Il est des personnes qui semblent trouver pertinent et
judicieux d’opposer le texte de René Guénon qui va suivre à mon intérêt bien
connu pour les prédictions, pensant certainement y trouver là, puisqu’il s’agit
d’un texte de celui que j’agrée comme « Boussole infaillible », un
argument imparable pour me prendre en « défaut de compréhension »...
Que ces
personnes soient remerciées pour l’intérêt qu’elles portent à mon
« salut » mais j’ajouterai que n’étant pas chargées de
« guidance » à ce que je sache, qu’elles me laissent donc « m’égarer
en paix » puisque telle est leur impression. J’ai au moins pour moi le
fait d’être « droite » et de ne pas changer d’avis en fonction de mes
interlocuteurs et de ce qu’ils disent...
Voilà pour
la mise au point.
Pour en
revenir au texte, je rappellerai une énième fois qu’il faut faire preuve de
discernement dans ce domaine et toujours se rattacher en parallèle aux
Ecritures et aux textes traditionnels. On peut s’intéresser aux prédictions ou
les ignorer, à chacun de décider ; ce qui est dangereux, c’est de les accepter
en bloc sans recul ni analyse, les considérant comme « vérités »
alors qu’elles n’en reflètent au mieux, que des paramètres.
Cet extrait
de la correspondance de RG illustre parfaitement les erreurs d’interprétation
susceptibles de se produire faute de connaissances appropriées :
« Pour
ce qui est des "prophéties occidentales" (j’aimerais mieux ne les
appeler que "prédictions") qui parlent d’une futur "lutte de la
Croix et du Croissant", j’avoue que je ne leur accorde qu’une valeur des
plus relatives. D’abord, je ne vois pas du tout, dans l’état actuel du monde,
quels peuples pourraient bien être qualifiés pour représenter la Croix ;
ensuite le Croissant n’a jamais symbolisé l’Islam que dans l’imagination des
Occidentaux, il ne lui appartient ni exclusivement ni essentiellement, et il y
est uniquement un symbole de "majesté", rien de plus.
Je vous
signalerai à ce propos que le roi de France Henri II que je ne crois pas avoir
été musulman, en avait fait son emblème personnel, et aussi qu’on voit ici sur
beaucoup de boutiques Coptes donc chrétiennes, la Croix entre les cornes du
croissant (ce qui reproduit d’ailleurs exactement un ancien symbole phénicien,
bien antérieur à l’islam et au christianisme). Mais il y a des
"clichés" que l’ignorance se plait à répéter indéfiniment : c’est
ainsi, pour prendre encore un autre exemple qu’il est convenu en Europe que
l’étendard du Prophète était vert ; or il y en avait deux, un blanc pour la
paix et un noir pour la guerre ; le vert n’est venu que beaucoup plus tard,
sous je ne sais quel Khalife. »
La façon la
plus simple de comprendre le problème avec les prédictions, ce serait
d’imaginer quelqu’un ayant vu une bande-annonce et qui, sur cette seule base,
chercherait à en déduire l’histoire totale du film...
Pire, il se
peut que le « voyant » n’en ait même « vu » qu’un extrait
trompeur et en fonction de cela, retrace le déroulement de l’intrigue !
Exercice
fort périlleux et aléatoire d’autant que le « receveur » aura aussi
tendance à piocher dans ses propres croyances/idéologies pour « combler
les vides », rendant en plus sa vision totalement subjective.
De là la
difficulté des interprétations !
J’admets
tout autant, et sans prétention, qu’il faut être sûr de son cheminement pour
s’aventurer dans ce domaine car en effet, il peut être perturbant et
contre-productif. Si tel est le cas, j’ose espérer que ces personnes seront
raisonnables et s’en éloigneront au moins un temps, ne serait-ce que pour
(re)trouver acceptation et sérénité.
Le texte
abordera aussi le sujet du « grand monarque », de la « grande
pyramide » et cette illusion récurrente qu’on nous vend sur « l’ère
nouvelle » ou « renouveau spirituel »....
Le mélange de vrai et de faux, qui se rencontre dans les «
pseudo-traditions » de fabrication moderne, se retrouve aussi dans les
prétendues « prophéties » qui, en ces dernières années surtout, sont répandues
et exploitées de toutes les façons, pour des fins dont le moins qu’on puisse
dire est qu’elles sont fort énigmatiques ; nous disons prétendues, car il doit
être bien entendu que le mot de « prophéties » ne saurait s’appliquer
proprement qu’aux annonces d’événements futurs qui sont contenues dans les
Livres sacrés des différentes traditions, et qui proviennent d’une inspiration
d’ordre purement spirituel ; dans tout autre cas, son emploi est absolument
abusif, et le seul mot qui convienne alors est celui de « prédictions ».
Ces prédictions peuvent d’ailleurs être d’origines fort
diverses ; il en est au moins quelques-unes qui ont été obtenues par
l’application de certaines sciences traditionnelles secondaires, et ce sont
assurément les plus valables, mais à la condition qu’on puisse en comprendre
réellement le sens, ce qui n’est pas toujours des plus faciles, car, pour de
multiples raisons, elles sont généralement formulées en termes plus ou moins
obscurs, et qui ne s’éclaircissent souvent qu’après que les événements auxquels
ils font allusion se sont réalisés ; il y a donc toujours lieu de se méfier,
non de ces prédictions elles-mêmes, mais des interprétations erronées ou «
tendancieuses » qui peuvent en être données.
Quant au reste, en ce qu’il a d’authentique, il émane à peu
près uniquement de « voyants » sincères, mais fort peu « éclairés », qui ont
aperçu des choses confuses se rapportant plus ou moins exactement à un avenir
assez mal déterminé, le plus souvent, quant à la date et à l’ordre de
succession des événements, et qui, les mélangeant inconsciemment avec leurs
propres idées, les ont exprimées plus confusément encore, si bien qu’il ne sera
pas difficile de trouver là-dedans à peu près tout ce qu’on voudra.
On peut dès
lors comprendre à quoi tout cela servira dans les conditions actuelles : comme
ces prédictions présentent presque toujours les choses sous un jour inquiétant
et même terrifiant, parce que c’est naturellement cet aspect des événements qui
a le plus frappé les « voyants », il suffit, pour troubler la mentalité
publique, de les propager tout simplement, en les accompagnant au besoin de
commentaires qui en feront ressortir le côté menaçant et présenteront les
événements dont il s’agit comme imminents (1) ; si ces prédictions s’accordent
entre elles, l’effet en sera renforcé, et, si elles se contredisent comme cela
arrive aussi, elles n’en produiront que plus de désordre ; dans un cas comme
dans l’autre, ce sera autant de gagné au profit des puissances de subversion.
Il faut d’ailleurs ajouter que toutes ces choses, qui proviennent en général de
régions assez basses du domaine psychique, portent par là même avec elles des
influences déséquilibrantes et dissolvantes qui en augmentent considérablement
le danger ; et c’est sans doute pour cela que ceux mêmes qui n’y ajoutent pas
foi en éprouvent cependant, dans bien des cas, un malaise comparable à celui
que produit, même sur des personnes très peu « sensitives », la présence de
forces subtiles d’ordre inférieur.
On ne
saurait croire, par exemple, combien de gens ont été déséquilibrés gravement,
et parfois irrémédiablement, par les nombreuses prédictions où il est question
du « Grand Pape » et du « Grand Monarque » et qui contiennent pourtant quelques
traces de certaines vérités, mais étrangement déformées par les « miroirs » du
psychisme inférieur, et, par surcroît, rapetissées à la mesure de la mentalité
des « voyants » qui les ont en quelque sorte « matérialisées » et plus ou moins
étroitement « localisées » pour les faire rentrer dans le cadre de leurs idées préconçues
(2).
La façon
dont ces choses sont présentées par les « voyants » en question, qui sont
souvent aussi des « suggestionnés » (3), tient d’ailleurs de très près à
certains « dessous » fort ténébreux, dont les invraisemblables ramifications,
au moins depuis le début du XIXe siècle, seraient particulièrement curieuses à
suivre pour qui voudrait faire la véritable histoire de ces temps, histoire
assurément bien différente de celle qui s’enseigne « officiellement » ; mais il
va de soi que notre intention ne saurait être d’entrer ici dans le détail de
ces choses, et que nous devons nous contenter de quelques remarques générales
sur cette question très compliquée, et d’ailleurs manifestement embrouillée à
dessein en tous ses aspects (4), que nous n’aurions pu passer entièrement sous
silence sans que l’énumération des principaux éléments caractéristiques de
l’époque contemporaine en soit restée par trop incomplète, car il y a encore là
un des symptômes les plus significatifs de la seconde phase de l’action anti
traditionnelle.
1 L’annonce de
la destruction de Paris par le feu, par exemple, a été répandue maintes fois de
cette façon, avec fixation de dates précises où, bien entendu, il ne s’est
jamais rien produit, sauf l’impression de terreur que cela ne manque pas de
susciter chez beaucoup de gens et qui n’est aucunement diminuée par ces
insuccès répétés de la prédiction.
2 La partie
relativement valable des prédictions dont il s’agit semble se rapporter surtout
au rôle du Mahdî et à celui du dixième Avatâra ; ces choses, qui concernent
directement la préparation du « redressement » final, sont en dehors du sujet
de la présente étude ; tout ce que nous voulons faire remarquer ici, c’est que
leur déformation même se prête à une exploitation « à rebours » dans le sens de
la subversion.
3 Il faut bien
comprendre que « suggestionné » ne veut nullement dire « halluciné » ; il y a
ici, entre ces deux termes, la même différence qu’entre voir des choses qui ont
été consciemment et volontairement imaginées par d’autres et les imaginer
soi-même « subconsciemment ».
4 Que l’on
songe, par exemple, à tout ce qui a été fait pour rendre complètement
inextricable une question historique comme celle de la survivance de Louis
XVII, et l’on pourra avoir par là une idée de ce que nous voulons dire ici
D’ailleurs, la simple propagation de prédictions comme
celles dont nous venons de parler n’est en somme que la partie la plus
élémentaire du travail auquel on se livre actuellement à cet égard, parce que,
dans ce cas, le travail a été déjà fait à peu près entièrement, bien qu’à leur
insu, par les « voyants » eux-mêmes ; il est d’autres cas où il faut élaborer
des interprétations plus subtiles pour amener les prédictions à répondre à
certains desseins. C’est ce qui arrive notamment pour celles qui sont basées
sur certaines connaissances traditionnelles, et c’est alors leur obscurité qui
est surtout mise à profit pour ce qu’on se propose (5) ; certaines prophéties
bibliques elles-mêmes, pour la même raison, sont aussi l’objet de ce genre
d’interprétations « tendancieuses », dont les auteurs, du reste, sont souvent
de bonne foi, mais comptent aussi parmi les « suggestionnés » qui servent à
suggestionner les autres ; il y a là comme une sorte d’« épidémie » psychique
éminemment contagieuse, mais qui rentre trop bien dans le plan de subversion
pour être « spontanée », et qui, comme toutes les autres manifestations du
désordre moderne (y compris les révolutions que les naïfs croient aussi «
spontanées »), suppose forcément une volonté consciente à son point de départ.
Le pire
aveuglement serait celui qui consisterait à ne voir là-dedans qu’une simple
affaire de « mode » sans importance réelle (6) ; et l’on pourrait d’ailleurs en
dire autant de la diffusion croissante de certains « arts divinatoires », qui
ne sont certes pas aussi inoffensifs qu’il peut le sembler à ceux qui ne vont
pas au fond des choses : ce sont généralement des débris incompris d’anciennes
sciences traditionnelles presque complètement perdues, et, outre le danger qui
s’attache déjà à leur caractère de « résidus », ils sont encore arrangés et
combinés de telle façon que leur mise en œuvre ouvre la porte, sous prétexte
d’« intuition » (et cette rencontre avec la « philosophie nouvelle » est en
elle-même assez remarquable), à l’intervention de toutes les influences
psychiques du caractère le plus douteux (7).
On utilise
aussi, par des interprétations appropriées, des prédictions dont l’origine est
plutôt suspecte, mais d’ailleurs assez ancienne, et qui n’ont peut-être pas été
faites pour servir dans les circonstances actuelles, bien que les puissances de
subversion aient évidemment déjà largement exercé leur influence à cette époque
(il s’agit surtout du temps auquel remontent les débuts mêmes de la déviation
moderne, du XIVe au XVIe siècle), et qu’il soit dès lors possible qu’elles
aient eu en vue, en même temps que des buts plus particuliers et plus
immédiats, la préparation d’une action qui ne devait s’accomplir qu’à longue
échéance (8).
5 Les
prédictions de Nostradamus sont ici l’exemple le plus typique et le plus
important ; les interprétations plus ou moins extraordinaires auxquelles elles
ont donné lieu, surtout en ces dernières années, sont presque innombrables.
6 La « mode »
elle-même, invention essentiellement moderne, n’est d’ailleurs pas, dans sa
vraie signification, une chose entièrement dénuée d’importance : elle
représente le changement incessant et sans but, en contraste avec la stabilité
et l’ordre qui règnent dans les civilisations traditionnelles.
7 Il y aurait
beaucoup à dire à cet égard, en particulier, sur l’usage du Tarot, où se
trouvent des vestiges d’une science traditionnelle incontestable, quelle qu’en
soit l’origine réelle, mais qui a aussi des aspects fort ténébreux ; nous ne
voulons pas faire allusion en cela aux nombreuses rêveries occultistes
auxquelles il a donné lieu, et qui sont en grande partie négligeables, mais à
quelque chose de beaucoup plus effectif, qui rend son maniement véritablement
dangereux pour quiconque n’est pas suffisamment garanti contre l’action des «
forces d’en bas ».
8 Ceux qui
seraient curieux d’avoir des détails sur ce côté de la question pourraient
consulter utilement, malgré les réserves qu’il y aurait à faire sur certains
points, un livre intitulé Autour de la Tiare, par Roger Duguet, ouvrage
posthume de quelqu’un qui a été mêlé de près à certains des « dessous »
auxquels nous avons fait allusion un peu plus haut, et qui, à la fin de sa vie,
a voulu apporter son « témoignage », comme il le dit lui-même, et contribuer
dans une certaine mesure à dévoiler ces « dessous » mystérieux ; les raisons «
personnelles » qu’il a pu avoir d’agir ainsi n’importent pas, car, en tout cas,
elles n’enlèvent évidemment rien à l’intérêt de ses « révélations »
Cette préparation, à vrai dire, n’a d’ailleurs jamais cessé
; elle s’est poursuivie sous d’autres modalités, dont la suggestion des «
voyants » modernes et l’organisation d’« apparitions » d’un caractère peu
orthodoxe représentent un des aspects où se montre le plus nettement l’intervention
directe des influences subtiles ; mais cet aspect n’est pas le seul, et, même
lorsqu’il s’agit de prédictions apparemment « fabriquées » de toutes pièces, de
semblables influences peuvent fort bien entrer également en jeu, d’abord en
raison même de la source « contre-initiatique » d’où émane leur inspiration
première, et aussi du fait de certains éléments qui sont pris pour servir de «
supports » à cette élaboration.
En écrivant
ces derniers mots, nous avons spécialement en vue un exemple tout à fait
étonnant, tant en lui-même que par le succès qu’il a eu dans divers milieux, et
qui, à ce titre, mérite ici un peu plus qu’une simple mention : nous voulons
parler des soi-disant « prophéties de la Grande Pyramide », répandues en
Angleterre, et de là dans le monde entier, pour des fins qui sont peut-être en
partie politiques, mais qui vont certainement plus loin que la politique au
sens ordinaire de ce mot, et qui se lient d’ailleurs étroitement à un autre
travail entrepris pour persuader les Anglais qu’ils sont les descendants des «
tribus perdues d’Israël » ; mais, là-dessus encore, nous ne pourrions insister
sans entrer dans des développements qui seraient présentement hors de propos.
Quoi qu’il
en soit, voici en quelques mots ce dont il s’agit : en mesurant, d’une façon
qui n’est d’ailleurs pas exempte d’arbitraire (d’autant plus que, en fait, on
n’est pas exactement fixé sur les mesures dont se servaient réellement les
anciens Égyptiens), les différentes parties des couloirs et des chambres de la
Grande Pyramide (9), on a voulu y découvrir des « prophéties » en faisant
correspondre les nombres ainsi obtenus à des périodes et à des dates de
l’histoire.
Malheureusement, il y a là-dedans une absurdité qui est
tellement manifeste qu’on peut se demander comment il se fait que personne ne
semble s’en apercevoir, et c’est bien ce qui montre à quel point nos
contemporains sont « suggestionnés » ; en effet, à supposer que les
constructeurs de la Pyramide y aient réellement inclus des « prophéties » quelconques,
deux choses seraient somme toute plausibles : c’est, ou que ces « prophéties »,
qui devaient forcément être basées sur une certaine connaissance des lois
cycliques, se rapportent à l’histoire générale du monde et de l’humanité, ou
qu’elles aient été adaptées de façon à concerner plus spécialement l’Égypte ;
mais, en fait, il arrive que ce n’est ni l’un ni l’autre, car tout ce qu’on
veut y trouver est ramené exclusivement au point de vue du Judaïsme d’abord et
du Christianisme ensuite, de sorte qu’il faudrait logiquement conclure de là
que la Pyramide n’est point un monument égyptien, mais un monument «
judéo-chrétien » !
9 Cette Grande Pyramide, à vrai dire, n’est pas tellement
plus grande que les deux autres, et surtout que la plus voisine, que la
différence en soit très frappante ; mais, sans qu’on sache trop pour quelles
raisons, c’est sur elle que se sont en quelque sorte « hypnotisés » à peu près
exclusivement tous les « chercheurs » modernes, et c’est à elle que se
rapportent toujours toutes leurs hypothèses les plus fantaisistes, on pourrait
même dire les plus fantastiques, y compris, pour en citer seulement deux des
exemples les plus bizarres, celle qui veut trouver dans sa disposition
intérieure une carte des sources du Nil, et celle suivant laquelle le « Livre
des Morts » ne serait pas autre chose qu’une description explicative de cette
même disposition.
Cela seul devrait
suffire à faire justice de cette invraisemblable histoire ; encore convient-il
d’ajouter que tout y est conçu suivant une soi-disant « chronologie » biblique
tout à fait contestable, conforme au « littéralisme » le plus étroit et le plus
protestant, sans doute parce qu’il fallait bien adapter ces choses à la
mentalité spéciale du milieu où elles devaient être répandues principalement et
en premier lieu.
Il y aurait
encore bien d’autres remarques curieuses à faire : ainsi, depuis le début de
l’ère chrétienne, on n’aurait trouvé aucune date intéressante à marquer avant
celle des premiers chemins de fer ; il faudrait croire, d’après cela, que ces
antiques constructeurs avaient une perspective bien moderne dans leur
appréciation de l’importance des événements ; c’est là l’élément grotesque qui
ne manque jamais dans ces sortes de choses, et par lequel se trahit précisément
leur véritable origine : le diable est assurément fort habile, mais pourtant il
ne peut jamais s’empêcher d’être ridicule par quelque côté (10) !
Ce n’est pas
tout encore : de temps à autre, en s’appuyant sur les « prophéties de la Grande
Pyramide » ou sur d’autres prédictions quelconques, et en se livrant à des
calculs dont la base reste toujours assez mal définie, on annonce que telle
date précise doit marquer « l’entrée de l’humanité dans une ère nouvelle », ou
encore « l’avènement d’un renouveau spirituel » (nous verrons un peu plus loin
comment il convient de l’entendre en réalité) ; plusieurs de ces dates sont
déjà passées, et il ne semble pas que rien de particulièrement marquant s’y
soit produit ; mais qu’est-ce que tout cela peut bien vouloir dire au juste ?
En fait, il
y a là encore une autre utilisation des prédictions (autre, voulons-nous dire,
que celle par laquelle elles augmentent le désordre de notre époque en semant
un peu partout le trouble et le désarroi), et qui n’est peut-être pas la moins
importante, car elle consiste à en faire un moyen de suggestion directe
contribuant à déterminer effectivement la production de certains événements
futurs ; croit-on, par exemple, et pour prendre ici un cas très simple afin de
nous faire mieux comprendre, que, en annonçant avec insistance une révolution
dans tel pays et à telle époque, on n’aidera pas réellement à la faire éclater au
moment voulu par ceux qui y ont intérêt ?
10 Nous ne quitterons pas la Grande Pyramide sans
signaler encore incidemment une autre fantaisie moderne : certains attribuent
une importance considérable au fait qu’elle n’aurait jamais été achevée ; le
sommet manque en effet, mais tout ce qu’on peut dire de sûr à cet égard, c’est
que les plus anciens auteurs dont on ait le témoignage, et qui sont encore
relativement récents, l’ont toujours vue tronquée comme elle l’est aujourd’hui
; de là à prétendre, comme l’a écrit textuellement un occultiste, que « le
symbolisme caché des Écritures hébraïques et chrétiennes se rapporte
directement aux faits qui eurent lieu au cours de la construction de la Grande
Pyramide », il y a vraiment bien loin, et c’est encore là une assertion qui
nous paraît manquer un peu trop de vraisemblance sous tous les rapports ! –
Chose assez curieuse, le sceau officiel des États-Unis figure la Pyramide
tronquée, au-dessus de laquelle est un triangle rayonnant qui, tout en en étant
séparé, et même isolé par le cercle de nuages qui l’entoure, semble en quelque
sorte en remplacer le sommet ; mais il y a encore dans ce sceau, dont certaines
des organisations « pseudo-initiatiques » qui pullulent en Amérique cherchent à
tirer un grand parti en l’expliquant conformément à leurs « doctrines »,
d’autres détails qui sont au moins étranges, et qui semblent bien indiquer une
intervention d’influences suspectes : ainsi, le nombre des assises de la
Pyramide, qui y est de treize (ce même nombre revient d’ailleurs avec quelque
insistance dans d’autres particularités, et il est notamment celui des lettres
qui composent la devise E pluribus unum), est dit correspondre à celui des
tribus d’Israël (en comptant séparément les deux demi-tribus des fils de
Joseph), et cela n’est sans doute pas sans rapport avec les origines réelles
des « prophéties de la Grande Pyramide », qui, comme nous venons de le voir,
tendent aussi à faire de celle-ci, pour des fins plutôt obscures, une sorte de
monument « judéo-chrétien ».
Au fond, il s’agit surtout actuellement, pour certains, de
créer un « état d’esprit » favorable à la réalisation de « quelque chose » qui
rentre dans leurs desseins, et qui peut sans doute se trouver différé par
l’action d’influences contraires, mais qu’ils espèrent bien amener ainsi à se
produire un peu plus tôt ou un peu plus tard ; il nous reste à voir plus
exactement à quoi tend cette entreprise « pseudo-spirituelle », et il faut bien
dire, sans vouloir pour cela être aucunement « pessimiste » (d’autant plus qu’«
optimisme » et « pessimisme » sont, comme nous l’avons expliqué en d’autres
occasions, deux attitudes sentimentales opposées qui doivent rester également
étrangères à notre point de vue strictement traditionnel), que c’est là une
perspective fort peu rassurante pour un assez prochain avenir.
Note : Sur le
« renouveau spirituel », Guénon ajoute dans le chapitre 39 :
« Cette « spiritualité à rebours » n’est donc, à
vrai dire, qu’une fausse spiritualité, fausse même au degré le plus extrême qui
se puisse concevoir ; mais on peut aussi parler de fausse spiritualité dans
tous les cas où, par exemple, le psychique est pris pour le spirituel, sans
aller forcément jusqu’à cette subversion totale ; c’est pourquoi, pour désigner
celle-ci, l’expression de « spiritualité à rebours » est en définitive celle
qui convient le mieux, à la condition d’expliquer exactement comment il
convient de l’entendre. C’est là, en réalité, le « renouveau spirituel » dont
certains, parfois fort inconscients, annoncent avec insistance le prochain
avènement, ou encore l’« ère nouvelle » dans laquelle on s’efforce par tous
les moyens de faire entrer l’humanité actuelle. »
Voir ces
articles :
Source :
« Le Règne de la Quantité et les Signes des temps » René Guénon,
chapitre XXXVII.
Au sujet du Mahdî, rené Guénon, Ibn Arabi, a dit, le Mahdî viendra en plein midi dans la mosquée de Damas, et il dira: " je suis venu, donnez moi mes vêtements". Les anciens se servaient des contes, la lanques des oiseaux, pour cacher des choses très importantes, ainsi les Aztèques, nous indiquent, comme prélude au cinquième soleil, les 999 Dieux, quand nous savons que le début du cinquième soleil correspond à l'année 3114, il suffit de prendre le nombre 396 36 9 = 999. 396 x 13 nombre du calendrier, donne 5148 - 3114 = 2034, ce qui correspond à peu près au résultat obtenus par Gaston Georgel. pour le commencement de la troisième guerre mondiale, il suffit de prendre les années hébraïques correspondant à 1914,1939 de faire l'addition en triangle inversé, c'est-à-dire: 1914 , 5674 242 66 3, soit prendre 22 mettre au dessous 3, etc... . Pour l'année 1914 nous trouvons 666, ce qui constitue la clef, pour 1939 de même, la prochaine année est donc 2021.
RépondreSupprimerBonsoir à toi,
SupprimerIl y a plusieurs hadiths qui en parlent, je connais celui où il est dit :
"Les musulmans demanderont au nouveau venu : "Qui es-tu ? – Je suis Jésus fils de Marie" répondra-t-il (TTNM 68). Le second appel à la prière ayant déjà été donné, le Mahdî qui était sur le point de débuter la prière, reculera pour laisser Jésus diriger la prière de l'aube ; mais Jésus, plaçant sa main sur le dos du Mahdî, lui dira : "Avance et accomplis la prière, car c'est pour toi que la iqâmah a été donnée" (IM 4077) ; d'après une autre relation, Jésus dira : "Vous, vous dirigez la prière les uns pour les autres : c'est un honneur que Dieu a accordé à cette communauté" (M 156)"
Pas bien compris à ta façon de calculer mais Gaston Georgel annonce la fin pour 2030 en effet et c'est sur les conseils de Guénon qu'il modifia sa première approche.
Sans doute connais-tu mais il y en a des comptes rendus dans ce livre en pages 13 et 14 : http://www.rene-guenon.ch/Rene_Guenon/Gu%C3%A9non%20Ren%C3%A9%20-%20Formes%20traditionnelles%20et%20cycles%20cosmiques.pdf
Et Dieu sait mieux... :-)
Article intéressant! Mais bon, il y a tant de prédictions de suns et des autres que l'on s'y perd. Plus près de nous, il y a celles diffusées dans la série des Simpsons qui interpellent... https://www.youtube.com/watch?v=zptrlxQG7rc , https://www.youtube.com/watch?v=CRN54KZiRVo :)
RépondreSupprimerJe ne dis pas que certains épisodes des Simpsons n'offrent pas de coïncidences troublantes.... mais cela relève plus d'études de la psychologie de masse et des probabilités que de visions véritables !
Supprimer^ ^
Pour ces personnes qui occupent leur temps libre à chercher des poux "abstraits" chez les autres, exactement comme leurs ancêtres primates se cherchaient des poux "matériels" :
RépondreSupprimer"jugez et vous serez jugés de la même manière".
Il en sera ainsi.
Je me permets, Ligeia (à toi de voir si j'exagère ou si cela correspond, ce film semble rebondir parfaitement sur ton dernier paragraphe, citation de R.Guénon) de mettre le petit film d'animation "the end" sous cet article, car il représente selon moi, ce qu'est la "vraie" spiritualité et les difficultés que les croyants devront surmonter (avant la chute de l'ombre) :
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=XhcWg4NiqN8
Tout ce qui tombe "tout cuit" est à fuir (encore faut il, en avoir la force et le courage, même pour moi qui dis cela).
Il est cauchemardesque ton film ! A moins que ce soit moi qui sois particulièrement sensible à ce genre de "personnages" et d'atmosphère... ?
SupprimerMais j'ai tenu juste qu'à la fin et j'ai compris ce que tu voulais montrer... :-)
Tu as vu, l'atmosphère, justement est "voulue", dans un tel monde, ceux qui voient autrement, ont du mal à y "respirer".
RépondreSupprimerHeureusement que je me suis accrochée... ^ ^
SupprimerCelui qui nous attend risque d'être bien plus pernicieux avec ses couleurs chatoyantes et ses bons sentiments... :-/
Oui.
RépondreSupprimer