mardi 4 juin 2019

Les neuf années du règne du Mahdî - Charles André Gilis


En guise de rappel....

L’extrait qui suit est tiré du livre de CA. Gilis, « Le Maître de l’Or » chapitre Les Mystères kabiriques.
Il est disponible ici : Le Turban Noir 


Lire en complément :
Les Mystères kabiriques, les sept Dormants, la sourate « al-Kahf », le Mahdî et ses Vizirs
Partie 2

*****
Ne jamais oublier ceci : ce n’est pas MON opinion que j’exprime et je ne détiens pas à titre personnel la Vérité. Cela étant, j'ai une confiance absolue et inébranlable envers les écrits traditionnels de ceux auxquels je me réfère.
Mieux vaut exposer leurs écrits tels qu'ils sont plutôt que de les parodier au risque d'en faire une fort mauvaise interprétation et de travestir l’enseignement de ces Maîtres.

Se rappeler cette la parole de Charles-André Gilis :

  • « A ceux qui acceptent pour une part l’enseignement du Cheikh Yahyâ Abd al-Wâhid [René Guénon] et qui le rejettent pour une autre s’applique plutôt la parole : « Parce que tu n’as été ni chaud ni froid, Je te vomirai de ma bouche. »
Dieu sonde les cœurs et les reins. On peut tromper les humains mais Lui voit clair sur les motivations qui nous animent.



« Il nous faut aborder un dernier point. Le nombre réel des ahl al-Kahf ne peut pas être un de ceux envisagés dans le Coran de manière expresse puisque le verset cité se termine par les mots :
« Mon Seigneur est plus savant au sujet de leur nombre. Peu nombreux sont ceux qui les connaissent ».


Pour Ibn Arabî, ce nombre correspond à celui des années durant lesquelles le Mahdî sera établi comme « Imâm sur la terre » ; il déclare à ce propos :

  • « J’étais dans l’incertitude au sujet de cette durée, mais je n’ai pas demandé à Allâh de déterminer et de préciser ce point, ni quelque autre concernant les évènements relatifs aux créatures : il convient plutôt qu’Il me les enseigne de Sa propre initiative, non suite à une demande de ma part, car je craindrais alors que fasse défaut à la Connaissance que j’ai du Très-Haut la part correspondant au temps où je lui demanderais d’avoir la connaissance d’une créature ou d’un évènement. J’ai complètement abandonné à Allâh tout ce qui me concerne en Son Royaume ; il y fait ce qu’Il veut. J’ai vu beaucoup d’entre les Initiés (ahl Allâh) Lui demander la compréhension d’évènements relatifs à la manifestation ; et, en particulier, de connaître le Pôle (imâm al-waqt). Pour ma part, je m’y suis toujours refusé, par crainte que la Nature me dérobe [la Connaissance divine] dans leur compagnie, alors qu’ils sont dans cet état. Je veux de Lui uniquement qu’Il m’octroie de pouvoir demeurer d’une façon immuable avec le seul souci de Le connaître ; peu m’importe la manière dont je passe d’un état passager à un autre. »
Et il poursuit :

  • « Alors que je demeurai dans ce souci, Allâh m’envoya quelqu’un qui faisait partie de l’Elite des Initiés. Il se nommait Ahmad b. ‘Ifâf ; Allâh l’avait élu et qualifié dés son jeune âge. Il mentionna de sa propre initiative ces Vizirs et me dit : « Ils sont neuf ».

Je lui répondis : 

  • « S’ils sont neuf, la durée durant laquelle le Mahdî demeurera sera nécessairement de neuf années.
  • [...]. Tout ce dont il aura besoin, et que ces Vizirs réaliseront pour lui, réside dans neuf choses (umûr), ni plus, ni moins : le regard perçant, la compréhension du Discours divin en mode d’inspiration, la science de l’interprétation de ce qui vient d’Allâh, la détermination de la hiérarchie des fonctions, la miséricorde dans la colère, les provendes d’ordre sensible et intellectuel dont le « régisseur » (malik) a besoin, la science de l’interprétation des choses, l’attention en vue de satisfaire les besoins des hommes, la compréhension de la science cachée plus spécialement nécessaire au monde à une époque déterminée [...].
  • Telles sont les neuf sciences (mas’ala), pas davantage, dont cet Imâm Mahdî aura besoin pour exercer sa fonction [...]. Parmi les « Califes » d’Allâh et de Son envoyé, il sera le seul, jusqu’au Jour de la Résurrection, à les réunir toutes. »

Dans ce texte, on le voit, il ne s’agit plus d’intégration des formes traditionnelles, mais bien de sciences qui se rapportent au gouvernement ésotérique et universel des affaires du monde (tasarruf).
On peut ajouter encore cette ultime indication qu’Ibn Arabî ne formule pas de manière expresse : s’ils sont neuf, les Compagnons de la Caverne n’en demeurent pas moins accompagnés de leur Chien qui apparaît alors comme étant le dixième. Or le nombre 10, triangle de 4 et nombre de la perfection cyclique, comporte, à ce double titre, une signification eschatologique que René Guénon a mise en lumière dans le Règne de la Quantité.
Après avoir rappelé (42) que « si l’on se borne à la considération du cycle actuel, il arrive finalement un moment où « la roue cesse de tourner », et que « le moment dont il s’agit apparaît comme une « fin des temps » », il ajoute :


  • « Le changement du cercle en carré équivalent est ce qu’on désigne comme la « quadrature du cercle » ; ceux qui déclarent que celle-ci est un problème insoluble, bien qu’ils en ignorent totalement la signification symbolique, se trouvent donc avoir raison en fait, puisque cette « quadrature », entendus dans son vrai sens, ne pourra être réalisée qu’à la fin même du cycle. »

42 – Au chapitre XX, intitulé « De la sphère au cube ».

Et il précise en note :
  • « La formule numérique correspondante est celle de la Tétraktys pythagoricienne : 1+2+3+4 = 10 ; si l’on prend les nombres en sens inverse : 4+3+2+1, on a les proportions des quatre Yugas, dont la somme forme le dénaire, c’est-à-dire le cycle complet et achevé.


Toutefois, dans un contexte doctrinal aussi spécifique, le nombre 10 apparaît surtout comme l’emblème du Chien qui garde les Compagnons de la Caverne et qui les protège ; qui guidera les Vizirs du Mahdî et qui les assistera pour l’accomplissement de leur fonction.
A ce point de vue, 10 se décompose tout naturellement en la somme de 9 + 1 ; 9 est le nombre de la circonférence qui figure le cycle humain dans sa totalité, tandis que l’unité s’identifie au centre mystérieux où s’exerce la fonction, à la fois polaire et solaire, du Verbe vivificateur présent au Cœur du Monde.

La figure du centre et de la circonférence qui correspond au nombre 10, n’est-elle pas aussi, dans l’Art Royal, le symbole géométrique par excellence du « Maître de l’Or » ? (43). 

43 – A maintes reprises, nous avons relevé les analogies entre l’hermétisme européen et celui du Wagadu. La plus étonnante est peut-être celle que l’on peut tirer de la racine can ou kan qui signifie « puissance ». Évoquant un « symbolisme reposant sur une similitude phonétique », René Guénon a montré (voir L'Ésotérisme de Dante, chap. VII) que cette racine permettait d’établir un rapprochement entre les termes « Khan » (titre donné par les Tartares à leurs chefs) et « cane » qui pourrait désigner aussi bien le Veltro de La Divine Comédie (représenté notamment dans la Melencholia de Dürer) que le Chien des Compagnons de la Caverne.
Il est remarquable, d’une part, que la même racine kan se retrouve dans le symbolisme des fondements de l’Empire noir car, en soninké, les termes kan-mu, kan-me et kan-nye se rapportent respectivement au Ciel, à la Pluie et à l’Or qui étaient la source de sa puissance ; d’autre part, que le futur Gengis-Khan ait reçu à sa naissance le nom de Temüdjin, qui signifie « forgeron ».