Un extrait du livre intitulé "Le Cycle Judéo-Chrétien".
Gaston Georgel est un écrivain historien, né le 25 mars 1899 et mort le 31 juillet 1988.
Ils sont consultables ici :
https://www.index-rene-guenon.org/Access_book.php?sigle=C-GaGeo&page=1
Il est préférable de consulter ces articles auparavant :
La Doctrine des cycles cosmiques
Atlantide et Hyperborée
Place de la tradition atlantéenne dans le Manvantara
En guise de préambule, je commencerai par les deux comptes-rendus qu'a rédigés René Guénon sur la présentation des cycles cosmiques selon G. Georgel et qui montre l'évolution de ce dernier suite à sa correspondance avec R. Guénon.
Premier compte-rendu (1937) :
GASTON GEORGEL : Les Rythmes dans l’Histoire. (Chez l’auteur,
Belfort.)
Ce livre constitue un essai d’application des cycles cosmiques à
l’histoire des peuples, aux phases de croissance et de décadence des
civilisations ; il est vraiment dommage que l’auteur, pour entreprendre un tel
travail, n’ait pas eu à sa disposition des données traditionnelles plus
complètes, et que même il n’en ait connu quelques-unes qu’à travers des
intermédiaires plus ou moins douteux et qui y ont mêlé leurs propres
imaginations.
Il a cependant bien vu que ce qu’il y a d’essentiel à considérer,
c’est la période de la précession des équinoxes et ses divisions, encore qu’il
y adjoigne quelques complications qui semblent assez peu utiles au fond ; mais
la terminologie adoptée pour désigner certaines périodes secondaires trahit
bien des méprises et des confusions.
Ainsi, le douzième de la précession ne peut certainement pas être
appelé « année cosmique » ; ce nom conviendrait beaucoup mieux, soit à la
période entière, soit plutôt encore à sa moitié qui est précisément la « grande
année » des Anciens. D’autre part, la durée de 25.765 ans est probablement
empruntée à quelque calcul hypothétique des astronomes modernes ; mais la
véritable durée indiquée traditionnellement est de 25.920 ans ; une conséquence
singulière est que, en fait, l’auteur se trouve parfois amené à prendre des
nombres exacts pour certaines divisions, par exemple 2.160 et 540, mais
qu’alors il les considère comme seulement « approximatifs ».
Ajoutons, encore une autre observation à ce propos ; il croit trouver
une confirmation du cycle de 539 ans dans certains textes bibliques qui
suggèrent le nombre 77 x 7 = 539 ; mais, précisément, il aurait dû prendre ici
77 x 7 + 1 = 540, ne fût-ce que par analogie avec l’année jubilaire qui n’était
pas la 49ème mais bien la 50ème, soit 7 x 7 + 1 = 50.
Quant aux applications, s’il s’y trouve des correspondances et des
rapprochements non seulement curieux mais réellement dignes de remarque, nous
devons dire qu’il y en a d’autres qui sont beaucoup moins frappants ou qui même
semblent quelque peu forcés, au point de rappeler assez fâcheusement les
enfantillages de certains occultistes ; il y aurait aussi bien des réserves à
faire sur d’autres points, par exemple les chiffres fantaisistes indiqués pour
la chronologie des anciennes civilisations.
D’autre part, il eût été intéressant de voir si l’auteur aurait pu
continuer à obtenir des résultats du même genre en étendant davantage son champ
d’investigations, car il y a eu et il y a encore bien d’autres peuples que ceux
qu’il envisage ; en tout cas, nous ne pensons pas qu’il soit possible d’établir
un « synchronisme » général, car, pour des peuples différents, le point de
départ doit être également différent ; et, de plus, les civilisations diverses
ne se succèdent pas simplement, elles coexistent aussi, comme on peut le
constater encore actuellement.
En terminant, l’auteur a cru bon de se livrer à quelques tentatives de
« prévision de l’avenir », d’ailleurs dans des limites assez restreintes ;
c’est là un des dangers de ces sortes de recherches, surtout à notre époque où
les soi-disant « prophéties » ont tant de vogue ; aucune tradition n’a certes
jamais encouragé ces choses et c’est même pour y faire obstacle dans la mesure
du possible plus que pour tout autre raison, que certains côtés de la doctrine
des cycles ont toujours été enveloppés d’obscurité.
GASTON GEORGEL : Les Rythmes dans l’Histoire. (Editions « Servir »,
Besançon.)
Nous avons rendu compte de ce livre lorsque parut sa première édition
(numéro d’octobre 1937) ; à cette époque, l’auteur, comme il l’indique du reste
dans l’avant-propos de la nouvelle édition, ne connaissait presque rien des
données traditionnelles sur les cycles, si bien que c’est en somme par une
heureuse rencontre qu’il était arrivé à en retrouver quelques-unes en partant
d’un point de vue tout « empirique », et notamment à soupçonner l’importance de
la précession des équinoxes.
Les quelques remarques que nous fîmes alors eurent pour conséquence de
l’orienter vers des études plus approfondies, ce dont nous ne pouvons certes
que nous féliciter, et nous devons lui exprimer nos remerciements de ce qu’il
veut bien dire à ce sujet en ce qui nous concerne. Il a donc modifié et
complété son ouvrage sur de nombreux points, ajoutant quelques chapitres ou
paragraphes nouveaux, dont un sur l’historique de la question des cycles,
corrigeant diverses inexactitudes, et supprimant les considérations douteuses
qu’il avait tout d’abord acceptées sur la foi d’écrivains occultistes, faute de
pouvoir les comparer avec des données plus authentiques.
Nous regrettons seulement qu’il ait oublié de remplacer par les
nombres exacts 540 et 1.080 ceux de 539 et 1.078 ans, ce que semblait pourtant
annoncer l’avant-propos, et d’autant plus que, par contre, il a bien rectifié
en 2.160 celui de 2.156 ans, ce qui introduit un certain désaccord apparent
entre les chapitres qui se rapportent respectivement à ces divers cycles
multiples l’un de l’autre.
Il est quelque peu fâcheux aussi qu’il ait conservé les expressions d’
« année cosmique » et de « saison cosmique » pour désigner des périodes d’une
durée beaucoup trop restreinte pour qu’elles puissent s’y appliquer
véritablement (celles précisément de 2.160 et de 540 ans), et qui seraient
plutôt seulement, si l’on veut, des « mois » et des « semaines », d’autant plus
que le nom de « mois » conviendrait en somme assez bien pour le parcours d’un
signe zodiacal dans le mouvement de précession des équinoxes, et que, d’autre
part, le nombre 540 = 77 x 7 + 1 a, comme celui de la septuple « semaine
d’années » jubilaire (50 = 7 x 7 +1) dont il est en quelque sorte une «
extension », un rapport particulier avec le septénaire.
Ce sont là d’ailleurs à peu près les seules critiques de détail que
nous ayons à formuler cette fois, et le livre, dans son ensemble, est fort
digne d’intérêt et se distingue avantageusement de certains autres ouvrages où
s’étalent, à propos des théories cycliques, des prétentions beaucoup plus
ambitieuses et assurément bien peu justifiées ; il se borne naturellement à la
considération de ce qu’on peut appeler les « petits cycles » historiques, et
cela dans le cadre des seules civilisations occidentales et méditerranéennes,
mais nous savons que M. Georgel prépare actuellement, dans le même ordre
d’idées, d’autres travaux d’un caractère plus général, et nous souhaitons qu’il
puisse bientôt les mener également à bonne fin.