dimanche 11 novembre 2018

Charles-André Gilis : La Profanation d’Israël selon le Droit sacré - partie I, chap. 1


Je viens de terminer ce livre magistral de CA. Gilis.
Quelques extraits seront publiés ici vous donnant à vous aussi j'espère l'envie de lire cet ouvrage.

J'alternerai la publication de la suite de la "série" sur le symbolisme de la Caverne et du Labyrinthe avec des partages de l'ouvrage de M. Gilis.

Pour rappel : Charles André Gilis a été le disciple de Michel Valsan, digne successeur de R. Guénon.


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Voici le sommaire :

I. LE DROIT SACRÉ

La Loi universelle
Le privilège islamique
La doctrine de l’abrogation

II. LE STATUT DU PEUPLE JUIF

Election et déchéance
Un statut de miséricorde
Le destin de Rome
Le retour à Abraham

III. LE SENS DU SIONISME

Une doctrine ambiguë
Le Judaïsme contrefait
La profanation d’Israël
Un Temple sacrilège ?
Remarques finales.

Voir en article complémentaire le lien entre le "Arda et Zerfas" de Nostradamus, le "Arets ha Tserphat" de Guénon, et le nom hébreu de la France....






I. LE DROIT SACRÉ

La Loi universelle

L’État sioniste fondé en 1948 s’appropria de manière illégitime, tant au regard du judaïsme qu’à celui de la loi sacrée de l’islâm, le saint nom d’Israël. Il n’est sans doute pas de guerre sainte plus nécessaire aujourd’hui que celle qui incombe à tout musulman, et même à tout esprit traditionnel, de dénoncer cette profanation qui contient en germe une des parodies les plus sinistres imaginées par la contre-initiation : l’édification à Jérusalem d’un « troisième Temple » venant après ceux de Salomon et d’Hérode (1), à l’emplacement où se trouve aujourd’hui le Dôme du rocher et la Mosquée dite d’ « Omar ».
La difficulté pour tout le monde de reconnaître l’existence de cette profanation et d’en comprendre le but réel est révélatrice d’une ignorance généralisée des données les plus élémentaires de la Science sacrée. L’ignorance n’est pas l’alliée du diable ; elle est inhérente à sa nature même. Ce dernier ne peut être efficacement réduit par une opposition extérieure qui en réalité le renforce, mais seulement par l’affirmation de la vérité et le recours à une science ésotérique à laquelle il n’a pas accès.
Le monde moderne dans son ensemble est complice du sionisme. Il a engendré celui-ci par sa méconnaissance de l’ordre principiel. Toutefois, il y a lieu de tenir compte d’un facteur d’ignorance plus spécifique, qui réside dans l’incapacité des Occidentaux de comprendre ce qu’est le Droit divin et d’admettre sa légitimité.

Il faut souligner que ce Droit ne peut être confondu avec les législations qui expriment l’aspect juridique des différentes formes traditionnelles, car il s’agit du principe qui détermine et légitime la naissance même de ces formes et, le cas échéant, leur adaptation à des conditions cycliques nouvelles, tout en définissant leur fonction, leur compétence et leur raison d’être au sein de l’univers traditionnel.
La notion la plus apte à faire comprendre ce qu’est véritablement le Droit sacré est celle d’ « alliance » : l’ « ancienne alliance », la « nouvelle alliance » sont des expressions familières en Occident et qui introduisent adéquatement notre sujet.

Rappelons tout d’abord quelques enseignements essentiels.

1 C’est là la désignation habituelle ; mais il s’agit d’un « quatrième Temple » si l’on prend en compte celui de Zorobabel.

L’homme a été créé pour Dieu, c’est-à-dire, initiatiquement, afin qu’il puisse le connaître : « J’ai créé les jinns et les hommes (c’est-à-dire les modalités subtile et grossière de l’état humain) uniquement pour qu’ils M’adorent (c’est-à-dire qu’Ils me connaissent par leur adoration) » (Cor., 51, 56).

La connaissance des principes et des vérités qui expriment l’unité divine sont la raison d’être de la création de l’homme. Celui-ci n’a d’autres droits que ceux que Dieu accorde. La proclamation moderne des « droits de l’homme » n’est rien de plus qu’une mystification anti traditionnelle. Le Très-Haut est le seul détenteur véritable du Droit. C’est lui qui détermine la Loi universelle et qui fixe les termes des alliances. C’est là le fondement de la condition servitoriale de l’homme, que les hindous appellent « Sanâtana Dharma » (2) et les musulmans « islâm » selon la Parole divine :
« En vérité, l’assujettissement (essentiel de l’homme : ad-dîn, qui vient d’) auprès d’Allâh, c’est (la Loi sacrée de) l’islâm » (Cor., 3, 19) (3).

Cette « Religion essentielle » est celle que les prophètes et les envoyés divins ont pour mission d’adapter aux phases successives et aux modalités particulières du cycle humain. A ce point de vue, le terme « dîn » évoque l’idée de « justice », non pas opposée à la miséricorde, mais en tant qu’elle représente un principe d’équilibre et de rétribution équitable. A ce titre, elle est un des attributs fondamentaux du Roi du Monde. La Loi universelle apparaît alors comme l’expression de la justice divine et les lois particulières, qui fondent la légitimité et qui déterminent la compétence des diverses formes traditionnelles, comme des adaptations des cette Loi primordiale.

La difficulté quasi-insurmontable pour les Occidentaux de reconnaître l'existence et les prérogatives du Droit sacré est révélatrice du caractère anti-traditionnel et profane du monde moderne. Elle s’explique, pour une part, par le fait que le christianisme n’a pas de loi sacrée qui lui appartienne en propre puisque cette forme, issue du judaïsme, n’a pu se constituer que par un abandon de la loi moïsiaque. Il y a là comme nous l’avons montré (4), un statut d’exception qui repose sur l’idée que la spiritualité est un « dépassement de la loi ».

2 C’est la « loi constitutive du cycle total de l’humanité actuelle » qu’ils identifient comme étant l’essence de leur propre tradition.
3 Telle est l’interprétation de ce verset donnée par Ibn Arabî à propos du verbe de Ya’qûb ; cf. Le Livre des Chatons des Sagesses, p.223-224.
4 Cf. Introduction à l’enseignement et au mystère de René Guénon, chap.XI.

En outre, ce statut est interprété unilatéralement comme la marque d’une supériorité, alors qu’elle représente en vérité une modalité particulière et une adaptation à un monde en perdition (préfigurant le notre) où, selon René Guénon, les traditions « qui existaient jusque là, et notamment, la tradition gréco-romaine qui y était naturellement devenue prédominante, (étaient) arrivées à une extrême dégénérescence » (5).

Le judaïsme est régi par une loi sacrée, celle de Moïse ; l’islâm est régi par une autre loi divine, celle que le Très-Haut a donnée à Muhammad. On ne peut rien comprendre aux problèmes de tous ordres engendrés par l’existence actuelle d’un État juif, paré d’un saint nom d’Israël qu’il s’est approprié sans vergogne, si l’on ne voit pas qu’il s’agit du point de vue traditionnel, seul légitime et adéquat en l’occurrence, d’un conflit de lois révélées.

A ce point de vue, juifs et musulmans se comprennent parfaitement, même s’ils sont en désaccord, alors que les chrétiens méconnaissent, par l’effet d’une ignorance proprement abyssale, ce que sont réellement les uns et les autres. La croyance naïve des occidentaux en leur supériorité « naturelle », qui engendra à l’époque moderne les méfaits du colonialisme, fut aussi à l’origine du conflit séculaire qui opposa la Rome antique puis, sous d’autres modalités, la Rome chrétienne au peuple juif.

Comment ne pas évoquer ici la figure de Pompée qui, selon Flavius Josèphe, profita du repos imposé par le Sabbat pour donner l’assaut contre la forteresse du Temple et qui – ce qui est infiniment plus grave – commit le pire des sacrilèges en entrant lui-même de force dans le Saint des Saints pour satisfaire une curiosité désinvolte ? Le comble est qu’il fut déçu de ne rien y trouver !
D’après Juvenal : « Il y contempla les objets sacrés : les candélabres, les lampes, la table, les vases à libation, les encensoirs ; le tout en or massif » ; et cela lui parut fort banal. Il y a une affinité profonde entre le monothéisme juif et le monothéisme islamique, que les chrétiens, constamment embarrassés par la nécessité de définir le dogme trinitaire, ont quelquefois du mal à comprendre.
C’est si vrai que les juifs, dans les premiers temps de la révélation, encouragèrent Muhammad contre les Quraychites, considérés comme idolâtres. Ce n’est qu’après l’Hégire qu’ils s’opposèrent à lui, non pas, comme certains d’entre eux le prétendent aujourd’hui, parce qu’il y aurait eu des « imperfections » dans le monothéisme islamique (6), mais bien parce qu’ils prirent conscience, après l’installation du Prophète à Médine, des conséquences statutaires limitant et subordonnant le judaïsme, qui découlaient de la loi qui fut proclamée alors.

5 Christianisme et initiation, chap. II des Aperçus sur l’Esotérisme chrétien.
6 On serait curieux, à l’occasion, de savoir lesquelles ?


A suivre.

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