Le fichier est téléchargeable en totalité ici : Les hordes de Gog et Magog
Sommaire
I - Présentation générale
II – Les correspondances Asuras – Djinns – Gog et Magog
A - Une position dominante perdue :
B - C’est par décision divine qu’ils sont libérés
C – Les « oiseaux » pour ennemis
III - Des géants et des nains...
A – Les "géants séduits" : Arout et Marout
B – Titan, Atlantide..... et Noé !
C – Nains, Pygmées et Panotii
IV - Concernant la fin des Temps
A – La nature des Gog et Magog
B – Gog et Magog : le « peuple noir » ?
C – Apocalypse 9 et la sortie des Gog et Magog
V – Annexes
Les paragraphes précédés d’un i sont ceux qui apportent un complément d’informations sur ce dont il est question mais qui ne sont pas directement liés au sujet.
Ce symbole : ¥ indique des « pistes » de recherches que j’espère pouvoir approfondir ; à chacun de voir s’il veut les suivre aussi de son côté ou pas.
III - Des géants et des nains...
A – Les "géants séduits" : Arout et Marout
Les Gog et Magog sont traditionnellement décrits à la fois comme des « géants » et comme des « nains » et vivant actuellement une existence souterraine :
- « 96. Jusqu'à ce que soient relâchés les Yajuj et les Majuj et qu'ils se précipiteront de chaque hauteur » Coran sourate 21.
- « Et ils [les Gog et Magog] montèrent sur la surface de la terre, et ils investirent le camp des saints et la ville bien-aimée. » Apocalypse 20-9.
Ils s’activent à pénétrer dans notre monde par ce que Guénon appelle les « fissures de la Grande Muraille ». (III-1)
Concernant cette grande muraille, Guénon rapporte dans le texte éponyme que des « réparations » y ont d’ailleurs déjà été faites :
- « Niu-Koua (sœur et épouse de Fo-hi, et qui est dite avoir régné conjointement avec lui) fondit des pierres des cinq couleurs pour réparer une déchirure qu’un géant avait faite dans le ciel » (apparemment, quoique ceci ne soit pas expliqué clairement, en un point situé sur l’horizon terrestre) ; et ceci se réfère à une époque qui, précisément, n’est postérieure que de quelques siècles au commencement du Kali-Yuga. »
C’est dans l’histoire de « Harut et Marut » que nous découvrons les premiers éléments ; en voici un résumé :
Harout et Marout (Azazel et Shemhazai) selon les kabbalistes dans le « Midrash de Shemihazah et Aza’el (ou Shemhazaï et Azazel) » / Yalqut Gen 44; Bereshit Rabbati, 29-30 :
« Voici comment s’est produite la chute d’Azazel et de Shemhazai. Lorsque la génération du déluge commença à se livrer à l’idolâtrie, Dieu fut profondément attristé. Les deux anges Shemhazai et Azazel se levèrent et dirent ‘Seigneur de l’univers ! Voici que s’est réalisé ce que nous avions prédit lors de la création du monde et de l’homme, en te disant `Qu’est-ce que l’homme, pour que Tu te soucies de lui ?’ Et Dieu dit ‘Et qu’adviendrait-t-il du monde, sans l’homme ?’Les anges répliquèrent : ‘Nous nous en occuperions.’Alors Dieu dit : ‘Je sais bien que si vous alliez habiter sur la terre, le mauvais penchant vous subjuguerait et vous seriez alors encore plus iniques que l’homme n’a jamais été.’Les anges insistèrent: ‘Donne nous l’autorisation d’habiter parmi les hommes et Tu verras que nous sanctifierons Ton Nom.’ Dieu céda à leur désir, et leur dit : ‘Descendez donc et séjournez parmi les hommes !’Ainsi les deux anges sont descendus sur la terre, où ils étaient sûrs qu’ils pourraient résister à la puissance des instincts mauvais.Mais dès qu’ils ont vu combien les filles des hommes étaient belles, ils ne purent maîtriser leur passion et ils ont oublié leurs vœux. Ils ont voulu avoir des amantes parmi elles, reniant leur essence pure. Ils leurs ont enseigné des secrets de la façon à les séduire, les arts sombres de la sorcellerie, des incantations, et des racines. Alors les deux anges ont décidé de choisir des épouses pour eux-mêmes parmi les filles des hommes. Azazel désira Na’amah, la sœur de Tubal-Caïn, la femme la plus belle sur terre.Shemhazai vit une jeune fille appelée Istahar (ou Esthera) et il fut pris de passion pour elle mais elle l’a repoussé. Ceci l’a incité à la vouloir d’autant plus.‘Je suis un ange’ lui a-t-il dit, ‘Vous ne pouvez pas me refuser !’Istahar a répondu ‘Je ne me donnerai pas sauf si vous m’enseignez le nom ineffable de Dieu.’‘Je ne peux pas le faire’ répondit Shemhazai répondu, ‘C’est un secret du Ciel.’‘Pourquoi devrais-je vous croire ?’ dit Istahar. ‘Peut-être que vous ne le savez pas du tout. Peut-être n’êtes-vous pas vraiment un ange.’‘Naturellement que je le sais’ a dit Shemhazai, et il a donné le nom de Dieu.Mais aussitôt qu’elle l’eut appris, elle prononça le Nom et monta au ciel elle-même, sans accomplir sa promesse faite à l’ange. Dieu dit, ‘Parce qu’elle s’est tenue à l’écart du péché, nous la placerons parmi les sept étoiles, pour que jamais les hommes ne l’oublient’, et elle fut placée dans la constellation des Pléiades. » (III-2)
La notion « d’anges déchus » est inexacte car les anges ne possédant pas de libre arbitre (au contraire des hommes et des Jinns), leur nature leur interdit de désobéir à Dieu.
Il faut plutôt voir ici une référence aux Asuras ayant chuté et aux Titans (les Géants), non aux Dêvas ; les « anges déchus » pourraient alors se rapprocher des « awliyâ esh-Shaytân » ou « saints de Satan » dont le Dajjal sera comme le « chef ».
Nous avons vu dans le chapitre II que « [Rama] était escorté par les Marouts, jeunes guerriers exubérants, dieux des vents au nombre de 11 ou 20. Ils gardaient le soma, boisson préférée d'Indra » : ce n’est que plus tard que ces Marouts perdront leur aspect supérieur « d’alliés subordonnés » des dieux.
La Bible mentionne plus succinctement cet épisode de « géants » séduits, au temps de Noé :
« Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la face de la terre, et que des filles leur furent nées, 2 les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu'ils choisirent. 3 Alors l'Eternel dit: Mon esprit ne restera pas à toujours dans l'homme, car l'homme n'est que chair, et ses jours seront de cent vingt ans. 4 Les géants étaient sur la terre en ces temps-là, après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu'elles leur eurent donné des enfants: ce sont ces héros qui furent fameux dans l'antiquité. » Genèse 6
i Ce passage biblique et l’interprétation donnée ici pourraient expliquer alors la phrase énigmatique de Guénon :
Cet extrait de Michel Vâlsan projette un éclairage particulier et révélateur sur ce dont il est réellement question dans Genèse 6...
« Le chapitre VI de la Genèse pourrait peut-être fournir, sous une forme symbolique, quelques indications se rapportant à ces origines lointaines de la "contre-initiation". » (III-3)Tout comme cette précision étonnante de Michel Vâlsan :
« [La conception des états multiples en théologie ainsi que dans certaines sciences ou spéculations particulières] atteste l’existence des Daïmons, des Génies, des Djinns bons ou mauvais, qui se situent entre ange et homme ; de même, peuvent entrer ici en ligne de compte les êtres « engendrés » entre ange et homme (13) ou entre djinn et homme (14).13 – Cf. le chap. 6 de la Genèse.14 – C’était selon certains, le cas de Bilqîs, la Reine de Saba ; c’était aussi le cas de Merlin l’enchanteur. Mais cette forme de naissance existe de toute façon et reste toujours possible avec cette précision ; lorsque le père est homme et la mère est de l’espèce djinn, la naissance a lieu chez les djinns, et inversement, car c’est la nature de la mère qui assigne le lieu spécifique. »Michel Vâlsan, La doctrine des Etats multiples de l’Etre dans le Christianisme, p. 22 du recueil
Cet extrait de Michel Vâlsan projette un éclairage particulier et révélateur sur ce dont il est réellement question dans Genèse 6...
Les Asuras semblaient être aussi des personnages de grande taille :
« Certains des Râkshasa (une variété d'Asuras souvent citée) sont des titans colossaux, d'autres sont des ogres et d'épouvantables démons. Ils errent dans la nuit en poussant des cris terrifiants et sont tout puissants au cœur des ténèbres. (...) D'habitude, pour les repousser, on demande au dieu Agni de conjurer leurs maléfices par le feu de sa flamme. »
Mais il n’est pas besoin d’aller chercher plus de concordances puisque Guénon le dit explicitement : « on sait que ceux-ci [les titans] sont l’équivalent des Asuras de la tradition hindoue. » (III-4)
Parvenus à ce point de l’exposé, les Asuras semblent donc bien être assimilables aux Titans/Djinns, Harut et Marut étant de leurs représentants (non des anges déchus mais plutôt proches des « saints de Satan ») descendus sur terre et s’accouplant avec « les filles des hommes ».
B – Titan, Atlantide..... et Noé !
Dans sa correspondance avec Gaston Georgel, Guénon affirme que le déluge biblique coïncide avec la disparition de l’Atlantide :
« Quoi qu’il en soit, le déluge de Noé, tout au moins dans son sens le plus immédiat et en quelque sorte « historique », ne peut se rapporter qu’à la disparition de l’Atlantide » (III-5)
Il le rappelle aussi dans les « Cycles cosmiques » par rapprochement avec la place de « l’Adam rouge » :
« Ceci pourrait trouver une confirmation dans le fait que la signification littérale du nom d’Adam est « rouge », la tradition atlantéenne ayant été précisément celle de la race rouge ; et il semble aussi que le déluge biblique corresponde directement au cataclysme où disparut l’Atlantide » (III-6)
Il faut préciser que pour RG, l’Hyperborée représente la tradition primordiale véritablement « polaire » et l’Atlantide, une tradition secondaire et déjà dérivée du Centre. C’est la tradition boréenne qui est le point de départ de notre Manvantara (pour rappel, un Manvantara est l’ensemble des 4 âges or, argent, airain et fer). (III-7)
Que savons-nous des Titans ?
Dans la mythologie grecque, les Titans sont les divinités primordiales géantes qui ont précédé les dieux de l'Olympe. Ils sont issus du Chaos à l’origine du monde et sont basés sur le Mont Othrys. Divinités d'une force incroyable, elles auraient régné au cours du légendaire Âge d'or.
Les descendants des divinités grecques primordiales Gaïa (la terre) et Ouranos (le ciel) sont divisés en deux clans rivaux : les dieux de l'Olympe de Zeus, et les Titans de Cronos, père de Zeus.
Kronos le chef des Titans révoltés (correspondant à Saturne) est le régent de l’âge d’or, le Satya-Yuga, époque régie par la tradition primordiale (boréenne). A ce titre, il est considéré comme le dieu des hyperboréens. (III-8)
Après la guerre des Titans (Titanomachie), l’un d’eux, Atlas, est exilé par punition de Zeus, fils de Kronos, soit (suivant les versions) au pays des Hespérides, soit aux bords du grand océan circulaire, ou parfois « chez les Hyperboréens ».
Tout cela ne rappelle t’il pas la révolte des Asuras contre les Dêvas du chapitre I ? Ou celle des Jinns et des Anges décrite par Tabari ? Et plus « proche » de nous, le récit des « géants » Arout et Marout ?
Au niveau cosmique, on sait par René Guénon que la Grande Ourse était lié au symbolisme « polaire » de la tradition hyperboréenne tandis que, dans la tradition atlante, la Grande Ourse est remplacée dans ce rôle par les Pléiades, qui sont également formées de sept étoiles.
Or dans la mythologie grecque, les Pléiades étaient filles d’Atlas et, comme telles, appelées aussi les Atlantides ! (III-9)
De même nous avons vu que dans l’histoire de « Harout et Marout » (Shemhazaï et Azazel ci-dessus) la jeune fille qui a repoussé leurs avances fut « placée dans la constellation des Pléiades ».
Concernant encore ce transfert d’une constellation polaire (axe solsticial-verticalité-Nord-tradition boréenne) à une constellation zodiacale (axe équinoxial-horizontalité-Ouest-tradition atlantéenne), Guénon rappelle que « c’est la "terre du sanglier" [les Brâhmanes, l’Hyperborée], qui devint aussi la "terre de l’ours" [révolte des Kshatriyas, l’Atlantide] à une certaine époque, pendant la période de prédominance des Kshatriyas à laquelle mit fin Parashu-Râma. » (III-10)
Or, dans le chapitre II, nous avons vu que c’est bien en Râma que Vishnu s’incarnait pour lutter contre le démon Ravana, roi des Asuras (Kshatriyas), qui avait acquis l'invincibilité.
i Je le mentionne à titre indicatif car cela entraînerait des développements trop longs, forts spécifiques et un peu hors sujet, mais il est dit que la « race rouge » associée aux Kshatriyas, règne sur la 3ème « Grande année » des Perses et des Grecs soit exactement au moment même de la civilisation atlantéenne ! (III-11)
Toutes ces concordances ne seraient que pur hasard ? Le hasard n’existe pas et encore moins pour ceux qui considèrent les « mythes et légendes » comme des récits véritablement symboliques et non comme des « contes pour enfants »...
¥ A noter que selon Guénon, ce changement de « pôle » entre les traditions hyperboréenne (polaire) et atlantéenne (occidentale) « paraît être lié à celle de l’inclinaison de l’axe terrestre, inclinaison qui, d’après certaines données traditionnelles, n’aurait pas existé dès l’origine, mais serait une conséquence de ce qui est désigné en langage occidental comme la "chute de l’homme". » ("Atlantide et Hyperborée" voir lien note III-7)
Il indiquera aussi dans un autre texte que « cette attitude des Kshatriyas révoltés pourrait être caractérisée assez exactement par la désignation de « luciférianisme », qui ne doit pas être confondu avec le « satanisme » (...) : le « luciférianisme » est le refus de reconnaissance d’une autorité supérieure ; le « satanisme » est le renversement des rapports normaux de l’ordre hiérarchique ; et celui-ci est souvent une conséquence de celui-là, comme Lucifer est devenu Satan après sa chute. » ("Monothéisme et angélologie")
Il indiquera aussi dans un autre texte que « cette attitude des Kshatriyas révoltés pourrait être caractérisée assez exactement par la désignation de « luciférianisme », qui ne doit pas être confondu avec le « satanisme » (...) : le « luciférianisme » est le refus de reconnaissance d’une autorité supérieure ; le « satanisme » est le renversement des rapports normaux de l’ordre hiérarchique ; et celui-ci est souvent une conséquence de celui-là, comme Lucifer est devenu Satan après sa chute. » ("Monothéisme et angélologie")
Tout ceci semble corréler la disparition de la tradition hyperboréenne avec la révolte des Asuras/Titans. Et suite à leur descente sur Terre, ils furent séduits par les filles des hommes et engendrèrent la race des Géants, « héros » de l’antiquité. La dépravation et l’idolâtrie se généralisant parmi eux, Dieu envoya le châtiment du Déluge au peuple de Noé.
Selon ce qui a été expliqué précédemment, le déluge biblique marque bien aussi la fin de l’Atlantide.
Autre point annexe qui vient faire la jonction entre les Gog/Magog et les Titans : un extrait du livre de JM Allemand, "René Guénon et les 7 tours du Diable" :
« Les hordes de Gog et de Magog sont les fils de Japheth, fils de Noé qui se fixèrent en Orient après le déluge (leur apparence serait semblable à celle des hommes mais leur taille est de deux coudées, et ils ont des oreilles d’ânes). » (III-12)
Genèse 10 mentionne aussi rapidement : « 2 - Les fils de Japhet furent: Gomer, Magog, Madaï, Javan, Tubal, Méschec et Tiras. »
On retrouve également cette parenté des Gog et Magog avec Noé dans les "Chroniques de Tabari » mentionnant que les Gog et Magog sont des adamiques de petite taille et aux grandes oreilles :
« Le peuple de Gog et Magog [descend de] deux frères dont l'un s'appelait Gog et l'autre Magog. Ils sont du nombre des enfants d'Adam. Leur taille est extrêmement petite, et chacun d'eux a deux oreilles semblables à des oreilles d'éléphant. Ils sont un peuple nombreux, et ils ravagèrent le monde. Ils habitent à l'Orient, à l'endroit où le soleil se lève (...). Ils détruisaient tout ce qu'ils trouvaient sur la terre, les plantes, l'eau, les arbres et autres choses semblables, et mangeaient tout ; et s'ils avaient remporté la victoire sur nous, ils nous auraient tués tous et nous auraient mangés. Ces peuples ont un grand nombre de villes et d'habitations vers l'endroit où le soleil se lève. Lorsque le soleil se lève, ils descendent tous sous terre. » (III-13)
III-6 Formes traditionnelles et cycles cosmiques, Place de la tradition atlantéenne dans le Manvantara
III-8 Lire sur le sujet : Symboles de la Science sacrée, chap. XXVIII, Le symbolisme des Cornes.
III-9 Cf. la note III-6
III-10 Sur la symbolique attachée au sanglier et à l’ours et son lien avec les traditions boréenne et atlantéenne, voir Symboles de la Science Sacrée, chap. XXIV, le Sanglier et l’Ours.
III-11 Voir sur le sujet : Formes traditionnelles et cycles cosmique, La doctrine des cycles cosmiques.
III-12 "René Guénon et les 7 tours du Diable", JM Allemand, La Mission divine d’Alexandre le grand, p. 210.
III-13 Les Chroniques de Tabari, Tome 1, partie I chap. VIII : Réponse à la question relative à Gog et Magog doués d’oreilles.