Moralisme et sentimentalisme : quand l’homme a la
prétention de comprendre et de juger Dieu...
Je reproduis
cet article que vous pouvez trouver ici : https://www.monde-diplomatique.fr/2016/02/ROBERT/54709
Merci à la
personne qui m’en a fait part... :-)
Il est bien
entendu que ce texte aussi pertinent soit-il, ne sort pas du domaine de
l'analyse moderne et rationnelle ; contrairement à ce qu’il est dit, ce
n'est pas une vie sociale et politique qui manque, c'est une vie spirituelle
et la conscience d’un rattachement divin omniprésent.
Mais il a au
moins le mérite de tirer une sonnette d'alarme sur cette dictature des émotions
qu'on nous impose et que certains avaleront avec d’autant plus d’avidité qu’elle
semble (sur la forme) s’opposer au monde matérialiste alors qu’il ne s’agit en
fait qu’une étape de plus vers l’abîme.
Dans son
livre sur les doctrines hindoues, Guénon nous mettait déjà en garde contre cette
subversion :
« L’influence de l’élément sentimental
porte évidemment atteinte à la pureté intellectuelle de la doctrine, et elle
marque en somme, il faut bien le dire, une déchéance par rapport à la pensée
métaphysique, déchéance qui, d’ailleurs, là où elle s’est produite
principalement et généralement, c’est-à-dire dans le monde occidental, était en
quelque sorte inévitable et même nécessaire en un sens, si la doctrine devait
être adaptée à la mentalité des hommes à qui elle s’adressait spécialement, et
chez qui la sentimentalité prédominait sur l’intelligence, prédominance qui a
d’ailleurs atteint son plus haut point dans les temps modernes. Quoi qu’il en
soit, il n’en est pas moins vrai que le sentiment n’est que relativité et
contingence, et qu’une doctrine qui s’adresse à lui et sur laquelle il réagit
ne peut être elle-même que relative et contingente ; et ceci peut s’observer
particulièrement à l’égard du besoin de « consolations » auquel répond, pour
une large part, le point de vue religieux.
La vérité, en elle-même, n’a point à être
consolante ; si quelqu’un la trouve telle, c’est tant mieux pour lui, certes,
mais la consolation qu’il éprouve ne vient pas de la doctrine, elle ne vient
que de lui-même et des dispositions particulières de sa propre sentimentalité.
Au contraire, une doctrine qui s’adapte aux exigences de l’être sentimental, et
qui doit donc se revêtir elle-même d’une forme sentimentale, ne peut plus être
dès lors identifiée à la vérité absolue et totale ; l’altération profonde que
produit en elle l’entrée d’un principe consolateur est corrélative d’une
défaillance intellectuelle de la collectivité humaine à laquelle elle
s’adresse.
D’un autre côté, c’est de là que naît la
diversité foncière des dogmes religieux, entraînant leur incompatibilité, car,
au lieu que l’intelligence est une, et que la vérité, dans toute la mesure où
elle est comprise, ne peut l’être que d’une façon, la sentimentalité est
diverse, et la religion qui tend à la satisfaire devra s’efforcer de s’adapter
formellement le mieux possible à ses modes multiples, qui sont différents et
variables suivant les races et les époques. »
On cherche
désormais à remplacer les enseignements traditionnels et leur nature
supra-individuelle, par ce que les Protestants appellent le « libre examen »
c’est-à-dire une interprétation laissée à l’appréciation de chacun (et donc
purement individuelle) et basée exclusivement sur la morale et la raison.
Le résultat ne s’est pas fait attendre : « la dispersion en une multitude toujours croissante de sectes, dont chacune ne représente que l’opinion particulière de quelques individus. »
Le résultat ne s’est pas fait attendre : « la dispersion en une multitude toujours croissante de sectes, dont chacune ne représente que l’opinion particulière de quelques individus. »
Cette « expérimentation
religieuse personnelle » n’est en somme du pragmatisme appliqué au
domaine religieux et en « humanisant » ainsi la religion, on aboutit inévitablement
à « l’idée d’un Dieu limité plus «
avantageuse » que celle du Dieu infini, parce qu’on peut éprouver pour lui des
sentiments comparables à ceux qu’on éprouve à l’égard d’un homme supérieur »
tout en vidant les doctrines de toute leur essence.
Moïse et Al Khidr : à méditer... |
Ainsi il en
est même qui en viennent à juger et relativiser les Ecritures sous prétexte qu’elles
sont « intolérantes » et assurent que leurs visions sont plus
véridiques !
« Ce
dont il s’agit alors, ce n’est plus de religion, même amoindrie et déformée,
c’est tout simplement de « religiosité », c’est-à-dire de vagues aspirations
sentimentales qui ne se justifient par aucune connaissance réelle ».
On savait
que les faux prophètes et les « illuminés » pulluleraient à notre
époque mais là, on touche le fond. Et je citerai pour une fois un philosophe
(Pascal) : « Qui veut faire l’ange, fait la bête » (dans tous les
sens du terme...)
«L’homme moderne, au lieu de chercher à
s’élever à la vérité, prétend la faire descendre à son niveau. Les « profanes »
se permettent de discuter des choses sacrées, d’en contester le caractère et
jusqu’à l’existence même ; c’est l’inférieur qui juge le supérieur, l’ignorance
qui impose des bornes à la sagesse, l’erreur qui prend le pas sur la vérité,
l’humain qui se substitue au divin, la terre qui l’emporte sur le ciel,
l’individu qui se fait la mesure de toutes choses et prétend dicter à l’univers
des lois tirées tout entières de sa propre raison relative et faillible. «
Malheur à vous, guides aveugles », est-il dit dans l’Évangile ; aujourd’hui, on
ne voit en effet partout que des aveugles qui conduisent d’autres aveugles, et
qui, s’ils ne sont arrêtés à temps, les mèneront fatalement à l’abîme où ils
périront avec eux. »
Voir aussi
sur la même « problématique » :
Frémir plutôt que réfléchir : La stratégie de l’émotion
Des émissions de divertissement à l’actualité médiatique en
passant par les discours politiques, le recours à l’émotion est devenu l’une
des figures imposées de la vie publique. Si les émotions, positives ou
négatives, enrichissent l’existence, cette forme d’expression peut poser de
redoutables défis à la démocratie lorsqu’elle se fait envahissante et tend à
remplacer l’analyse.
Il en est de la démocratie comme des grenouilles. Une
grenouille jetée dans une bassine d’eau bouillante s’en extrait d’un bond ;
la même, placée dans un bain d’eau froide sous lequel le feu couve, se laisse
cuire insensiblement. De multiples phénomènes se conjuguent pour « cuire »
insidieusement les démocraties, à rebours de l’effet que produit un coup d’Etat
avec ses militaires et ses arrestations d’opposants sur fond de Sambre-et-Meuse tournant
en boucle à la radio. Tel l’innocent frémissement d’une eau qui bout, les
dégâts occasionnés n’apparaissent jamais qu’au fil d’une juxtaposition
dédramatisante. Les combustibles qui alimentent le feu sous la marmite ont été
abondamment décrits ici et là (1).
On s’est, en revanche, assez peu arrêté sur le rôle que joue l’invasion de
l’espace social par l’émotion. Les médias y contribuent abondamment, sans qu’on
mesure toujours ce que ce phénomène peut avoir de destructeur pour la
démocratie et la capacité de penser.
Il suffit de taper « l’émotion est grande » sur un
moteur de recherche pour voir défiler une infinité de nouvelles, du banal fait
divers aux attentats qui ont récemment ensanglanté l’actualité de Beyrouth à
Ouagadougou. Ainsi, « l’émotion est grande » dans le
monde après les crimes du 13 novembre dans la capitale française ;
mais elle l’était aussi quelque temps auparavant à Petit-Palais-et-Cornemps
après l’accident de bus qui a coûté la vie à 43 personnes (FranceTV Info,
24 octobre 2015), à Calais lors de la démolition des bâtiments du
vieil hôpital (France 3, 20 novembre 2015) ou encore à Epinac, d’où
est originaire Mme Claudia Priest, enlevée en Centrafrique début 2015
(Journal de Saône-et-Loire, édition d’Autun, 21 janvier 2015).
Elle l’était également en fin d’année « pour Brigitte, enfin
locataire d’un appartement, qu’elle a pu meubler grâce aux clubs de services du
Mont-Dore » (Les Nouvelles calédoniennes, 6 janvier
2016).
On pourrait prolonger à l’infini une liste d’exemples qui ne
traduit aucune hiérarchie autre que celle du ressenti réel ou supposé des
populations et de ceux qui les observent. Les médias ne sont pas seuls à jouer
de l’accordéon émotionnel. Les responsables politiques s’y adonnent également,
notamment lorsqu’il s’agit de masquer leur impuissance ou de justifier, comme
si elles relevaient de la fatalité, les mesures qu’ils s’apprêtent à prendre.
Il en est ainsi en matière migratoire, où la précaution compassionnelle est de
mise avant de se lancer dans l’explication alambiquée de l’impuissance
européenne. De M. François Fillon, député du parti Les Républicains, au
premier ministre Manuel Valls, « insoutenable » fut sans doute le mot
le plus employé pour qualifier l’image du petit réfugié syrien Aylan Kurdi
gisant sans vie sur une plage de Turquie, le 2 septembre 2015, avant
qu’on décide de ne rien faire pour tarir les sources du désespoir migratoire.
Dans un registre moins tragique, les commentateurs ont souligné l’« émotion » du
ministre des affaires étrangères Laurent Fabius scellant, des larmes dans la
voix, un accord pourtant bien fragile à la fin de la 21e conférence des
Nations unies sur le climat (COP21) à Paris (2).
Enfin, devant les maires de France, le 18 novembre 2015, le président
François Hollande eut un lapsus révélateur : il évoqua « les
attentats qui ont ensangloté la France ».
Foules mutiques des marches blanches
Paravent de l’impuissance ou de la lâcheté politique, le
recours à l’émotion peut avoir des conséquences dramatiques immédiates. Ainsi,
l’avocat de M. Loïc Sécher, Me Eric Dupont-Moretti, a qualifié
de « fiasco dû à la dictature de l’émotion » l’erreur
judiciaire dont a été victime son client. Ouvrier agricole, M. Sécher
avait été accusé de viol par une adolescente. Après des années
d’emprisonnement, il s’est finalement vu innocenter par le témoignage de
celle-ci, devenue majeure, qui a reconnu avoir tout inventé. Comme dans
l’affaire d’Outreau, la justice a rencontré les plus grandes difficultés à
revenir sur une décision erronée, prise sous l’empire de récits aussi
imaginaires que spectaculaires et du souci, bien légitime, de protéger des
mineurs de mauvais traitements. Les simplifications médiatiques, le culte du « temps
réel », les réseaux sociaux n’encouragent pas la sérénité dans ces
affaires délicates.
Au-delà de la simple sortie de route politico-médiatique,
l’émotion devient l’un des ressorts majeurs de l’expression sociale et du
décryptage des événements. Même les chefs d’entreprise sont incités à faire de
leur « intelligence émotionnelle » un outil de management, tandis que
leurs salariés peuvent y recourir pour obtenir une augmentation (3).
L’un des symboles les plus visibles de l’invasion de l’espace public par l’émotion
est le phénomène grandissant des marches blanches. La plupart du temps
spontanées, celles-ci rassemblent, à la suite d’un accident ou d’un crime
particulièrement odieux, des foules parfois immenses à l’échelle des villes et
des villages où elles se déroulent. La première eut lieu en 1996 en
Belgique, lors de l’arrestation du pédophile Marc Dutroux. Elles sont dites « blanches »
car elles renvoient à la non-violence et à l’idéal de paix. Elles expriment
l’indignation face à des agissements aussi insupportables qu’incompréhensibles.
Aucun slogan, aucune revendication ne les accompagne. Des
foules délibérément mutiques s’ébranlent, plaçant souvent en tête de cortège
des enfants, symboles d’innocence et de foi dans l’avenir, portant parfois des
bougies. Le philosophe Christophe Godin y voit l’expression d’une « crise
de société » caractérisée par l’« empire des émotions » auquel « cette
pratique donne un écho considérable » (4).
Ces processions des temps nouveaux sont à rapprocher de la valorisation
omniprésente de la figure de la victime, parée de toutes les vertus et à
laquelle on rend un hommage absolu, sans s’interroger, par un processus
d’empathie. « Cela aurait pu être moi », répètent
significativement les personnes interrogées sur un fait divers tragique ou
criminel. Toute catastrophe s’accompagne ainsi du déploiement théâtral de
cellules d’aide psychologique. Les procès de la Cour pénale internationale
prévoient désormais des espaces de parole pour les victimes, sans lien avec les
nécessités de la manifestation de la vérité dans une affaire donnée, ni
interrogation sur les chocs préjudiciables à la sérénité des délibérations que
peuvent provoquer ces témoignages souvent aussi sensationnels qu’inutiles.
Le culte de la victime a trouvé en France une illustration
symptomatique dans le projet — finalement abandonné — de transfert au Panthéon
des cendres d’Alfred Dreyfus, objet d’une campagne antisémite d’une rare
violence dans les années 1890. Ne confond-on pas ici victime et héros ?
Le capitaine n’a fait que subir douloureusement les événements ; à aucun
moment il n’a agi d’une manière qui le distingue. A l’opposé, le
lieutenant-colonel Georges Picquart, congédié du ministère de la guerre et
radié de l’armée pour avoir dénoncé le complot ourdi contre Dreyfus, pourrait
bénéficier à bon droit de l’attention des panthéonisateurs les moins regardants
et rejoindre Emile Zola. Autre exemple de confusion victimaire : le choix
de rendre hommage aux victimes des attentats de Paris dans la cour des
Invalides, lieu pensé par Louis XIV pour les soldats blessés au front. La
cérémonie a accordé une large place à l’émotion, mise en scène devant les
caméras. Le psychologue Jacques Cosnier va jusqu’à parler d’une société « pathophile (5) ».
La
philosophe Catherine Kintzler s’inquiète quant à elle de la « dictature
avilissante de l’affectivité (6) ».
L’émotion pose un redoutable défi à la démocratie, car il
s’agit, par nature, d’un phénomène qui place le citoyen en position passive. Il
réagit au lieu d’agir. Il s’en remet à son ressenti plus qu’à sa raison. Ce
sont les événements qui le motivent, pas sa pensée. Les marches blanches n’ont
aucune conséquence pratique : la justice demeure sans moyens, la société
continue de se décomposer. D’ailleurs, on n’a encore répertorié aucune marche
blanche pour le suicide d’un chômeur ou l’assassinat d’un inspecteur du
travail. « L’émotion est subie. On ne peut pas en sortir à son
gré, elle s’épuise d’elle-même, mais nous ne pouvons l’arrêter, écrivait
Jean-Paul Sartre. Lorsque, toutes voies étant barrées, la conscience se
précipite dans le monde magique de l’émotion, elle s’y précipite tout entière
en se dégradant(…). La conscience qui s’émeut ressemble assez à la
conscience qui s’endort (7). »
A la « stratégie du choc (8) »
décryptée par Naomi Klein, faut-il ajouter une « stratégie de l’émotion » ?
La classe dirigeante s’en servirait pour dépolitiser les débats et pour
maintenir les citoyens dans la position d’enfants dominés par leurs affects.
L’émotion abolit la distance entre le sujet et l’objet ; elle empêche le
recul nécessaire à la pensée ; elle prive le citoyen du temps de la
réflexion et du débat. « L’émotion s’impose dans l’immédiateté,
dans sa totalité, nous explique M. Claude-Jean Lenoir, ancien
président du cercle Condorcet-Voltaire. Elle s’impose au point que
toute conscience est émotion, est cette émotion. L’émotion demeure l’ennemie
radicale de la raison : elle n’essaie pas de comprendre, elle “ressent”.
On doit cet état de fait contemporain sans doute aussi à l’influence et à
l’émergence des réseaux sociaux. De distance, aucune ! On “tweete”, on
“gazouille” à tour de bras. Se dégradent le sens critique, la culture, la
recherche de la vérité. On “balance”. »
La valorisation de l’émotion constitue ainsi un terreau
favorable aux embrigadements guerriers des philosophes médiatiques toujours
prêts à soutenir une guerre « humanitaire », à l’instar d’un Bernard-
Henri Lévy dans l’expédition de Libye en 2011. Mais aussi un terreau plus
quotidiennement favorable aux mécaniques du storytelling (9) et
aux fausses évidences du populisme. A la veille de l’élection présidentielle
de 2002, l’agression du retraité Paul Voise, montée en épingle par les
médias, avait suscité un déluge de discours réactionnaires sur la « lutte
contre la délinquance ». Dans son fameux discours de Dakar, en 2008,
M. Nicolas Sarkozy avait pu affirmer : « Je crois
moi-même à ce besoin de croire plutôt que de comprendre, de ressentir plutôt
que de raisonner, d’être en harmonie plutôt que d’être en conquête… »
La perversion de l'idéologie new-âge... |
Mais la marche blanche vient aussi combler un vide laissé
par les formes collectives d’action, comme le syndicalisme ou le militantisme
politique. Il n’est sans doute pas anodin, d’ailleurs, que le phénomène soit né
en Belgique, aux grandes heures de la décomposition de l’Etat central, et qu’il
se soit particulièrement développé dans le nord de la France, où la
désindustrialisation a eu des conséquences dévastatrices sur le tissu social.
Face aux souffrances et à la crainte de l’avenir, l’émotion réhumanise ;
elle s’oppose au cynisme. Elle fait aussi du bien. Elle soulage d’autant plus
qu’elle est partagée, comme lors d’une cérémonie aux Invalides. Elle conjure
brièvement le sentiment pesant de l’impuissance en permettant une communion,
certes un peu primitive, face à la dureté des temps. « Un
téléspectateur ému chez lui par un crime ou par le massacre de Charlie
Hebdo est seul, explique encore Godin. La marche
blanche lui permet de partager son émotion. Le phénomène est évidemment social.
Et en même temps très équivoque. » En ce sens, l’émotion ne
traduit-elle pas un désir confus de « (re)faire société », de
retisser le lien social ?
Interrogée sur l’absence de processus révolutionnaire dans
une France pourtant en pleine régression sociale et politique, l’historienne
Sophie Wahnich explique (10) que
la révolution de 1789 peut aussi s’analyser comme l’aboutissement d’un
long processus de politisation de la société, entamé au sein des assemblées
communales de l’Ancien Régime. Les Français avaient pris l’habitude d’y
échanger d’abord sur les affaires locales ; ils perpétuèrent cette
habitude lors des événements liés à la convocation des états généraux durant
l’année 1789. La profondeur de la crise politique actuelle tient aussi au
fait que cet espace public a progressivement disparu.
Si donc la marche blanche est en quelque sorte le stade
primaire du ravaudage du tissu politique, la perspective change. Elle est
ainsi « implicitement politique », selon Godin ;
il y voit une récrimination non dite contre la puissance publique qui « ne
protège plus ». On se souvient que la première marche, en
Belgique, avait aussi pour but de protester contre l’incurie de la police et de
la justice dans la poursuite d’un criminel qui avait échappé à leur vigilance.
Pour contribuer à la reconstruction de la démocratie, le processus devrait
alors prolonger les liens tissés dans l’émotion et mener à leur politisation
progressive.
La métaphore de la grenouille trouve d’ailleurs un pendant
chez Voltaire, qui racontait l’histoire de deux d’entre elles tombées dans une
jatte de lait. La première se met à prier sans bouger, finit par s’enfoncer et
se noie ; la seconde se débat tant et si bien que le lait devient beurre.
Elle n’a plus alors qu’à prendre appui sur cet élément solide pour sauter hors
de la jatte.
Anne-Cécile Robert
(1) Lire par
exemple Jean-Jacques Gandini, « Vers un état d’exception permanent », Le Monde
diplomatique, janvier 2016.
(2) Lire Philippe Descamps, « Le pari ambigu
de la coopération climatique », La valise diplomatique, 19 décembre 2015.
(3) Cf. David Goleman, L’Intelligence
émotionnelle, J’ai lu, coll. « Bien-être », Paris, 2003. Lire Manière de voir,
no 96, « La fabrique du conformisme », décembre 2007-janvier 2008.
(4) Christophe Godin, « “La marche blanche est
un symptôme d’une société en crise” », L’Obs, Paris, 26 avril 2015.
(5) Jacques Cosnier, Psychologie des émotions
et des sentiments, Retz, Paris, 1994.
(6) Catherine Kintzler, « Condorcet, le
professeur de liberté », Marianne, Paris, 6 novembre 2015.
(7) Jean-Paul Sartre, Esquisse d’une théorie
de l’émotion. Psychologie, phénoménologie et psychologie phénoménologique de
l’émotion, Hermann, Paris, 1938 (rééd. : Le Livre de poche, Paris, 2000).
(8) Naomi Klein, La Stratégie du choc. La
montée d’un capitalisme du désastre, Actes Sud, Arles, 2008.
(9) Lire Christian Salmon, « Une machine à
fabriquer des histoires », Le Monde diplomatique, novembre 2006.
(10) Conférence publique à l’université de
Nancy, 26 octobre 2015.
"JE SUIS...d'accord"
RépondreSupprimerExcellent clin d’œil !!! ^ ^
SupprimerLe problème ne vient pas tant des émotions en elles mêmes qui sont des "outils" pour étoffer les informations reçues de l'extérieur, mais aussi de l'intérieur (très souvent quand un dysfonctionnement physiologique important intervient, respiratoire, cardiaque ou métabolique, c'est aux troubles du comportement, donc, de la gestion des émotions, que l'on s'en aperçoit).
RépondreSupprimerElles sont aussi des outils qui permettent de fixer la mémoire (on retient moins, ce qui laisse de marbre que ce qui implique une émotion).
Ce qui pose problème est la gestion de ces émotions.
D'ailleurs, les religions oeuvrent dans le sens de cette gestion.
La science, au contraire a voulu les nier, à travers l'apologie du cartésianisme, ce qui a donné : le scientisme (coupure éthique qui mène à l'ignoble).
Désormais, les vannes émotionnelles sont grandes ouvertes, cela ne peut que provoquer interrogations sur les intentions.
Il est toujours d'actualité que « pas d'émotion » est la preuve d'une maîtrise et se laisser trop aller une attitude immature.
Sauf, que les nuances sont, comme d'habitude, abolies : l'absence d'émotion par inconscience n'est pas tout à fait la même que celle du sage. La nuance, vue de près, prend l'aspect d'un canyon : c'est le travail énorme (sur soi) sous l'égide divine (sans jamais escompter prendre sa place, en restant, ,donc humble) qui fait la différence.
Ce que tu dis dans l'article est tout à fait vrai : cette ouverture de « vannes » ne peut que faire régresser les gens, qui, en prenant, l'habitude de ne réagit qu'émotionnellement, ne sont plus capables de recul, donc plus capables d'argumenter (donc de cheminer mentalement d'un problème vers une solution, ou remonter de la solution vers le problème pour tester la solution (voir si il n'y en pas d'autres, ou de meilleures), ou encore, gérer plusieurs données qui relativiseraient un problème, pour apercevoir son caractère artificiel).
Ce qui m'inquiète encore plus :
Mais aussi pour canaliser ces émotions sur des sujets, des objets précis, de façon à finir par la fameuse "minute de la haine" Orwellienne.
.../...
.../...
RépondreSupprimerLe cas le plus flagrant fut les attentats de Charlie : il fallait à tout prix être Charlie, sinon on était un monstre.
Quant à la cérémonie aux victimes, elle a cherché à sacraliser ce qui n'a rien de sacré. Comme tu le dis, faire passer des victimes pour des héros. Alors que l'on est victime malgré soi, sans aucune participation de l'individu, l'héroïsme, nécessite d'avoir accepté, ne serait ce qu'un moment, le sacrifice de soi même pour quelque chose de considéré comme « sacré »).
Il fallait à tout prix pleurer sur ces victimes et détester tout ce qui représente l'islam (en gros c'était l'orientation voulue et ça a marché comme sur des roulettes pour 90 % des gens), et pas une larme versée sur les victimes (à la même époque et au même moment que ces attentats) en Syrie (je dirais même que pour certains particulièrement bouchés mentalement, ces attentats justifiaient la guerre en Syrie, sans même s'apercevoir de l'immense stupidité de tels arguments : elle a débuté, avant ces attentats).
Comme pour les attentats du 11 septembre 2001, cela a permis de discerner ceux qui suivent ces « messes noires » (et de leur rendre familières ces messes noires, de façon à ce qu'elles deviennent « normales ») et ceux qui s'en distancient (c'est sur ceux là, les « conspi », que les « armées » de fanatiques décérébrés, donc ceux qui considèrent la parole de nos dirigeants comme « évangile », seront lancées, le moment venu).
Ces attentats divers et variés, ont comme point commun : l'ennemi est l'islam et voir qui adhère sans condition à cela et qui garde du recul (et qui se convertit à l'islam), mais aussi, les catholiques (c'était resté plus en filigrane en 2001, mais devient de plus en plus apparent, pour les autres attentats), quand aux convertis au judaïsme : Israël s'occupe de bousiller leur image : les armées de fanatiques du système, enragés, se lanceront contre : les croyants.
Peut être l'islam préférentiellement, à cause d'un personnage....qu'ils redoutent.
Rorschach avait vu juste.
On peut objecter le fait que les victimes syriennes, sont loin, inconnues...mais qui connaissait et se sentait lié à ces pseudo journalistes de Charlie (d'ailleurs la vente de ce journal était en perte de vitesse depuis quelques années) ?
.../...
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RépondreSupprimerPour le sentiment, en psycho ils différencient émotions et sentiment, car, même eux voient très bien qu'ils ne sont pas de la même nature.
Mettre du sentimentalisme partout, revient à résoudre le problème du "mur délabré" en le peignant en rose bonbon (on ne voit plus les lézardes, ni les fissures, mais elles sont toujours là et continuent leur oeuvres destructrices ,ont peut même styliser les fissures pour leur faire prendre l'aspect d'un branchage, mais elles restent des lézardes qui avertissent de l'écroulement prochain du mur, si rien de plus efficace n'est tenté).
Le sentiment (vrai, pas la déco qui l'imite) ne peut que passer par une restauration du lien à la source, en prenant comme tremplin des domaines peut être, purement humains (les "petites roues" du tricycle) que sont les proches, un culte religieux ou une addiction (qui peut constituer une consolation, mais aussi fixer un attachement inconditionnel, qui devrait être orienté vers de l'inconditionnel et pas un « objet » addictif)....avant de sauter dans la foi véritable (transformer le plomb en or : ce qui est banal pour l'un, est peut être sacré pour l'autre. Celui pour lequel c'est sacré, doit, à un moment où un autre, passer cette sorte d'attachement irrationnel, vers la Source. Puisque tout ce qui est "purement humain" est périssable ou fait périr (rend misérable moralement), sauf la source).
Car, le sentiment, dépasse la dimension humaine et ne se manie plus comme les émotions par nos dirigeants apprentis sorciers : l'ombre peut aveugler, empêcher de « voir » la source, mais il n'est pas en son pouvoir de transformer ce qui serait de l'amour en haine, sans la participation active (ou inconsciente) de l'humain : qui abandonne Dieu parfois même, en croyant le servir.
La seule chose que peut faire l'ombre est de brouiller le chemin vers la source et de gaver les gens de propositions pour remplacer celui qui devrait occuper la place (Dieu) par des artifices : vêtements, voiture, luxe, drogues, sport et mais aussi concepts (idées sectaires), sacralisation de la nature, du corps, HE et « petites herbes de provence » qui consiste ni plus ni moins qu'à confondre le créateur avec sa (ses) création, pire : à adorer les créations, en l'oubliant Lui (donc, ses créations peuvent être surfaites par l'AC et les adorateurs n'y verront que du feu. C'est le cas de le dire).
Pour faire la différence entre le sentiment et la « peinture rose », il faut avoir expérimenté en soi un attachement qui va au delà de soi (pour lequel on est prêt, véritablement – pas seulement en paroles sur un blog - à périr).
Même l'attachement à ses proches (que l'on peut comprendre, mais qui reste néanmoins porté sur des êtres mortels, qui peuvent disparaître ou s'éloigner), doit à un moment être déplacé vers la Source.
Cela permet aussi aux dits proches, de se voir libérés du fardeaux de devoir être des modèles parfaits, puisque humains, et, aimés pour ce qu'ils sont, donc, aimés « en vrai » et peuvent donc s'épanouir sans froisser « l'idolâtre » avec la crainte de l'abandon qui plane.
.../...
.../...
RépondreSupprimerBon, je dis tout cela, alors qu'encore coincée dans la même problématique que je dénonce, mais au moins je vois vers où il faut aller, l'article de Ligeia l'illustre aussi :
L'amour inconditionnel et la soif d'absolu, ne peut concerner que de l'inconditionnel et de l'absolu.
La haine inconditionnelle se doit de finir par rejoindre l'autre extrême, sachant que si il existe un ultra noir qui absorbe 100 % de la lumière, il a besoin de lumière à absorber pour exister, alors que la lumière n'a besoin de personne, ni de rien, pour exister.
Il suffit (facile à dire avanceront certains, à juste titre, en effet, ce n'est pas facile tout le temps) à cet "ultra noir" (haine) de le reconnaître, car, si pour se sentir exister, Dieu est leur seul ennemi, que seraient ils sans Dieu, de pauvres bêtes enragées ?
et bien qu'ils s'acceptent et s'aiment (compassion, en évitant par un auto bilan quotidien, sans complaisance, la rigidification vers l'auto idolâtrie (et forcément création d'une élite : ceux qui ont le plus souffert et un rejet, ceux que l'on juge (sans savoir), trop « confortables »...finissant en « boucle » dans une attitude sectaire) en érigeant ses « plaies » (faiblesse) comme de quelque chose de précieux, ce qui n'a rien à voir avec de l'amour, mais ressemble plus à une addiction et sa misère morale, en ne vivant plus que de ses faiblesses et ses « plaies » morales et donc, les entretiens ; victimisation. On pourrait les appeler : la secte des victimes) en tant que pauvres bêtes enragées, et peut être que quelque chose pourra se passer ?
De toute façon, pour tout cheminement, il faut des temps réguliers de solitude avec soi et Dieu afin de se réajuster régulièrement, sinon on tombe vite dans le dogmatisme et sa sclérose spirituelle.
Pour les émotions, elles sont encouragées pour empêcher toute réflexion, tout recueil (j'ai remarqué une chose, dans les toilettes publics ou d'institutions, il y a des lumières qui se déclenchent à la présence. Du coup, il fut un temps, où pour pouvoir atteindre cette solitude, même de quelques minutes, j'allais dans les toilettes, et restais dans le noir à me recueillir (seul endroit où l'on peut être tranquille quelques minutes, dans certaines institutions) : c'est fini.
Dès que l'on entre dans ces fichus toilettes, les spots s'allument ! il ne manque plus que de la musique bien pourrie à moins que je ne l'entende pas, comme quoi, les similis handicaps peuvent se révéler salutaires) et pour être canalisées vers des cibles choisies (le même procédé qu'avec le taureau et le chiffon rouge, dès que les tireurs de ficelles sentiront leur "armée" (les gens qui se laissent conditionner et laissent leurs émotions les guider, et donc, ceux qui manient leurs émotions, les guider par la même occasion), "mûre", ils la guideront vers ces cibles choisies (depuis longtemps : il ne doit plus rester une parcelle de libre pour que Dieu puisse passer, que ce soit à l'intérieur (difficile de trouver un lieu calme, même à l'intérieur du tumulte) des gens ou à l'extérieur : nature à travers laquelle la lumière peut encore s'exprimer, c'est leur objectif qui apparaît de plus en plus).
Ce que tu dis est pertinent et intéressant Lion :-)
SupprimerOn enferme l'homme dans des ressentis purement humains, le cloisonnant, et magnifiant ces "émotions" (qu'il est d'ailleurs fort simple de provoquer...) en leur donnant la capacité de rejoindre par ces moyens vulgaires et artificiels la communion avec le divin.
Satan et l'antéchrist vont s'en donner à cœur joie.... :-(
Ha y est, enfin un peu de congés.
RépondreSupprimerCoucou,
Ce que je veux dire est que les émotions ne sont que des "outils" comme la vue ou les mains, et comme tout "outil" peuvent être utilisées avec diverses intentions et pour diverses oeuvres.
Le risque avec cet outil là, est qu'il est totalement abstrait et peut facilement être confondu avec le Sentiment (dans son sens véritable, car le sentimentalisme n'est que de la "peinture rose"). Les gens ne parviennent pas à différencier (il suffit de voir la grande problématique du mot "Amour" chez l'humain et ce qu'il évoque pour chacun).
Sentiment : chemin fin comme un cheveu vers le divin, il nourrit l'âme.
sentimentalisme : bidouillage à partir d'émotions, mais aussi en érigeant les faiblesses en lettre de noblesse : victimisation, mais aussi paresse spirituelle (acédie. En s'imaginant qu'il suffit de tartiner Dieu de belles paroles, de peinture rose, de jolies images sur google +, en s'imaginant qu'il ne sait pas qu'on lui ment, et là, en plus, on est dans le péché impardonnable : essayer d'amadouer, de tricher ou de faire «le marchand de tapis » avec Dieu pour se « le mettre dans la poche », ça, c'est non seulement, vulgaire, mais indécent et sent le « soufre »), parler en son nom et juger en son nom.....
Avec le sentimentalisme « l'âme a faim et soif » : et se désaltère avec tout et n'importe quoi.
Pour sentiment : ne dit on pas : "j'ai le sentiment que.." dans le sens "intuition".
Contrairement aux émotions (qui colorent et densifient le faux concept qu'est le sentimentalisme), le sentiment, le vrai, est déjà dans une autre dimension (extra humaine).
Le sentiment, si on reprend ton dessin de la tranche d'orange, c'est la tranche fine, qui va vers la Source, ou vers le Divin, sans pour autant y avoir accès.
On peut tromper les émotions, on ne peut pas tromper le Sentiment.
C'est là dessus que l'ombre finira par se vautrer.
l'ombre n'aura jamais accès au divin, mais peut très bien le faire croire, en utilisant les émotions ou le sentimentalisme (si tu regardes, le faux concept de la nouvelle religion est déjà planté : contrefaçon du sentiment d'amour pour Dieu (félicité)).
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RépondreSupprimerMême le fait de tomber amoureux, n'a rien à voir avec de l'amour (ce mot est l'un des plus déformés qu'il soit par l'humain) ou alors une certaine façon de tomber amoureux : être prêt à affronter la mort ou sa plus grande peur (mais pas en paroles, de toute façon, "ça" se décide dans l'instant), et là, on n'est plus dans le « vulgaire, humain » on est dans ce que Dieu voulait de l'humain (qu'il soit capable d'aimer au delà de lui même, en se regardant et regardant l'autre, sans fard (avec ses mochetés, ses faiblesses...), tel quel (nu d'artifices qualitatifs).
D'ailleurs à ce niveau là, il n'y a plus d'émotions, ou peut être que tout l'être : du physique, au mental en passant par les émotions ne converge plus que vers un seul objectif sous l'égide de quelque chose d'extérieur à l'humain, essentiellement pour venir au secours de quelqu'un (dans tous les sens du terme, aider, sauver, réconforter, protéger, apaiser...), comprendre ou pour vivre un état particulier : la compassion.
En résumé on peut s'appuyer sur les sens humains pour les « flatter » et leur faire croire à la félicité : belles images, parfums suaves, musiques sublimes...y compris les émotions : tout ce que tu dis dans ton article, on crée le sentimentalisme.
Mais avec le Sentiment qui est un don divin le sacré apparaît (et on s'en fiche des supers parfums, des belles images.....puisque « tout » est là).
Les animaux n'ont pas cette possibilité : ils s'attachent mais ne peuvent pas s'attache à Dieu (ils ne peuvent pas se projeter dans l'abstrait à ce point), ils s'attachent à d'autres animaux ou à des humains, mais peuvent aussi le faire de façon inconditionnelle (les chiens qui d'ailleurs en remerciement de leur attachement inconditionnel, voient le mot de leur nom transformé en insulte, voire martyrisés. Peut être que l'humain est trop « lâche » pour aimer autant et projette ce travers sur le « souffre douleur » qui a le malheur de lui montrer, à sa manière d'animal évidemment, la voie).
L'humain peut apporter un regarde de compassion justement, sur les animaux, en embrassant (dans le sens recouvrir) leurs qualités, leurs défauts, leurs méconnaissances, leur manque de nuances, au lieu du regard trop souvent empreint de mépris.
Les animaux ne sont pas là et n'ont pas des caractéristiques aussi marquées dans leur comportement, par hasard (d'où les animaux totem).
C'est dans cette confusion (encouragée !) justement que tombent beaucoup de personnes car l'Amour tel qu'il est envisagé dans les écrits traditionnels n'a strictement rien à vois avec ce sentiment purement terrestre et humain.
SupprimerIl en est de même pour la symbolique du « cœur » qui est malheureusement toujours réduite à ce sentimentalisme béat alors que RG a bien spécifié qu’il relevait du Pur Intellect, de la véritable Connaissance ; donc ceux qui répandent ce genre de rêveries idéalisées devraient au moins cesser de se référer à Guénon !
Pour ce qui est de l’Amour en particulier, je te donne cet extrait de « Marie en Islam » (chapitre IX) de CA. Gilis :
« En revanche, dans le cas de l’amour, il n’y a, initialement, aucune Présence divine pour celui qui aime : d’une part, parce que l’amant, quel qu’il soit, « n’aime jamais que lui-même » et qu’il n’y a pas de commune mesure entre la créature et le Créateur ; d’autre part, parce que l’Amour agit comme un feu brûlant (nâr muhriq) qui détruit toutes les formes, les représentations et les similitudes au point de rendre cette Présence méconnaissable et inopérante. Ceci est illustré par une parole de Majnûn, le « fou d’Amour », à laquelle Ibn Arabî se réfère constamment quand il aborde ce sujet : lorsque Laylâ s’approche de Majnûn et lui dit : « Je suis celle que tu cherches, je suis ton aimée, je suis Laylâ », Majnûn « ne trouve plus en lui-même aucune forme imaginaire qui lui permettrait de la reconnaître. C’est pourquoi, lorsqu’il entend mentionner son nom, il se contente de dire : “ Eloigne-toi de moi et retourne à toi-même, car en vérité l’amour que j’ai pour toi m’a détourné de toi”. »
Pour le Cheikh cette parole n’est pas celle d’un « Amant » mais bien d’un Connaissant véritable qui a perçu la vraie nature de l’amour.
Parfois, il en donne une interprétation différente : si Majnûn ne reconnaît pas Laylâ, c’est parce qu’elle ne correspond pas à l’image qu’il s’en est fait, image qu’il désire préserver.
D’une manière analogue, « l’amant, s’il n’est pas lui-même un Connaissant, crée dans son âme une image dont il s’éprend de sorte qu’il n’adore et ne désire que Celui qu’il peut ramener à sa compréhension (ihâta) : seule la Connaissance peut le délivrer de cette Station » 16. Les deux explications sont en réalité complémentaires : l’amant s’attache à l’image qu’il crée et conditionne ainsi l’objet de son amour ; puis il prend conscience de cette limitation, désire s’en délivrer et « brûle » l’image. Pour cette raison, le Cheikh précise encore que « la science est plus excellente que l’amour... »
CA Gilis, « Marie en Islam », chapitre IX
Si tu veux consulter tout le chapitre IX, tu le trouveras ici :
https://ia801309.us.archive.org/15/items/Gilis/Gilis-MarieEnIslam-Scanstexte.pdf :-)
Oui, c'est bien ça, l'amour, n'a rien à voir avec celui de l'amant et l'amante, mais une chimie intérieure.
RépondreSupprimerL'autre n'est plus "un consommable", ou un élément avec lequel fusionner ou inversement à incorporer, mais un autre dans toute son altérité.
Oui, le sentimentalisme béat : génère l'impuissance apprise, l'inaction, la béatitude stérile (le "psychotage" et la participation anarchique des émotions).
Le Sentiment : pousse à l'action ou au contraire à la patience (qui n'a rien à voir avec l'inaction, la patience étant une "action d'attente et d'observation").
De toute façon, l'humilité est aussi d'accepter de cheminer à son petit niveau, s'en contenter sans perdre de vue une progression possible et les enseignements.
C'est le seul moyen de ne pas se sentir "perdu" dès que le guide s'éloigne.
Avant d'envisager un sentiment intellectuel et éthéré, si nous sommes matière, c'est parce que nous sommes obligés de la prendre en considération (passage par l'oeuvre au noir, la lourdeur de l'enfer).
Contrairement à ce que l'on pense, il est mal vu par les instances supérieures, de mépriser la matière (justement ce que je fais, comme beaucoup d'autres, aussi trop souvent).
j'ai longtemps poursuivi la chimère de m'extraire de cette matière lourde, lente et pénible, mais ai appris aussi que nous ne sommes pas dans cette matière pour rien.
Cependant, le monde actuel encourage à rester à ce stade là et d'ailleurs beaucoup n'envisagent pas un stade autre et pensent "sublimer" la matière, l'animalité humaine en la décorant ou lui inventant des "vertus"...alors que la sublimation a lieu à un autre niveau (accepter comme c'est, mais sans perdre de vue, ce que c'est. C'est bien Don Juan qui a appris à Castanéda que l'on ne se comporte pas avec un Condor de la même manière qu'avec un Moineau, tout comme on ne fait pas de "papouilles" à un Alligator, c'est impossible et penser le contraire relève de l'illusion, la fameuse illusion du New Age).
Le sentimentalisme n'est ni plus ni moins que le "fake" du Sentiment, comme l'amour n'est aussi que le fake de l'Amour (qui en effet est insupportable pour le peu perçu par un humain (à part certains guides ou élus), c'est bien pour cela que certains restent coincés (addictions, rituels divers et variés, religiosité, névrose...), sentant bien la supériorité de ce qu'ils cherchent et ne pouvant redescendre vers une vie plus "matérielle", qui de toute façon ne les a jamais enthousiasmés).
Pour les autres, ceux qui vouent un culte au "grand nounours rose".....oui, alerter, nuancer et pointer du doigt peut finir par faire réagir certains.
Merci pour le chapitre 9 vais aller voir.
@ Ligeia
RépondreSupprimerC'est quoi l'antéchrist? Celui qui vient avant le christ?
Si il vient avant le christ alors on parle pas de la même personne..... (Dajjal)
Salut à toi
SupprimerPas compris.... selon moi, l'Antéchrist apparaît avant la seconde venue de Jésus en effet mais après l'apparition du Mahdi.
https://www.maison-islam.com/articles/?p=403
@ Ligeia,
SupprimerAvant Jésus il y a le Dajjal, et avant le Dajjal il y a le Mahdi.
Tu vois que ce mot peux désigner à la fois le Dajjal et à la fois le Mahdi.
Dans ce texte que tu proposes tu fait allusion à qui? Au Dajjal ou du Mahdi?
Ok je vois...!
SupprimerSérieusement tu me connais assez pour savoir de quoi je parle !
Mahdî puis Dajjal puis Jésus ; les armes de l'AC (le Dajjal) : le sentimentalisme bidon, l'anthropomorphisme et le moralisme entres autres...
Et cela pour faire ressortir le caractère soit disant impitoyable, cruel et sans pitié du Mahdî.
Ligeia,
RépondreSupprimerMoi je voulais attirer l attention sur le fait que le mot anthéchrist désigne les deux le Mahdi et le Dajjal, il est important de préciser ce détail pour ne pas rentrer dans le piège
Celui qu"Allah guide personne ne pourra le dévier du droit chemin encore moins celui qu"Allah choisit pour une "mission"
D'accord, ok pour la précision... :-)
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