Le texte que je vous propose aujourd’hui montrera également l’illusion
qui consiste à croire qu’une fois passés les « fâcheux événements », l’humanité acquerra une prise de conscience
générale pour un monde meilleur.
Cela est strictement impossible puisqu’arrivé à ce point du cycle où
la descente semble avoir presque atteint son point le plus bas, cela
sous-entend que de l’humanité dépravée et dégénérée qui est la nôtre actuellement,
surgirait d'on ne sait trop où, un sursaut spirituel incroyable.
Or, comme le texte l’explicitera, le supérieur ne peut sortir de l’inférieur...
On pourrait objecter que si Dieu veut, cela sera..... Certes !
Mais à la lecture des textes sacrés et des écrits traditionnels, il semble pourtant
bien que la décision divine ait été prononcée.
Tout le reste n’est que rêveries...
Tout le reste n’est que rêveries...
De ce qui va être dit, on
pourra également commencer à comprendre pourquoi le fameux débat de « l’œuf et
de la poule » ne pourra jamais trouver de réponse chez les profanes,
alors même que la Genèse nous donne un début d'explication...
Bonne lecture...
Nous avons déjà, en maintes
occasions, expliqué la différence fondamentale existant dans la nature des
sciences chez les anciens et chez les modernes, différence qui est celle des
sciences traditionnelles et des sciences profanes ; mais c’est là une question
sur laquelle tant d’erreurs sont répandues qu’on ne saurait y revenir avec trop
d’insistance.
C’est ainsi que nous voyons souvent affirmer, comme une chose qui ne saurait faire aucun doute, que la science des anciens était purement « empirique », ce qui, au fond, revient à dire qu’elle n’était pas même une science à proprement parler, mais seulement une sorte de connaissance toute pratique et utilitaire. Or il est facile de constater que, tout au contraire, les préoccupations de cet ordre n’ont jamais tenu tant de place que chez les modernes, et aussi, sans même remonter plus loin que l’antiquité dite « classique », que tout ce qui relevait de l’expérimentation était considéré par les anciens comme ne pouvant constituer qu’une connaissance d’un degré très inférieur.
Nous ne voyons pas très bien comment tout cela peut se concilier avec
la précédente affirmation ; et, par une singulière inconséquence, ceux mêmes
qui formulent celle-ci ne manquent presque jamais, par ailleurs, de reprocher
aux anciens leur dédain de l’expérience !
La source de l’erreur dont il s’agit, comme d’une multitude d’autres, c’est la conception « évolutionniste » ou « progressiste » : on veut, en vertu de celle-ci, que toute connaissance ait commencé par être à un état rudimentaire, à partir duquel elle se serait développée et élevée peu à peu ; on postule une sorte de grossière simplicité primitive, qui, bien entendu, ne peut être l’objet d’aucune constatation ; et l’on prétend tout faire partir d’en bas, comme s’il n’était pas contradictoire d’admettre que le supérieur puisse sortir de l’inférieur.
Les cycles cosmiques étaient bien mieux compris par les "anciens" |
La source de l’erreur dont il s’agit, comme d’une multitude d’autres, c’est la conception « évolutionniste » ou « progressiste » : on veut, en vertu de celle-ci, que toute connaissance ait commencé par être à un état rudimentaire, à partir duquel elle se serait développée et élevée peu à peu ; on postule une sorte de grossière simplicité primitive, qui, bien entendu, ne peut être l’objet d’aucune constatation ; et l’on prétend tout faire partir d’en bas, comme s’il n’était pas contradictoire d’admettre que le supérieur puisse sortir de l’inférieur.
Une telle conception n’est pas simplement une erreur quelconque, mais constitue proprement une « contre-vérité » ; nous voulons dire par là qu’elle va exactement au rebours de la vérité, par un étrange renversement qui est bien caractéristique de l’esprit moderne. La vérité, c’est qu’il y a eu au contraire, depuis les origines, une sorte de dégradation ou de « descente » continuelle, allant de la spiritualité vers la matérialité, c’est-à-dire du supérieur vers l’inférieur, et se manifestant dans tous les domaines de l’activité humaine, et que de là sont nées, à des époques assez récentes, les sciences profanes, séparées de tout principe transcendant, et justifiées uniquement par les applications pratiques auxquelles elles donnent lieu, car c’est là, en somme, tout ce qui intéresse l’homme moderne, qui ne se soucie guère de connaissance pure, et qui, en parlant des anciens comme nous le disions tout à l’heure, ne fait que leur attribuer se propres tendances (1), parce qu’il ne conçoit même pas qu’ils aient pu en avoir de toutes différentes, pas plus qu’il ne conçoit qu’il puisse exister des sciences tout autres, par leur objet et par leur méthode, que celles qu’il cultive lui-même de façon exclusive.
Cette même erreur implique aussi l’« empirisme » entendu au sens où ce
mot désigne une théorie philosophique, c’est-à-dire l’idée, très moderne aussi,
que toute connaissance dérive entièrement de l’expérience, et plus précisément
de l’expérience sensible ; ce n’est d’ailleurs là, en réalité, qu’une des
formes de l’affirmation que tout vient d’en bas. Il est clair que, en dehors de
cette idée préconçue, il n’y a aucune raison de supposer que le premier état de
toute connaissance a dû être un état « empirique » ; ce rapprochement entre les
deux sens du même mot n’a certes rien de fortuit, et nous pourrions dire que c’est
l’« empirisme » philosophique des modernes qui les porte à attribuer aux
anciens un « empirisme » de fait. Or nous devons avouer que nous n’avons jamais
pu arriver à comprendre même la possibilité d’une telle conception, tellement
elle nous paraît aller à l’encontre de toute évidence : qu’il y ait des
connaissances qui ne viennent point des sens, c’est là, purement et simplement,
une question de fait ; mais les modernes, qui prétendent ne s’appuyer que sur
les faits, les méconnaissent ou les nient volontiers quand ils ne s’accordent
pas avec leurs théories. En somme, l’existence de cette conception « empiriste
» prouve simplement, chez ceux qui l’ont émise et chez ceux qui l’acceptent, la
disparition complète de certaines facultés d’ordre suprasensible, à commencer,
cela va de soi, par la pure intuition intellectuelle (2).
Les sciences telles que les comprennent les modernes, c’est-à-dire les
sciences profanes, ne supposent effectivement, d’une façon générale, rien de
plus ni d’autre qu’une élaboration rationnelle de données sensibles ; ce sont
donc elles qui sont véritablement « empiriques » quant à leur point de départ ;
et l’on pourrait dire que les modernes confondent indûment ce point de départ
de leurs sciences avec l’origine de toute science. Encore y a-t-il parfois,
même dans leurs sciences, comme des vestiges amoindris ou altérés de
connaissances anciennes, dont la nature réelle leur échappe ; et nous pensons
surtout ici aux sciences mathématiques, dont les notions essentielles ne
sauraient être tirées de l’expérience sensible ; les efforts de certains
philosophes pour expliquer « empiriquement » l’origine de ces notions sont
parfois d’un comique irrésistible !
1
C’est par une illusion du même genre que les modernes, parce qu’ils sont mus
surtout par des motifs « économiques », prétendent expliquer tous les
événements historiques en les rapportant à des causes de cet ordre.
2
Disparition de ces facultés quant à leur exercice effectif, bien entendu, car
elles subsistent malgré tout à l’état latent en tout être humain ; mais cette
sorte d’atrophie peut atteindre un tel degré que leur manifestation devienne
complètement impossible, et c’est bien là ce que nous constatons chez la grande
majorité de nos contemporains.
Et, si certains sont tentés de protester quand nous parlons
d’amoindrissement ou d’altération, nous leur demanderons de comparer à cet
égard, par exemple, la science traditionnelle des nombres à l’arithmétique
profane ; ils pourront sans doute assez facilement comprendre par là ce que nous
voulons dire.
D’ailleurs, la plupart des sciences profanes ne doivent réellement
leur origine qu’à des débris ou, pourrait-on dire, à des résidus de sciences
traditionnelles incomprises : nous avons cité ailleurs, comme particulièrement
caractéristique, l’exemple de la chimie, issue, non point de l’alchimie
véritable, mais de sa dénaturation par les « souffleurs », c’est-à-dire par des
profanes qui, ignorant le vrai sens des symboles hermétiques, les prirent dans
une acception grossièrement littérale.
Nous avons cité aussi le cas de l’astronomie, qui ne représente que la
partie matérielle de l’ancienne astrologie, isolée de tout ce qui constituait
l’« esprit » de cette science, et qui est irrémédiablement perdu pour les
modernes, lesquels s’en vont répétant niaisement que l’astronomie fut
découverte, de façon tout « empirique », par des « bergers chaldéens », sans se
douter que le nom des Chaldéens était en réalité la désignation d’une caste
sacerdotale !
On pourrait multiplier les exemples du même genre, établir une
comparaison entre les cosmogonies sacrées et la théorie de la « nébuleuse » et
autres hypothèses similaires, ou encore, dans un autre ordre d’idées, montrer
la dégénérescence de la médecine à partir de son ancienne dignité d’« art
sacerdotal », et ainsi de suite. La conclusion serait toujours la même : des
profanes se sont emparés illégitimement de fragments de connaissances dont ils
ne pouvaient saisir ni la portée ni la signification, et ils en ont formé des
sciences soi-disant indépendantes, qui valent tout juste ce qu’ils valaient
eux-mêmes ; la science moderne, qui est sortie de là, n’est donc proprement que
la science des ignorants (3).
Les sciences traditionnelles, comme nous l’avons dit bien souvent,
sont essentiellement caractérisées par leur rattachement aux principes
transcendants, dont elles dépendent strictement à titre d’applications plus ou
moins contingentes, et c’est bien là tout le contraire de l’« empirisme » ;
mais les principes échappent nécessairement aux profanes, et c’est pourquoi
ceux-ci, fussent-il des savants modernes, ne peuvent jamais être au fond que
des « empiriques ». Depuis que, par suite de la dégradation à laquelle nous
faisions allusion précédemment, les hommes ne sont plus tous pareillement
qualifiés pour toute connaissance, c’est-à-dire tout au moins depuis le début
du Kali-Yuga, il y a forcément des profanes ; mais, pour que leur science
tronquée et faussée ait pu se faire prendre au sérieux et se donner pour ce
qu’elle n’est pas, il a fallu que la vraie connaissance disparaisse, avec les
organisations initiatiques qui étaient chargées de la conserver et de la
transmettre, et c’est là précisément ce qui est arrivé dans le monde occidental
au cours des derniers siècles.
3
Par une curieuse ironie des choses, le « scientisme » de notre époque tient
par-dessus tout à se proclamer « laïque », sans s’apercevoir que c’est là, tout
simplement, l’aveu explicite de cette ignorance.
Nous ajouterons encore que, dans la façon dont les modernes envisagent
les connaissances des anciens, on voit apparaître nettement cette négation de
tout élément « supra-humain » qui fait le fond de l’esprit anti traditionnel,
et qui n’est, somme toute, qu’une conséquence directe de l’ignorance profane.
Non seulement on réduit tout à des proportions purement humaines, mais, du fait
de ce renversement de toutes choses qu’entraîne la conception « évolutionniste
», on va jusqu’à mettre de l’« infra-humain » à l’origine ; et le plus grave
est que, aux yeux de nos contemporains, ces choses semblent aller de soi : on
en est arrivé à les énoncer comme si elles ne pouvaient pas même être
contestées, et à présenter comme des « faits » les hypothèses les moins
fondées, parce qu’on n’a même plus l’idée qu’il puisse en être autrement ;
c’est là le plus grave, disons-nous, parce que c’est ce qui peut faire craindre
que, parvenue à un tel point, la déviation de l’esprit moderne ne soit tout à
fait irrémédiable.
Ces considérations pourront encore aider à comprendre pourquoi il est
absolument vain de chercher à établir un accord ou un rapprochement quelconque
entre les connaissances traditionnelles et les connaissances profanes, et
pourquoi les premières n’ont pas à demander aux secondes une « confirmation »
dont, en elles-mêmes, elles n’ont d’ailleurs nul besoin. Si nous y insistons,
c’est que nous savons combien cette façon de voir est répandue aujourd’hui chez
ceux qui ont quelque idée des doctrines traditionnelles, mais une idée «
extérieure », si l’on peut dire, et insuffisante pour leur permettre d’en
pénétrer la nature profonde, ainsi que pour les empêcher d’être illusionnés par
le prestige trompeur de la science moderne et de ses applications pratiques.
Ceux-là, en mettant ainsi sur le même plan des choses qui ne sont nullement
comparables, ne perdent pas seulement leur temps et leurs efforts ; ils
risquent encore de s’égarer et d’égarer les autres dans toutes sortes de
fausses conceptions ; et les multiples variétés de l’« occultisme » sont là
pour montrer que ce danger n’est que trop réel.
Source :
https://oeuvre-de-rene-guenon-libre.shost.ca/oeuvre/recueils%20posthumes/Rene%20Guenon%20-%20Recueil%20posthume%20-%20Articles.pdf
Partie "Erreurs modernes", chapitre I : Du prétendu empirisme des anciens.
On respire mieux ici et on se sent un peu plus en "sécurité".
RépondreSupprimerMerci pour ce havre de paix virtuel.
@Lion : merci ^ ^
SupprimerIl est vrai que je fais aussi une sélection sans pitié des comms... Cela ne plait pas à "ceux qui ratissent large" ou à ceux qui estiment que "tous les avis sont légitimes" ; mais leurs "opinions" sont le cadet de mes soucis. ;-)
Et comme l'a rappelé qqun fort justement chez Ror, il y en a qui sont fort oublieux de l'aide qu'ils ont reçu au départ. C'est l'auto-satisfaction qui suinte couplée à un mépris évident pour les autres...
j'ai eu l'occasion de lire plusieurs livres de Laurent GLAUZY, on découvre que les anciens avaient des connaissances très avancées qui ne viendrait pas d'hypothétiques extra-terrestres. Fernand CROMBETTE est parvenu à déchiffrer les hyèrogliphes mieux que CHAMPOLLION. Les découvertes de Nicolas TESLA sont cachées. On a l'impression que la vraie science est interdite au peuples
RépondreSupprimerBonjour à toi,
SupprimerDes "extra-terrestres" oui, mais certainement pas dans le sens moderne des petits hommes verts ou autres Annunakis et reptiliens.
La "vraie science" dont on a besoin, c'est juste la connaissance métaphysique qu'avaient les anciens ; elle n'est pas "interdite aux peuples" mais réservée à ceux qui peuvent la comprendre.
Le fait qu'elle ne soit plus accessible aussi facilement est du à la dégénérescence progressive de l'homme qui s'est coupé plus ou moins volontairement des influences spirituelles.
C'est bien nos savants modernes qui procèdent justement par "empirisme" car ils ont perdu tout lien avec le Principe.
A Etirév : Désolée mais je ne peux publier ton analyse ne la partageant pas... merci néanmoins de m'avoir lu.
RépondreSupprimer