La véritable
initiation n’a rien en commun avec de vagues « expérimentations personnelles »
et autres ressentis subjectifs et individuels ; elle ne dépend pas d’une
interprétation sujette à caution sur des « infos reçues »
extérieurement (quelle que soit d’ailleurs la façon habile de présenter les
choses) car elle n’a rien de vague et de « nébuleux ».
« Cela
signifie que, dans le cas du mysticisme, l’individu se borne à recevoir
simplement ce qui se présente à lui, et tel qu’il se présente, sans que
lui-même y soit pour rien ; et, disons-le tout de suite, c’est en cela que
réside pour lui le danger principal, du fait qu’il est ainsi « ouvert » à
toutes les influences, de quelque ordre qu’elles soient, et qu’au surplus, en
général et sauf de rares exceptions, il n’a pas la préparation doctrinale qui
serait nécessaire pour lui permettre d’établir entre elles une discrimination
quelconque. »
La seule
façon de se prémunir contre ce genre d’illusions c’est de s’appuyer encore et
toujours sur les textes sacrés et les écrits traditionnels.
Mais là aussi,
il s’agit de les accepter dans leur totalité et non pas sous formes
fragmentaires selon ce qui nous convient ou ce qu’on veut de faire croire.
A propos du
verset coranique « As-tu vu celui qui a pris pour son dieu (ilâh) sa passion ? » (Cor. 25,
43 et Cor. 45, 23), Ibn Arabî enseigne qu’en réalité l’homme « n’a jamais
adoré que sa passion »...
INITIATION ET RÉALISATION SPIRITUELLE Chapitre XVI
Livre consultable en pdf ici :
http://classiques.uqac.ca/classiques/guenon_rene/initiation_realisation_spirituelle/initiation_realisation_spirituelle.pdf
Livre consultable en pdf ici :
http://classiques.uqac.ca/classiques/guenon_rene/initiation_realisation_spirituelle/initiation_realisation_spirituelle.pdf
Nous devons revenir encore une
fois sur les différences essentielles qui existent entre la réalisation
métaphysique ou initiatique et la réalisation mystique, car, à ce sujet,
certains ont posé cette question : si la contemplation comme nous le préciserons
encore plus loin, est la plus haute forme de l’activité, et beaucoup plus
active en réalité que tout ce qui relève de l’action extérieure, et si, comme
on l’admet généralement, il y a aussi contemplation dans les cas des états,
mystiques, n’y a-t-il pas là quelque chose d’incompatible avec le caractère de
passivité qui est inhérent au mysticisme même ?
De plus, dès lors qu’on peut
parler de contemplation à la fois dans l’ordre métaphysique et dans l’ordre
mystique, il pourrait sembler que l’un et l’autre coïncident sous ce rapport,
au moins dans une certaine mesure ; ou bien, s’il n’en est pas ainsi, y
aurait-il donc deux sortes de contemplation ?
Avant tout, il convient de
rappeler à cet égard qu’il y a bien des qualités différentes de mysticisme, et
que les formes inférieures de celui-ci ne sauraient être en cause ici, car on
ne peut pas y parler réellement de contemplation au vrai sens de ce mot.
Il faut écarter, à ce point de
vue, tout ce qui a le caractère le plus nettement « phénoménique », c’est-à-dire
en somme tous les états où se rencontre ce à quoi les théoriciens du mysticisme
appliquent des désignations comme celles de « vision sensible » et de « vision
imaginaire » (et d’ailleurs l’imagination rentre également dans l’ordre des
facultés sensibles prises au sens le plus étendu), états qu’eux-mêmes
considèrent aussi comme inférieurs, et que même, avec juste raison, ils
n’envisagent pas sans une certaine méfiance car il est évident que c’est là que
l’illusion peut s’introduire avec la plus grande facilité.
Il n’y a de contemplation
mystique proprement dite que dans le cas de ce qui est appelé « vision
intellectuelle », qui est d’un ordre beaucoup plus « intérieur », et à laquelle
n’atteignent que les mystiques qu’on peut dire supérieurs, à tel point qu’il
semble que ce soit là en quelque sorte l’aboutissement et comme le but même de
leur réalisation ; mais ces mystiques dépassent-ils effectivement par là le
domaine individuel ?
C’est en cela que consiste au
fond toute la question, car c’est cela seul qui, tout en laissant d’ailleurs
subsister en tout cas la différence des moyens caractérisant respectivement les
deux voies initiatique et mystique, pourrait justifier, quant à leur but, une
certaine assimilation comme celle dont nous venons de parler. Il est bien
entendu qu’il ne s’agit aucunement pour nous d’amoindrir la portée des
différences qualificatives qui existent dans le mysticisme lui-même ; mais il
n’en est pas moins vrai que, même pour ce qu’il y a de plus élevé dans
celui-ci, cette assimilation impliquerait une confusion qu’il est nécessaire de
dissiper.
Nous dirons nettement qu’il y a
bien réellement deux sortes de contemplation, qu’on pourrait appeler une
contemplation directe et une contemplation par reflet ; de même en effet qu’on
peut regarder directement le soleil ou regarder seulement son reflet dans
l’eau, de même aussi on peut contempler, soit les réalités spirituelles telles
qu’elles sont en elles-mêmes, soit leur reflet dans le domaine individuel.
On peut bien parler de contemplation
dans les deux cas, et même, en un certain sens, ce sont bien les mêmes réalités
qui sont contemplées, comme c’est le même soleil qu’on voit directement ou par
son reflet ; mais il n’en est pas moins évident qu’il y a là une très grande
différence. Il y a même plus que ne pourrait le faire penser à première vue la
comparaison que nous venons de donner, car la contemplation directe des
réalités spirituelles implique nécessairement qu’on se transporte soi-même en
quelque sorte dans leur propre domaine, ce qui suppose un certain degré de
réalisation des états supra-individuels, réalisation qui ne peut jamais être
qu’essentiellement active ; par contre, la contemplation par reflet implique
seulement qu’on « s’ouvre » à ce qui se présentera comme spontanément (et qui
pourra aussi ne pas se présenter, puisque c’est là quelque chose qui ne dépend
aucunement de la volonté ou de l’initiative du contemplatif) et, c’est pourquoi
il n’y a là rien qui soit incompatible avec la passivité mystique.
Naturellement, cela n’empêche pas
la contemplation d’être toujours, à un degré ou à un autre, une véritable
activité intérieure, et d’ailleurs un état qui serait purement passif ne se
conçoit peut-être même pas, puisque la simple sensation elle-même a aussi
quelque chose d’actif sous un certain rapport ; en fait, la passivité pure
n’appartient qu’à la materia prima et ne saurait se rencontrer nulle part dans
la manifestation.
Mais la passivité du mystique
consiste proprement en ce qu’il se borne à recevoir ce qui vient à lui, et qui
ne peut pas ne pas éveiller en lui une certaine activité intérieure, celle-là
même qui constituera précisément sa contemplation ; il est passif parce qu’il
ne fait rien pour aller au-devant des réalités qui sont l’objet de cette
contemplation, et c’est cela même qui entraîne comme conséquence qu’il ne sort
pas de son état individuel.
Il faut donc, pour que ces
réalités lui deviennent accessibles en quelque façon, qu’elles descendent pour
ainsi dire dans le domaine individuel, ou, si l’on préfère, qu’elles s’y
reflètent comme nous le disions tout à l’heure ; cette dernière façon de parler
est d’ailleurs la plus exacte, parce qu’elle fait mieux comprendre qu’elles ne
sont aucunement affectées par cette « descente » apparente, pas plus que le
soleil ne l’est par l’existence de son reflet.
Un autre point particulièrement
important, et qui se rattache du reste assez étroitement au précédent, c’est
que la contemplation mystique, par là même qu’elle n’est qu’indirecte,
n’implique jamais aucune identification, mais au contraire, laisse toujours
subsister la dualité entre le sujet et l’objet ; à vrai dire, d’ailleurs, il
est en quelque sorte nécessaire qu’il en soit ainsi, car cette dualité fait
partie intégrante du point de vue religieux comme tel, et, ainsi que nous avons
déjà eu souvent l’occasion de le dire, tout ce qui est mysticisme relève
proprement du domaine religieux (62).
Même l'extase mystique réelle reste de l'ordre individuel. |
Ce qui peut prêter à confusion
sur ce point, c’est que les mystiques emploient volontiers le mot d’« union »,
et que la contemplation dont il s’agit appartient même plus précisément à ce
qu’ils nomment « vie unitive » ; mais cette « union » n’a aucunement la même
signification que le Yoga ou ses équivalents, de sorte qu’il n’y a là qu’une
similitude tout extérieure. Ce n’est pas qu’il soit illégitime d’employer le
même mot, car, dans le langage courant lui-même, on parle d’union entre des
êtres dans bien des cas divers et où il n’y a évidemment identification entre
eux à aucun degré ; il faut seulement avoir toujours le plus grand soin de ne
pas confondre des choses différentes sous prétexte qu’un seul mot sert à
désigner également les unes et les autres.
Dans le mysticisme, insistons-y
encore, il n’est jamais question d’identification avec le Principe, ni même
avec tel ou tel de ses aspects « non suprêmes » (ce qui en tout cas dépasserait
encore manifestement les possibilités d’ordre individuel) ; et, de plus,
l’union qui est considérée comme le terme même de la vie mystique est toujours
rapportée à une manifestation principielle envisagée uniquement dans le domaine
humain ou par rapport à celui-ci (63). Il doit être bien entendu, d’autre part,
que la contemplation atteinte dans la réalisation initiatique comporte bien des
degrés différents, de sorte qu’elle ne va assurément pas toujours jusqu’à une
identification ; mais, quand il en est ainsi, elle n’est encore regardée que
comme un stade préliminaire, une étape dans le cours de la réalisation, et non
point comme le but suprême auquel l’initiation doit conduire finalement (64).
62 Ceci ne veut pas dire qu’il n’y ait pas, dans les écrits anciens appartenant à la tradition chrétienne, certaines choses qui ne pourraient se comprendre autrement que comme l’affirmation plus ou moins explicite d’une identification ; mais les modernes, qui d’ailleurs cherchent généralement à en atténuer le sens, les trouvant gênantes parce qu’elles ne rentrent pas dans leurs propres conceptions, commettent une erreur en les rapportant au mysticisme ; il y avait certainement alors, dans le Christianisme même bien des choses d’un tout autre ordre et dont ils n’ont plus la moindre idée.
63 Le langage même des mystiques est très net à cet égard : il ne s’agit jamais d’union avec le Christ-principe, c’est-à-dire avec le Logos en lui-même, ce qui, même sans aller jusqu’à l’identification, serait déjà au-delà du domaine humain ; il s’agit toujours d’« union avec le Christ Jésus », expression qui se réfère clairement d’une façon exclusive, au seul aspect « individualisé » de l’Avatâra.
64 La différence entre cette contemplation préliminaire et l’identification est celle qui existe entre ce que la tradition islamique désigne respectivement comme aynul-yaqîn et haqqul-yaqîn (voir Aperçus sur l’Initiation, pp. 173- 175).
Eaux supérieures et Eaux inférieurs.... |
Cela devrait suffire à montrer
que les deux voies ne tendent pas réellement à la même fin, puisque l’une
d’elles s’arrête à ce qui ne représente pour l’autre qu’une étape secondaire ;
et de plus, même à ce degré, il y a une grande différence en ce que, dans l’un
des deux cas, c’est un reflet qui est contemplé en quelque sorte en lui-même et
pour lui-même, tandis que, dans l’autre, ce reflet n’est pris que comme le
point d’aboutissement des rayons dont il faudra suivre la direction pour
remonter, à partir de là, jusqu’à la source même de la lumière.
En effet, il est très difficile à la fois d'entamer un réel travail sur soi et le maintenir dans la durée.
RépondreSupprimerPourtant, la persévérance est indispensable (pas toujours facile à maintenir dans la durée).
En raison du monde dans lequel nous vivons, je comparerais ce travail à une sorte de "ménage", si on ne maintient pas une certaine régularité, les poussières, toiles d'araignées et même germes et miasmes recommencent à s'installer et la "lumière" ne passe plus.
L'occupant s'adapte à la luminosité déclinante, et finit par vivre dans un monde irréel, où n'importe quoi, devient une illusion de lumière.
Le ressenti personnel peut être biaisé :"qui veut faire l'ange, fait la bête".
je viens d'aller lire quelques commentaires sur le blog de Rorschach..... c'est un bon entraînement au monde de Gog et Magog ; car, tout y passe : des attaques personnelles (certains miasmes profitent de l'impunité actuelle, pour montrer leur vrai visage), aux allusions empoisonnées, en passant par l'apologie de la grossièreté et de la bêtise.
Quelque part, on ne peut trouver meilleur enseignement (même si je ressens, là tout de suite à chaud, un profond écoeurement).
La foule a préféré Barabas, car il ne demandait pas le moindre effort et même laissait ces pauvres hères en paix avec leurs vices, leurs forfaitures, faiblesses, mensonges et petits arrangement plus ou moins salaces.
Un exemple vient en "contre-illustration" : il y a beaucoup trop de calamités dans l'humanité, il y en a d'autres qui l'illuminent.
hier soir, durant la surveillance de nuit (j'étais de nuit et nous faisons le tour pour voir si tout va bien pour tout le monde), dans l'une des chambres, le papy, était encore debout à 23 h;.
Ce papy a fait un AVC il y a des mois et, il tient à faire tout ce qu'il peut, tout seul (fait même son lit, lui même) et a perdu totalement l'usage de sa main droite et sourit tout le temps (c'est quelqu'un de très gai).
Tu sais ce qu'il était en train de faire ?
à près de 90 ans, il apprenait à écrire de la main gauche ! (d'ailleurs il venait d'écrire une page, en lettres majuscules d'imprimerie, plus rapide à "attraper" que l'écriture en boucles).
Si je compare avec ce que j'ai lu tout à l'heure sur le blog...avec l'attitude de cet homme (tout comme cette femme dans le village, qui après un AVC et hémi paralysie, fait des kilomètres à pieds chaque jour, et curieusement, elle aussi, avec toujours le sourire) il me vient une formule triviale (trouvée sur agoravox, il y a longtemps) parfaite pour illustrer : "il faut laisser pisser le chameau".
Se concentrer sur ceux là et laisser tomber les autres.
Bonjour Lion :-)
Supprimer"qui veut faire l'ange, fait la bête" : oh oui certes !
Je relisais un texte hier soir pour une prochaine parution et comme souvent lorsque je me recentre sur l'essentiel, j'y ai trouvé mes réponses (comme souvent quand je me recentre sur l'essentiel ! ^ ^) !
« La sottise d’un grand nombre et même de la majorité des hommes, à notre époque surtout, et de plus en plus à mesure que se généralise et s’accentue la déchéance intellectuelle caractéristique de l’ultime période cyclique, est peut-être la chose la plus difficile à supporter qu’il y ait en ce monde.
Il faut y joindre à cet égard l’ignorance, ou plus précisément une certaine sorte d’ignorance qui lui est d’ailleurs étroitement liée, celle qui n’est aucunement consciente d’elle-même, qui se permet d’affirmer d’autant plus audacieusement qu’elle sait et comprend moins, et qui est par là même, chez celui qui en est affligé, un mal irrémédiable (1).
Sottise et ignorance peuvent en somme être réunies sous le nom commun d’incompréhension ; mais il doit être bien entendu que supporter cette incompréhension n’implique aucunement qu’on doive lui faire des concessions quelconques, ni même s’abstenir de redresser les erreurs auxquelles elle donne naissance et de faire tout ce qu’il est possible pour les empêcher de se répandre, ce qui du reste est bien souvent aussi une tâche fort déplaisante, surtout lorsqu’on se trouve obligé, en présence de l’obstination de certains, de répéter à maintes reprises des choses qu’il devrait normalement suffire d’avoir dites une fois pour toutes.
Cette obstination à laquelle on se heurte ainsi n’est d’ailleurs pas toujours exempte de mauvaise foi ; et, à vrai dire, la mauvaise foi elle-même implique forcément une étroitesse de vues qui n’est en définitive que la conséquence d’une incompréhension plus ou moins complète, aussi arrive-t-il qu’incompréhension réelle et mauvaise foi, comme sottise et méchanceté, se mêlent d’une telle façon qu’il est parfois bien difficile de déterminer exactement la part de l’une et de l’autre.
Note 1 : Dans la tradition islamique, c’est à supporter la sottise et l’ignorance humaines que consiste haqiqutus-zakâh, la « vérité » de l’aumône, c’est-à-dire son aspect intérieur et le plus réel (...) ; ceci relève naturellement de la vertu de « patience », à laquelle est attachée une importance toute particulière, comme le prouve le fait qu’elle est mentionnée 72 fois dans le Qorân."
Et tu as raison, en ce domaine ce ne sera jamais la quantité qui comptera.... ;-)
Merci pour ce témoignage ; heureuse de voir qu'il y a toujours de petites "lumières" simples et discrètes, mais qui sont véritables elles, en ce monde !
J'avoue ne pas avoir atteint cette patience là, ai trop tendance à "mettre les voiles" au bout d'un temps à barboter dans la "gadoue".
SupprimerUne facette à travailler (bien peur qu'il faille avoir atteint un certain niveau pour cela).
@Kuzca :
RépondreSupprimerTout d’abord je suis d’accord avec vous sur le fait que Dieu étant le Principe, les dualités n’existent plus ou plutôt, elles sont « résorbées » en Lui. Rien ne peut être « en-dehors » et il ne faut pas non plus en effet le réduire à une simple succession d’éléments disparates mais plutôt à une synthèse totale, là où la dualité a cessé d’être.
D’une vague religiosité, assignée à une place précise et limité dans ma vie quotidienne, sa lecture m’a fait comprendre au contraire que la Foi était en tout et partout. Pas « quelque chose qui n’a aucune influence réelle sur le reste de l’existence » et qu’on oublie sitôt sorti de l’Eglise mais une réalité qui doit être présente dans les moindres détails de notre vie.
La lecture de Guénon et des auteurs traditionnels ne peut amener qu’à l’humilité, pour ceux qui sont sincères en tous cas. Mais je reconnais que cette déviance (l’orgueil et la vanité) se rencontre souvent chez ceux qui se croient autorisés à parler en son nom.
La seule façon d’y échapper est de se rappeler, selon la phrase de Guénon même, que " de deux ignorants, celui qui se rend compte qu’il ne sait rien est dans une disposition beaucoup plus favorable à l’acquisition de la connaissance que celui qui croit savoir quelque chose. » car « celui qui croit être quelque chose, comment Dieu serait-il tout en lui ? ».
Quand je m’insurge chez Ror, c’est par rapport à ce que certaines personnes font dire à Guénon mélangeant allégrement leur interprétation et son enseignement en laissant entendre qu’il s’agit de la même chose ! Ce genre de pseudos-guénoniens me hérisse c’est vrai.
Que l’on partage ou pas ce qu’il dit, vous avouerez que celui qui prétend « suivre Guénon » n’a pas à déformer ses propos.
Vous dites : « Le chemin qui mène à Dieu ne se trouve pas dans l'arbre de la connaissance, mais dans l'exercice de l'amour et de la charité. »
Vous considérez comme beaucoup que ce que Guénon appelle « la Connaissance » n’est qu’une sorte d’intellectualité. Or cela n’a rien à voir et il suffit pour le démontrer de voir en quelle « estime » il tenait les érudits...
Quand Guénon parle de la Connaissance il s’agit de ce à quoi le Coran se réfère dans le verset : “Sont seuls à craindre Allah, parmi Ses serviteurs, ceux qui possèdent la Science.” (Cor., 35, 28)
Je trouve bien plus dangereux de se baser sur les « sentiments » qui sont à l’image de l’homme et dépendant de sa perception (autrement dit propres à chacun, fort aléatoires et changeants).
Quand vous parliez d’enfermer Dieu dans une fausse dualité, là en l’occurrence, il s’agit d’enfermer Dieu dans une compréhension toute humaine et donc de Le limiter, puisqu’on ne peut appréhender que ce qui parvient à notre entendement et que le reste est ignoré car « non concevable ».
Un tel croyant se « créé dans son âme une image dont il s’éprend de sorte qu’il n’adore et ne désire que Celui qu’il peut ramener à sa compréhension ». Or qui peut prétendre avoir « compris » l’infinité de Dieu ?
De plus, chacun étant libre d’appliquer sa « sentimentalité » à ce que/qui bon lui semble, cela divergera selon chaque individualité.... où est la Vérité, Une et immuable en ce cas ? Doit-elle dépendre de telles contingences et diverger selon chaque « ressentis » personnel ?
Je ne crois pas qu’on doive accorder la prédominance de la morale sur le Principe divin ; cela se rapproche fort du « libre-examen » des Protestants...
Je finirai sur un point sur lequel je pense, nous tomberons d’accord :
« Toute chose que tu perds a sa compensation. Mais Dieu, si tu Le quittes, ne peut être compensé, car rien ne Lui ressemble. »
Bonjour Ligeia A
SupprimerNe voyez dans mes interventions et mes critiques de Guénon, rien de dirigé contre vous.
Je ne voulais que mettre le doigt sur ce fait qui devrait normalement vous paradoxer (à moins que vous soyez déjà intimement convaincue de sa réalité). Et permettez que j'utilise une formule qui aura peut-être une résonance humoristique même si elle est tout à fait appropriée : "L'important n'est pas de connaître le chemin, mais de le pratiquer".
Je ne veux absolument pas suggérer que vous ne le pratiquez pas, vous seule connaissez le cœur de votre vie. Mais d'une manière générale, la recherche de connaissances, même les plus spirituelles, est le reflet du désir de "connaître" le chemin. Si la pratique vient derrière, alors tant mieux. Mais souvent, cela est tellement consommateur de temps physique et mental, qu'on en oublie l'essentiel.
Et c'est pour cela que je place Guénon parmi les leader de la perte de temps. On peut se sentir enivré par la lecture de ses écrits, ressentir la pertinence vibratoire de ses théories, acquérir une certaine satisfaction de constater qu'on aurait fait du chemin (alors que le chemin en question est celui de l'ego spirituel), et finir par oublier le principal qui est de vivre de l'Amour de Dieu en en étant le simple transducteur c'est à dire en le transmettant à son prochain.
Je pense que vous me comprenez.
Je prends juste un exemple. Quand vous dites :
"La lecture de Guénon et des auteurs traditionnels ne peut amener qu’à l’humilité, pour ceux qui sont sincères en tous cas."
Sans aucun doute. Vous touchez du doigt ce que j'ai tenté d'exprimer. Mais déjà vous parlez du risque. Qu'advient-il de ceux qui n'ont pas pu se maintenir dans l'humilité ?
Puis vous continuez :
"Mais je reconnais que cette déviance (l’orgueil et la vanité) se rencontre souvent chez ceux qui se croient autorisés à parler en son nom."
Vous exprimez ensuite ce que je soutiens aussi, qu'il y a un risque réel dans ces lectures qui nous relient à nos intérieurs, mais il semble que VOUS, vous ne courriez aucun risque ? Il semble que l'orgueil et la vanité n'ont pas de prise sur vous alors que vous vous placez au dessus des autres ?
Et enfin :
"La seule façon d’y échapper est de se rappeler, selon la phrase de Guénon même, que " de deux ignorants, celui qui se rend compte qu’il ne sait rien est dans une disposition beaucoup plus favorable à l’acquisition de la connaissance que celui qui croit savoir quelque chose. » car « celui qui croit être quelque chose, comment Dieu serait-il tout en lui ? ».
Là on est dans le blablatage insipide, et au cœur du piège, comme si le seul risque de ce type de lecture était le fleurissement de la vanité et de l'orgueil, alors que le véritable risque est tout ailleurs, se complaire dans sa pseudo humilité, et ne plus voir celui qui tend sa main vers vous parce que le seul amour qu'on pratique est celui de soi même.
Voilà où est le danger. Guénon pour moi flatte l'ego spirituel par des écrits intelligents mais dont les effets la plupart du temps, pour ne pas dire toujours, produisent une posture qui est à l'opposée des préceptes les plus élémentaires des évangiles : l'amour du prochain et la charité, pas théorique, mais pratiquée dans la vraie vie.
Celui qui lit Guénon finit par dire, je suis heureux, et les autres, s'ils veulent être heureux, ils n'ont qu'à faire comme moi ... cqfd.
Bon. Chacun voit midi à sa porte.
Fraternellement. Kuzca
Bonjour Kuzca,
Supprimer"L'important n'est pas de connaître le chemin, mais de le pratiquer"
Oh certes ! En cela je suis tout-à-fait d’accord.
Si j’ai choisi de suivre ce « chemin », c’est bien entendu parce que je suis convaincue de sa « véracité », tout comme vous avec votre cheminement ; sinon, pourquoi diantre le suivrions-nous ? En cela, chaque croyant qui suit sa voie peut donc être pris comme un orgueilleux...
« Qu'advient-il de ceux qui n'ont pas pu se maintenir dans l'humilité ? » Mais Kuzca, en quoi est ce mon problème ? Faudrait-il alors se garder de toutes références aussi aux Ecritures sous prétexte que certains n’en voient que la « forme » ?
Je note juste ce que j’ai pu observer... et en cela ce n’est pas moi qui juge car il suffit de se référer à celui qu’on prétend « lire » pour démonter bien souvent les interprétations fantaisistes qui circulent.
« Celui qui lit Guénon finit par dire, je suis heureux, »
Je ne le formulerai pas ainsi et dirai plutôt qu’en lisant Guénon j’ai trouvé une forme certaine de sérénité. J’ai créé ce blog pour tenter de partager cela mais pour le « résultat », c’est Dieu qui décide.
Vous m’indiquez votre « voie » comme préférable à celle que j’ai choisie, je fais de même.... En cela, nous pourrions discuter des heures que nous n’en serions pas plus avancés je pense.
Mais j’ai mieux compris votre point de vue, même si je ne le partage pas.
De toutes façons, je pense que dorénavant j’éviterai de parler de Guénon en dehors de « chez moi » ; chacun est libre et toute forme de « propagandisme » est néfaste.
Dieu sondera les cœurs et les reins, de cela chacun de nous peut être surs...
Et merci pour votre réponse.... :-)
Il y a une grande confusion, en effet, sur les terme "connaissance" et "intelligence", car, la plupart ne semblent même pas s'être interrogés sur les sens de ces termes.
RépondreSupprimerBeaucoup la confondent avec la perfidie, qui, n'en sera jamais qu'une imitation, et de mauvaise qualité, en plus, puisque là où l'intelligence, construit et améliore, la perfidie détruit et avilit.
D'autres confondent "connaissance" et "dogme", justement parce qu'ils manquent de connaissances.
On peut ajouter à cette confusion le refus de tout effort (probablement à l'origine de tout "le mal").
Il est dans ce cas, très pratique d'utiliser les textes pour qu'ils aillent dans le sens que l'on veut : le fameux "arbre de la connaissance" aura été un alibi à pas mal de dépravations, elle même, mère de pas mal d'abominations.
C'est pour cela aussi qu'il est à la fois plus sage (ça permet au "savoir" de circuler, comme dans une rivière, au lieu de le défigurer en finissant par dire que l'eau est à la fois un vase, ou une bouteille, un verre ou une piscine...j'ai repris la comparaison de Ligeia que je trouve excellente) et plus respectueux pour celui qui lit dans un réel but de recherche, de citer un auteur, plutôt que de l'interpréter (et finir par dire n'importe quoi, mais surtout, le pire : désinformer).
L'enseignement de RGuénon, pour ce que j'en perçois, met l'accent sur la connaissance, terreau humain qui permet une meilleure compréhension et des choix réellement éclairés.
Il ne s'agit pas de devenir "bon" sans savoir en quoi ça consiste (d'ailleurs, "bon" ne signifie rien, puisque l'on peut se transformer en démon, en pensant "faire le bien". L'enfer est pavé de bonnes intentions, justement car, la "bonté" nécessite la compréhension : une vision générale de la situation), mais d'apprendre tout court (mettre en place une dynamique).
la bonté est la meilleure solution à tout problème, mais pour la "trouver" il faut avoir compris les mécanismes de la plupart des problèmes humains (conflits intérieurs/extérieurs et influences). C'est bien pour cela que "faire l'ange", revient à "faire la bête", car, l'imitation de la bonté est une arme à multiples tranchants.
Sur un plan très "terre à terre" pendant que l'on est occupé à apprendre, on ne pourrit la vie de personne (même pas la sienne, puisque l'on se "nourrit") et on ne désinforme personne, donc, on est sut la voie du "bien".
Mieux vaut en effet s'occuper de la lutte contre nous-même avant de prétendre guider les autres...
SupprimerUne remarque : si le monde nous apparaît tel à nous, avec sa perversité et ses déviances, que pouvait ressentir Guénon lui-même vu le niveau qu'il avait atteint !
On dit que Dante n'a plus jamais souri après son "voyage" initiatique, non pas qu'il ait été terrifié par les tourments de l'enfer mais bien parce qu'il n'était plus en permanence dans les états supérieurs et la proximité divine.
La vie terrestre doit être une sorte d'enfer pour les "redescendus"...
"La vie terrestre doit être une sorte d'enfer pour les "redescendus"... "
SupprimerMe posais cette question récemment, si la vie terrestre ne serait pas une punition ?
Bonjour Lion :-)
SupprimerTout dépend sans doute du niveau de réalisation atteint ; pour les "redescendus" il s'agit du plus grand sacrifice qu'ils puissent faire en effet.
Il est dit que le Prophète, une fois sa mission accomplie a souhaité quitter notre monde rapidement et c'est aussi le sens que l'on peut retrouver dans la phrase de Jésus en Luc 22-42 :
"Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne."
La « coupe » représentant le fardeau de la vie humaine.
Cet article parle de leur sacrifice :
http://esprit-universel.over-blog.com/ren%C3%A9-gu%C3%A9non-r%C3%A9alisation-ascendante-et-descendante
Et notamment cet extrait :
« Le « missionné », au sens où nous avons pris ce mot précédemment, est donc littéralement une « victime » ; il est d’ailleurs bien entendu que ceci n’implique nullement, d’une façon générale, que sa vie doive se terminer par une mort violente, puisque, en réalité, c’est cette vie même, dans tout son ensemble, qui est déjà la conséquence du sacrifice. »
Pour les autres.... il s’agit on pourrait dire, de « la quête du Graal ».... !
C’est une étape obligatoire ; on peut la voir comme une sorte de punition mais il s’agit surtout d’une possibilité qui nous est offerte de retrouver l’état édénique (le salut) et pour certains, d’obtenir la Délivrance.
Beaucoup pensent que « la mort peut suffire à donner à un homme des qualités intellectuelles ou spirituelles qu’il ne possédait aucunement de son vivant » ; Guénon ajoute : « c’est là une étrange illusion et nous ne voyons même pas quelles raisons on pourrait invoquer pour lui donner la moindre apparence de justification. »
Autrement dit « tout se joue ici-bas » et c’est le niveau spirituel atteint au moment de la mort qui définira les « conditions posthumes » de l’être. Si beaucoup prenaient conscience de cela....
Soit dit en passant c’est là qu’on voit la dangerosité des théories réincarnationnistes avec leur pseudo "évolution" acquise quel que soit le cheminement !
Petite parenthèse :
RépondreSupprimerIl est sans doute utile de rappeler qu'un Cheikh responsable d'une tariqa sérieuse et authentique ne ferait (ou ne tolérerait) jamais aucune forme de publicité, à fortiori sur Internet !
En ce domaine, c'est la discrétion et même "l'invisibilité" aux yeux du monde profane qui importe.
Le prosélytisme de ces organisations pseudo-initiatiques, ne cherchant que la quantité au détriment de la qualité, se rapporte plus à ce qu'il est dit des "scribes et pharisiens" que de l'enseignement de Guénon !
On peut se demander comment certains prétendus "guénoniens" peuvent cautionner (en la propageant) cette déviance flagrante car ce "propagandisme" est absolument contraire à tout esprit véritablement traditionnel.
Une connaissance à minima des lois cycliques (c'est à dire le moment du Kali Yuga dans lequel nous nous trouvons) oblige bien au contraire à dire que jamais une "époque" n'a été aussi peu favorable à la diffusion de la connaissance.
Qu'on se rassure néanmoins, la connaissance véritable dont il s'agit est, par sa nature même, proprement incommunicable et hors de portée de ces individus.
En somme, ces "guides aveugles" ne pourront duper que d'autres aveugles...
Un article sur le sujet suivra.... :-)