jeudi 24 octobre 2019

Les hordes de Gog et Magog - partie 3 (2/2)


Le fichier est téléchargeable en totalité ici : Les hordes de Gog et Magog

Sommaire

I - Présentation générale
II – Les correspondances Asuras – Djinns – Gog et Magog
A - Une position dominante perdue :
B - C’est par décision divine qu’ils sont libérés
C – Les « oiseaux » pour ennemis
III - Des géants et des nains...
A – Les  "géants séduits" : Arout et Marout
B – Titan, Atlantide.....  et Noé !         
C – Nains, Pygmées et Panotii           
IV - Concernant la fin des Temps
A – La nature des Gog et Magog
B – Gog et Magog : le « peuple noir » ?
C – Apocalypse 9 et la sortie des Gog et Magog 
V – Annexes



Note :
Les paragraphes précédés d’un i sont ceux qui apportent un complément d’informations sur ce dont il est question mais qui ne sont pas directement liés au sujet. 
Ce symbole : ¥ indique des « pistes » de recherches que j’espère pouvoir approfondir ; à chacun de voir s’il veut les suivre aussi de son côté ou pas.


III - Des géants et des nains... (partie2/2)


C – Nains, Pygmées et Panotii



Dans la basilique de Vézelay, édifice templier construit selon les règles de l’art maçonnique, le tympan représente des personnages étranges, Pygmées et Panotii (III-14) :



Selon Pline l’Ancien dans son "Histoire naturelle", les "Pygmées" du centre de l’Inde sont noirs, mesurant trois empans de haut et ils vont, au printemps, à dos de bélier et de chèvre, vers la mer, armés de leurs arcs, détruire les œufs et les oisillons de leurs adversaires ailés. (III-15)

Homère narre également que « Lorsque sous les ordres de leurs chefs, ils se sont rangés en bataille, les Troyens s'avancent bruyamment, comme une nuée d'oiseaux faisant entendre de vives clameurs : ainsi s'élève au ciel la voix éclatante des grues, quand elles fuient les hivers et les pluies continuelles ; elles poussent des cris aigus, elles s'envolent au-dessus des flots de l'océan, elles portent aux hommes appelés Pygmées le carnage et la mort, et du haut des airs elles leur livrent de terribles combats. Les Pygmées étaient des peuples de la Thrace qui n'avaient qu'une coudée de haut. Ils se retiraient dans des trous qu'ils faisaient sous terre, et étaient constamment en guerre avec les grues. » (III-16)

Par ces quelques références, les liens entre l’Atlantide, Noé et les « fils de Japheth », ainsi qu’avec les Gog et Magog semblent être établis. 

i  Nous avons vu précédemment le symbolisme attaché aux oiseaux (partie II-C).
Pour celui plus spécifique des grues, voir ces deux parties, extraites du livre de Charles-André Gilis « Le Maître de l’Or » :

Chapitre VII "Les grues couronnées" 
parties 2  - partie 3 

La fonction polaire de la grue couronnée est clairement démontrée ainsi que le lien avec la fonction de Dhû-l-Qarnayn dans le combat mené contre Gog et Magog, assimilation que le nom grec de la grue laissait déjà entrevoir. 
A ce point de vue également, les indications de Charbonneau-Lassay sont significatives :
« C’était en Haute-Egypte, et même plus au midi, vers les sources du Nil, que Pline et les Anciens situaient le royaume légendaire des Pygmées, race fabuleuse de nains méchants et malfaisants [...], ils descendaient de leurs montagnes [...], ravageaient toutes choses et molestaient les habitants. [note : cette description ne se rapporte pas aux Pygmées tels qu’on les connaît aujourd’hui, mais plutôt à des « hommes petits » assimilés ici à ces Pygmées.]Tous les Anciens s’accordent à dire qu’à chaque expédition [...] les grues amies des hommes se portaient à tire d’ailes au-devant d’eux, en exterminant le plus grand nombre, mettaient les autres en fuite et les poursuivaient jusque sous les murs de leur métropole que Pline appelle Gérania [...]. Strabon parle aussi des nains de l’Inde ennemis des grues, mais ce sont eux qui les attaquent et pillent leurs nids. »
L’ouvrage est disponible ici : Le Turban Noir 



¥  En complément :

Sur ces « longues oreilles » :

Dans la légende de l’île de Pâques, connues pour ses statues immenses, il est aussi fait mention de cette caste :
Les habitants racontent qu’en des temps forts lointains, un être surnaturel du nom de Uoke aurait atteint l’île en partant du mystérieux pays de Hiva, contrée qui avait été engloutie dans un gigantesque raz-de-marée. Il fut suivi par un groupe de 300 personnes originaires de Hiva dont sept sages et furent considérés comme des dieux-vivants par les habitants. Mais une lutte de pouvoirs entre deux groupes ethniques, les « longues oreilles » (de Hiva) et les « courtes oreilles », entraîna l’éradication presque totale des « longues oreilles ».
A noter que la plupart des statues sont placées dans l’alignement de la trajectoire du soleil : là aussi ; le rapport solsticial rappelle encore celui de la civilisation atlante !  (III-17)

Même pour ceux qui ont conscience de l’unité principielle, il est toujours remarquable de retrouver chez ces peuples dits « primitifs », dispersés sur tout le globe et aussi isolés soient-ils, toute une symbolique relevant de la Tradition primordiale alors que les historiens modernes, eux, n’y voient que mythes et légendes imaginaires !

Dans le récit des voyages de Magellan, des êtres ressemblant aux Panotii sont mentionnés sous le nom de « Antipodes » :
« Le vieux pilote de Maluco nous a raconté, en naviguant, qu’il y avait dans ce voisinage une île nommée Aruchete, dont les habitants, hommes et femmes, n’ont pas plus d’une coudée de hauteur et ont des oreilles aussi grandes et aussi longues eux-mêmes, de sorte que quand ils s’allongent, l’un leur sert de matelas et avec l’autre ils se couvrent. Ils sont nus et tondus, leur voix est aiguë et ils courent très vite. Ils habitent sous terre, vivent de poissons et d'une certaine substance qui pousse entre l'écorce et le bois d'un arbre blanc et rond comme de la coriandre et qui s'appelle ambulon. Nous y serions allés volontiers, mais les hauts-fonds et les courants ne le permettaient pas. » (III-18)
Le lien entre les Panotii de Pigafetta (texte ci-dessus) et Gog et Magog devient aussi évident quand on voit  ces deux représentations conservées à la bibliothèque de la mosquée Süleymaniye à Istanbul, sous le nom de Ahval-i Kıyamet (Ye’cûc-Me’cûc. Süleymaniye Kütüphanesi) (III-19) :






Il reste un point obscur :

Pourquoi les Asuras, anciennement à l’égal des Anges, puis géants sur terre, seraient-ils assimilables  ensuite aux Gog et Magog/Djinns à l’existence « souterraine » et comparables aux « nains » ?
Pourquoi les Marouts, anciens alliés des dieux, n’ont-ils conservé que l’aspect sombre de leur nature par la suite (les awliyâ esh-Shaytân ou « saints de Satan ») ?
Et Lucifer (Iblîs), devenu Satan après sa rébellion et celle de ses anges ? Karneios (Saturne) ne gardant plus que son aspect inférieur (Kronos) après sa défaite contre Zeus alors qu’il était le régent de l’âge d’or ?  

Tous ces êtres sont liés au "feu" ; par son côté « supérieur » par la foudre (Vajra , « feu du Ciel »...)  pour les Asuras, Lucifer...  et à son côté obscur pour les Djinns et les GM, démontré par leurs liens avec le « feu souterrain », les forgerons.
Ne pourrait-on voir là l'application de ce que dit Guénon :

« D’autre part, on peut dire que, dans le feu, la lumière représente l’aspect supérieur, et la chaleur l’aspect inférieur : la tradition islamique enseigne que les anges furent crées du « feu divin » (ou de la « lumière divine »), et que ceux qui se révoltèrent à la suite d’Iblîs perdirent la luminosité de leur nature pour n’en garder qu’une chaleur obscure. Ceci se trouve indiqué dans le rapport qui existe, en arabe, entre les mots nûr, « lumière », et nâr, « feu » (au sens de chaleur). »  (III-20)

Les Asuras en se révoltant auraient perdu cette nature lumineuse pour devenir « chaleur obscure » tout comme les Jinns sont issus d’un feu « sans fumée » et non de lumière ?


Et toujours selon Guénon, « il est d’ailleurs vraisemblable que l’aspect maléfique résulte ici de la disparition même de ce monde hyperboréen ; c’est en vertu d’un « retournement » analogue que toute « Terre des Dieux », siège d’un centre spirituel, devient une « Terre des Morts » lorsque ce centre a disparu ». (III-21) 

La correspondance inversée des Asuras/Titans/Géants avec les  Panotii/Djinns/GM, refléterait alors de façon concrète la perte de la nature "lumineuse" et divine après leur rébellion comme Lucifer, le « porteur de Lumière » s’est retrouvé au plus profond des ténèbres.

Il n'est donc pas étonnant au final, que les Gog et Magog soient décrits symboliquement comme à la fois des "géants" mais aussi comme des "nains"....

i  En complément :

Dans le chapitre sur le prophète Noé de Tabari :


« Lorsque l’âne voulut entrer dans l’arche, Eblîs saisit avec sa main la queue de l’âne et le tira en arrière. Enfin Noé dit à l’âne : Ô maudit, entre donc. Alors Eblîs entra dans l’arche en même temps que l’âne. Lorsque Noé vit Eblîs, il lui dit : Ô maudit, en vertu de quelle permission es-tu entré dans cette arche ? Eblîs lui répondit : Ô Noé, je suis entré par ton ordre ; car j’avais saisi la queue de l’âne, et je l’empêchais d’entrer ; lorsque tu dis : Ô maudit, entre donc, j’entrai dans l’arche ; car le maudit, c’est moi. » (III-22)
Ceci pourrait expliquer pourquoi certaines humanités perverties étaient toujours « présentes » sur Terre après le Déluge de Noé...


III-14   Portail central, Basilique de Vézelay.
III-15   Sur le sujet, voir le livre : Le Combat des grues et des Pygmées
III-20   René Guénon, Formes traditionnelles et cycles cosmiques, dernière note du chap. "Quelques remarques sur le nom d’Adam" 
III-21   Guénon, Symboles de la Sciences sacrée, chap. XXVIII, Le symbolisme des cornes.
III-22   Chroniques de Tabari, chap. XLI, Histoire du Prophète Noé.


A suivre...