Voici le début d’une longue série consacrée au livre « La
crise du monde moderne ».
C’est le premier ouvrage de René Guénon que j’ai découvert
et il me semble d’un abord plus « facile » que d’autres pour
découvrir ce Maître et son Enseignement.
Certains me
reprochent de faire des copier-coller des textes de RG.
Je leur
réponds : qu’est ce qui est irréfutable ? Mon interprétation ou
celle de celui qu’on appelle " la boussole infaillible" ?
Mon
opinion n’a aucune valeur. Ceux qui
veulent reformuler ses dires s’exposent à en réduire la portée voire à les
déformer et égarer ainsi ceux qui les écoutent.
Guénon SAVAIT. Le reste n'est que les rêveries de ceux qui s'auto-illusionnent sur leur "hauteur".
C’est
pourquoi je ne m’aventurerai pas à le paraphraser sous prétexte de laisser « ma
trace ». L'interprétation humaine, aussi prudente soit-elle, restera toujours
sujette aux erreurs. J’aiderai si je peux, mais gardez cela en mémoire.
C’est donc sur le texte qu’il faut méditer car lui seul est
irréfutable tout comme Guénon quand il expose les doctrines traditionnelles.
Il
n’est pas simplement une « référence doctrinale majeure », ce à quoi certains voudraient le réduire, c’est une autorité
infaillible étant chargé d'une fonction d'ordre ésotérique.
Il énonce un
cheminement qui éclaire la voie, un porte-parole, mais en aucun cas «l’innovateur »
d’une voie nouvelle.
« La seule qualité qu’il ait accepté de revêtir fut
celle d’un "serviteur de la Vérité". » CA. Gilis.
Vincit Omnia Veritas.
Pour l'acheter : http://www.leturbannoir.com/livres-2/la-crise-du-monde-moderne
« Lorsque
nous avons, il y a quelques années, écrit Orient et Occident, nous pensions
avoir donné, sur les questions qui faisaient l’objet de ce livre, toutes les
indications utiles, pour le moment tout au moins.
Depuis lors,
les événements sont allés en se précipitant avec une vitesse toujours
croissante, et, sans nous faire changer d’ailleurs un seul mot à ce que nous
disions alors, ils rendent opportunes certaines précisions complémentaires et
nous amènent à développer des points de vue sur lesquels nous n’avions pas cru
nécessaire d’insister tout d’abord.
Ces
précisions s’imposent d’autant plus que nous avons vu s’affirmer de nouveau, en
ces derniers temps, et sous une forme assez agressive, quelques-unes des
confusions que nous nous sommes déjà attaché précisément à dissiper ; tout en
nous abstenant soigneusement de nous mêler à aucune polémique, nous avons jugé
bon de remettre les choses au point une fois de plus. Il est, dans cet ordre,
des considérations, même élémentaires, qui semblent tellement étrangères à
l’immense majorité de nos contemporains, que, pour les leur faire comprendre,
il ne faut pas se lasser d’y revenir à maintes reprises, en les présentant sous
leurs différents aspects, et en expliquant plus complètement, à mesure que les
circonstances le permettent, ce qui peut donner lieu à des difficultés qu’il
n’était pas toujours possible de prévoir du premier coup.
Le titre
même du présent volume demande quelques explications que nous devons fournir
avant tout, afin que l’on sache bien comment nous l’entendons et qu’il n’y ait
à cet égard aucune équivoque.
Que l’on
puisse parler d’une crise du monde moderne, en prenant ce mot de « crise » dans
son acception la plus ordinaire, c’est une chose que beaucoup ne mettent déjà
plus en doute, et, à cet égard tout au moins, il s’est produit un changement
assez sensible : sous l’action même des événements, certaines illusions
commencent à se dissiper, et nous ne pouvons, pour notre part, que nous en
féliciter, car il y a là, malgré tout, un symptôme assez favorable, l’indice
d’une possibilité de redressement de la mentalité contemporaine, quelque chose
qui apparaît comme une faible lueur au milieu du chaos actuel.
C’est ainsi
que la croyance à un « progrès » indéfini, qui était tenue naguère encore pour
une sorte de dogme intangible et indiscutable, n’est plus aussi généralement
admise ; certains entrevoient plus ou moins vaguement, plus ou moins
confusément, que la civilisation occidentale, au lieu d’aller toujours en
continuant à se développer dans le même sens, pourrait bien arriver un jour à
un point d’arrêt, ou même sombrer entièrement dans quelque cataclysme.
Peut-être ceux-là ne voient-ils pas nettement où est le danger, et les craintes
chimériques ou puériles qu’ils manifestent parfois prouvent suffisamment la
persistance de bien des erreurs dans leur esprit ; mais enfin c’est déjà
quelque chose qu’ils se rendent compte qu’il y a un danger, même s’ils le
sentent plus qu’ils ne le comprennent vraiment, et qu’ils parviennent à
concevoir que cette civilisation dont les modernes sont si infatués n’occupe
pas une place privilégiée dans l’histoire du monde, qu’elle peut avoir le même
sort que tant d’autres qui ont déjà disparu à des époques plus ou moins
lointaines, et dont certaines n’ont laissé derrière elles que des traces
infimes, des vestiges à peine perceptibles ou difficilement reconnaissables.
Donc, si
l’on dit que le monde moderne subit une crise, ce que l’on entend par là le
plus habituellement, c’est qu’il est parvenu à un point critique, ou, en d’autres
termes, qu’une transformation plus ou moins profonde est imminente, qu’un
changement d’orientation devra inévitablement se produire à brève échéance, de
gré ou de force, d’une façon plus ou moins brusque, avec ou sans catastrophe.
Cette
acception est parfaitement légitime et correspond bien à une partie de ce que
nous pensons nous-même, mais à une partie seulement, car, pour nous, et en nous
plaçant à un point de vue plus général, c’est toute l’époque moderne, dans son
ensemble, qui représente pour le monde une période de crise ; il semble
d’ailleurs que nous approchions du dénouement, et c’est ce qui rend plus
sensible aujourd’hui que jamais le caractère anormal de cet état de choses qui
dure depuis quelques siècles, mais dont les conséquences n’avaient pas encore
été aussi visibles qu’elles le sont maintenant. C’est aussi pourquoi les
événements se déroulent avec cette vitesse accélérée à laquelle nous faisions
allusion tout d’abord ; sans doute, cela peut continuer ainsi quelque temps
encore, mais non pas indéfiniment ; et même, sans être en mesure d’assigner une
limite précise, on a l’impression que cela ne peut plus durer très longtemps.
Mais, dans
le mot même de « crise », d’autres significations sont contenues, qui le
rendent encore plus apte à exprimer ce que nous voulons dire : son étymologie,
en effet, qu’on perd souvent de vue dans l’usage courant, mais à laquelle il
convient de se reporter comme il faut toujours le faire lorsqu’on veut
restituer à un terme la plénitude de son sens propre et de sa valeur
originelle, son étymologie, disons-nous, le fait partiellement synonyme de «
jugement » et de « discrimination ».
La phase qui
peut être dite véritablement « critique », dans n’importe quel ordre de choses,
c’est celle qui aboutit immédiatement à une solution favorable ou défavorable,
celle où une décision intervient dans un sens ou dans l’autre ; c’est alors,
par conséquent, qu’il est possible de porter un jugement sur les résultats
acquis, de peser le « pour » et le « contre », en opérant une sorte de
classement parmi ces résultats, les uns positifs, les autres négatifs, et de
voir ainsi de quel côté la balance penche définitivement.
Bien
entendu, nous n’avons aucunement la prétention d’établir d’une façon complète
une telle discrimination, ce qui serait d’ailleurs prématuré, puisque la crise
n’est point encore résolue et qu’il n’est peut-être même pas possible de dire
exactement quand et comment elle le sera, d’autant plus qu’il est toujours
préférable de s’abstenir de certaines prévisions qui ne sauraient s’appuyer sur
des raisons clairement intelligibles à tous, et qui, par suite, risqueraient
trop d’être mal interprétées et d’ajouter à la confusion au lieu d’y remédier.
Tout ce que
nous pouvons nous proposer, c’est donc de contribuer, jusqu’à un certain point
et autant que nous le permettront les moyens dont nous disposons, à donner à
ceux qui en sont capables la conscience de quelques uns des résultats qui
semblent bien établis dès maintenant, et à préparer ainsi, ne fût ce que d’une
manière très partielle et assez indirecte, les éléments qui devront servir par
la suite au futur « jugement », à partir duquel s’ouvrira une nouvelle période
de l’histoire de l’humanité terrestre.
Quelques-unes
des expressions que nous venons d’employer évoqueront sans doute, dans l’esprit
de certains, l’idée de ce qu’on appelle le « jugement dernier », et, à vrai
dire, ce ne sera pas à tort ; qu’on l’entende d’ailleurs littéralement ou
symboliquement, ou des deux façons à la fois, car elles ne s’excluent nullement
en réalité, peu importe ici, et ce n’est pas le lieu ni le moment de nous
expliquer entièrement sur ce point. En tout cas, cette mise en balance du «
pour » et du « contre », cette discrimination des résultats positifs et
négatifs, dont nous parlions tout à l’heure, peuvent assurément faire songer à
la répartition des « élus » et des « damnés » en deux groupes immuablement
fixés désormais ; même s’il n’y a là qu’une analogie, il faut reconnaître que
c’est du moins une analogie valable et bien fondée, en conformité avec la
nature même des choses ; et ceci appelle encore quelques explications.
Ce n’est certes pas par hasard que tant d’esprits sont
aujourd’hui hantés par l’idée de la « fin du monde » ; on peut le regretter à
certains égards, car les extravagances auxquelles donne lieu cette idée mal
comprise, les divagations « messianiques » qui en sont la conséquence en divers
milieux, toutes ces manifestations issues du déséquilibre mental de notre
époque, ne font qu’aggraver encore ce même déséquilibre dans des proportions
qui ne sont pas absolument négligeables ; mais enfin il n’en est pas moins
certain qu’il y a là un fait dont on ne peut se dispenser de tenir compte.
L’attitude la plus commode, quand on constate des choses de
ce genre, est assurément celle qui consiste à les écarter purement et
simplement sans plus d’examen, à les traiter comme des erreurs ou des rêveries
sans importance ; nous pensons pourtant que, même si ce sont en effet des
erreurs, il vaut mieux, tout en les dénonçant comme telles, rechercher les
raisons qui les ont provoquées et la part de vérité plus ou moins déformée qui
peut s’y trouver contenue malgré tout, car, l’erreur n’ayant en somme qu’un
mode d’existence purement négatif, l’erreur absolue ne peut se rencontrer nulle
part et n’est qu’un mot vide de sens.
Si l’on
considère les choses de cette façon, on s’aperçoit sans peine que cette
préoccupation de la « fin du monde » est étroitement liée à l’état de malaise
général dans lequel nous vivons présentement : le pressentiment obscur de
quelque chose qui est effectivement près de finir, agissant sans contrôle sur
certaines imaginations, y produit tout naturellement des représentations
désordonnées, et le plus souvent grossièrement matérialisées, qui, à leur tour,
se traduisent extérieurement par les extravagances auxquelles nous venons de
faire allusion.
Cette
explication n’est d’ailleurs pas une excuse en faveur de celles-ci ; ou du
moins, si l’on peut excuser ceux qui tombent involontairement dans l’erreur,
parce qu’ils y sont prédisposés par un état mental dont ils ne sont pas
responsables, ce ne saurait jamais être une raison pour excuser l’erreur
elle-même.
Du reste, en
ce qui nous concerne, on ne pourra sûrement pas nous reprocher une indulgence
excessive à l’égard des manifestations « pseudo-religieuses » du monde
contemporain, non plus que de toutes les erreurs modernes en général ; nous
savons même que certains seraient plutôt tentés de nous faire le reproche
contraire, et peut-être ce que nous disons ici leur fera-t-il mieux comprendre
comment nous envisageons ces choses, nous efforçant de nous placer toujours au
seul point de vue qui nous importe, celui de la vérité impartiale et
désintéressée.
Ce n’est pas
tout : une explication simplement « psychologique » de l’idée de la « fin du
monde » et de ses manifestations actuelles, si juste qu’elle soit dans son
ordre, ne saurait passer à nos yeux pour pleinement suffisante ; s’en tenir là,
ce serait se laisser influencer par une de ces illusions modernes contre
lesquelles nous nous élevons précisément en toute occasion.
Certains,
disions-nous, sentent confusément la fin imminente de quelque chose dont ils ne
peuvent définir exactement la nature et la portée ; il faut admettre qu’ils ont
là une perception très réelle, quoique vague et sujette à de fausses
interprétations ou à des déformations imaginatives, puisque, quelle que soit
cette fin, la crise qui doit forcément y aboutir est assez apparente, et qu’une
multitude de signes non équivoques et faciles à constater conduisent tous d’une
façon concordante à la même conclusion.
Cette fin
n’est sans doute pas la « fin du monde », au sens total où certains veulent l’entendre,
mais elle est tout au moins la fin d’un monde ; et, si ce qui doit finir est la
civilisation occidentale sous sa forme actuelle, il est compréhensible que ceux
qui se sont habitués à ne rien voir en dehors d’elle, à la considérer comme «
la civilisation » sans épithète, croient facilement que tout finira avec elle,
et que, si elle vient à disparaître, ce sera véritablement la « fin du monde ».
Nous dirons
donc, pour ramener les choses à leurs justes proportions, qu’il semble bien que
nous approchions réellement de la fin d’un monde, c’est-à-dire de la fin d’une
époque ou d’un cycle historique, qui peut d’ailleurs être en correspondance
avec un cycle cosmique, suivant ce qu’enseignent à cet égard toutes les
doctrines traditionnelles.
Il y a déjà
eu dans le passé bien des événements de ce genre, et sans doute y en aura-t-il
encore d’autres dans l’avenir ; événements d’importance inégale, du reste,
selon qu’ils terminent des périodes plus ou moins étendues et qu’ils
concernent, soit tout l’ensemble de l’humanité terrestre, soit seulement l’une
ou l’autre de ses portions, une race ou un peuple déterminé.
Il est à
supposer, dans l’état présent du monde, que le changement qui interviendra aura
une portée très générale, et que, quelle que soit la forme qu’il revêtira, et
que nous n’entendons point chercher à définir, il affectera plus ou moins la
terre tout entière.
En tout cas,
les lois qui régissent de tels événements sont applicables analogiquement à
tous les degrés ; aussi ce qui est dit de la « fin du monde », en un sens aussi
complet qu’il est possible de la concevoir, et qui d’ailleurs ne se rapporte
d’ordinaire qu’au monde terrestre, est-il encore vrai, toutes proportions
gardées, lorsqu’il s’agit simplement de la fin d’un monde quelconque, entendue
en un sens beaucoup plus restreint.
Ces
observations préliminaires aideront grandement à comprendre les considérations
qui vont suivre ; nous avons déjà eu l’occasion, dans d’autres ouvrages, de
faire assez souvent allusion aux « lois cycliques » ; il serait d’ailleurs
peut-être difficile de faire de ces lois un exposé complet sous une forme
aisément accessible aux esprits occidentaux, mais du moins est-il nécessaire
d’avoir quelques données sur ce sujet si l’on veut se faire une idée vraie de
ce qu’est l’époque actuelle et de ce qu’elle représente exactement dans
l’ensemble de l’histoire du monde.
C’est
pourquoi nous commencerons par montrer que les caractères de cette époque sont
bien réellement ceux que les doctrines traditionnelles ont indiqués de tout temps
pour la période cyclique à laquelle elle correspond ; et ce sera aussi montrer
que ce qui est anomalie et désordre à un certain point de vue est pourtant un
élément nécessaire d’un ordre plus vaste, une conséquence inévitable des lois
qui régissent le développement de toute manifestation.
Du reste,
disons-le tout de suite, ce n’est pas là une raison pour se contenter de subir
passivement le trouble et l’obscurité qui semblent momentanément triompher,
car, s’il en était ainsi, nous n’aurions qu’à garder le silence ; c’en est une,
au contraire, pour travailler, autant qu’on le peut, à préparer la sortie de
cet « âge sombre » dont bien des indices permettent déjà d’entrevoir la fin
plus ou moins prochaine, sinon tout à fait imminente.
Cela aussi
est dans l’ordre, car l’équilibre est le résultat de l’action simultanée de
deux tendances opposées ; si l’une ou l’autre pouvait entièrement cesser
d’agir, l’équilibre ne se retrouverait plus jamais, et le monde même
s’évanouirait ; mais cette supposition est irréalisable, car les deux termes
d’une opposition n’ont de sens que l’un par l’autre, et, quelles que soient les
apparences, on peut être sûr que tous les déséquilibres partiels et
transitoires concourent finalement à la réalisation de l’équilibre total. »
A suivre :
Chapitre I : l’âge sombre.
merci LIGEIA pour les liens.
RépondreSupprimerbonne semaine
A toi aussi Michel :-)
RépondreSupprimerMerci pour votre travail et les opportunités que vous offrez à nous lecteurs
RépondreSupprimerCordialement
Tara
Merci.
RépondreSupprimerAaaaah!! Enfin te revoilà :)
RépondreSupprimerIl manque plus que Ror rouvre un blog et ce sera parfait. Je viens de découvrir que tu as publié pas mal d'articles en quelques jours, ils ont l'air vraiment intéressant. Merci pour ton travail.
Bonsoir à toi et bon retour ! :-)
SupprimerPour le blog de Ror, à mon avis.... je te laisse aller voir :-) http://leschroniquesderorschach.blogspot.fr/
Merci à vous tous pour vos comms.... :-)
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