Après avoir envisagé la fin même du cycle, il nous faut maintenant revenir en arrière, en quelque sorte, pour examiner plus complètement ce qui, dans les conditions de l’époque actuelle, peut contribuer effectivement à mener l’humanité et le monde vers cette fin ; et, à cet égard, nous devons distinguer deux tendances qui s’expriment par des termes en apparence antinomiques : d’une part, la tendance vers ce que nous avons appelé la « solidification » du monde, dont nous avons surtout parlé jusqu’ici, et, d’autre part, la tendance vers sa dissolution, dont il nous reste encore à préciser l’action, car il ne faut pas oublier que toute fin se présente forcément, en définitive, comme une dissolution du manifesté comme tel.
On peut d’ailleurs remarquer que, dès maintenant, la seconde de ces deux tendances semble commencer à devenir prédominante ; en effet, tout d’abord, le matérialisme proprement dit, qui correspond évidemment à la « solidification » sous sa forme la plus grossière (on pourrait presque dire à la « pétrification », par analogie avec ce que le minéral représente sous ce rapport), a déjà perdu beaucoup de terrain, du moins dans le domaine des théories scientifiques et philosophiques, sinon encore dans celui de la mentalité commune ; et cela est tellement vrai que, comme nous l’avons indiqué plus haut, la notion même de la « matière », dans ces théories, a commencé à s’évanouir et à se dissoudre.
D’autre part, et corrélativement à ce changement, l’illusion de sécurité qui régnait au temps où le matérialisme avait atteint son maximum d’influence, et qui alors était en quelque sorte inséparable de l’idée qu’on se faisait de la « vie ordinaire », s’est en grande partie dissipée du fait même des événements et de la vitesse croissante avec laquelle ils se déroulent, si bien qu’aujourd’hui l’impression dominante est, au contraire, celle d’une instabilité qui s’étend à tous les domaines ; et, comme la « solidité » implique nécessairement la stabilité, cela montre bien encore que le point de plus grande « solidité » effective, dans les possibilités de notre monde, a été non seulement atteint, mais déjà dépassé, et que, par conséquent, c’est proprement vers la dissolution que ce monde s’achemine désormais.
L’accélération même du temps, en s’exagérant sans cesse et en rendant les changements toujours plus rapides, semble aller d’elle-même vers cette dissolution, et, à cet égard, on ne peut pas dire que la direction générale des événements ait été modifiée, car le mouvement du cycle continue bien à suivre sa même marche descendante.
L’accélération même du temps, en s’exagérant sans cesse et en rendant les changements toujours plus rapides, semble aller d’elle-même vers cette dissolution, et, à cet égard, on ne peut pas dire que la direction générale des événements ait été modifiée, car le mouvement du cycle continue bien à suivre sa même marche descendante.
D’ailleurs, les théories physiques auxquelles nous faisions allusion tout à l’heure, tout en changeant aussi de plus en plus rapidement comme tout le reste, ne font que prendre un caractère de plus en plus exclusivement quantitatif, allant jusqu’à revêtir entièrement l’apparence de théories purement mathématiques, ce qui d’ailleurs, comme nous l’avons déjà remarqué, les éloigne toujours davantage de la réalité sensible qu’elles prétendent expliquer, pour les entraîner dans un domaine qui ne peut se situer qu’au dessous de cette réalité, suivant ce que nous avons dit en parlant de la quantité pure.
Le « solide », du reste, même à son maximum concevable de densité et d’impénétrabilité, ne correspond nullement à la quantité pure, et il a toujours au moins un minimum d’éléments qualitatifs ; il est d’ailleurs quelque chose de corporel par définition, et même, en un sens, ce qu’il y a de plus corporel ; or la « corporéité » implique que l’espace, si « comprimé » qu’il puisse être dans la condition du « solide », lui est cependant nécessairement inhérent, et l’espace, rappelons-le encore, ne saurait aucunement être assimilé à la quantité pure.
Si même, en se plaçant momentanément au point de vue de la science moderne, on voulait, d’une part, réduire la « corporéité » à l’étendue comme le faisait Descartes, et, d’autre part, ne considérer l’espace lui-même que comme un simple mode de la quantité, il resterait encore ceci, qu’on serait toujours dans le domaine de la quantité continue ; si l’on passe à celui de la quantité discontinue, c’est-à-dire du nombre, qui seul peut être regardé comme représentant la quantité pure, il est évident que, en raison même de cette discontinuité, on n’a plus aucunement affaire au « solide » ni à quoi que ce soit de corporel.
Il y a donc, dans la réduction graduelle de toutes choses au quantitatif, un point à partir duquel cette réduction ne tend plus à la « solidification », et ce point est en somme celui où l’on en arrive à vouloir ramener la quantité continue elle-même à la quantité discontinue ; les corps ne peuvent plus alors subsister comme tels, et ils se résolvent en une sorte de poussière « atomique » sans consistance ; on pourrait donc, à cet égard, parler d’une véritable « pulvérisation » du monde, ce qui est évidemment une des formes possibles de la dissolution cyclique (1).
Il y a donc, dans la réduction graduelle de toutes choses au quantitatif, un point à partir duquel cette réduction ne tend plus à la « solidification », et ce point est en somme celui où l’on en arrive à vouloir ramener la quantité continue elle-même à la quantité discontinue ; les corps ne peuvent plus alors subsister comme tels, et ils se résolvent en une sorte de poussière « atomique » sans consistance ; on pourrait donc, à cet égard, parler d’une véritable « pulvérisation » du monde, ce qui est évidemment une des formes possibles de la dissolution cyclique (1).
Cependant, si cette dissolution peut être envisagée ainsi à un certain point de vue, elle apparaît aussi, à un autre point de vue, et suivant une expression que nous avons déjà employée précédemment, comme une « volatilisation » : la « pulvérisation », si complète qu’on la suppose, laisse toujours des « résidus », fussent-ils véritablement impalpables ; d’un autre côté, la fin du cycle, pour être pleinement effective, implique que tout ce qui est inclus dans ce cycle disparaît entièrement en tant que manifestation ; mais ces deux façons différentes de concevoir les choses représentent l’une et l’autre une certaine partie de la vérité.
En effet, tandis que les résultats positifs de la manifestation cyclique sont « cristallisés » pour être ensuite « transmués » en germes des possibilités du cycle futur, ce qui constitue l’aboutissement de la « solidification » sous son aspect « bénéfique » (impliquant essentiellement la « sublimation » qui coïncide avec le « retournement » final), ce qui ne peut être utilisé ainsi, c’est-à-dire en somme tout ce qui ne constitue que des résultats négatifs de cette même manifestation, est « précipité » sous la forme d’un caput mortuum, au sens alchimique de ce terme, dans les « prolongements » les plus inférieurs de notre état d’existence, ou dans cette partie du domaine subtil qu’on peut véritablement qualifier d’« infra-corporelle » (2) ; mais, dans les deux cas, on est également passé dans des modalités extra-corporelles, supérieures pour l’un et inférieures pour l’autre, de sorte qu’on peut dire, en définitive, que la manifestation corporelle elle-même, en ce qui concerne le cycle dont il s’agit, s’est réellement évanouie ou « volatilisée » entièrement.
On voit que, en tout cela et jusqu’au bout, il faut toujours considérer les deux termes qui correspondent à ce que l’hermétisme désigne respectivement comme « coagulation » et « solution », et cela des deux côtés à la fois : du côté « bénéfique », on a ainsi la « cristallisation » et la « sublimation » ; du côté « maléfique », on a la « précipitation » et le retour final à l’indistinction du « chaos » (3).
(1) « Solvet saeclum in favilla », dit textuellement la liturgie catholique, qui invoque à la fois, à ce propos, le témoignage de David et celui de la Sibylle, ce qui est d’ailleurs, au fond, une façon d’affirmer l’accord unanime des différentes traditions.
(2) C’est ce que la Kabbale hébraïque, ainsi que nous l’avons déjà dit, désigne comme le « monde des écorces » (ôlam qlippoth) ; c’est là que tombent les « anciens rois d’Edom », en tant qu’ils représentent les « résidus » inutilisables desManvantaras écoulés.
(3) Il doit être clair que les deux côtés que nous appelons ici « bénéfique » et « maléfique » répondent exactement à ceux de la « droite » et de la « gauche » où sont rangés respectivement les « élus » et les « damnés » dans le « Jugement dernier », c’est-à-dire précisément, au fond, dans la « discrimination » finale des résultats de la manifestation cyclique.
Maintenant, nous devons nous poser cette question : pour arriver effectivement à la dissolution, suffit-il que le mouvement par lequel le « règne de la quantité » s’affirme et s’intensifie de plus en plus soit en quelque sorte laissé à lui-même et se poursuive purement et simplement jusqu’à son terme extrême ?
Nous devons en effet remarquer à ce propos que des « traditionalistes » mal avisés (4) se réjouissent inconsidérément de voir la science moderne, dans ses différentes branches, sortir quelque peu des limites étroites où ses conceptions s’enfermaient jusqu’ici, et prendre une attitude moins grossièrement matérialiste que celle qu’elle avait au siècle dernier ; ils s’imaginent même volontiers que, d’une certaine façon, la science profane finira par rejoindre ainsi la science traditionnelle (qu’ils ne connaissent guère et dont ils se font une idée singulièrement inexacte, basée surtout sur certaines déformations et « contrefaçons » modernes), ce qui, pour des raisons de principe sur lesquelles nous avons souvent insisté, est chose tout à fait impossible.
(5) Il est curieux de noter que le langage courant emploie volontiers l’expression de « matérialiste endurci », assurément sans se douter qu’elle n’est pas une simple image, mais qu’elle correspond à quelque chose de tout à fait réel.
(1) « Solvet saeclum in favilla », dit textuellement la liturgie catholique, qui invoque à la fois, à ce propos, le témoignage de David et celui de la Sibylle, ce qui est d’ailleurs, au fond, une façon d’affirmer l’accord unanime des différentes traditions.
(2) C’est ce que la Kabbale hébraïque, ainsi que nous l’avons déjà dit, désigne comme le « monde des écorces » (ôlam qlippoth) ; c’est là que tombent les « anciens rois d’Edom », en tant qu’ils représentent les « résidus » inutilisables desManvantaras écoulés.
(3) Il doit être clair que les deux côtés que nous appelons ici « bénéfique » et « maléfique » répondent exactement à ceux de la « droite » et de la « gauche » où sont rangés respectivement les « élus » et les « damnés » dans le « Jugement dernier », c’est-à-dire précisément, au fond, dans la « discrimination » finale des résultats de la manifestation cyclique.
Maintenant, nous devons nous poser cette question : pour arriver effectivement à la dissolution, suffit-il que le mouvement par lequel le « règne de la quantité » s’affirme et s’intensifie de plus en plus soit en quelque sorte laissé à lui-même et se poursuive purement et simplement jusqu’à son terme extrême ?
La vérité est que cette possibilité, que nous avons d’ailleurs envisagée en partant de la considération des conceptions actuelles des physiciens et de la signification qu’elles comportent en quelque sorte inconsciemment (car il est évident que les « savants » modernes ne savent aucunement où ils vont), répond plutôt à une vue théorique des choses, vue « unilatérale » qui ne représente que d’une façon très partielle ce qui doit avoir lieu réellement ; en fait, pour délier les « nœuds » résultant de la «solidification» qui s’est poursuivie jusqu’ici (et nous employons intentionnellement ici ce mot de «nœuds», qui évoque les effets d’un certain genre de « coagulation », relevant surtout de l’ordre magique), il faut l’intervention, plus directement efficace à cet égard, de quelque chose qui n’appartient plus à ce domaine, somme toute fort restreint, auquel se réfère proprement le « règne de la quantité ».
Il est facile de comprendre, par ce que nous avons déjà indiqué occasionnellement, qu’il s’agit là de l’action de certaines influences d’ordre subtil, action qui a d’ailleurs commencé depuis longtemps à s’exercer dans le monde moderne, quoique d’une façon assez peu apparente tout d’abord, et qui même a toujours coexisté avec le matérialisme depuis le moment même où celui-ci s’est constitué sous une forme nettement définie, ainsi que nous l’avons vu à propos du magnétisme et du spiritisme, en parlant des emprunts que ceux-ci ont faits à la « mythologie » scientifique de l’époque où ils ont pris naissance.
Comme nous le disions aussi précédemment, s’il est vrai que l’emprise du matérialisme diminue, il ne convient pourtant guère de s’en féliciter, car, la « descente » cyclique n’étant pas encore achevée, les « fissures » auxquelles nous faisions alors allusion, et sur la nature desquelles nous allons avoir bientôt à revenir, ne peuvent se produire que par le bas ; autrement dit, ce qui « interfère » par là avec le monde sensible ne peut être rien d’autre que le « psychisme cosmique » inférieur, dans ce qu’il a de plus destructif et de plus « désagrégeant », et il est d’ailleurs évident qu’il n’y a que les influences de cette sorte qui soient vraiment aptes à agir en vue de la dissolution ; dès lors, il n’est pas difficile de se rendre compte que tout ce qui tend à favoriser et à étendre ces « interférences » ne correspond, consciemment ou inconsciemment, qu’à une nouvelle phase de la déviation dont le matérialisme représentait en réalité un stade moins « avancé », quelles que puissent être les apparences extérieures, qui sont souvent fort trompeuses.
Nous devons en effet remarquer à ce propos que des « traditionalistes » mal avisés (4) se réjouissent inconsidérément de voir la science moderne, dans ses différentes branches, sortir quelque peu des limites étroites où ses conceptions s’enfermaient jusqu’ici, et prendre une attitude moins grossièrement matérialiste que celle qu’elle avait au siècle dernier ; ils s’imaginent même volontiers que, d’une certaine façon, la science profane finira par rejoindre ainsi la science traditionnelle (qu’ils ne connaissent guère et dont ils se font une idée singulièrement inexacte, basée surtout sur certaines déformations et « contrefaçons » modernes), ce qui, pour des raisons de principe sur lesquelles nous avons souvent insisté, est chose tout à fait impossible.
Ces mêmes « traditionalistes » se réjouissent aussi, et peut-être même encore davantage, de voir certaines manifestations d’influences subtiles se produire de plus en plus ouvertement, sans songer aucunement à se demander quelle peut bien être au juste la « qualité » de ces influences (et peut-être ne soupçonnent-ils même pas qu’une telle question ait lieu de se poser) ; et ils fondent de grands espoirs sur ce qu’on appelle aujourd’hui la « métapsychique » pour apporter un remède aux maux du monde moderne, qu’ils se plaisent généralement à imputer exclusivement au seul matérialisme, ce qui est encore une assez fâcheuse illusion.
Ce dont ils ne s’aperçoivent pas (et en cela ils sont beaucoup plus affectés qu’ils ne le croient par l’esprit moderne, avec toutes les insuffisances qui lui sont inhérentes), c’est que, dans tout cela, il s’agit en réalité d’une nouvelle étape dans le développement, parfaitement logique, mais d’une logique vraiment « diabolique », du « plan » suivant lequel s’accomplit la déviation progressive du monde moderne ; le matérialisme, bien entendu, y a joué son rôle, et un rôle incontestablement fort important, mais maintenant la négation pure et simple qu’il représente est devenue insuffisante ; elle a servi efficacement à interdire à l’homme l’accès des possibilités d’ordre supérieur, mais elle ne saurait déchaîner les forces inférieures qui seules peuvent mener à son dernier point l’œuvre de désordre et de dissolution.
L’attitude matérialiste, par sa limitation même, ne présente encore qu’un danger également limité ; son « épaisseur », si l’on peut dire, met celui qui s’y tient à l’abri de toutes les influences subtiles sans distinction, et lui donne à cet égard une sorte d’immunité assez comparable à celle du mollusque qui demeure strictement enfermé dans sa coquille, immunité d’où provient, chez le matérialiste, cette impression de sécurité dont nous avons parlé ; mais, si l’on fait à cette coquille, qui représente ici l’ensemble des conceptions scientifiques conventionnellement admises et des habitudes mentales correspondantes, avec l’« endurcissement » qui en résulte quant à la constitution « psycho-physiologique » de l’individu (5), une ouverture par le bas, comme nous le disions tout à l’heure, les influences subtiles destructives y pénétreront aussitôt, et d’autant plus facilement que, par suite du travail négatif accompli dans la phase précédente, aucun élément d’ordre supérieur ne pourra intervenir pour s’opposer à leur action.
L’attitude matérialiste, par sa limitation même, ne présente encore qu’un danger également limité ; son « épaisseur », si l’on peut dire, met celui qui s’y tient à l’abri de toutes les influences subtiles sans distinction, et lui donne à cet égard une sorte d’immunité assez comparable à celle du mollusque qui demeure strictement enfermé dans sa coquille, immunité d’où provient, chez le matérialiste, cette impression de sécurité dont nous avons parlé ; mais, si l’on fait à cette coquille, qui représente ici l’ensemble des conceptions scientifiques conventionnellement admises et des habitudes mentales correspondantes, avec l’« endurcissement » qui en résulte quant à la constitution « psycho-physiologique » de l’individu (5), une ouverture par le bas, comme nous le disions tout à l’heure, les influences subtiles destructives y pénétreront aussitôt, et d’autant plus facilement que, par suite du travail négatif accompli dans la phase précédente, aucun élément d’ordre supérieur ne pourra intervenir pour s’opposer à leur action.
On pourrait dire encore que la période du matérialisme ne constitue qu’une sorte de préparation surtout théorique, tandis que celle du psychisme inférieur comporte une « pseudo-réalisation », dirigée proprement au rebours d’une véritable réalisation spirituelle ; nous aurons encore, par la suite, à nous expliquer plus amplement sur ce dernier point.
La dérisoire sécurité de la « vie ordinaire », qui était l’inséparable accompagnement du matérialisme, est dès maintenant fortement menacée, certes, et l’on verra sans doute de plus en plus clairement, et aussi de plus en plus généralement, qu’elle n’était qu’une illusion ; mais quel avantage réel y a-t-il à cela, si ce n’est que pour tomber aussitôt dans une autre illusion pire que celle-là et plus dangereuse à tous les points de vue, parce qu’elle comporte des conséquences beaucoup plus étendues et plus profondes, illusion qui est celle d’une « spiritualité à rebours » dont les divers mouvements « néo-spiritualistes » que notre époque a vus naître et se développer jusqu’ici, y compris même ceux qui présentent déjà le caractère le plus nettement « subversif », ne sont encore que de bien faibles et médiocres précurseurs ?
(4) Le mot « traditionalisme », en effet, désigne seulement une tendance qui peut être plus ou moins vague et souvent mal appliquée, parce qu’elle n’implique aucune connaissance effective des vérités traditionnelles ; nous reviendrons d’ailleurs plus loin sur ce sujet.(5) Il est curieux de noter que le langage courant emploie volontiers l’expression de « matérialiste endurci », assurément sans se douter qu’elle n’est pas une simple image, mais qu’elle correspond à quelque chose de tout à fait réel.
[René Guénon, Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chapitre XXIV : Vers la dissolution].
Ce livre est paru en 1945... nul doute que la situation se soit encore aggravée depuis ! :-/
RépondreSupprimerPour la "spiritualité à rebours", voir ces deux liens :
- https://lapieceestjouee.blogspot.fr/2017/04/rene-guenon-la-grande-parodie-ou-la.html
- https://lapieceestjouee.blogspot.fr/2017/04/rene-guenon-la-grande-parodie-ou-la_17.html
C'est ce que Guénon semble redouter/anticiper à la toute fin de son texte qui me fait dire que l'AC nous viendra par les doctrines "new-âgeuses", l'enfer étant pavé de bonnes intentions et de "bons sentiments"...
Comment interpréter cette phrase : "les résultats positifs de la manifestation cyclique sont «cristallisés» pour être ensuite « transmués » en germes des possibilités du cycle futur" ?
RépondreSupprimerAutre chose :
RépondreSupprimerC'est sans doute choquant de dire cela, mais je me demandais si l'AC ne serait pas un initié, au moins pour les petits mystères. Par une voie déviante j'imagine, mais il devrait avoir un minimum de connaissances métaphysiques pour tromper et séduire la partie de la population qui a un peu d'infos sur le sujet. Je pense notamment aux Orientaux...
Bonjour Ligéia,
RépondreSupprimerMerci pour ce nouvel article ! Tu sembles avoir trouvé le moyen de transformer les journées de 24 heures en journées de 72 heures :).
La cristallisation représente l'équilibre, la stabilisation des éléments sous une forme pure (le crystal qui laisse passer la lumière sans la dénaturer), j'imagine donc qu'il s'agit de ceux qui auront atteint l'équilibre en eux-mêmes et qui auront retrouvé l'Etat Primordial.
Pour ce qui est de l'ac, il représentera la contre-initiation poussée à son extrême. On ne peut donc pas dire à mon avis qu'il soit un "initié". Le but de l'initiation étant le retour à Dieu, c'est le chemin inverse qu'il empruntera mais il pourra donner des apparences d'"initié" parce qu'il emploiera des moyens d'un ordre d'apparence similaire pour franchir les étapes à rebours et réunir à lui les forces négatives qui lui permettront d'agir. Ceux qui n'auront pas atteint l'état d'équilibre en eux subiront une attraction irrésistible de leurs éléments encore en opposition. Il est dit que même les Elus auront du mal à lui résister, c'est dire l'influence qu'il aura sur nous-mêmes et il ne s'agira pas uniquement d'aspects d'ordre matériels comme la faim, la crainte de perdre la vie, celle de ses proches etc...
;-)
SupprimerJe me demande aussi si on ne peut pas y voir une symbolique alchimique, l'homme retrouvant un état "d'or pur" (or philosophal, "sublimation")...?
Mais ce qui m'interpelle, c'est que Guénon semble dire qu'il y aurait donc des êtres qui passeront le cycle pour intégrer le suivant ?
Or il a dit aussi que notre état de manifestation corporel ne pouvait se reproduire... C'est donc plutôt à la transmigration qu'il faut penser ?
Oui, il y a clairement une référence à l 'alchimie avec le sel (qui est crystallin) qui résulte de l'action du soufre sur le mercure.
SupprimerPour ceux qui passeront le cycle, je suppose qu'il s'agira des survivants qui vivront au côté de Jésus (pas ceux qui retourneront à l'état de "bête" et qui contribueront au nouvel âge d'or lors du prochain cycle mais je n'en suis pas certaine.
C'est à la fois la symbolique de l'arche fe Noé où l'on conserve les germes du cycle futur ou le mystère de la lettre nun.
RépondreSupprimerHagar a raison, ce n'est pas un initié mais celui qui catalyse tous les résidus du monde intermédiaire que les traditions déchues ont laissé et qu'il va maitriser à un niveau sans équivalent jusqu'à tenté les initiés alors qu'il est le maitre de la contre initiation. Il est le pôle négatif par excellence mais c'est un être contrefait et totalement déséquilibré.
@Hagar et Alfihar : merci pour vos réponses ! :-)
SupprimerSelon Guénon : "Les « élus », ce sont, comme le mot l'indique, ceux qui font partie de l'« élite » entendue dans la plénitude de son véritable sens [...] ceux-là, par la vertu de la « réalisation » intérieure à laquelle ils sont parvenus, ne peuvent plus être séduits"
Il semble que les Elus aient donc atteint le niveau des grands mystères.
Donc comment l'AC pourrait-il les "tenter" s'il ne peut pas se mettre au même "niveau" de connaissance que les Elus ?
Et même pire... Car si les Elus peuvent être séduits eux-mêmes, cela voudrait dire que même la réalisation verticale ne met pas "à l'abri" de l'AC...
Autre précision, je crois que Guénon dit qu'il pourra s'agir d'un individu mais aussi d'une collectivité et de ce point de vue, on peut dire que son règne est déjà en place étant donné la direction anti-traditionnelle qui a déjà contaminé quasi la terre entière.
RépondreSupprimerOui on voit bien la dérive anti-traditionnelle à l'oeuvre actuellement !
SupprimerPeut-être que selon le point de vue, on peut envisager les deux... Un travail de "sape" d'abord, puis le coup fatal avec la personnification ?
De par sa contrefaçon et son déséquilibre il est de toutes les façons inaptes à l'initiation, aucun maître n'accepterait d'initier une telle personne!
RépondreSupprimerDans l'élite il y a aussi les personnes qui sont au niveau des petits mystères et que l'on peut séduire, comme Adam a été séduit! Au delà cela concerne tellement peu de personnes. Ce qui est dit c'est qu'il sera une tentation pour tout le monde (Jésus a bien été mis à l'épreuve par Iblis mais en tant qu'Homme universel il était "intentable"), le Prophète (sws) a bien dit qu'il sera la plus grande tentation jamais établie sur Terre. Seule la miséricorde divine nous sauvera car aucune personne n'a les forces nécessaire pour lui résister.
Notre monde est déjà le monde de l'AC, il y sera comme un poisson dans l'eau!
@Alfihar : Peut-on dire que Satan en tant qu'ange déchu a eu accès auparavant à toutes les connaissances ? Donc petits et grands mystères ?
SupprimerEn complément du commentaire d'Alfihar sur la tentation des élus, il y a une hiérarchie parmi les Elus du point de vue de leur niveau de réalisation. D'après l'extrait suivant du texte d'Ibn Arabi que je t'avais envoyé précédemment, seuls les Prophètes et les Saints dans une certaine mesure sont imperméables à la tentation. Voici ce que disait le Cheikh Al Akbar au sujet de l'épreuve de Jésus :
RépondreSupprimer"C’est sous l’aspect d’un vieillard qu’Iblîs vint trouver Jésus – sur lui la paix – car le diable n’a pas accès au for intérieur des prophètes – sur eux la paix – si bien que toutes leurs pensées (khawâtir ) sont d’origine seigneuriales (rabbâniyya), angélique (malakiyya) ou subtiles (nafsiyya) et il n’y a aucune place pour lui en leur cœur.
Pour ce qui est des saints, qui sont également préservés de toute éternité (litt. : dans la Science divine), leur état est partiellement comparable au leur en ce qu’ils bénéficient d’une protection (‘içmâ) à l’égard de ce que le diable leur insuffle mais ils ne sont pas protégés pour autant de la venue de ces pensées à leur esprit. Le saint qui est l’objet de la Sollicitude Divine (al-mu’tanâ bihi) distingue, grâce à un signe (‘alâma) qui lui estcommuniqué par Dieu, ce qui relève d’une inspiration satanique : la raison de cette différence (entre prophètes et saints) est que ces derniers ne légifèrent pas, alors que les prophètes sont chargés de légiférer, et c’est pour cette raison que leur for intérieur est hors d’atteinte (du Diable).
Iblîs demanda donc à Jésus – sur lui la paix : « Ô Jésus, dis : « il n’est d’autre divinité que Dieu ». » Il aurait certes tiré une grande satisfaction s’il lui avait obéi ne serait-ce que dans cette proportion. Mais Jésus – sur lui la paix – lui répondit : « Je vais dire : « il n’est d’autre divinité que Dieu » mais pas parce que tu l’as dit », si bien que le Diable s’en revint dépité. À partir de là, tu feras désormais la différence entre savoir une chose et avoir foi en elle et tu sauras que la félicité réside dans la foi, laquelle consiste à dire ce que tu sais, mais en tant qu’information provenant de l’ultime(litt. : ton second) Envoyé qui n’est autre que Muhammad – sur lui la grâce et la paix – et non en tant que provenant du premier Envoyé, c’est-à-dire de Moïse – sur lui la paix – ni de ta propre science. Alors, on te reconnaîtra la foi et tu seras promis à la félicité. Mais si tu dis cela, non sur la foi de ce qu’il a dit, mais simplement en feignant d’y croire, c’est que tu es un hypocrite.»
Je remets le lien de l'article pour ceux que ça intéresse si tu le permets : https://fr.scribd.com/document/152129195/La-connaissance-des-pensees-sataniques-Ibn-Arabi
Ca confirme que la tentation sera d'un ordre bien plus subtil que le fait d'accepter une puce électronique pour obtenir un droit quelconque.
Merci pour le rappel :-)
SupprimerPour les saints : je ne sais plus quoi en penser car dans la Bible, il est dit par rapport à la Bête : "Et il lui fut donné de faire la guerre aux saints, et de les vaincre." Apoc 13:7
:-/
"Ca confirme que la tentation sera d'un ordre bien plus subtil que le fait d'accepter une puce électronique pour obtenir un droit quelconque."
SupprimerJe suis tout à fait d'accord...! C'est bien contre ça que j'essaie d'alerter ceux qui pensent qu'il sera facile de résister.
Rien n'est plus dangereux que de se croire plus fort que l'AC et de le sous-estimer...! :-/
Le texte semble dire que Les Saints ne bénéficieront pas d'une protection absolue à la différence des Prophètes dont le for intérieur est inaccessible:
RépondreSupprimer"mais ils ne sont pas protégés pour autant de la venue de ces pensées à leur esprit".
Peut-être que la notion de "victoire" sur les Saints est à comprendre dans un sens relatif dans la mesure où il pourra leur insuffler des pensées perturbatrices mais ils échapperont à la tentation par la Grâce Divine ?
Oui c'est sans doute cela... Tentés ne veut pas dire succomber en effet ! :-)
SupprimerIblis=djinn=monde intermédiaire
RépondreSupprimerExact....!
SupprimerCoran, sourate 18:50 : "Et lorsque nous dîmes aux Anges: "Prosternez- vous devant Adam", ils se prosternèrent, excepté 'Iblîs (Satan) qui était du nombre des djinns et qui se révolta contre le commandement de son Seigneur."
Bon certes, cela est clair.... et tout mon château de cartes s'écroule ! :-)
Je crois que dans toutes les références juives ou chrétiennes il n'existe pas de distinctions entre djinn et ange c'est le Coran et la tradition musulmane qui fait cette distinction d'où la confusion. Le livre d'Isaïe parle de l'astre du matin qui a ensuite donné le nom Lucifer:
RépondreSupprimer« Te voilà tombé du ciel, Astre brillant, fils de l'aurore ! Tu es abattu à terre, Toi, le vainqueur des nations ! Tu disais en ton cœur : Je monterai au ciel, J'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu ; Je m'assiérai sur la montagne de l'assemblée, A l'extrémité du septentrion ; Je monterai sur le sommet des nues, Je serai semblable au Très Haut. Mais tu as été précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de la fosse. »
Il y a le livre d'Ezechiel qui parle d'un chérubin: « Je t'avais installé, et tu y étais, sur la sainte montagne de Dieu [...] et ce jusqu'à ce qu'on trouve de l'injustice en toi. »
le livre d'Henoch:
« Il arriva que lorsque les humains se furent multipliés, il leur naquit des filles fraîches et jolies. Les anges, fils du ciel, les regardèrent et les désirèrent. Ils se dirent l'un à l'autre : Allons nous choisir des femmes parmi les humains et engendrons-nous des enfants. Shemêhaza, qui était leur chef, leur dit : je crains que vous ne renonciez et je serai tout seul coupable d'un grand péché. Tous lui répondirent : Jurons tous en nous vouant mutuellement à l'anathème de ne pas renoncer à ce dessein que nous ne l'ayons accompli et que nous n'ayons fait la chose. » c'est d'ailleurs cet extrait qui prouve que l'on a affaire à des Djinns qui peuvent vivre et s'unir à des humains, pas les anges.
@Alfihar : Oui en effet pas de distinction aussi flagrante.... et c'est Ezechiel 28:14 "Tu étais un chérubin protecteur, aux ailes déployées" qui m'a fait pensé cela.
SupprimerIl est vrai que cette idée est largement répandue (Satan en tant qu'ange déchu) chez les Catholiques mais les "preuves" dans les textes sont finalement fort minces...
Auriez-vous des infos sur les Géants et/ou certains "moines dépravés du mont Hermon" ?
@Hagar : "Pour ceux qui passeront le cycle, je suppose qu'il s'agira des survivants qui vivront au côté de Jésus (pas ceux qui retourneront à l'état de "bête" et qui contribueront au nouvel âge d'or lors du prochain cycle mais je n'en suis pas certaine."
RépondreSupprimerGuénon semble dire qu'il y a les "germes" et les "résidus"... C'est là que je fais le rapprochement avec l'approche de Ror sur les sapiens (les résidus) et les "adamiques", les germes pour le cycle futur.
Les "résidus" repeupleraient la terre (dont le cycle ne s'achève pas, contrairement au notre) sous des formes
Les "germes" seraient les prémices du nouveau Manvantara, dans une autre manifestation corporelle bien sûr.
Il y a aussi ce texte : http://alsimsimah.blogspot.fr/2016/01/aah-linterdit-du-porc.html
Le point 3 "L'interdit coranique" m'a particulièrement interpellé dans mon approche sur les "résidus" de Guénon et les sapiens de Ror...
Extrait : "......Ceux que Dieu a maudits, contre lesquels Il s'est mis en courroux, ceux dont Il a fait des porcs [khanâzîr], des singes [qarada](2) et de même, celui qui a adoré le Tagut, ceux-là ont la pire des places et sont les plus égarés du chemin droit" Sourate 5:60
Oui tout-à-fait, j'ai lu récemment un article dans lequel il est même plus clair en parlant d'individus qui retourneront à l'état de "bête" ou d'animal. Je ne me souviens plus des termes exacts mais je vais essayer de retrouver l'article en question.
RépondreSupprimerEn attendant que je le retrouve, celui qui suit apporte également des éléments utiles aux questions posées :
http://esprit-universel.over-blog.com/article-rene-guenon-quelques-remarques-sur-le-nom-d-adam-49214733.html
@Hagar : Il faut que tu mobilises toutes tes neurones (^ ^) pour le retrouver cela m’intéresserait beaucoup !!! :-D
SupprimerJe vais voir l'autre en attendant...merci ! ;-)
@Ligeia A
RépondreSupprimerDes infos "hors pistes" sur les géants se trouvent étrangement au travers d'un roman de la grande Doris LESSING qui s'intitule "Shikasta".Seul et unique bouquin, de cette auteure, classé sous la rubrique science-fiction
Merci zul :-)
SupprimerJ'avais repensé à des trucs que Ror avait dit sur les moines du mont Hermon, les Géants et les "anges déchus" (djinns en fait)...
"L'histoire des anges déchus qui ont pris femmes parmi les hommes n'est qu'un mythe. En vérité, la Bible raconte l'histoire des moines du mont Hermon qui ont voulu rester chastes afin de se rapprocher de Dieu, finalement ils cédèrent tous à la tentation et descendirent de leur montagne pour prendre des femmes à l'exception de Noé.
Ce sont ces moines qui sont à l'origine d'une race de géants et non les anges déchus. Il y a une confusion entre les 2 légendes car elles présentent des points communs.
Il y a eu plusieurs races de géants, ce fut le cas des premiers adamiques il y a 60 000 ans. Il y a 4400 ans, les moines dépravés du mont Hermon donnèrent naissance à une progéniture de géants."
Et à l'époque, j'avais trouvé ça :
https://books.google.fr/books?id=fUlt-OS0Y5EC&pg=PA73&lpg=PA73&dq=moines+du+mont+Hermon&source=bl&ots=Nd-RGP6lll&sig=RiIPLvkiWjKElJJnOEzIgn5oKVo&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj32M6j5LzUAhVlBcAKHaehAQ4Q6AEIVjAI#v=snippet&q=%20mont%20Hermon&f=false
Mais je ne sais pas ce que ça vaut... :-/
Si Ror reparle des "mystères anciens", j'espère qu'il reviendra sur ce sujet aussi... :-)
@Ligea
RépondreSupprimerSur la race des Géants, il y a un documentaire qui est sorti fin 2016 réalisé par Deïmian. voici 20mn qui sont consultables gratuitement:
https://vimeo.com/199534605
sinon il faut voir l'entièreté du documentaire
l'histoire des géants est liée aux peuples de la "Dacie" en Roumanie..
Merci Hal... :-)
SupprimerCes histoires concernant les Géants sont en fait bien plus complexes que je ne l'aurais pensé !
D'après ce que j'ai appris, René Guénon aborde les Néphilims et précise que les légendes incluant des révoltes de géants sont liés aux révoltes des kshatriyas contre les brahmanes.
Le père de la race Atlande est le géant Atlas ayant participé à la titanomachie.
http://esprit-universel.over-blog.com/article-rene-guenon-sheth-kana-el-insanu-hayyatan-fil-qidam-90575342.html
Il y a aussi ceci : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pic_d%27Adam qui semble être bien plus qu'une simple légende... :-)