » venant du pôle à l’origine et lié à Saint Nicolas) ; on retrouve en tous cas la couleur rouge et la présence de l’âne au départ (voir l’histoire de Noé et Eblîs, note III-22), les lutins (les petits êtres...).

L’âne rouge est l’une des entités les plus redoutables parmi toutes celles que devait rencontrer le mort au cours de son voyage d’outre-tombe et dans l’Inde, l’âne est la monture symbolique de Mudêvî, aspect « infernal » de la Shakti.
Sur le sapin, il est précisé que les arbres à gommes ou résines jouent un rôle important dans le symbolisme et qu’ils ont été pris parfois comme emblèmes du Christ ; quant à ce qui est propagé sur le traîneau du père noël conduit par des rennes, il pourrait y avoir un lien avec le char des Marouts tiré par des daims (Rig-Vêda)...

Tout ceci montrerait sans doute comment la contre-initiation œuvre au renversement des symboles.



B – Gog et Magog : le « peuple noir » ?



Il y a plusieurs récits qui décrivent les GM comme étant "de couleur noire" : 

i Rappel :

Concernant les « monstres » et autres créatures fantastiques, il convient d’être prudent aussi car dans les mythes et légendes, il s’agit souvent d’anciens symboles mal interprétés ou plutôt, réduits à leur interprétation littérale, en occultant le symbolisme pour n’en conserver que « la forme ». 



Selon Pline l’Ancien dans son "Histoire naturelle", les "Pygmées" du centre de l’Inde sont noirs, mesurant trois empans de haut et, à dos de bélier et de chèvre, ils vont au printemps vers la mer, armés de leurs arcs, détruire les œufs et les oisillons de leurs adversaires ailés. (IV-8)

Le « Pseudo Callisthène », déjà cité ici (note IV-2) décrit ce peuple comme étant de « couleur noire ».

Dans « Les Chroniques de Tabari » ce point semble confirmé et il est même avancé une explication ;  Noé apprenant que Cham et Japhet avait vu sa nudité et qu’ils en avaient ri, les maudit en disant :

« Que Dieu change la semence de vos reins ! Après cela, tous les hommes et les fruits du pays de Cham devinrent noirs. Les Turcs, les Slaves et Gog et Magog, avec quelques autres peuples qui nous sont inconnus, descendent de Japhet. » (IV-9)

Il s'agit sans doute là d'une indication symbolique (même si une "application" physique n’est pas à exclure) qui renverrait encore aux deux aspects de la couleur noire en tant que ténèbres supérieures et inférieures ; c’est ce que dit Guénon dans son article déjà cité (note II-2) :

« Le T’ao-t’ie n’est d’ailleurs en réalité ni un tigre ni un ours, non plus qu’aucun autre animal déterminé, et M. Hentze décrit ainsi le caractère composite de ce masque fantastique : « gueule de carnassier armée de grands crocs, cornes de buffle ou de bélier, face et aigrettes de hibou, moignons d’ailes et griffes d’oiseau de proie, ornement frontal en forme de cigale ». Cette figure est fort ancienne en Chine, puisqu’elle se trouve presque constamment sur les bronzes de la dynastie Chang ; le nom de T’ao-t’ie, qu’on traduit habituellement par « glouton » ou par « ogre », paraît ne lui avoir été donné que beaucoup plus tard, mais cette appellation n’en est pas moins juste, car c ‘est bien d’un monstre « dévorateur » qu’il s’agit en effet.
Quant à cette signification, M. Hentze, dans l’article que nous venons de citer, voit avant tout dans le T’ao-t’ie un « démon des ténèbres » ; cela peut être vrai en un certain sens, mais à la condition d’être expliqué et précisé, ainsi qu’il l’a d’ailleurs fait lui-même depuis lors dans un autre travail. Ce n’est point un « démon » au sens ordinaire de ce mot, mais au sens originel de l’Asura vêdique, et les ténèbres dont il s’agit sont en réalité les « ténèbres supérieures. »

IV-1   Chroniques de Tabari, partie 1, chap. CXII, Histoire de Dsoul-Qarnaïn.
IV-3   Michel Vâlsan, Le Triangle de l’Androgyne, chap.5 Inde et Arabie : De la descente d’Adam en Inde et de la Kaaba
IV-4   Ibn Arabî, Fusûs,  Le Sceau des engendrés - Sceau des enfants
IV-5   Wikipédia, Koka et Vikoka.
IV-6   CA. Gilis, « Les sept Étendards du Califat », partie 3, chap. XXXVI, Le dernier des Califes.
Le livre est disponible ICI.


A suivre... 




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