Le fichier est téléchargeable en totalité ici : Les hordes de Gog et Magog
Sommaire
I - Présentation générale
II – Les correspondances Asuras – Djinns – Gog et Magog
A - Une position dominante perdue :
B - C’est par décision divine qu’ils sont libérés
C – Les « oiseaux » pour ennemis
III - Des géants et des nains...
A – Les "géants séduits" : Arout et Marout
B – Titan, Atlantide..... et Noé !
C – Nains, Pygmées et Panotii
IV - Concernant la fin des Temps
A – La nature des Gog et Magog
B – Gog et Magog : le « peuple noir » ?
C – Apocalypse 9 et la sortie des Gog et Magog
V – Annexes
Note :
Les paragraphes précédés d’un i sont ceux qui apportent un complément d’informations sur ce dont il est question mais qui ne sont pas directement liés au sujet.
Ce symbole : ¥ indique des « pistes » de recherches que j’espère pouvoir approfondir ; à chacun de voir s’il veut les suivre aussi de son côté ou pas.
II - Les correspondances Asuras – Djinns – Gog et Magog
i Quelques rappels sur les Jinns :
« La terminologie proposée par René Guénon, principalement tirée de l’hindouisme, contient plusieurs repères utiles à la compréhension de l’enseignement islamique. Nous commencerons par la constitution de l’être humain, composé d’un esprit (rûh), d’une âme (nafs) et d’un corps (jism). Le premier appartient à la manifestation informelle, représentée par les anges au sein de l’existence universelle, tandis que l’âme et le corps constituent la forme de l’être humain, autrement dit son individualité ; ils correspondent respectivement à ce que notre maître appelle l’« état subtil » et « état grossier ». A ce point de vue, les jinns sont une désignation de la modalité subtile ou « intermédiaire » de l’homme, par opposition à sa modalité grossière, c’est-à-dire corporelle et sensible : « Ils circulent à l’intérieur des Fils d’Adam de manière insensible, comme le sang (majrâ ad-dam) ».
Ils n’ont pas bonne réputation et sont habituellement assimilés aux démons. Ils apparaissent comme des obstacles sur la voie spirituelle et symbolisent l’éloignement plutôt que la proximité divine. (...)
De nombreux passages coraniques sont consacrés aux jinns et ils ont donné leur nom à la 72ème sourate. Enfin, il y a les jinns croyants, qui ont foi dans la révélation faite au Prophète et qui présentent certaines excellences par rapport aux hommes.
« Dis: "Il m'a été révélé qu'un groupe de djinns prêtèrent l'oreille, puis dirent: "Nous avons certes entendu une Lecture [le Coran] merveilleuse, qui guide vers la droiture. Nous y avons cru, et nous n'associerons jamais personne à notre Seigneur. » Coran sourate 72.
« Dans une lettre inédite René Guenon écrit : « Shamharûsh n'est ni un ange ni un archange, c’est le roi des jinns mu’minîn (croyants), ce qui est tout différent ».
Tout comme les hommes, les jinns sont appelés à la réalisation initiatique par la Connaissance, car le Très- Haut a dit : « j’ai créé les hommes et les jinns uniquement pour qu’ils M’adorent » (Cor., 51, 56), c’est-à-dire pour qu’ils Me connaissent. »
Ces extraits sont tirés du livre de Charles-André Gilis, « La doctrine akbarienne des Jinns ».
L'ouvrage est disponible ici : Le Turban noir
A - Une position dominante perdue :
Sur les Jinns voilà ce qui est rapporté dans les « Chroniques de Tabari » et dans l’ouvrage " Al-Bidâya Wa An-Nihâya " d’Ibn Kathîr :
- « Les djinns vivaient sur terre 2000 ans avant Adam. Ils avaient pour rôle d’adorer Allah et de peupler la terre tout comme l’homme par la suite. Or ces derniers ont semé le désordre et ont répandu le sang durant deux millénaires. La corruption sur terre avait atteint une telle ampleur qu’ils attirèrent sur eux la colère d’Allah. Dieu ordonna qu’une armée d’anges descende sur terre pour combattre les djinns. Cette armée avait décimé la race des djinns, certains ont pu s’enfuir et trouvèrent refuge sur les îles des océans. D’ailleurs il est rapporté que les plus grandes populations de djinns jusqu’à nos jours se trouvent sur les îles, ainsi que le royaume d’Iblîs et de ses sujets parmi les diables et les démons. Iblîs qui fut le seul adorateur et soumis à Dieu avait été épargné. D’ailleurs il joindra les rangs de l’armée des anges pour combattre ses propres frères djinns criminels et corrompus. Pour sa piété et sa soumission à Dieu, Allah gratifia Iblîs en lui donnant la terre et les cieux comme royaume. Ainsi Iblîs comme un bon serviteur d’Allah pouvait se pavaner sur terre et au paradis et côtoyait les anges qui devinrent ses compagnons. » (II-1)
- « Ils dirent : « Ô Dhul-Qarnayn ! Les Yajuj (Gogs) et les Majuj (Magog) commettent du désordre sur terre. Est-ce que nous pourrons t’accorder un tribut pour construire une barrière entre eux et nous ? ». Coran 18 - 94
Quant aux Asuras, leur statut élevé est en rapport avec les ténèbres supérieures ainsi que Guénon l’a mis en lumière dans son texte « Kâla-mukha » :
- « Quant à cette signification, M. Hentze, dans l’article que nous venons de citer, voit avant tout dans le T’ao-t’ie un "démon des ténèbres" ; cela peut être vrai en un certain sens, mais à la condition d’être expliqué et précisé, ainsi qu’il l’a d’ailleurs fait lui-même depuis lors dans un autre travail. Ce n’est point un "démon" au sens ordinaire de ce mot, mais au sens originel de l’Asura vêdique, et les ténèbres dont il s’agit sont en réalité les "ténèbres supérieures" ; en d’autre termes, il s’agit là d’un symbole de l’« Identité Suprême » en tant qu’absorbant et émettant tour à tour la "Lumière du Monde". » (II-2)
II-2 Guénon, Symboles de la Science sacrée, chap. LIX, Kâla-mukha.
B - C’est par décision divine qu’ils sont libérés
S’il semble que ce soit la Miséricorde divine (la « main bénissante ») qui permettra qu’ils soient anéantis, c’est en revanche la Rigueur divine (la « main de justice ») qui, le Jour de la Colère, les libérera.
Pour les Gog et Magog, c’est ce que mentionnent le Coran et les hadiths à plusieurs reprises :
- Quand Dhû-l-Qarnayn a fini d’ériger le mur contre les GM, il précise : "C'est une miséricorde de la part de mon Seigneur. Mais, lorsque la promesse de mon Seigneur viendra, Il le nivellera. Et la promesse de mon Seigneur est vérité" Coran 18 – 98 (II-3)
- « Sur ces entrefaites, Dieu inspire à Jésus : "Je viens de faire sortir des êtres que nul ne pourra combattre (Gog et Magog). Mets mes serviteurs à l’abri de leur mal sur le mont Tor (en Palestine à proximité de Jérusalem)" (Mouslim) (II-3)
- « Yajouj et Majouj (Gog et Magog) sont emprisonnés derrière la muraille construite par Dhoul-Quarnaine, et ils n'en seront libérés que lorsque leur chef aura l'idée (inspirée par Allah) de dire "Si Allah le veut". » (Mouslim) (II-3)
Concernant les Asuras la volonté divine est exprimée ainsi « Ravana a reçu l'immortalité de la part de Brahma en le priant pendant 10 000 ans ». (II-4) Il est expliqué que les Asuras peuvent « accroître leur pouvoir grâce à l'ascèse. En effet, au terme d'une ascèse le dieu Brahmâ accorde une faveur à l'ascète méritant, sans faire de distinction quant à son identité et à sa nature. » (II-5)
La Bible ne dit pas autre chose puisque le Seigneur, manifestant Sa volonté, annonce à Gog :
- « Je te ferai sortir, toi et toute ton armée (...) Dans la suite des jours, je te ferai marcher contre mon pays, afin que les nations me connaissent, Quand je serai sanctifié par toi sous leurs yeux, ô Gog! (...) Je t'entraînerai, je te conduirai, Je te ferai monter des extrémités du septentrion, Et je t'amènerai sur les montagnes d'Israël. » Ezéchiel 38 et 39.
C’est donc la volonté divine dûment exprimée qui autorisera la sortie des Gog et Magog.
Peut-être que cela pourrait expliquer l'impuissance de Jésus à agir contre eux, dans le sens : il le pourrait sans doute mais ce serait alors comme s’opposer aux desseins de Dieu.
i A ce sujet, on pourrait s’étonner du langage divin employé envers Gog qui pourrait sembler « indulgent ». Mais il rappelle celui utilisé envers Pharaon et le commentaire qu’en a fait Ibn Arabî, repris dans ce texte de M. Grill :
- « Pharaon est un "connaissant" ('ârif), malgré le caractère imparfait et inachevé de sa réalisation spirituelle. Il tire argument de l’ordre intimé à Moïse et à Aaron dans les versets suivants : "Rendez-vous auprès de Pharaon, car il a excédé la limite, et parlez-lui avec douceur, peut-être se souviendra-t-il ou éprouvera-t-il de la crainte". Le souvenir, pour lui, implique nécessairement une connaissance initiale, oubliée pour une raison ou une autre. » (II-6)
Si un "simple" démon ne semble pas pouvoir justifier le "ton" employé dans Ezéchiel, en revanche face à un Asura déchu, vu le degré de réalisation qu’il a atteint avant sa chute, cela est envisageable car dans ce cas, il s’agirait aussi d’un « Connaissant ».
Cela pourrait sembler être une pure spéculation de ma part, mais c’est ce que semble confirmer Guénon dans son texte « Kâla-mukha » (voir note II-2) :
« Ce n’est point un "démon" au sens ordinaire de ce mot, mais au sens originel de l’Asura vêdique, et les ténèbres dont il s’agit sont en réalité les "ténèbres supérieures". »
II-3 Les signes de la fin des temps, Gog et Magog
II-4 Mythologie hindoue, Ravana
II-5 Les Asuras-Démons
II-6 Denis Gril : Le personnage coranique de Pharaon d'après l'interprétation d'Ibn 'Arabî
C – Les « oiseaux » pour ennemis
Il faut garder à l’esprit que les oiseaux sont pris fréquemment comme symbole des anges ; d’ailleurs, la représentation de l’oiseau dans l’art traditionnel, est souvent réduite à seulement une tête et des ailes, ce qui est la forme sous laquelle sont aussi représentés les anges.
Dans son texte sur la « langue des oiseaux », René Guénon précise, en parlant de la lutte des Anges (Dêvas) contre les démons (Asuras), c’est-à-dire de l’opposition des états supérieurs et des états inférieurs :
- "C’est, dans la tradition hindoue, la lutte des Dêvas contre les Asuras, et aussi, suivant un symbolisme tout à fait semblable à celui auquel nous avons affaire ici, le combat du Garuda contre le Nâga, dans lequel nous retrouvons du reste le serpent ou le dragon dont il a été question tout à l’heure ; le Garuda est l’aigle, et, ailleurs, il est remplacé par d’autres oiseaux tels que l’ibis, la cigogne, le héron, tous ennemis, et destructeurs des reptiles » (...)
- De même, dans la tradition hindoue, il est dit que les Dêvas, dans leur lutte contre les Asuras, se protégèrent par la récitation des hymnes du Vêda, et que c’est pour cette raison que les hymnes reçurent le nom de chhandas, mot qui désigne proprement le « rythme ». La même idée est d’ailleurs contenue dans le mot dhikr, qui, dans l’ésotérisme islamique, s’applique à des formules rythmées correspondant exactement aux mantras hindous, formules dont la répétition a pour but de produire une harmonisation des divers éléments de l’être, et de déterminer des vibrations susceptibles, par leur répercussion à travers la série des états, en hiérarchie indéfinie, d’ouvrir une communication avec les états supérieurs, ce qui est d’ailleurs, d’une façon générale, la raison d’être essentielle et primordiale de tous les rites." (II-7)
Dans cet extrait, il remarquable qu’il soit établi non seulement le parallèle entre les oiseaux « nettoyeurs » symbolisant les anges, mais aussi avec le dhikr ou les "récitations" qui préservent des Asuras tout comme des Gog et Magog : il existe de nombreux hadiths parlant des récompenses suite à la lecture de la Sourate Al-Kahf et notamment il est rapporté que celui qui récite les dix premiers versets (ou les dix derniers selon le hadith) de cette sourate, sera préservé de la tentation du Dajjâl.
Les oiseaux, en tant que « destructeurs de reptiles », renvoient également à ceux liés aux Gog et Magog :
- « A ce moment, le Prophète de Dieu Jésus (que la Paix soit sur lui) et ses compagnons redescendront dans la plaine. Ils n’y trouveront pas la place de la paume de la main qui ne soit pleine de leur charogne infecte [celle des hordes de Gog et Magog]. Le Prophète de Dieu Jésus (que la Paix soit sur lui) et ses compagnons adresseront alors leurs prières à Dieu qui enverra des oiseaux gigantesques, ayant des cous pareils à ceux des grands chameaux du « Khourassan ». Ces oiseaux emporteront ces immondices là où Dieu voudra. Puis Dieu lâchera une pluie qui n’épargnera ni cité ni campagne. Elle lavera ainsi la terre pour la laisser nette comme un miroir. Puis on dira à la terre : « Fais pousser tes fruits, fais revenir ta bénédiction ». (II-8)
Il est tout-à-fait normal de retrouver cette symbolique dans la parole biblique adressée à Gog :
- « 4 - Tu tomberas sur les montagnes d'Israël, Toi et toutes tes troupes, Et les peuples qui seront avec toi ; aux oiseaux de proie, à tout ce qui a des ailes, Et aux bêtes des champs je te donnerai pour pâture. (...)
- 17 - Et toi, fils de l'homme, ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : Dis aux oiseaux, à tout ce qui a des ailes, Et à toutes les bêtes des champs: Réunissez-vous, venez, rassemblez-vous de toutes parts, pour le sacrifice où j'immole pour vous des victimes » Ezéchiel 39
- « 17 Et je vis un ange qui se tenait dans le soleil. Et il cria d'une voix forte, disant à tous les oiseaux qui volaient par le milieu du ciel : Venez, rassemblez-vous pour le grand festin de Dieu » Apocalypse 20
Une précision encore :
Il est établi dans la tradition hindoue que les Asuras sont en rapport avec le breuvage d’immortalité :
- « Parmi les Navagrahâ, Rahu (l'éclipse) et Ketu (la comète) sont considérés comme les deux parties du corps de l'asura qui avait dérobé la liqueur d'immortalité amrita lors du barattage de la mer de lait. ». Vishnu ou Infra a coupé sa tête lorsqu'il a avalé le liquide séparant le corps de la tête. Rahu est considéré comme la tête du dragon et est lié aux éclipses et Ketu est le corps du dragon et est considéré comme une comète.
Et :
- « [Les Asuras] sont devenus les anti-Dieux, les forces négatives qui, dès le commencement du Monde, luttent contre les Dieux pour la possession de l'Amrita, le Nectar d'Immortalité. »
L’expression « les Dieux », renvoyant ici encore aux Dêvas, les Anges, puisque « le sanscrit Dêva et le latin Deus ne sont en fait, qu’un seul et même mot ». (RG, La langue des Oiseaux)
Pour finir, on notera que dans son texte « la Terre du Soleil », Guénon fait explicitement le lien entre ce breuvage et les « oiseaux ».... :
- « D’autre part, suivant la tradition arabe, le Rukh ou Phénix ne se pose jamais à terre en aucun autre lieu que la montagne de Qâf, qui est la « montagne polaire » ; et c’est de cette même « montagne polaire », désignée par d’autres noms, que, dans les traditions hindoue et perse, provient le soma, qui s’identifie à l’amrita ou à l’« ambroisie », breuvage ou nourriture d’immortalité. » (II-9)
L’extrait suivant est particulièrement intéressant car il fait intervenir ceux appelés « Marouts »... mais je reviendrai sur ce point précis dans la suite.
- « [Rama] était escorté par les Marouts, jeunes guerriers exubérants, dieux des vents au nombre de 11 ou 20. Ils gardaient le soma, boisson préférée d'Indra. Le domaine d'Indra, Swarga, est un morceau de ciel entouré de nuages qui tourbillonnent autour du sommet du mont Mérou. »
i Ceux qui étudient l’apocalypse et l’eschatologie auront sans doute noté ce qui est dit des deux Asuras Rahu et Ketu (qui n’en faisait qu’un avant que Vishnu ne sépare la tête du corps) : « Rahu est considéré comme la tête du dragon et est lié aux éclipses ; Ketu est le corps du dragon et est considéré comme une comète »...
Les Navagraha (les neuf saisisseurs) sont également « les planètes et phénomènes astronomiques qui dans le système cosmologique indien sont supposés influencer les destinées humaines comme le cours de la nature (végétation, marées...). » (source Wikipédia)
Les Navagraha (les neuf saisisseurs) sont également « les planètes et phénomènes astronomiques qui dans le système cosmologique indien sont supposés influencer les destinées humaines comme le cours de la nature (végétation, marées...). » (source Wikipédia)
Voilà donc un nouveau lien à propos des Asuras en tant que forces cosmiques à l’œuvre.
II-7 Symboles de la Science Sacrée, chapitre VII, La Langue des Oiseaux
II-9 Symboles de la Science Sacrée, chapitre XII, La Terre du Soleil