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Propagande et parodie infâme
« L’attitude matérialiste, par sa limitation même, ne présente encore qu’un danger également limité ; son «épaisseur», si l’on peut dire, met celui qui s’y tient à l’abri de toutes les influences subtiles sans distinction, et lui donne à cet égard une sorte d’immunité assez comparable à celle du mollusque qui demeure strictement enfermé dans sa coquille (...) ; mais, si l’on fait à cette coquille (...) une ouverture par le bas, les influences subtiles destructives y pénétreront aussitôt, et d’autant plus facilement que, par suite du travail négatif accompli dans la phase précédente, aucun élément d’ordre supérieur ne pourra intervenir pour s’opposer à leur action.
Propagande et parodie infâme
En rappel :
« L’attitude matérialiste, par sa limitation même, ne présente encore qu’un danger également limité ; son «épaisseur», si l’on peut dire, met celui qui s’y tient à l’abri de toutes les influences subtiles sans distinction, et lui donne à cet égard une sorte d’immunité assez comparable à celle du mollusque qui demeure strictement enfermé dans sa coquille (...) ; mais, si l’on fait à cette coquille (...) une ouverture par le bas, les influences subtiles destructives y pénétreront aussitôt, et d’autant plus facilement que, par suite du travail négatif accompli dans la phase précédente, aucun élément d’ordre supérieur ne pourra intervenir pour s’opposer à leur action.
On pourrait dire encore que la période du matérialisme ne constitue qu’une sorte de préparation surtout théorique, tandis que celle du psychisme inférieur comporte une « pseudo-réalisation », dirigée proprement au rebours d’une véritable réalisation spirituelle. »
Désormais c'est au spirituel qu'ils tentent de s’attaquer, l'étape ultime de cette fin de Kali Yuga, celle que Guénon appelle « la grande parodie » et qui consiste à remplacer la véritable spiritualité par une fausse : la spiritualité à rebours instaurée par l'AC.
Nous avons considéré l’action antitraditionnelle, par laquelle a été
en quelque sorte « fabriqué » le monde moderne, comme constituant dans son
ensemble une œuvre de déviation par rapport à l’état normal qui est celui de
toutes les civilisations traditionnelles, quelles que soient d’ailleurs leurs
formes particulières ; cela est facile à comprendre et n’a pas besoin de plus
amples commentaires.
D’autre part, il y a une distinction à faire entre déviation et
subversion : la déviation est susceptible de degrés indéfiniment multiples,
pourrait-on dire, de sorte qu’elle peut s’opérer peu à peu et comme
insensiblement ; nous en avons un exemple dans l’acheminement graduel de la
mentalité moderne de l’« humanisme » et du rationalisme au mécanisme, puis au
matérialisme, et aussi dans le processus suivant lequel la science profane a
élaboré successivement des théories d’un caractère de plus en plus
exclusivement quantitatif, ce qui permet de dire que toute cette déviation,
depuis son début même, a constamment tendu à établir progressivement le « règne
de la quantité ».
Mais, quand la déviation arrive à son terme extrême, elle aboutit à un
véritable « renversement », c’est-à-dire à un état qui est diamétralement opposé
à l’ordre normal, et c’est alors qu’on peut parler proprement de « subversion
», suivant le sens étymologique de ce mot ; bien entendu, cette « subversion »
ne doit aucunement être confondue avec le « retournement » dont nous avons
parlé à propos de l’instant final du cycle, et même elle en est exactement le
contraire, puisque ce « retournement », venant précisément après la «
subversion » et au moment même où celle-ci semble complète, est en réalité un «
redressement » rétablissant l’ordre normal, et restaurant l’« état primordial »
qui en représente la perfection dans le domaine humain.
On pourrait dire que la subversion, ainsi entendue, n’est en somme que
le dernier degré et l’aboutissement même de la déviation, ou encore, ce qui
revient au même, que la déviation tout entière ne tend en définitive qu’à
amener la subversion, et cela est vrai en effet ; dans l’état présent des
choses, bien qu’on ne puisse dire encore que la subversion soit complète, on en
a déjà des signes très visibles dans tout ce qui présente le caractère de «
contrefaçon » ou de « parodie » auquel nous avons plusieurs fois fait allusion,
et sur lequel nous reviendrons plus amplement par la suite.
Contemplation du "moi"... |
Pour le moment, nous nous bornerons à faire remarquer, à cet égard,
que ce caractère constitue, par lui-même, une marque très significative quant à
l’origine réelle de ce qui en est affecté, et, par conséquent, de la déviation
moderne elle-même, dont il met bien en évidence la nature véritablement «
satanique » ; ce dernier mot, en effet, s’applique proprement à tout ce qui est
négation et renversement de l’ordre, et c’est bien là, sans le moindre doute,
ce dont nous pouvons constater les effets autour de nous ; le monde moderne
lui-même est-il en somme autre chose que la négation pure et simple de toute
vérité traditionnelle ?
Mais, en même temps, cet esprit de négation est aussi, et en quelque
sorte par nécessité, l’esprit de mensonge ; il revêt tous les déguisements, et
souvent les plus inattendus, pour ne pas être reconnu pour ce qu’il est, pour
se faire même passer pour tout le contraire, et c’est justement en cela
qu’apparaît la contrefaçon ; c’est ici l’occasion de rappeler qu’on dit que «
Satan est le singe de Dieu », et aussi qu’il « se transfigure en ange de
lumière ». Au fond, cela revient à dire qu’il imite à sa façon, en l’altérant
et en le faussant de manière à le faire toujours servir à ses fins, cela même à
quoi il veut s’opposer : ainsi, il fera en sorte que le désordre prenne les
apparences d’un faux ordre, il dissimulera la négation de tout principe sous
l’affirmation de faux principes, et ainsi de suite.
Naturellement, tout cela ne peut jamais être, en réalité, que
simulacre et même caricature, mais assez habilement présenté pour que l’immense
majorité des hommes s’y laisse tromper ; et comment s’en étonner quand on voit
combien les supercheries, même grossières, réussissent facilement à en imposer
à la foule, et combien, par contre, il est difficile d’arriver ensuite à
détromper celle-ci ?
« Vulgus vult decipi », disaient déjà les anciens de l’époque «
classique » ; et il s’est sans doute toujours trouvé, bien qu’ils n’aient
jamais été aussi nombreux que de nos jours, des gens disposés à ajouter : «
ergo decipiatur » !
Pourtant, comme qui dit contrefaçon dit par là même parodie, car ce
sont là presque des synonymes, il y a invariablement, dans toutes les choses de
ce genre, un élément grotesque qui peut être plus ou moins apparent, mais qui,
en tout cas, ne devrait pas échapper à des observateurs tant soit peu
perspicaces, si toutefois les « suggestions » qu’ils subissent inconsciemment
n’abolissaient à cet égard leur perspicacité naturelle.
C’est là le côté par lequel le mensonge, si habile qu’il soit, ne peut
faire autrement que de se trahir ; et, bien entendu, cela aussi est une «
marque » d’origine, inséparable de la contrefaçon elle-même, et qui doit
normalement permettre de la reconnaître comme telle.
Si l’on voulait citer ici des exemples pris parmi les manifestations
diverses de l’esprit moderne, on n’aurait assurément que l’embarras du choix,
depuis les pseudo-rites « civiques » et « laïques » qui ont pris tant
d’extension partout en ces dernières années, et qui visent à fournir à la «
masse » un substitut purement humain des vrais rites religieux, jusqu’aux
extravagances d’un soi-disant « naturisme » qui, en dépit de son nom, n’est pas
moins artificiel, pour ne pas dire « anti-naturel », que les inutiles
complications de l’existence contre lesquelles il a la prétention de réagir par
une dérisoire comédie, dont le véritable propos est d’ailleurs de faire croire
que l’« état de nature » se confond avec l’animalité ; et il n’est pas jusqu’au
simple repos de l’être humain qui n’ait fini par être menacé de dénaturation
par l’idée contradictoire en elle-même, mais très conforme à l’« égalitarisme »
démocratique, d’une « organisation des loisirs » (1) !
Nous ne mentionnons ici, avec intention, que des faits qui sont connus
de tout le monde, qui appartiennent incontestablement à ce qu’on peut appeler
le « domaine public », et que chacun peut donc constater sans peine ; n’est-il
pas incroyable que ceux qui en sentent, nous ne dirons pas le danger, mais
simplement le ridicule, soient si rares qu’ils représentent de véritables
exceptions ?
1 Il
y a lieu d’ajouter que cette « organisation des loisirs » fait partie
intégrante des efforts faits, comme nous l’avons signalé plus haut, pour
obliger les hommes à vivre « en commun » le plus possible.
« Pseudo-religion », devrait-on dire à ce propos, « pseudo-nature », «
pseudo-repos », et ainsi pour tant d’autres choses ; si l’on voulait parler
toujours strictement selon la vérité, il faudrait placer constamment ce mot «
pseudo » devant la désignation de tous les produits spécifiques du monde
moderne, y compris la science profane qui n’est elle-même qu’une «
pseudo-science » ou un simulacre de connaissance, pour indiquer ce que tout
cela est en réalité : des falsifications et rien d’autre, et des falsifications
dont le but n’est que trop évident pour ceux qui sont encore capables de réfléchir.
Cela dit, revenons à des considérations d’un ordre plus général :
qu’est-ce qui rend cette contrefaçon possible, et même d’autant plus possible
et d’autant plus parfaite en son genre, s’il est permis de s’exprimer ainsi en
un pareil cas, qu’on avance davantage dans la marche descendante du cycle ?
La raison profonde en est dans le rapport d’analogie inverse qui
existe, ainsi que nous l’avons expliqué, entre le point le plus haut et le
point le plus bas ; c’est là ce qui permet notamment de réaliser, dans une
mesure correspondant à celle où l’on s’approche du domaine de la quantité pure,
ces sortes de contrefaçons de l’unité principielle qui se manifestent dans l’«
uniformité » et la « simplicité » vers lesquelles tend l’esprit moderne, et qui
sont comme l’expression la plus complète de son effort de réduction de toutes
choses au point de vue quantitatif.
C’est peut-être là ce qui montre le mieux que la déviation n’a pour
ainsi dire qu’à se dérouler et à se poursuivre jusqu’au bout pour mener
finalement à la subversion proprement dite, car, quand ce qu’il y a de plus
inférieur (puisqu’il s’agit là de ce qui est même inférieur à toute existence
possible) cherche ainsi à imiter et à contrefaire les principes supérieurs et
transcendants, c’est bien de subversion qu’il y a lieu de parler effectivement.
La fausse lumière... |
Cependant, il convient de rappeler que, par la nature même des choses,
la tendance vers la quantité pure ne peut jamais arriver à produire son plein
effet ; pour que la subversion puisse être complète en fait, il faut donc que
quelque chose d’autre intervienne, et nous pourrions en somme répéter à ce
propos, en nous plaçant seulement à un point de vue quelque peu différent, ce
que nous avons dit précédemment au sujet de la dissolution ; dans les deux cas,
d’ailleurs, il est évident qu’il s’agit également de ce qui se rapporte au
terme final de la manifestation cyclique ; et c’est précisément pourquoi le «
redressement » de l’instant ultime doit apparaître, de la façon la plus exacte,
comme un renversement de toutes choses par rapport à l’état de subversion dans
lequel elles se trouvaient immédiatement avant cet instant même.
En tenant compte de la dernière remarque que nous venons de faire, on
pourrait encore dire ceci : la première des deux phases que nous avons distinguées
dans l’action antitraditionnelle représente simplement une œuvre de déviation,
dont l’aboutissement propre est le matérialisme le plus complet et le plus
grossier ; quant à la seconde phase, elle pourrait être caractérisée plus
spécialement comme une œuvre de subversion (car c’est bien là ce à quoi elle
tend plus directement), devant aboutir à la constitution de ce que nous avons
déjà appelé une « spiritualité à rebours », ainsi que la suite le montrera
encore plus clairement.
Les forces subtiles inférieures auxquelles il est fait appel dans
cette seconde phase peuvent vraiment être qualifiées de forces « subversives »
à tous les points de vue ; et nous avons pu aussi appliquer plus haut le mot de
« subversion » à l’utilisation « à rebours » de ce qui reste des anciennes
traditions que l’« esprit » a abandonnées ; du reste, c’est bien toujours de
cas similaires qu’il s’agit en tout cela, car ces vestiges corrompus, dans de
telles conditions, tombent nécessairement eux-mêmes dans les régions inférieures
du domaine subtil.
Des enveloppes vides.... |
Nous allons donner un autre exemple particulièrement net de l’œuvre de
subversion, qui est le renversement intentionnel du sens légitime et normal des
symboles traditionnels ; ce sera d’ailleurs, en même temps, une occasion pour
nous expliquer plus complètement sur la question du double sens que les
symboles contiennent généralement en eux-mêmes, et sur lequel nous avons eu
assez souvent à nous appuyer au cours du présent exposé pour qu’il ne soit pas
hors de propos de donner là-dessus un peu plus de précisions.
Et cette subversion passe (entre autres) par la substitution des mots : aujourd'hui nous désignons des choses par leur contraire, par exemple nous appelons "liberté" l'esclavage le plus total
RépondreSupprimerà propos de propagande, il y a eu dernièrement une campagne pour l'allaitement maternel (soit disant) où des stars dévergondées et satanisées ont utilisé leur image pour poser avec des bébés en train d'allaiter. ça ne leur suffit plus d'utiliser des femmes ou des enfants à part:
RépondreSupprimerhttps://twitter.com/ajplusfrancais/status/1077597164593852416
Bien vu Hal, merci pour le lien ! Ils ne reculent plus devant rien mais je me demande ce que cela cache... :-/
SupprimerEn effet pour les mots ; difficile désormais de se faire comprendre. Idem pour la signification de "l'esprit" que les spirites se sont aussi chargés de pervertir. :-(
En ce qui concerne la perversion et détournement des symboles sacrées: dans le livre "Le vulnéraire du christ", il y a un chapitre que Louis Charbonneau lassay a consacré à la contrefaçon de l'utilisation du symbole du Cœur de Jésus. cette subversion, il dit qu'il ne la trouve pas avant la Renaissance*, et souvent c'est durant les guerres successives en France que des groupements Maçonniques la diffusaient, car les soldats catholiques avaient pratiquement tous sur leurs tenues le symbole du Cœur de Jésus (le vrai) et des symboles contrefaits étaient distribués en parallèle.
RépondreSupprimeril montre des exemples de cette subversion dans son livre, ceux sont des représentations du Cœur entouré de corde ou de chaîne et parfois le cœur est contenu dans un triangle inversé.
*Renaissance : encore un exemple de substitution de mot..
Merci pour la référence Hal.
SupprimerCela m'a rappelé le texte "Cœur rayonnant et cœur enflammé"... et une autre perversion du langage concernant le coeur et "l'amour", notions réduites désormais à un vague sentimentalisme alors que traditionnellement cela se réfère au Pur Intellect. :-(
Déchéance de la pureté métaphysique pour l'enfermer et la réduire au "moi"....
http://esprit-universel.over-blog.com/2013/12/ren%C3%A9-gu%C3%A9non-le-c%C5%93ur-rayonnant-et-le-c%C5%93ur-enflamm%C3%A9.html