dimanche 10 février 2019

Guénon – Orient et Occident : tentatives infructueuses part.2/3


Cette série est issue du livre de René Guénon - ORIENT et OCCIDENT et se rapporte à la partie II : "Les possibilités de rapprochement".


Le livre en pdf :


Cette série se composera comme suit :

CHAPITRE I - TENTATIVES INFRUCTUEUSES
partie 1,
partie 2, partie 3
CHAPITRE II - L’ACCORD SUR LES PRINCIPES
CHAPITRE III - CONSTITUTION ET RÔLE DE L’ELITE
CHAPITRE IV - ENTENTE ET NON FUSION
CONCLUSION


CHAPITRE PREMIER : TENTATIVES INFRUCTUEUSES

Partie 2 :

Tout ce que nous disons de la science occidentale, nous pouvons le dire aussi de la philosophie, et encore avec cette circonstance aggravante que, si sa valeur spéculative n’est pas plus grande ni plus réelle, elle n’a même pas cette valeur pratique qui, si relative et si secondaire qu’elle soit, est tout de même encore quelque chose ; et, à ce point de vue, nous pouvons joindre à la philosophie tout ce qui, dans la science même, n’a que le caractère de pures hypothèses.
D’ailleurs, dans la pensée moderne, il ne peut y avoir aucune séparation profonde entre la connaissance scientifique et la connaissance philosophique : la première en est arrivée à englober tout ce qui est accessible à cette pensée, et la seconde, dans la mesure où elle demeure valable, n’en est plus qu’une partie ou une modalité, à laquelle on ne donne une place à part que par un effet de l’habitude, et pour des raisons beaucoup plus historiques que logiques au fond. Si la philosophie a des prétentions plus grandes, c’est tant pis pour elle, car ces prétentions ne peuvent se fonder sur rien ; lorsqu’on veut s’en tenir à l’état présent de la mentalité occidentale, il n y a de légitime que la conception positiviste, aboutissement normal du rationalisme « scientiste », ou la conception pragmatiste, qui laisse décidément de côté toute spéculation pour s’en tenir à un sentimentalisme utilitaire : ce sont toujours les deux tendances entre lesquelles oscille toute la civilisation moderne.


Pour les Orientaux, par contre, l’alternative ainsi exprimée n’a aucun sens, parce que ce qui les intéresse vraiment et essentiellement est bien au delà de ces deux termes, de même que leurs conceptions sont au delà de tous les problèmes artificiels de la philosophie, et que leurs doctrines traditionnelles sont au delà de tous les systèmes, inventions purement humaines au sens le plus étroit de ce mot, nous voulons dire inventions d’une raison individuelle qui, méconnaissant ses limitations, se croit capable d’embrasser tout l’Univers ou de le reconstruire au gré de sa fantaisie, et qui, surtout, pose en principe la négation absolue de tout ce qui la dépasse. 

Il faut entendre par là la négation de la connaissance métaphysique, qui est d’ordre supra-rationnel, et qui est la connaissance intellectuelle pure, la connaissance par excellence ; la philosophie moderne ne peut admettre l’existence de la métaphysique vraie sans se détruire elle-même, et, quant à la « pseudo-métaphysique » qu’elle s’incorpore, ce n’est qu’un assemblage plus ou moins habile d’hypothèses exclusivement rationnelles, donc scientifiques en réalité, et qui ne reposent généralement sur rien de bien sérieux.

En tout cas, la portée de ces hypothèses est toujours extrêmement restreinte ; les quelques éléments valables qui peuvent y être mêlés ne vont jamais beaucoup plus loin que le domaine de la science ordinaire, et leur étroite association avec les plus déplorables fantaisies, non moins que la forme systématique sous laquelle le tout se présente, ne peut que les déconsidérer totalement aux yeux des Orientaux. Ceux-ci n’ont pas ce mode spécial de pensée auquel convient proprement le nom de philosophie : ce n’est pas chez eux qu’on peut rencontrer l’esprit systématique ni l’individualisme intellectuel ; mais, s’ils n’ont pas les inconvénients de la philosophie, ils ont, dégagé de tout alliage impur, l’équivalent de tout ce qu’elle peut contenir d’intéressant, et qui, dans leurs « sciences traditionnelles », prend même une portée beaucoup plus haute ; et ils ont, en outre, immensément plus, puisqu’ils ont, comme principe de tout le reste, la connaissance métaphysique, dont le domaine est absolument illimité.

Aussi la philosophie, avec ses essais d’explication, ses délimitations arbitraires, ses subtilités inutiles, ses confusions incessantes, ses discussions sans but et son verbiage sans consistance, leur apparaît-elle comme un jeu particulièrement puéril ; nous avons rapporté ailleurs l’appréciation de cet Hindou qui, entendant pour la première fois exposer les conceptions de certains philosophes européens, déclara que c’étaient là des idées bonnes tout au plus pour un enfant de huit ans. 
Il faut donc encore moins compter sur la philosophie que sur la science ordinaire pour inspirer de l’admiration aux Orientaux, ou même pour les impressionner favorablement, et il ne faut pas s’imaginer qu’ils adopteront jamais ces façons de penser, dont l’absence dans une civilisation n’a rien de regrettable, et dont l’étroitesse caractéristique est un des plus grands périls de l’intelligence ; tout cela n’est pour eux, comme nous le disions, qu’une contrefaçon d’intellectualité, à l’usage exclusif de ceux qui, incapables de voir plus haut et plus loin, sont condamnés, par leur propre constitution mentale ou par l’effet de leur éducation, à ignorer à tout jamais ce qu’est la véritable intellectualité.



Nous ajouterons encore un mot en ce qui concerne spécialement les « philosophies de l’action » : ces théories ne font en somme que consacrer l’abdication complète de l’intelligence ; peut-être vaut-il mieux, en un sens, renoncer franchement à toute apparence d’intellectualité, plutôt que de continuer indéfiniment à s’illusionner avec des spéculations dérisoires ; mais alors pourquoi s’obstiner à vouloir faire encore des théories ? Prétendre que l’action doit être mise au-dessus de tout, parce qu’on est incapable d’atteindre à la spéculation pure, c’est là une attitude qui, vraiment, ressemble un peu trop à celle du renard de la fable... 
Quoi qu’il en soit, on ne peut se flatter de convertir à de semblables doctrines les Orientaux, pour qui la spéculation est incomparablement supérieure à l’action ; du reste, le goût de l’action extérieure et la recherche du progrès matériel sont étroitement solidaires, et il n’y aurait pas lieu de revenir encore là-dessus si nos contemporains n’éprouvaient le besoin de « philosopher » à ce sujet, ce qui montre bien que la philosophie, comme ils l’entendent, peut être véritablement n’importe quoi, excepté la sagesse vraie et la connaissance intellectuelle pure.

Puisque cette occasion se présente, nous en profiterons pour dissiper tout de suite un malentendu possible : dire que la spéculation est supérieure à l’action, ce n’est point dire que tout le monde doive pareillement se désintéresser de cette dernière ; dans une collectivité humaine hiérarchiquement organisée, il faut assigner à chacun la fonction qui convient à sa propre nature individuelle, et c’est là le principe sur lequel repose essentiellement, dans l’Inde, l’institution des castes. Si donc l’Occident revient jamais à une constitution hiérarchique et traditionnelle, c’est-à-dire fondée sur de véritables principes, nous ne prétendons aucunement que la masse occidentale en deviendra exclusivement contemplative, ni même qu’elle devra l’être au même degré que l’est la masse orientale ; la chose est en effet possible en Orient, mais il y a, en Occident, des conditions spéciales de climat et de tempérament qui s’y opposent et qui s’y opposeront toujours.

Les aptitudes intellectuelles seront sans doute beaucoup plus répandues qu’elles ne le sont aujourd’hui ; mais ce qui est encore plus important, c’est que la spéculation sera l’occupation normale de l’élite, et que même on ne concevra pas qu’une élite véritable puisse être autre qu’intellectuelle. Cela est suffisant, d’ailleurs, pour qu’un tel état de choses soit tout le contraire de celui que nous voyons actuellement, et où la richesse matérielle tient lieu presque entièrement de toute supériorité effective, d’abord parce qu’elle correspond directement aux préoccupations et aux ambitions dominantes de l’Occidental moderne, avec son horizon purement terrestre, et ensuite parce qu’elle est bien le seul genre de supériorité (si toutefois on peut dire qu’elle en est une) dont puisse s’accommoder la médiocrité de l’esprit démocratique. Un pareil renversement permet de mesurer toute l’étendue de la transformation qui devra s’opérer dans la civilisation occidentale pour qu’elle redevienne normale et comparable aux autres civilisations, et pour qu’elle cesse d’être dans le monde une cause de trouble et de désordre.

C’est avec intention que, jusqu’ici, nous nous sommes abstenu de mentionner la religion parmi les différentes choses que l’Occident peut présenter à l’Orient ; c’est que, si la religion est aussi chose occidentale, elle n’est point chose moderne, et c’est même contre elle que l’esprit moderne concentre toute son animosité, parce qu’elle est, en Occident, le seul élément qui ait gardé un caractère traditionnel. Nous ne parlons, bien entendu, que de la religion au sens propre de ce mot, et non des déformations ou des imitations qui ont pris naissance, au contraire, sous l’influence de l’esprit moderne, et qui en portent la marque à tel point qu’elles sont presque entièrement assimilables au « moralisme » philosophique.

Pour ce qui est de la religion proprement dite, les Orientaux ne peuvent avoir pour elle que du respect, précisément en raison de son caractère traditionnel ; et même, si les Occidentaux se montraient plus attachés à leur religion qu’ils ne le sont d’ordinaire, ils seraient certainement mieux considérés en Orient. 
Seulement, ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que la tradition ne revêt pas la forme spécifiquement religieuse chez les Orientaux, à l’exception des Musulmans, qui ont encore quelque chose de l’Occident ; or la différence des formes extérieures n’est qu’une affaire d’adaptation aux diverses mentalités, et, là où la tradition n’a pas pris spontanément la forme religieuse, c’est qu’elle n’avait point à la prendre. L’erreur consiste ici à vouloir faire adopter aux Orientaux des formes qui ne sont pas faites pour eux, qui ne répondent pas aux exigences de leur mentalité, mais dont ils reconnaissent d’ailleurs l’excellence pour les Occidentaux : c’est ainsi qu’on peut voir parfois des Hindous engager des Européens à revenir au Catholicisme, et même les aider à le comprendre, sans avoir la moindre velléité d’y adhérer eux-mêmes. Sans doute, il n’y a pas une complète équivalence entre toutes les formes traditionnelles, parce qu’elles correspondent à des points de vue qui diffèrent réellement ; mais, dans la mesure où elles sont équivalentes, la substitution de l’une à l’autre serait évidemment inutile ; et, dans la mesure où elles sont différentes autrement que par l’expression (ce qui ne veut nullement dire qu’elles soient opposées ou contradictoires), cette substitution ne pourrait être que nuisible, parce qu’elle provoquerait inévitablement un défaut d’adaptation.


Si les Orientaux n’ont point la religion au sens occidental du mot, ils en ont tout ce qui leur convient ; en même temps, ils ont plus au point de vue intellectuel, puisqu’ils ont la métaphysique pure, dont la théologie n’est en somme qu’une traduction partielle, affectée de la teinte sentimentale qui est inhérente à la pensée religieuse comme telle ; s’ils ont moins d’un autre côté, ce n’est qu’au point de vue sentimental, et parce qu’ils n’en ont nul besoin. Ce que nous venons de dire montre aussi pourquoi la solution que nous estimons préférable pour l’Occident est le retour à sa propre tradition, complétée s’il y a lieu quant au domaine de l’intellectualité pure (ce qui, d’ailleurs, ne concerne que l’élite) ; la religion ne peut tenir la place de la métaphysique, mais elle n’est aucunement incompatible avec elle, et on en a la preuve dans le monde islamique, avec les deux aspects complémentaires sous lesquels se présente sa doctrine traditionnelle.

Ajoutons que, même si l’Occident répudie le sentimentalisme (et nous entendons par là la prédominance accordée au sentiment sur l’intelligence), la masse occidentale n’en conservera pas moins un besoin de satisfactions sentimentales que la forme religieuse seule peut lui donner, de même qu’elle conservera un besoin d’activité extérieure que n’ont point les Orientaux ; chaque race a son tempérament propre, et, s’il est vrai que ce ne sont là que des contingences, il n’y a pourtant qu’une élite assez restreinte qui puisse n’avoir pas à en tenir compte. Mais les satisfactions dont il s’agit, c’est dans la religion proprement dite que les Occidentaux peuvent et doivent les trouver normalement, et non dans ces succédanés plus ou moins extravagants où s’alimente le « pseudomysticisme » de certains contemporains, religiosité inquiète et dévoyée qui est encore un symptôme de l’anarchie mentale dont souffre le monde moderne, dont il risque même de mourir, si l’on n’y apporte des remèdes efficaces avant qu’il soit trop tard.

Ainsi, parmi les manifestations de la pensée occidentale, les unes sont simplement ridicules aux yeux des Orientaux, et ce sont toutes celles qui ont un caractère spécialement moderne ; les autres sont respectables, mais elles ne sont appropriées qu’à l’Occident exclusivement, bien que les Occidentaux d’aujourd’hui aient une tendance à les déprécier ou à les rejeter, sans doute parce qu’elles représentent encore quelque chose de trop élevé pour eux. Donc, de quelque côté qu’on veuille envisager la question, il est tout à fait impossible qu’un rapprochement s’opère au détriment de la mentalité orientale ; comme nous l’avons déjà dit, c’est l’Occident qui doit se rapprocher de l’Orient ; mais, pour qu’il s’en rapproche effectivement, la bonne volonté même ne serait pas suffisante, et ce qu’il faudrait surtout, c’est la compréhension.
Or, jusqu’ici, les Occidentaux qui se sont efforcés de comprendre l’Orient, avec plus ou moins de sérieux et de sincérité, n’ont abouti généralement qu’aux plus lamentables résultats, parce qu’ils ont apporté dans leurs études tous les préjugés dont leur esprit se trouvait encombré, d’autant plus qu’ils étaient des « spécialistes », ayant acquis préalablement certaines habitudes mentales dont il leur était impossible de se défaire. Assurément, parmi les Européens qui ont vécu en contact direct avec les Orientaux, il en est bien quelques-uns qui ont pu comprendre et s’assimiler certaines choses, justement parce que, n’étant point des « spécialistes », ils étaient plus libres d’idées préconçues ; mais, d’ordinaire, ceux-là n’ont pas écrit ; ce qu’ils ont appris, ils l’ont gardé pour eux, et d’ailleurs, s’il leur est arrivé d’en parler à d’autres Occidentaux, l’incompréhension dont ceux-ci font preuve en pareil cas était bien faite pour les décourager et pour les engager à observer la même réserve que les Orientaux.

L’Occident, dans son ensemble, n’a donc jamais pu profiter de certaines exceptions individuelles ; et, quant aux travaux qui ont été faits sur l’Orient et ses doctrines, il vaudrait souvent mieux ne pas même en connaître l’existence, car l’ignorance pure et simple est bien préférable aux idées fausses. Nous ne voulons pas répéter tout ce que nous avons déjà dit ailleurs sur les productions des orientalistes : elles ont surtout pour effet, d’une part, d’égarer les Occidentaux qui y ont recours sans avoir par ailleurs le moyen d’en rectifier les erreurs, et, d’autre part, de contribuer encore à donner aux Orientaux, par l’incompréhension qui y est étalée, la plus fâcheuse idée de l’intellectualité occidentale.

Sous ce dernier rapport, cela ne fait que confirmer l’appréciation que les Orientaux sont déjà portés à formuler par tout ce qu’ils connaissent de l’Occident, et accentuer chez eux cette attitude de réserve dont nous parlions tout à l’heure ; mais le premier inconvénient est encore plus grave, surtout si l’initiative d’un rapprochement doit venir du côté occidental. En effet, quelqu’un qui possède une connaissance directe de l’Orient peut bien, en lisant la plus mauvaise traduction ou le commentaire le plus fantaisiste, dégager les parcelles de vérité qui y subsistent malgré tout, à l’insu de l’auteur qui n’a fait que transcrire sans comprendre, et qui n’est tombé juste que par une sorte de hasard (cela arrive surtout dans les traductions anglaises, qui sont faites consciencieusement et sans trop de parti pris systématique, mais aussi sans aucun souci de compréhension vraie) ; il peut même souvent rétablir le sens là où il a été dénaturé, et, en tout cas, il peut consulter impunément des ouvrages de ce genre, même s’il n’en retire aucun profit ; mais il en va tout autrement pour le lecteur ordinaire. Celui-ci, ne possédant aucun moyen de contrôle, ne peut avoir que deux attitudes : ou bien il croit de bonne foi que les conceptions orientales sont telles qu’on les lui présente, et il en éprouve un dégoût très compréhensible, en même temps que tous ses préjugés occidentaux en sont fortifiés ; ou bien il se rend compte que ces conceptions ne peuvent pas, dans la réalité, être aussi absurdes ou aussi dépourvues de sens, il sent plus ou moins confusément qu’il doit y avoir autre chose, mais il ne sait pas ce que cela peut être, et, désespérant de le savoir jamais, il renonce à s’en occuper et ne veut même plus y penser.


Ainsi, le résultat final est toujours un éloignement, et non un rapprochement ; nous ne parlons naturellement que des gens qui s’intéressent aux idées, car c’est seulement parmi ceux-là qu’il s’en trouve qui pourraient comprendre si on leur en fournissait les moyens ; pour ce qui est des autres, qui ne voient là qu’une affaire de curiosité et d’érudition, nous n’avons pas à nous en préoccuper. Du reste, la majorité des orientalistes ne sont et ne veulent être que des érudits ; tant qu’ils se bornent à des travaux historiques ou philologiques, cela n’a pas grande importance ; il est évident que des ouvrages de ce genre ne peuvent servir de rien pour atteindre le but que nous envisageons ici, mais leur seul danger, en somme, est celui qui est commun à tous les abus de l’érudition, nous voulons dire la propagation de cette « myopie intellectuelle » qui borne tout savoir à des recherches de détail, et le gaspillage d’efforts qui pourraient être mieux employés dans bien des cas.
Mais ce qui est beaucoup plus grave à nos yeux, c’est l’action exercée par ceux des orientalistes qui ont la prétention de comprendre et d’interpréter les doctrines, et qui les travestissent de la façon la plus incroyable, tout en assurant parfois qu’ils les comprennent mieux que les Orientaux eux-mêmes (comme Leibnitz s’imaginait avoir retrouvé le vrai sens des caractères de Fo-hi), et sans jamais songer à prendre l’avis des représentants autorisés des civilisations qu’ils veulent étudier, ce qui serait pourtant la première chose à faire, au lieu de se comporter comme s’il s’agirait de reconstituer des civilisations disparues.

Cette invraisemblable prétention ne fait que traduire la croyance qu’ont les Occidentaux en leur propre supériorité : même lorsqu’ils consentent à prendre en considération les idées des autres, ils se trouvent tellement intelligents qu’ils doivent comprendre ces idées beaucoup mieux que ceux qui les ont élaborées, et qu’il leur suffit de les regarder du dehors pour savoir entièrement à quoi s’en tenir ; quand on a une telle confiance en soi-même, on perd généralement toutes les occasions qu’on pourrait avoir de s’instruire réellement.


 A suivre....


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